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aucun pour nous; et si ce n'est qu'une pastorale, il est bien évident qu'elle n'est pas de Salomon.

CATASTROPHE. On n'attache plus à ce mot que l'idée d'un événement funeste. On ne dirait pas la catastrophe de Bérénice, ou de Cinna. Avant Corneille, on n'osait pas donner le nom de tragédie à une pièce dont le dénouement n'avait rien de sanglant; et Aristote pensait de même, lorsqu'il semblait vouloir interdire à la tragédie les dénouements heureux. On va voir cependant qu'il ne tenait pas constamment à cette doctrine.

« Ce qui se passe entre ennemis ou indifférents, disait-il, n'est pas digne de la tragédie; c'est lorsqu'un ami tue ou va tuer son ami; un fils, son père; une mère, son fils; un fils, sa mère, etc., que l'action est vraiment tragique. Or il peut arriver que le crime se consomme, ou ne se consomme pas; qu'il soit commis aveuglément, ou avec connaissance. » Et il tirait de là quatre sortes de fables celle où le crime est commis de propos délibéré; celle où le crime n'est reconnu qu'après qu'il est commis; celle où la connaissance du crime empêche tout-à-coup qu'il ne soit consommé; et celle où, résolu à commettre le crime avec connaissance, on est retenu par ses remords, ou par quelque nouvel incident. Aristote rejetait absolument celle-ci, et donnait la préférence à celle où le crime qu'on allait com

mettre aveuglément, est reconnu sur le point d'être exécuté, comme dans Mérope.

C'était donc ici une heureuse révolution qui lui semblait préférable. Mais ailleurs c'est un dénouement funeste qu'il demande, sans quoi, ditil, l'action n'est point tragique ; et c'est là qu'il est conséquent; car il voulait un spectacle propre à rendre les hommes moins sensibles à des événements dont la douleur ne change pas le cours; et c'était là bien réellement à quoi tendait l'ancienne tragédie. Son objet moral n'était pas de modérer en nous les passions actives, mais d'habituer l'ame aux impressions de la terreur et de la pitié, de l'en charger comme d'un poids qui exerçât ses forces, et lui fît paraître plus léger le poids de ses propres malheurs. Or ceci ne pouvait être l'effet d'une affliction passagère, qui, causée par les incidents de la fable, se serait appaisée au dénouement. Si l'acteur intéressant finissait par être heureux, si le spectateur se retirait tranquille et consolé, l'exemple était sans fruit. Il fallait que chacun s'en allât frappé de ces idées: « L'homme est né pour souffrir, il doit s'y attendre et s'y résoudre. » Sans donc s'occuper de l'émotion que nous cause le progrès des événements, Aristote s'attache à celle que le spectacle laisse dans nos ames; c'est par-là, dit-il, que la tragédie purge la crainte, la pitié, et toutes les passions semblables, c'est-à-dire toutes les affections douloureuses qui nous viennent du dehors

Il est certain que cet objet du spectacle tragique n'est jamais mieux rempli, que lorsque l'innocent succombe; mais d'un autre côté, l'exemple en est encourageant pour le crime, et dangereux pour la faiblesse. C'est pour cela que Socrate et Platon reprochaient à la tragédie d'aller contre la loi, qui veut que les bons soient récompensés et que les méchants soient punis.

Pour éluder la difficulté, Aristote a exigé, dans le personnage malheureux et intéressant, un certain mélange de vices et de vertus : mais quels étaient les vices d'OEdipe, de Jocaste, de Méléagre? Il a fallu imaginer des fautes involontaires; solution qui n'en est pas une, mais qui donnait un air d'équité aux décrets de la destinée, et qui adoucissait, du moins en idée, la dureté d'un spectacle où l'on entendait gémir sans cesse les victimes de ces décrets.

La vérité simple est, que la tragédie ancienne n'avait d'autre but moral que la crainte des dieux, la patience, et l'abandon de soi-même aux ordres de la destinée. Or tout cela résulte pleinement d'une catastrophe heureuse pour les méchants, et malheureuse pour les bons. Après cela, quelle était pour les mœurs la conséquence de l'opinion que donnaient aux peuples ces exemples d'une destinée inévitable, ou d'une volonté suprême également injuste et irrésistible? C'est de quoi les poëtes s'inquiétaient assez peu, et ce qu'ils laissaient à discuter aux philosophes qui

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voudraient, bien ou mal, concilier la morale avec la poésie.

Cependant la preuve que les poëtes grecs ne s'étaient pas fait une loi de terminer la tragédie par le malheur du personnage intéressant, c'est l'exemple des Euménides d'Eschyle, du Philoctete de Sophocle, de l'Oreste d'Euripide, et de l'Iphi génie en Tauride du même poëte, dont le dénouement est heureux.

Dans le systême de la tragédie moderne, il est bien plus aisé d'accorder la fin morale avec la fin poétique; et les catastrophes funestes y trouvent naturellement leur place, leur cause, et leur moralité dans les effets des passions. Voyez TRAGÉDIE.

CESURE. Dans la poésie ancienne, on appelle ainsi une espèce de suspension, placée après le second pied de certains vers, comme l'asclépiade, le pentamètre, l'hexamètre; et marquée par une syllabe qui, à la fin du mot, se détache du pied qui la précède, pour faire seule un demi--pied, suivi d'un silence qui achève la mesure; ou pour se joindre, sans aucune pause, à une ou deux syllabes du mot suivant, et former un pied avec elles.

Il semble que, dans le premier cas, le silence qui achève la mesure demanderait un sens suspendu; et cependant on ne voit pas que les poëtes se soient fait une loi de suspendre le sens à la césure.

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Odi profanum vulgus, et arceo.

Districtus ensis cui super impiá
Cervice pendet, etc.

Tu, quum parentis regna per arduum

Cohors gigantum scanderet impia. (HORAT.)

Dans le premier de ces exemples, le sens n'est suspendu qu'au milieu du troisième pied; dans le second exemple, il n'y a de repos qu'à la césure du vers suivant; dans le troisième, il y a deux vers de suite sans aucun repós: rien de plus ordinaire dans les odes d'Horace.

Dans le second cas, c'est-à-dire lorsque la césure ne suppose aucun silence après elle pour achever la mesure, et qu'elle se joint immédiatement aux premières syllabes du mot suivant, les poëtes ont encore moins pensé à y ménager un repos. Virgile, au contraire, a eu grand soin de varier les repos du sens; c'est l'un des charmes de son style; et parmi ses vers les plus harmonieux, on n'en trouve quelquefois pas un qui se repose à la césure.

Qualis populeá mærens Philomela sub umbrá
Amissos queritur fœtus, quos durus arator
Observans, nido implumes detraxit; at illa
Flet noctem, ramoque sedens miserabile carmen
Integrat, et mæstis late loca questibus implet.

Il en est du vers saphique et du vers élégiaque, comme de l'asclépiade et de l'hexamètre;

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