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choix que les anciens avaient fait de l'm et de I'n pour être les signes du son nasal; et on s'apercevrait, avec surprise, que pour faire passer et retenir dans le nez le son d'une voyelle, on est obligé de l'intercepter, ou avec la langue, en la disposant de la même façon que pour l'articulation de l'n, ou avec les lèvres, en les pressant comme pour l'articulation de l'm; et de-là cette conséquence que les nasales des Latins et des Italiens, où l'articulation de l'n se fait sentir, peuvent bien être brèves, par la raison que l'articulation éteint le retentissement, comme dans examen, hymen; mais que les nasales françaises, où la langue ne fait qu'intercepter le son sans le détacher nettement, doivent toutes se prolonger. Les Latins eux-mêmes ne faisaient brèves que ces nasales grecques dont l'articulation coupait le retentissement: culmen, tibicen, omen, barbiton; mais toutes les nasales en m, deum, finem, Romam, enim, étaient longues, par la raison qu'elles n'étaient, comme les nôtres, que des voyelles inarticulées; si bien que, dans les vers, on les élidait comme voyelles finales, afin d'éviter l'hiatus.

Dans cette analyse, on verrait pourquoi on a confondu la faible articulation du y avec le son de l'i, et que la légère application de la langue contre les dents étant la même pour donner le son de l'i et l'articulation du y, il n'est pas possible d'exécuter celle-ci sans que le son analogue

se fasse entendre, comme dans payer, moyen, citoyen.

On verrait pourquoi l'articulation est plus forte ou plus faible, plus rude ou plus douce en ellemême, suivant le caractère de la consonne qui frappe la voyelle; pourquoi les articulations, relativement l'une à l'autre, sont aussi plus ou moins liantes, plus ou moins dociles à se succéder; pourquoi les unes se suivent coulamment et avec aisance, les autres se froissent et se brisent dans leur collision; et l'étude de tous ces effets contribuerait à éclairer le choix de l'oreille.

On verrait pourquoi l'l est facile après l'r, et I'r pénible après l'l; pourquoi deux labiales ne peuvent s'allier ensemble, abfert, abfugit; non plus que deux dentales dont l'une est la faible de l'autre, adtendere, que les Latins avaient répudié; pourquoi le passage d'une labiale à une dentale est facile du faible au faible, comme dans ab-diquer; du fort au fort, comme dans aptitude; du faible au fort, comme dans ob-tenir; et très-pénible du fort au faible, comme dans cap-de Bonne-Espérance, que l'on est obligé de prononcer cab-de Bonne-Espérance.

On trouverait de même la raison de la difficulté que nous éprouvons à prononcer l'x après I's, et réciproquement, comme Quintilien l'a remarqué : Virtus Xerxis, arx studiorum, etc.

Ce ne serait donc pas une étude aussi puérile qu'on l'imagine; et plus d'un poëte en aurait eu

besoin pour suppléer au don d'une oreille sensible, qui seule peut-être a manqué à quelquesuns de ceux qu'on estime, et qu'on ne lit pas. Voyez HARMONIe de Style.

ATTENTION. C'est une action de l'esprit qui fixe la pensée sur un objet et l'y attache; au contraire de la dissipation, qui la dérobe à ellemême; de la rêverie, qui la laisse aller au hasard sur mille objets, dont aucun ne l'arrête; et de la distraction, qui l'amuse loin de l'objet qui la doit occuper.

L'attention donne à l'esprit une fécondité surprenante et bien souvent inespérée : c'est peutêtre le plus grand secret de l'art, le plus grand moyen du génie (1). Ce que tout le monde aperçoit d'un coup-d'œil dans la nature n'a rien de piquant dans l'imitation : le charme de celle-ci consiste à nous frapper de mille traits intéressants qui nous avaient échappé; or c'est l'attention qui les saisit, et qui, changée en habitude, distingue le regard pénétrant de l'artiste, du regard distrait, vague et confus de la multitude.

Il n'est pas bien décidé que le poëte, dont les peintures vous ravissent par la nouveauté des détails et leur vérité singulière, soit né avec plus

(1) Inter ingenium et diligentiam perpaululum loci reliquum est arti. (De Orat. )

de talent que vous pour imiter la nature : vous l'auriez peinte comme lui, si vous l'aviez étudiée avec la même attention que lui; mais tandis que vos yeux se promènent sans réflexion, comme sans dessein, sur ce qui se passe autour de vous; les siens ne cessent d'épier la nature, et d'observer ce qui lui échappe de singulier et de piquant.

Lorsque l'attention se porte sur ce qui se passe au-dedans de nous-mêmes, elle s'appelle réflexion; et lorsque la réflexion est profonde et long-temps fixe, elle s'appelle méditation : c'est la source des grandes pensées. Rien de superficiel n'est rare; rien de commun n'est précieux : c'est en creusant que le génie s'enrichit des trésors cachés dans les entrailles de la nature, semblable au chêne que nous peint Virgile, qui, plus il étend ses racines, plus il élève ses rameaux.

B.

BALLADE. Petit poëme régulier, composé de trois couplets et d'un envoi, en vers égaux, avec un refrain, c'est-à-dire avec le retour du même vers à la fin des couplets, ainsi qu'à la fin de l'envoi.

Dans la ballade, les trois couplets sont symétriquement égaux, soit pour le nombre des vers, soit pour l'enlacement des rimes. C'est une stance de huit, de dix, de douze vers, en deux parties. L'envoi n'en est qu'une moitié, et il répond communément à la seconde partie de la stance. Les parties correspondantes des trois couplets sont sur les mêmes rimes; et l'envoi conserve les rimes de la partie à laquelle il répond.

Ce petit poëme a de la grâce et de la régularité dans sa forme; et quand le refrain en est heureusement amené à la fin des couplets, il leur donne un tour très-piquant.

Nos anciens poëtes, comme Villon et Marot, n'y ont employé que les vers de dix et de huit syllabes: celui de douze n'était guère en usage; et sa gravité semblerait déplacée dans un poëme qui doit garder la naïveté du vieux temps.

La ballade a passé de mode depuis madame

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