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épilogues de symphonie, qu'on nomme ritournelles. Quelquefois elles sont placées pour annoncer les mouvements de l'ame qui précèdent l'air, ou pour exprimer un reste d'agitation dans le silence qui le suit. Mais en général ces libertés que se donne le musicien, pour briller aux dépens du poëme, font une longueur importune; et l'on ne saurait être trop ménager de cette espèce d'ornements. Voyez Duo, RÉCITATIF.

ALEXANDRIN. Ce vers, qu'on appelle héroïque, nous tient lieu du vers hexamètre, et à sa place nous l'employons dans la haute poésie; mais quant au nombre et au mètre, c'est au vers asclépiade latin que notre vers héroïque répond. Composé de douze syllabes ainsi que l'asclépiade, il en a la coupe et le rhythme, avec cette différence que le premier hémistische de l'asclépiade n'est pas essentiellement séparé du second par un repos dans le sens, mais seulement par une syllabe qui reste en suspens après le second pied; au lieu que dans le vers français, c'est dans le sens que doit être marquée la suspension de l'hémistiche.

Plus le vers héroïque français approche de l'asclépiade par les nombres, et plus il est harmonieux. Or ces nombres peuvent s'imiter de deux façons, ou par des nombres semblables, ou par des équivalents.

On sait que les nombres de l'asclépiade sont le spondée et le dactyle, et que chacun de ces deux pieds forme une mesure à quatre temps. Ainsi toutes les fois que le vers héroïque français se divise à l'oreille en quatre mesures égales, que ce soit des spondées, des dactyles, des anapestes, des dipyriques, ou des amphibraques, il a le rhythme de l'asclépiade, quoiqu'il n'en ait pas les nombres. Voyez NOMBRE.

Le mélange de ces éléments étant libre dans nos vers français, il les rend susceptibles d'une variété que ne peut avoir l'asclépiade, dont les nombres sont immuables. Cependant nos grands vers sont encore monotones; et cette monotonie a deux causes l'une, parce qu'on ne se donne pas assez de soin pour en varier les césures; l'autre parce que, dans nos poëmes héroïques, les vers sont rimés deux à deux; et rien de plus fatigant pour l'oreille que ce retour périodique de deux finales consonnantes, répété mille et mille fois.

Il serait donc à souhaiter qu'il fût permis, surtout dans un poëme de longue haleine, de croiser les rimes, en donnant, comme a fait Malherbe, une rondeur harmonieuse à la période poétique. Peut-être serait-il à souhaiter aussi que, selon le caractère des images et des sentiments qu'on aurait à peindre, il fût permis de varier le rhythme et d'entremêler, comme a fait Quinault, le vers de huit avec celui de douze.

fait

Corneille, dans sa vieillesse, essaya d'écrire la tragédie d'Agésilas en vers entremêlés et de différente mesure. Ce faible n'était pas ouvrage pour servir de modèle; l'essai ne fut point imité. M. de Voltaire a croisé les vers de la tragédie de Tancrède; et au moins cette singularité n'at-elle pas nui au succès de la pièce, l'une des plus intéressantes du plus pathétique de nos poëtes.

Dans le conte charmant des Trois Manières, le même poëte a employé, avec choix, trois mètres différents, et analogues aux caractères des personnages et des sujets. C'est là qu'en comparant le vers de dix syllabes à celui de douze, il dit, dans le style de Despréaux :

Apamis raconta ses malheureux amours,

En mètres qui n'étaient ni trop longs ni trop courts.
Dix syllabes, par vers, mollement arrangées,

Se suivaient avec art, et semblaient négligées.
Le rhythme en est facile; il est mélodieux.
L'hexamètre est plus beau, mais par-fois ennuyeux.

La plus petite suspension suffit au milieu du vers héroïque français pour le diviser en deux parties égales; c'est assez qu'il n'y ait pas, d'un hémistiche à l'autre, une continuité absolue dans le sens; mais indépendamment de ce repos que la règle prescrit, les poëtes qui ont de l'oreille savent de temps en temps couper différemment le vers pour en varier la cadence.

Je fuis. Ainsi le veut la fortune ennemie.....
Je suis vaincu. Pompée a saisi l'avantage

D'une nuit qui laissait peu de place au courage.
(Mithridate.)

Voilà mon cœur. C'est là que ta main doit frapper.
Impatient déja d'expier son offense,

Au-devant de ton bras je le sens qui s'avance.
Frappe. (Phèdre.)

C'est sur-tout dans la coupe des phrases et dans l'heureux mélange des incises et des périodes, que consiste l'art de varier l'harmonie et le mouvement des vers alexandrins; et ce secret, qu'on ne peut expliquer, ne s'apprend bien qu'en lisant les bons poëtes, et sur-tout Racine et Voltaire. Voyez l'article VERS.

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ALLÉGORIE. On n'a pas assez distingué l'allégorie d'avec l'apologue ou la fable morale.

Le mérite de l'apologue est de cacher le sens moral, ou la vérité qu'il renferme, jusqu'au moment de la conclusion, qu'on appelle moralité.

Le mérite de l'allégorie est de n'avoir pas besoin d'expliquer la vérité qu'elle enveloppe; elle la fait sentir à chaque trait par la justesse de ses rapports.

L'apologue, par sa naïveté, doit ressembler à un conte puéril, afin d'étonner davantage, lorsqu'il finit par être une grande leçon. Son artifice consiste à déguiser son dessein, et à nous pré

senter des vérités utiles sous l'appât d'un mensonge frivole et amusant. C'est Socrate qui joue l'homme simple, au lieu de se donner pour sage. L'allégorie, avec moins de finesse, se propose, non pas de déguiser, mais d'embellir la vérité et de la rendre plus sensible. C'est, comme on l'a très-bien dit, une métaphore continuée. Or une qualité essentielle de la métaphore est d'être transparente; il fallait donc aussi donner pour qualité distinctive à l'allégorie cette clarté, cette transparence qui laisse voir la vérité, et qui ne l'obscurcit jamais.

Les détours, comme je l'ai dit, sont convenables à l'apologue: sans perdre son objet de vue, il feint de s'amuser et de s'égarer en chemin; il fait même quelquefois semblant de s'occuper sérieusement de détails qui n'ont aucun trait au sens moral qu'il se propose; c'est le grand art de La Fontaine.

Il n'en est pas de même de l'allégorie; on la voit sans cesse occupée à rendre son objet sensible, écartant, comme des nuages, tout ce qui altère la justesse de l'allusion et des rapports.

Quelquefois, dans l'apologue, la justesse des rapports est aussi précise que dans l'allégorie; mais alors, en se rapprochant de celle-ci, l'apologue s'éloigne de son vrai caractère, qui consiste à faire un jeu d'une leçon de sagesse, et à ne laisser apercevoir son but qu'au moment qu'on y est arrivé.

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