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rayons chez tous les autres peuples, au milieu des ténèbres de l'idolâtrie, en s'alimentant des traditions antiques et des voix réunies de la conscience et de la nature.-Aussi saint Paul, prédicateur de cette Religion naturelle redonnée au monde, a pu dire avec raison, en fulminant contre les païens,

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qu'ils étaient inexcusables d'avoir méconnu la vérité ou plutôt, comme il le dit énergiquement, - «de l'avoir retenue captive dans l'injustice, parce qu'ils ont connu ce qui peut se découvrir de Dieu, » Dieu même le leur ayant fait connaître. Car les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éter>> nelle et sa divinité, sont devenues visibles depuis la création du monde par la connaissance » que ses créatures nous en donnent; et ainsi ils » sont inexcusables, parce qu'ayant connu Dieu, ils ne l'ont point glorifié comme Dieu et ne lui ont

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point rendu grâces; mais ils se sont égarés dans >> leurs vains raisonnements, et leur cœur insensé a » été rempli de ténèbres. Ils sont devenus fous en >> s'attribuant le nom de sages; et ils ont transféré » l'honneur, qui n'est dû qu'au Dieu incorruptible, » à l'image d'un homme corruptible et jusqu'à de >> vils animaux. C'est pourquoi ils se sont déshono>> rés eux-mêmes en se plongeant dans les vices » de l'impureté, et comme ils n'ont pas voulu re>> connaître Dieu, Dieu aussi les a livrés à leur sens réprouvé, et ils ont fait des actions indignes de » l'homme 1. »

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1 S. Paul, Épít. aux Romains.

Quels retours sur nous-mêmes ces reproches, terribles déjà contre les païens, ne doivent-ils pas nous inspirer? car ce n'est plus seulement la voix de la création et le cri de la conscience qui nous sollicitent, ce n'est pas ce concert universel de la plus noble portion du genre humain, même au sein des ténèbres de l'idolâtrie, qui nous accuse; le dirai-je? c'est la VÉRITÉ en personne qui est venue éclairer le monde, qui a fixé sa lumière au milieu de nous, et qui, depuis dix-huit siècles, se manifeste à nos regards par des prodiges sans nombre, dont le plus grand, sans doute, est celui de sa conservation. Tremblons de la retenir, nous aussi, captive dans l'injustice, et laissons enfin s'élever de nos lèvres, depuis longtemps fermées à la prière peutêtre, cet hommage antique que, dès son berceau, le genre humain prosterné décerna à son auteur!

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« Roi glorieux des immortels, adoré sous des » noms divers, éternellement tout-puissant, auteur » de la nature, qui gouvernes le monde par tes » lois, je te salue! Il est permis à tous les mortels » de t'invoquer; car nous sommes tes enfants, ton image, et comme un faible écho de ta voix, nous qui vivons un moment et rampons sur la terre. » Je te célébrerai toujours, toujours je chanterai ta puissance. L'univers entier t'obéit comme un sujet >> docile. Tu diriges la raison commune, tu pénètres » et fécondes tout ce qui est. Roi suprême, rien ne >> se fait sans toi, ni sur la terre, ni dans le ciel, ni

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» dans la mer profonde, excepté le mal que commettent les mortels insensés. En accordant les

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principes contraires, en fixant à chacun ses bor» nes, en mélangeant les biens et les maux, tu >> maintiens l'harmonie de l'ensemble; de tant de parties diverses tu formes un seul tout, soumis à >> un ordre constant, que les infortunés et coupables » humains troublent par leurs désirs aveugles. Ils détournent leurs regards et leurs pensées de la » loi de Dieu, loi universelle qui rend heureuse et » conforme à la RAISON, la vie de ceux qui lui obéis» sent. Mais, se précipitant au gré de leurs passions » dans des routes opposées, les uns cherchent la gloire, les autres les richesses ou les plaisirs. » Auteur de tous les biens, père des hommes, dé» livre-les de cette triste ignorance, dissipe les » ténèbres de leur âme, fais-leur connaître la sa» gesse par qui tu gouvernes le monde, afin que »> nous t'honorions et que sans cesse nous chantions » tes œuvres, comme il convient aux mortels'. »

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Les derniers accents de cette belle prière respirent l'insuffisance humaine et appellent un secours

· Ce bel hymne, qui remonte à la plus haute antiquité, est attribué à Cléanthe. Il nous a été conservé par Stobée, Eclog., lib. XII.Il a été traduit en vers dans plusieurs langues; en Jatin par Jacques Duport, en français par Bougainville, et en allemand par Gedick. On peut voir sur ce beau monument

du père des hommes qui les délivre de leur triste ignorance, dissipe les ténèbres de leur âme, leur fasse connaître la SAGESSE par qui se gouverne le monde, afin que nous l'honorions comme il convient. Voilà les derniers soupirs de la Religion naturelle, et c'est à cette vraie marque qu'elle s'est connue dans tous les temps.

de l'ancienne théologie, Fabricius, Bibliothèque grecque, tome 11, p. 397; l'abbé Gouchay, Mémoires de l'Académie des inscriptions; Thomas, Essai sur les éloges.

CHAPITRE V.

nécessité d'une révélatiON PRIMITIVE

Ce titre seul va soulever, je le crains, chez certains de mes lecteurs, des défiances et des préventions inconsidérées, contre lesquelles j'aurai d'abord à lutter, et qui embarrasseront la simple marche de la vérité dans son exposition.

Le dix-huitième siècle a tant déclamé, tant intrigué contre le grand dogme de la révélation, que la génération qui l'a suivi en a gardé un éloigne– ment de cœur, une obscurité de vue, une disposition enracinée à l'irréflexion, à l'injustice, et même à l'irritabilité, contre tout ce qui touche à la doctrine de l'intervention surnaturelle de la Divinité dans les destinées de l'espèce humaine.

Depuis quelque temps on revient de cet éloignement cependant; mais cette réaction, comme tou

La matière qui devait être l'objet du chapitre : Réfutation du déisme, se trouvera fondue dans les chapitres qui précèdent et qui suivent : ce chapitre est donc supprimé. Nous avons préféré continuer à procéder par voie d'exposition. En ce sens tout le reste de l'ouvrage sera une réfutation du déisme.

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