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comique bas. Je voudrais bien aussi te rendre ton potage, est du comique grossier. La paille rompue est un trait de génie. Ces sortes de scènes sont comme des miroirs où la nature, ailleurs représentée avec le coloris de l'art, se répète dans toute sa simplicité. Le secret de ces miroirs serait-il perdu depuis Molière? Il a tiré des contrastes encore plus forts du mélange des comiques. C'est ainsi que, dans le Festin de Pierre, il nous peint la crédulité des deux petites villageoises, et leur facilité à se laisser séduire par un scélérat dont la magnificence les éblouit. C'est ainsi que, dans le Bourgeois gentilhomme, la grossièreté de Nicole jette un nouveau ridicule sur les prétentions impertinentes et l'éducation forcée de M. Jourdain. C'est ainsi que, dans l'École des femmes, l'imbécillité d'Alain et de Georgette, si bien nuancée avec l'ingénuité d'Agnès, concourt à faire réussir les entreprises de l'amant et à faire échouer les précautions du jaloux.

Qu'on nous pardonne de tirer tous nos exemples de Molière: si Ménandre et Térence revenaient au monde, ils étudieraient ce grand maitre, et n'étudieraient que lui.

COMPARAISON. On en distingue deux espèces: l'une oratoire, et l'autre poétique.

La comparaison oratoire fait sentence; la poétique ne fait qu'image.

:

L'oratoire conclut du plus au moins, comme

dans ces vers :

Celui qui met un frein à la fureur des flots,
Sait aussi des méchants arrêter les complots.

Du moins au plus, comme dans ceux-ci :

Dieu laissa-t-il jamais ses enfants au besoin?
Aux petits des oiseaux il donne la pâture.

Ou sans gradation, comme dans l'apologue :
Selon que vous serez heureux ou misérable,

Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. Tantôt elle ne fait qu'indiquer l'application de l'image, comme dans ces mots d'Iphicrate : Une armée de cerfs commandée par un lion, est plus à craindre qu'une armée de lions commandée par un cerf. Tantôt elle énonce formellement l'induction, comme dans cet exemple : Brasidas, général des Lacédémoniens, ayant été mordu par une souris, et la douleur lui ayant fait lâcher prise: Vous voyez, dit-il aux assistants, qu'il n'est rien de si petit qui ne puisse sauver sa vie, lorsqu'il a le courage de la défendre.

Vous ressemblez, dit Démosthène au peuple athénien, à un gladiateur maladroit et pusillanime, qui, au lieu de parer et de riposter, perd son temps à porter la main tantôt sur une plaie, tantôt sur l'autre, à mesure qu'il les reçoit.

La fleur de la jeunesse athénienne ayant péri dans la guerre de Samos, Périclès comparait cette

perte à celle que ferait l'année si on lui était le printemps.

Voilà des comparaisons oratoires également frappantes par leur justesse et par leur rareté.

La comparaison poétique n'est donnée ni pour exemple, ni pour raison: elle ne conclut rien; elle éclaire, colore, embellit son objet, souvent l'élève et l'agrandit.

Au lieu d'être précise et transitoire, comme dans cette pensée de Bâcon : Les hommes ont peur de la mort, comme les enfants ont peur des ténèbres; elle est étendue et développée, comme dans ces vers de Lucrèce, d'où est prise l'idée de Bâcon :

Nam veluti pueri trepidant, atque omnia cæcis In tenebris metuunt; sic nos in luce timemus Interdum, nihilo quæ sunt metuenda magis, quàm Quæ pueri in tenebris pavitant finguntque futura. Son usage le plus commun est de rendre présent à l'imagination l'objet de la pensée.

Lucain veut exprimer le respect qu'avait Rome pour la vieillesse de Pompée : il le compare à un vieux chêne chargé d'offrandes et de trophées. <«< Il ne tient plus à la terre que par de faibles racines: c'est de son bois, non de son feuillage, qu'il couvre les lieux d'alentour; mais quoiqu'il soit prêt à tomber sous le premier effort des vents; quoiqu'il s'élève autour de lui des forêts d'arbres dont la jeunesse a toute sa vigueur, c'est encore lui seul qu'on révère. »

Nec jam validis radicibus hærens,

Pondere fixa suo est; nudosque per aera ramos
Effundens, trunco, non frondibus, efficit umbram.
At quamvis primo nutet casura sub Euro,
Tot circum silvæ firmo se robore tollant ;
Sola tamen colitur.

Lucrèce, pour rendre raison du soin qu'il a pris d'embellir des leçons tristes et sévères, se compare à un médecin, qui, pour faire boire à un enfant une liqueur salutaire, mais rebutante, enduit de miel les bords du vase:

Nam veluti pueris absinthia tetra medentes
Quum dare conantur, priùs oras pocula circùm,
Contingunt mellis dulci, flavoque liquore,

Ut puerorum ætas improvida ludificetur, etc.

On ne voit jusque-là dans la comparaison qu'une image simple et fidèle; mais souvent elle ajoute à l'objet qu'elle exprime plus de noblesse et de grandeur. Telle est, dans une ode d'Horace, la comparaison de Drusus avec l'oiseau qui porte la foudre.

Qualem ministrum fulminis alitem,....
Olim juventas et patrius vigor

Nido laborum propulit inscium ;...
Nunc in reluctantes dracones

Egit amor dapis, atque pugnæ.

Telle est, dans la Pharsale, la comparaison de l'ame de César avec la foudre elle-même :

.... Magnamque cadens, magnamque revertens
Dat stragem latè, sparsosque recolligit ignes.

Quelquefois aussi l'intention du poëte est de ra valer ce qu'il peint, comme dans cette comparai son si nouvelle et si juste des Seize avec le limon qui s'élève du fond des eaux.

Ainsi lorsque les vents, fougueux tyrans des eaux,
De la Seine ou du Rhône ont soulevé les flots,
Le limon croupissant dans leurs grottes profondes
S'élève en bouillonnant sur la face des ondes.

Mais alors, et cet exemple en est la preuve, l'objet est vil et l'image est noble. Cela dépend du choix des mots; car la noblesse des termes est indépendante de l'idée; c'est l'usage qui la donne ou qui la refuse à son gré: témoin la boue et le limon, qu'il a reçus dans le style héroïque. En cela l'usage n'a d'autre règle que son caprice; et c'est lui qu'il faut consulter.

Observons cependant que l'opinion change d'un siècle à l'autre; et à cet égard le siècle présent n'a pas le droit de juger les siècles passés. Si l'on a raison de reprocher à Homère d'avoir comparé Ajax à un âne, ce n'est donc pas à cause de la bassesse de l'image; car Homère savait mieux que nous si elle était vile aux yeux des Grecs; mais ce qu'on ne peut désavouer, c'est que l'obstination de l'âne ne peint qu'à demi l'acharnement d'Ajax. Ce que l'ardeur d'un guerrier a de fier, d'impétueux, de terrible, n'y est point exprimé : voilà par où cette comparaison est défectueuse. L'intention du poëte, en employant image n'est remplie que lorsque

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