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plusieurs fois la raison, au fur et à mesure que j'aurai occasion de la rappeler à votre esprit. Quant à présent, qu'il me suffise de vous dire que la vérité religieuse est une vérité pratique; qu'elle n'a pas seulement pour objet de satisfaire l'esprit, mais surtout et avant tout de réformer le cœur, lequel ne se rend pas si vite et soulève bien des sophismes pour retarder sa défaite et colorer sa résistance, même chez les mieux intentionnés; que sur un tel adversaire les arguments n'ont qu'une certaine portée, après laquelle la volonté seule et Dieu peuvent faire le reste. Notre volonté, en un mot, ne peut se corriger sans l'exercice de notre volonté, ce qui n'aurait pas lieu si l'évidence pouvait lui être portée sans qu'elle fit rien pour se la donner. On conçoit, dès lors, que celui qui depuis longtemps médite les vérités religieuses et les met en pratique, a dans son âme une foule d'éléments de conviction qui en sont inséparables, et qui ne peuvent se transmettre subitement à celui qui depuis longtemps ne s'en occupe plus et ne s'en est peut-être jamais sérieusement occupé.

Je ne pourrai donc vous donner ici qu'une portion de cette vérité dont mon âme est remplie, et cependant je crois que, pour tout esprit de bonne

» morale, ils pourraient bien faire des paralogismes aussi ab» surdes en géométrie qu'en matière de morale, parce que leurs » erreurs leur seraient agréables, et que la vérité ne ferait que » les embarrasser, que les étourdir, et que les fâcher ». ( Rech. de la Vér. liv. 4 ).

foi et qui désire sincèrement être éclairé, ce que je dirai sera décisif pour l'engager à marcher par lui-même à la découverte de la vérité pleine et entière. Peu à peu la lumière se fera pour lui, son accroissement sera le résultat de la persistance de la volonté à employer tous les moyens de s'éclairer davantage, qui sont inhérents à la nature de la chose lectures, réflexions, réforme morale, pratiques religieuses même, si l'on ne se rebute pas, si l'on insiste, si la volonté et la conduite suivent immédiatement et soutiennent pas à pas le progrès de la conviction, les ombres achèveront de se dissiper, la vérité se dégagera radieuse des préjugés qui la couvraient, on en sera pénétré, investi, on sera tout surpris de l'avoir si tard connue, si tard aimée, et on croira n'avoir commencé à vivre que de ce jour.

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Je dois vous le dire : je hais toute discussion oiseuse et purement spéculative sur la Religion, comme une profanation et une dangereuse témérité. Je me suis fait une loi de ne pas ouvrir inutilement ce que j'ose appeler ici le sanctuaire de mes convictions. Si je me determine à vous répondre, ce n'est que sur l'assurance que vous me donnez que c'est par un vrai, par un franc désir d'être éclairé que vous m'interrogez. Ne me lisez donc pas avec cet esprit contentieux d'un controversiste sur lequel les meilleures raisons ne font que glisser, parce qu'il ne les reçoit pour ainsi dire que d'une manière oblique, mais avec la confiance naïve d'un homme qui serait heureux qu'on lui prouvât qu'il est dans

l'erreur, et qui sort pour ainsi dire de lui-même pour aller au-devant de la vérité. Si mes raisons vous paraissent bonnes, plausibles, recevez-les sans résistance, ne vous fatiguez pas l'esprit à leur chercher des défauts subtils, vous finiriez par les voir où ils ne sont pas. Agissez pour la Religion comme vous le faites pour les affaires ordinaires de la vie, où vous vous déterminez souvent par les plus fortes raisons de croire alors même qu'elles ne vous paraissent pas rigoureusement infaillibles, laissant à l'expérience le soin de les compléter. Croyez-moi: plus tard vous trouverez plus de certitude dans la vérité religieuse que dans toute autre, et lorsqu'elle se sera emparée de votre âme, elle y deviendra le centre de toutes vos convictions.

