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pénibles qui suivent en nous l'accomplissement du mal; de là les sentiments si pleins de douceur qui suivent en nous l'accomplissement du bien.

Mais en prouvant que l'idée du bien est identique avec l'idée de l'ordre, nous n'avons pas encore atteint notre but; nous n'avons pas encore résolu le problème ontologique de la détermination de la nature du bien en soi, et de son rapport avec l'être infini. Nous n'avons fait encore qu'en préparer la solution en posant la question d'une manière plus nette et plus précise. Il nous reste maintenant à rechercher quelle est la substance de cet ordre, qui est la loi commune de tous les êtres, de cet ordre auquel tous les êtres intelligents et libres sont obligés de concourir.

CHAPITRE X.

De l'objet de l'idée du bien absolu. — Dieu aime et veut les choses selon le degré de leur participation à ses perfections infinies. — Le bien en soi est l'ordre éternel des perfections de Dieu. — Cet ordre est la loi que Dieu lui-même suit et ne peut pas ne pas suivre en vertu de l'excellence de sa nature. — Cette loi de Dieu devient la loi de l'homme en vertu de l'union de l'homme avec Dieu. — Il n'y a pas deux sortes de morale, l'une philosophique, l'autre religieuse. -Toute morale est essentiellement religieuse.—Identité de la vraie piété et de la vraie morale, de l'amour de l'ordre et de l'amour de Dieu. Identité de l'idée du bien absolu et de l'idée de l'être infini.

Entre l'idée de l'ordre absolu et l'idée du bien absolu, il existe évidemment une remarquable affinité, puisque l'idée du bien se traduit en l'idée d'une fin à atteindre ou d'un ordre auquel nous sommes obligés de nous conformer. Mais dans l'une et dans l'autre idée, l'ordre n'est pas conçu de la même manière, et n'est pas envisagé sous le même point de vue dans l'idée d'ordre absolu, il s'impose seulement à l'intelligence, il est seulement une règle pour la spéculation, dans l'idée du bien absolu, il s'impose non-seulement à l'intelligence, mais aussi à la volonté, il devient une règle pour la pratique. Aussi l'idée du bien absolu et celle de l'ordre absolu ne correspondent-elles à la même face de l'essence de l'être infini.

pas

L'idée de l'ordre absolu a pour objet l'immutabilité essentielle de l'être infini, et l'idée du bien absolu a un autre objet, ou pour parler plus exactement, elle a toujours le même objet, à savoir l'être infini, mais l'être infini envisagé sous un autre point de vue que nous allons essayer de déterminer avec précision.

Il est tout d'abord évident pour tous ceux tous ceux qui ont saisi la suite de nos idées que l'objet de l'idée de bien absolu doit être en Dieu, que la loi universelle, immuable, nécessaire de justice qui s'impose à notre volonté, a Dieu lui-même, non-seulement pour législateur, mais pour principe. En effet, la loi est éternelle, immuable, absolue, comment pourrait-elle primitivement émaner d'un principe qui n'aurait pas en lui ces caractères? Comment la loi aurait-elle des caractères qui ne se retrouveraient pas dans celui qui en est le principe? Comment serait-elle nécessaire et immuable si elle était un décret d'une volonté arbitraire et fantasque? Comment un législateur amovible et périssable aurait-il pu lui imprimer le caratère de l'absolu? De même que dans l'original, il doit y avoir au moins autant de réalité efficiente qu'il y en a dans la copie, de même évidemment tous les caractères, toutes les perfections qui sont dans la loi doivent être éminemment contenus

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dans la source de laquelle la loi découle. Donc un législateur éternel et absolu par sa nature, c'est-à-dire Dieu seul peut constituer la loi éternelle et absolue du bien qu'il impose à tous les êtres intelligents et libres, donc l'idée du bien absolu a son principe en Dieu, et c'est en Dieu seulement qu'il faut chercher son objet.

Mais il en est de même de toutes les autres idées de la raison, des idées absolues, de cause, de temps, d'espace, d'ordre; toutes ces idées, comme je l'ai démontré, se rapportent également à Dieu, toutes également ont Dieu pour objet. Il ne suffit donc pas d'établir que l'idée du bien a son objet en Dieu, car par là elle ne se distinguerait en rien de toutes les autres idées de la raison; il faut préciser davantage, il faut rechercher à quelle face, à quel attribut de l'être infini elle correspond plus spécialement. Ici, je vais m'appuyer sur l'autorité de Malebranche. Malebranche me semble avoir déterminé avec autant de vérité et de profondeur la nature essentielle du bien que Clarke la nature essentielle de l'espace et du temps.

Quiconque a réfléchi sur la nature des êtres finis et créés par rapport à la nature de l'être infini et incréé, ne peut leur attribuer d'autre existence que

celle qu'ils tiennent d'une participation permanente à la substance, aux attributs et aux perfections de Dieu, source de toute substantialité et de toute causalité. Déjà cette vérité résulte de ce que nous avons dit sur l'essence de l'être infini et sur la causalité absolue; plus tard nous y reviendrons, pour la confirmer encore par de nouvelles considérations. Tous les êtres participent avec Dieu, et n'existent qu'à condition de cette participation, mais tous n'y participent pas également, tous ne reproduisent pas en un égal degré la substance, les attributs et les perfections de l'être infini. Jetez un coup d'œil rapide sur les diverses classes d'êtres créés dont le monde se compose, et vous serez frappé de cette inégalité. En combien de degrés divers depuis le plus faible jusqu'au plus éclatant, depuis le dernier des êtres jusqu'à l'homme, l'image de la nature divine et de ses attributs n'est-elle pas reproduite dans la série des êtres créés? Tel porte la vive empreinte d'une des perfections infinies de l'être infini, dont l'autre ne porte pas même la plus légère trace. Comparez le végétal avec l'animal, et l'animal avec l'homme: dans le végétal il n'y a pas trace de perfections qui brillent dans l'animal, et dans l'animal il n'y a qu'une image affaiblie ou même il n'y a pas trace des perfections qui brillent dans l'homme. L'animal participe aussi à l'intelligence,

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