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sophe de Ferney, de tous les sentimens qui lui sont dus, et j'acquitte avec transport, et de la manière la plus franche et la plus entière, ma part du tribut de reconnoissance et d'admiration que payent à son génie les amis des lettres et de l'humanité.

વિનો

Hyacinthe Cordonnier, plus généralement connu sous le nom de Themiseuil de SaintHyacinthe (f), naquit à Orléans, le 24 septembre 1684, sur la paroisse de Saint-Victor, de Jean-Jacques Cordonnier, sieur de Belair (g), Ecuyer, Porte-Manteau de MonSIEUR, Duc d'Orléans, frère de Louis xiv, et et d'Anne Marie Mathé, son épouse, et fut baptisé le 26 du même mois, ainsi qu'il est attesté par les registres de cette paroisse (h); réunion de circonstances, qu'il est d'autant plus nécessaire de rapporter, qu'à peine entré daus mon récit, déjà je me vois obligé de m'arrêter pour repousser les traits de la malignité. Qui eût osé croire qu'une naissance aussi bien constatée, et accompagnée d'autant de caractères authentiques, eût pu servir de base à l'accusation la plus noire et la plus invraisemblable, contre un Prélat, dont les vertus et l'éloquence honorent également l'église et sa patrie, contre l'illustre Bossuet (i)! Quoique dans ces derniers temps encore, des personnes, qu'un zèle indiscret pour la mémoire d'un autre Prélat, non moins vénérable sans doute, a portées à rappeder des divisions que la religion a jadis déplo

rées, se soient permis de renouveller contre ce grand Orateur, des inculpations oubliées depuis long-temps, je ne crois pas nécessaire de reproduire contre elles, des moyens déjà victo-. rieusement employés; elles n'eussent pas trouvé ici leur place, si M. de Saint-Hyacinthe n'eût été accusé lui-même, d'avoir voulu les accréditer, pour les utiliser au profit de sa fortune, en se faisant passer pour le fruit d'un prétendu mariage contracté par M. Bossuet, avec Mademoiselle des Vieux de Mauléon (j); complication de calomnies qui n'a jamais eu le moindre fondement, et dont l'invraisemblance et la noirceur feroient nier l'existence, si l'on ne connoissoit, par une triste expérience, jusqu'où peuvent se porter les passions haîneusés et jalouses contre des hommes supérieurs. M. de Saint-Hyacinthe n'apprit que vers la fin de sa vie, qu'il étoit compromis dans ces calomnies, et qu'une autre version plus injurieuse encore accusoit la vertu de sa mère. Son étonnement égala sa douleur. Il savoit que cette Dame, don't la conduite avoit toujours été irréprochable et réglée par la piété la plus solide, n'avoit jamais été connue de M. l'Evêque de Meaux, déjà avancé en âge, en 1684, et ne pouvoit que gémir de ne plus trouver l'occasion de détruire des suppositions, de la fausseté desquelles il avoit en main les preuves les plus irrécusables. En cherchant à se rendre compte de la source Qu leurs ennemis avoient pu les puiser, on ne

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peut guères la trouver, toute éloignée qu'elle soit, que dans la bienveillance dont M. Bos

suet (k), neveu de M. l'Evêque de Meaux, nommé à l'évêché de Troyes, en 1716, honorait Madame de Belair, plus de trente-deux ans après la naissance de son fils.