Élevez-vous enfin à la hauteur de ce grand sujet, et laissez-vous absorber par le sentiment de son importance!... Ce n'est pas ici une lutte d'esprit sur un intérêt factice, ni une de ces vaines utopies que l'imagination élève et renverse impunément dans ses jeux. C'est une délibération tardive et urgente à laquelle se trouve comme suspendu l'intérêt le plus capital de la vie humaine, et de tout cet avenir indéfini vers lequel elle se précipite..... Quel intérêt saisissant, en effet, pour tout homme qui se prend un instant à réfléchir, que celui qui a pour objet un bien qui ne dépend ni des hommes, ni de la fortune, ni du temps; que nous pouvons nous procurer nous-mêmes immédiatement par un simple acte de notre volonté; qui subsiste et se fait sentir d'autant plus dans notre âme, que tous les autres biens nous

glissent et nous échappent davantage; qui s'accroît de nos pertes; qui se fortifie quand tout s'affaiblit; qui survit éternellement quand tout meurt; et qui, en nous donnant un moyen infaillible de satisfaire cette justice mystérieuse et redoutable que toutes les convictions de l'humanité placent au delà du trépas, nous fait, dès ici-bas, porter au milieu de toutes les vicissitudes de cette courte vie, le paisible sourire d'une confiance supérieure qui sait toujours où se reposer!

II. — Préludons dès à présent à la recherche de ce grand bien, en nous mettant d'accord sur quelques points essentiels qui seront comme les instruments de cette recherche.

D'abord, puisque notre conviction dépendra de la satisfaction de notre raison, il faut savoir jusqu'à quel point celle-ci aura le droit d'être exigente. C'est une balance dont il importe de vérifier le jeu avant de nous en servir. Les intérêts de la saine raison elle-même nous prescrivent cette défiance, car, alors que sur toute autre matière elle est prête à reconnaître sa faiblesse et à en tenir compte, en matière de religion elle devient la dupe d'un préjugé qui, en lui exagérant et en mettant incessamment en cause les intérêts de sa grandeur, lui fait à chaque instant répudier la vérité à force d'exigence. Or, il me paraît que vous donnez dans ce préjugé lorsque vous dites : « Ce n'est pas dans son cœur >> que l'homme doit chercher la vérité, carne voyons»> nous pas que toutes nos erreurs viennent de nos » désirs et de nos passions dont la source est dans le

>> cœur? la raison, l'inhumaine raison doit seule nous guider. Il faut soumettre préalablement toutes les >> impulsions du cœur à l'examen de la raison. »>

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Si par raison vous entendez la faculté générale de percevoir la vérité, si vous entendez la certitude morale, je suis de votre avis; mais si par raison vous entendez la faculté du raisonnement, la logique de l'esprit (et telle me paraît être votre pensée), je ne puis lui accorder avec vous cette importance.

La faculté dont vous parlez n'est qu'une des portes par lesquelles la certitude peut entrer dans notre âme, je dirai même qu'elle n'est pas la moins suspecte. Il y a des vérités qui sont de son ressort, notamment les vérités géométriques; mais il y a un fort grand nombre d'autres vérités pour lesquel– les elle est aveugle et incompétente, et qui relèvent de diverses autres facultés, et notamment du sens intime et du sens moral.

Et, pour parler d'abord de cette dernière, du sens moral, toutes les vérités morales relèvent de cette faculté. Le raisonnement ne peut ni les démontrer ni les réfuter, pas plus que le sentiment ne peut démontrer ni réfuter une proposition de mathématique. Les notions de justice, de moralité, de devoir, de conformité à l'ordre, au bien, sont le résultat exclusif de l'impulsion de notre cœur. L'organe de ces vérités et le guide de leur application c'est le sens moral dont le siége est au cœur. défie le plus fameux logicien de me démontrer, par exemple, qu'à l'insu de tout l'univers et s'il se peut par un seul acte de ma pensée, je ne dois pas aug

- Je

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