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intelligence et sans volonté. Aucune analogie, >> aucune vraisemblance, ne peut le conduire à un >> semblable résultat; toutes, au contraire, le por>> tent à regarder les ouvrages de la nature comme produits par des opérations comparables à celles » de son propre esprit dans la production des ou>> vrages les plus savamment combinés, et qui n'en >> diffèrent que par un degré de perfection mille fois plus grand; d'où résulte pour lui l'idée d'une sa» gesse qui les a conçus, et d'une volonté qui les a » mis à exécution, mais de la plus haute sagesse et » de la volonté la plus attentive à tous les détails, » exerçant le pouvoir le plus étendu avec la plus » minutieuse précision. — Je l'avoue, il me semble, ainsi qu'à plusieurs philosophes auxquels on ne pourrait pas, d'ailleurs, reprocher beaucoup de » crédulité, que l'imagination se refuse à concevoir >> comment une cause ou des causes dépourvues d'intelligence peuvent en donner à leurs produits, » et je pense avec le grand Bacon qu'il faut être >> aussi crédule pour le refuser d'une manière for» melle à la cause première, que pour croire à tou>> tes les fables du Talmud. »

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Rétractation de Broussais 1.

Cette rétractation n'est pas aussi explicite, mais elle est peut-être plus significative que celle de Ca

Voir le Journal le Droit (14 novembre 1841). Cette partie essentielle de la rétractation de Broussais y est citée à l'occasion

banis, parce qu'on y voit la torture morale de l'esprit de système aux prises avec la vérité, et que l'hommage que Broussais rend à celle-ci est d'autant plus fort qu'il est plus combattu :

« A MES AMIS, A MES SEULS AMIS.

» DÉVELOPPEMENT DE MON OPINION ET EXPRESSION DE >> MA FOI.

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» Je sens, comme beaucoup d'autres, qu'une intelligence a tout coordonné; je cherche si je puis >> en conclure qu'elle a créé; mais je ne le puis pas » parce que l'expérience ne me fournit pas la représentation d'une création absolue..... Mais sur >> tous les points j'avoue n'avoir que des connais»sances incomplètes dans mes facultés intellec>>tuelles ou non intellectuelles, et je reste avec >> le sentiment d'une intelligence coordonnatrice » que je n'ose appeler créatrice, quoiqu'elle doive » l'être. »

Qu'il est triste et consolant tout à la fois pour l'humanité de voir des esprits supérieurs, comme Cabanis et Broussais, se faire, pendant toute leur vie, les champions du matérialisme, et, mourant dans la force de l'âge, effacer d'un trait de plume leurs

d'un procès entre son secrétaire et ses héritiers sur la propriété du manuscrit de cette rétractation. Voir aussi la Gazette médicale (12 janvier 1839), où elle est publiée tout entière.

écrits pour ne laisser plus à la postérité que trois ou quatre mots de cette éternelle vérité par laquelle nous commençons tous!

On a élevé une statue à Broussais, je ne sais ce qu'on a écrit sur sa base; mais j'aurais voulu y voir cette rétractation, comme une grande leçon donnée à l'esprit humain, qui lui aurait appris que, quel que soit l'orgueil de ses flots, il est UN NOM, tracé sur le rivage, devant lequel ils doivent venir s'incliner.

CHAPITRE III.

IMMORTALITÉ DE L'AME,

Nous voici en présence d'une vérité décisive. L'âme est-elle immortelle ou ne l'est-elle pas? la réponse à cette question va influer du tout au tout sur nos sentiments et nos croyances. Si nos convictions franchissent une fois les limites de ce monde, nous voici engagés envers un avenir mystérieux, où nous pourrons être heureux ou malheureux, selon l'usage que nous aurons fait de notre liberté dans le temps présent; toutes nos pensées, tous nos désirs, toutes nos actions, se dressent, se rangent en regard de cette perspective d'immortalité; un rapport nécessaire s'établit, dès ce moment, entre les deux vies, je dirais presque entre les deux âges, comme il en existe ici-bas entre l'enfance et la jeunesse, entre la jeunesse et la vieillesse, entre la vie et la mort. Nous voici pressés du besoin de savoir ce que c'est que cet autre monde dont nous pouvons, d'un instant à l'autre, devenir les habitants, ce qui nous y attend, ce qu'il importe déjà que nous fassions pour nous y préparer une place heureuse; et la Religion ne se présente plus à nous,

dès lors, comme une importune ennemie de nos plaisirs, mais comme une bienveillante et secourable messagère qui nous apporte la bonne nouvelle de nos intérêts éternels, et qui recueille et trans— porte au-devant de nous, dès cette vie, les sacrifices et les vertus qu'elle nous inspire, comme les provisions de notre immortalité.

Cette vérité est donc d'une grande conséquence. Et c'est là précisément ce qui fait qu'elle trouve notre raison plus lente à l'admettre que les simples vérités précédentes de l'âme et de Dieu. Par ellemême elle n'est pas moins claire, mais le poids de ses résultats soulève dans l'esprit plus de résistan— ces et de doutes. Tel est, en effet, le sort de la vérité, que l'hommage que nous lui rendons n'est pas toujours en rapport de sa lumière, mais de ses conséquences, et que plus elle a de droits sur notre cœur, plus nous sommes portés à lui en contester sur notre esprit. Nous aurons lieu, plus d'une fois, de remarquer ce vice secret de notre volonté, à mesure que nous avancerons dans la série des vérités que nous nous sommes proposés de parcourir; il faut nous en défier, et, dégageant notre jugement de toute préoccupation intéressée du cœur, considérer chaque chose en soi et d'un œil vraiment philosophique.

Prémunis contre cet obstacle, abordons la grande question de notre immortalité.

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