Le père de M. de Saint-Hyacinthe étant mort en 1701, après avoir été obligé, par des dérangemens survenus dans sa fortune, de vendre la terre dont il portoit le nom; sa veuve, à laquelle il ne restoit, pour tout moyen d'existence, qu'une modique pension de six cents livres, sur l'état de la Maison de MONSIEUR, résolut de se reti¬ rer à Troyes, dont M. Bouthilier de Chavigny étoit évêque. Elle se détermina à ce parti, par la considération des bontés que lui avoient témoignées et que lui continuèrent toujours, ainsi qu'à son fils, ce prélat et son oncle, qui, tous deux, l'avoient connue au Palais royal, où MONSIEUR les accueilloit et se plaisoit dans leur entretien (2). Son premier soin, en arrivant dans cette ville, fut de s'occuper des moyens de perfectionner l'éducation de son fils, qui montroit les plus heureuses dispositions, et qui fut mis au collège des Oratoriens. Les succès brillans qu'il y obtint, son ardeur pour l'étude et la vivacité de son esprit, excitèrent en sa faveur l'intérêt d'un Chanoine de la collégiale de Saint-Etienne, nommé Chevalier, qui trouva dans ses lumières et dans sa fortune, les ressources convenables pour procurer au jeune homme des moyens

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et

d'instruction plus étendus que ceux que peuvent fournir les collèges. Les soins et les dépenses qu'il y consacra furent suivis du résultat qu'il en attendoit, et le jeune Saint-Hyacinthe, comblé des dons de la nature, relevés par l'éducation la plus soignée, eût pu se promettre de parcourir avec distinction la carrière qu'il eût choisie, si, malheureusement pour lui, sa mère, dont l'esprit s'exaltoit facilement, aveuglée par toutes les qualités qu'elle admiroit dans son fils, dont elle s'exagéroit l'effet et l'influence, ne se fût persuadée, et n'eût réussi à lui persuader à lui-même, qu'il pouvoit prétendre à tous les genres de fortune et de succès. Elle lui fit pren. dre le nom de Chevalier de Thémiseuil, et finit par lui remplir la tête des chimères les plus romanesques et des projets les plus extravagans. Quelle rectitude de sens, quel calme dans le jugement ne lui eût-il pas fallu alors pour résister à cette espèce de séduction, et pour ne pas consentir à se livrer à des illusions qui lui promettoient un avenirsi flatteur! Aussi, dut-il à ces premières impressions, toujours les plus durables, cette inquiétude d'esprit et cette agitation continuelles, qui, en lui faisant sans cesse entrevoir, hors de sa sphère, un état plus heureux, et tout entreprendre pour y parvenir, influèrent si puissament sur le bonheur et le repos de sa vie.

Vers la fin de 1703, M, de Saint-Hyacinthe, alors âgé de 19 ans, entra, par le crédit des amis de sa famille, dans le régiment Royal cavalerie(m). La guerre sanglante et désastreuse

dans laquelle la France étoit engagée, en lui fournissant les moyens d'attirer sur lui les regards de ses chefs, lui offroit la perspective d'un avancement prompt et rapide, et alimentoit ses espérances chimériques, auxquelles vint mettre un terme la malheureuse bataille d'Hochatet, si funeste à nos affaires, et dans laquelle il fut fait prisonnier. Ayant été conduit en Hollande, il y attendit son échange, après lequel il retourna à Troyes, où il resta quelques années qui furent les plus heureuses de sa vie, car l'agrément et la légereté de son esprit, et l'enjouement de son caractère, le firent rechercher par les personnes les plus opulentes et les plus qualifiées, et admettre dans leur intimité. Suivant Grosley, M. de Saint-Hyacinthe étoit d'une société d'autant plus agréable, qu'aucun comédien n'eut plus à commandement le sérieux et la gaîté, avec le talent de dire les plus grandes folies sous le premier masque, et de traiter les choses les plus graves sous le second, Un genre de vie aussi paisible ne pouvoit cependant s'accorder avec un caractère changeant que le en, et d'ailleurs ne le mettoit pas à portée d'atteindre à la destinée brillante qu'il avoit toujours devant les yeux, et que sa mère ne cessoit de lui promettre. Ses idées chevaleresques reprirent donc le dessus, et il fit de nouvelles démarches pour rentrer dans la carrière militaire, que quelques désagrémens lui avoient fait abandonner. Ses ser-,

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