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premier apanage de notre nature et les plus grandes preuves de la divinité du christianisme. Ils appelaient sa doctrine insania', amentia, dementia', stultitia, furiosa opinio", furoris insipientia. Lucien, dans son dialogue satirique, intitulé Philopatris, et dans sa vie de Pellegrin, dénonce les chrétiens à la risée publique, comme s'étant laissés persuader par leur législateur qu'ils étaient tous frères, et il rapporte à cette occasion, avec une ironie qu'il croit insultante, les prodiges de leur générosité, leurs voyages lointains, leurs sacrifices sans mesure pour secourir celui d'entre eux qui tombe dans l'infortune. Celse demandait aussi : « Qu'a donc » fait Jésus pour mériter d'être adoré comme Dieu? » a-t-il témoigné un souverain mépris pour ses en» nemis? (quelle inintelligence de la vérité divine!) » l'a-t-on vu rire et se jouer de tout ce qui lui est >> arrivé1? » - Enfin la lutte sanglante qui se perpétua pendant trois siècles, et qui était surtout entretenue par l'esprit philosophique, dont le dernier effort et la dernière apparition, à cette époque, se résumèrent dans le règne et la personne de l'empereur Julien, témoigne bien hautement que le christianisme n'était pas un résultat naturel de l'es

S. Cypr., lib. ad Demet.

2 Plin. Epist. ad Trajan. - Tacit. Annall.

3 Tertul. Ap., cap. I.

4 Minut. Felix.

5 Act. Proc., Mart. Scill.

6 Cité par Villemain, De la Philos. stoïq. et du Christ. 7 Orig. cont. Cels., lib. I, n° 33.

prit humain, mais bien un souffle régénérateur parti de l'esprit suprême de vérité en renouvellement de toute la face de la terre.

Aussi, fidèle à son principe, la vérité chrétienne, après s'être redonnée au monde, se donna aussitôt un moyen de propagation et de perpétuité sur la terre, pris en dehors et au-dessus du rationalisme, dont le dissolvant l'avait déjà compromise une première fois, celui de la tradition sous la garde d'une autorité catholique, c'est-à-dire universelle, moyen analogue à celui que les premiers hommes et les sages de l'antiquité avaient longtemps suivi et défendu, mais qui devait être plus efficace et plus souverain, parce qu'il était l'œuvre de la vérité même, et qu'il avait pour objet le salut définitif du genre humain.

Ici se découvrent des rapports entre les deux traditions et les deux révélations, qui les expliquent et les fortifient l'une par l'autre, et, en se concentrant dans la personne de Jésus-Christ, nous font apparaître le christianisme comme un fait conséquent, nécessaire, et naturel, relativement à l'état primitif du genre humain, et le reportent à l'origine même du monde.

FIN DU PREMIER LIVRE.

LIVRE DEUXIÈME.

CHAPITRE Ier.

EXPOSITION.

Au fur et à mesure que nous gravissons le sentier de la vérité nous voyons l'horizon s'étendre, et nous embrassons des résultats plus complets et plus définitifs. Ce qui ne nous apparaissait que par échappée de vue et par fragment se découvre et se rejoint de manière à composer un tout de plus en plus lié et conséquent avec lui-même.

Il y a, très-certainement, dans l'ordre religieux, comme dans l'ordre moral, comme dans l'ordre physique, un système d'organisation et d'harmonie qui tend puissamment à l'unité relative à chacun de ces ordres, comme ces unités relatives tendent à l'unité absolue, à l'unité suprême, qui est DIEU. L'instinct que nous portons en nous de cette unité, pour laquelle nous sommes faits, est la cause de la manie des systèmes chez tous les hommes: manie dangereuse, en ce que, ne connaissant pas toutes les causes et n'apportant pas à leur recherche un

esprit assez patient et assez désintéressé, on se fait des doctrines factices et fragiles, qui singent la vérité et en retardent la découverte; manie plus dangereuse encore lorsqu'elle s'attache à la Religion, sans autre guide que la seule raison, parce que celle-ci est plus aveugle sur cette matière que sur toutes les autres. Mais, quand on soumet son esprit aux vues de la foi, alors le système est non-seulement possible, mais encore certain et nécessaire, parce que l'unité de nos rapports avec Dieu étant le but de la vérité révélée, celle-ci, si elle existe, doit fournir à notre esprit les éléments qui la constituent et les arguments tous faits des choses mêmes que nous ne voyons point: Substantia rerum sperandarum, argumentum non apparentium.

Ne soyons donc pas en défiance à la vue de cet arrangement que prennent les choses au point de vue de la foi. Cela doit être. Ce qui pourrait être artifice et illusion en toute autre matière, ici n'est que le résultat de la nature même de la vérité que nous examinons. Elle porte son système avec elle, ou bien elle n'est pas. Aussi, pour ceux qui sont convaincus de son existence, la confiance est sans bornes; aucune objection, aucune difficulté, aucune lumière, ne les inquiète. Ils n'ont peur que de l'ignorance et de la mauvaise foi. Ils vont au-devant de tous les obstacles, certains que ce ne sont que des fantômes, et appellent le jour et l'examen avec le même empressement que les systèmes humains mettent à les éviter.

Cette confiance vous paraîtra justifiée, et avec

elle la vérité qui lui sert de base, si nous considérons le spectacle que présentent aujourd'hui toutes les sciences humaines au plus haut point de leur développement.

Depuis cinquante ans, toutes les sciences, en progressant, en s'élevant, se rejoignent et se rencontrent, au grand étonnement les unes des autres. Parties de points totalement séparés, elles ne s'attendaient pas à un tel accord. Et c'est précisément parce qu'elles ne s'y attendaient pas qu'elles l'ont atteint : car, si elles l'avaient eu en vue dès leur point de départ, la confiance, la prévention, le caprice, ou le préjugé, auraient troublé leur marche et les auraient fait dévier dans des systèmes divers qui auraient fini par se combattre; tandis que chacune d'elles se renfermant dans l'observation immédiate des vérités qui se trouvaient sous ses yeux, sans se préoccuper de leurs conséquences, a laissé précisément à ces conséquences toute leur direction naturelle, et a fini par arriver, en les suivant, à la garantie la plus éminente de la vérité, qui est l'unité.

Il appartient à la vérité chrétienne de proclamer cette unité; car c'est elle qui, sans qu'on y ait songé, malgré même les volontés d'abord les plus hostiles et ensuite les plus indifférentes, a vu venir à elle, comme vers un centre commun, toutes les science's modernes dont les résultats inattendus ont composé d'eux-mêmes, et comme s'ils avaient été prédisposés dans ce but, la démonstration de la vérité religieuse, si bien que celle-ci semble être

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