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et aussitôt que nous avons expérimenté une propriété dans un corps, nous croyons que ce corps continuera à manifester la même propriété, et que tous les corps de même nature la possèdent également. Il n'est pas sans intérêt de suivre le procédé de l'induction depuis les plus simples jusqu'aux plus hardies de ses applications, et de montrer que toutes sans exception ont cette même idée d'ordre pour fondement.

Je distingue dans l'induction, soit qu'elle s'applique au monde physique, soit qu'elle s'applique au monde moral, trois degrés principaux : 1o croyance à la persistance d'une même propriété dans une même substance; 2° extension de ce qui a été expérimenté dans un individu ou dans un cas quelconque à tous les individus et à tous les cas semblables; 3° extension de ce qui a été expérimenté dans un individu ou dans un cas quelconque à des individus et à des cas, non plus semblables, mais seulement analogues. L'induction, à son premier degré, nous offre ses applications à la fois les plus simples et les plus sûres et en même temps les plus bornées. Le feu brûle, je crois que toujours il a brûlé, que toujours il brûlera. Voilà un exemple de cette première classe des applications de l'induction. Je crois le feu continuera d'avoir la même propriété,

que

parce que je crois à la stabilité et à la généralité des lois de la nature, à l'ordre.

Dans le second degré de l'induction, au lieu de se borner à induire la persistance d'une propriété dans l'être chez lequel cette propriété a été expérimentée, on induit l'existence de cette même propriété chez tous les êtres semblables ou dans toutes les circonstances semblables. J'ai constaté par des expériences répétées un certain nombre de fois que tel phénomène se produit en telles circonstances, et j'affirme qu'en toutes les circonstances semblables le même phénomène se reproduira. Ainsi le physicien arrive à poser des lois et le naturaliste des genres; ainsi le médecin conclut que le spécifique dont il a éprouvé les effets dans certaines maladies sur certains individus produira les mêmes effets dans tous les cas semblables. Il est inutile de multiplier les exemples. Dans toute généralisation, sans exception, il y a une affirmation qui dépasse de beaucoup la sphère étroite de l'expérience, et qui la dépasse sur la foi de notre croyance à l'ordre du monde.

Mais l'induction ne va pas seulement du même au même, du semblable au semblable; plus hardie encore, elle va de l'analogue à l'analogue. Nonseulement nous nous attendons à retrouver dans

tous les corps semblables une propriété que nous savons exister dans un certain corps, mais aussi dan s tos les corps qui, sans être semblables, ont une certaine analogie avec lui. Quelquefois même, tant est grande notre foi en l'ordre du monde, il nous suffira du retour deux ou trois fois observé d'un même phénomène à une même époque, quoique entre le retour de cette époque et le retour de ce phénomène nous ne puissions découvrir aucune relation, pour conjecturer qu'à la même époque toujours le même phénomène se reproduira. Ainsi on a remarqué deux ou trois années de suite que des étoiles filantes ont apparu en quantité extraordinaire la même nuit, et déjà on conjecture la périodicité de ce remarquable phénomène. Or, le principe de cette conjecture est le même en vertu duquel l'enfant s'éloigne du feu qui l'a brûlé, c'est l'idée de la stabilité et de la généralité des lois de la nature ou plutôt de l'ordre du monde.

Nous en faisons les mêmes applications au monde moral qu'au monde physique. Dans l'ordre moral nous concluons du même au même, lorsque nous jugeons qu'un homme qui jusqu'à présent été honnête continuera de l'être. Nous allons du semblable au semblable lorsque nous étendons à tous les hommes ce que nous avons

observé sur quelques-uns, et tel est le principe de ce qu'on appelle la connaissance du cœur humain. Enfin, dans l'ordre moral comme dans l'ordre physique, souvent nous jugeons par analogie. C'est par des inductions de cette nature que les publicistes s'efforcent de prévoir les événements futurs et les conséquences des événements contemporains; en vertu de l'analogie, ils jugent que ce qui s'est passé dans telles ou telles circonstances, dans telle ou telle révolution, se reproduira probablement encore dans des circonstances analogues et dans une autre révolution. De là les axiomes qui circulent sur les conséquences probables des révolutions et des principes de tel ou tel gouvernement.

Mais si toutes ces inductions reposent également sur l'idée universelle et nécessaire de l'ordre, d'où vient que si souvent elles nous trompent? d'où vient que les jugements qui s'appuient sur ce fondement sont pour nous une source si féconde d'erreurs? La faillibilité propre à ces jugements ne serait-elle pas un argument contre les caractères que nous avons attribués à cette idée, contre l'origine que nous lui avons assignée? En aucune façon : la fausseté des applications ne prouve rien contre la fausseté du principe. En partant de l'idée de l'ordre pour aller du même

tous les corps semblables une propriété que nous savons exister dans un certain corps, mais aussi dan s tos les corps qui, sans être semblables, ont une certaine analogie avec lui. Quelquefois même, tant est grande notre foi en l'ordre du monde, il nous suffira du retour deux ou trois fois observé d'un même phénomène à une même époque, quoique entre le retour de cette époque et le retour de ce phénomène nous ne puissions découvrir aucune relation, pour conjecturer qu'à la même époque toujours le même phénomène se reproduira. Ainsi on a remarqué deux ou trois années de suite que des étoiles filantes ont apparu en quantité extraordinaire la même nuit, et déjà on conjecture la périodicité de ce remarquable phénomène. Or, le principe de cette conjecture est le même en vertu duquel l'enfant s'éloigne du feu qui l'a brûlé, c'est l'idée de la stabilité et de la généralité des lois de la nature ou plutôt de l'ordre du monde.

Nous en faisons les mêmes applications au monde moral qu'au monde physique. Dans l'ordre moral nous concluons du même au même, lorsque nous jugeons qu'un homme qui jusqu'à présent été honnête continuera de l'être. Nous allons du semblable au semblable lorsque nous étendons à tous les hommes ce que nous avons

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