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empêcher qu'on ne succombât sous le nombre. Alors les Anglais, à leur tour, firent frapper une médaille, dont l'emblême était aussi l'image de Neptune, mais avec ces vers pour légende :

Maturate fugam, regique hæc dicite vestro,

Non illi imperium pelagi (1).

ils n'ajoutaient pas encore, comme ils ont fait depuis,

Sed mihi sorte datum (2) :

vanité aussi imprudente que celle du Quos ego. Tout le monde sait le trait d'arrogance attribué aux Hollandais à l'égard de Louis XIV: Sta, sol, par allusion à son emblême.

Une application trop ingénieuse pour convenir à la douleur, est celle que fit, dit-on, la sœur de M. de Thou, en voyant le tombeau du cardinal de Richelieu : Domine, si fuisses hic, frater meus non fuisset mortuus (3).

Les applications n'ont pas toujours un caractère aussi sérieux. Tout le monde connaît celle que fit Calvin de ce vers au clergé de Rome.

(1) « Hâtez-vous de prendre la fuite, et allez dire à votre roi que ce n'est pas à lui qu'appartient l'empire des mers. » (2) « C'est à moi que le sort l'a donné. »

a

(3) « Seigneur, si vous aviez été ici, mon frère

R

mort. »

ne serait pas

Vobis picta croco et fulgenti murice vestis
Desidiæ cordi.

Le cardinal Baronius avait une dévotion si particulière à saint Marcel, qu'on ne doutait pas qu'il n'en prît le nom, s'il arrivait à la papauté. Un devin lui dit, pour sa bonne aventure:

Tu Marcellus eris.

Si quà fata aspera rumpas,

Ce jeu de mots fait souvenir d'une réplique bien singulièrement heureuse, d'un homme d'esprit qui quelquefois s'amusait à faire des rebus. Quelqu'un disait de lui, en badinant à sa manière,

Natum rebus agendis :

Il répondit :

Et mihi res, non me rebus subjungere conor.

Le pape Innocent XI, ayant mis un impôt sur le papier timbré et sur le tabac, on fit dire à Pasquin: Contra folium quod vento rapitur ostendis potentiam tuam, et stipulam siccam persequeris (1).

Ménage, écrivant à madame de Sévigné sur les folies du carnaval, lui disait, par allusion à la cérémonie des cendres :

(1) « Tu as exercé ta puissance sur la feuille qui est le jouet des vents, et tu persécutes le faisceau d'herbe sèche. »

Hic motus animorum atque hæc certamina tanta
Pulveris exigui jactu compressa quiescent (1).

Rappellerai-je ici une gaieté de collége assez curieuse dans son espèce? Quelque mauvais plaisant ayant fait entrer un âne dans une de nos écoles de théologie, ce fut, parmi les écoliers, à qui traiterait le nouveau venu avec le plus d'incivilité; ils firent tant qu'ils le chassèrent. Quand le tumulte fut appaisé, le professeur (l'abbé L.F.), dit gravement, pour leur apprendre à vivre: In propria venit, et sui eum non receperunt (2).

Ce qui donne à l'application le caractère le plus piquant, c'est lorsqu'on emploie un dicton populaire, un proverbe, à cacher la finesse de la pensée, ou la malice de l'intention, sous l'air de la simplicité.

Un soi-disant homme de cour offrait sa protection à un gentilhomme de province. Je l'accepte, monsieur, lui dit le gentilhomme, les petits présents entretiennent l'amitié.

On disait devant Fontenelle que Dieu avait fait l'homme à son image. Vous savez sa réponse : L'homme le lui rend bien.

Madame D. D. entendant raconter que saint.

(1) « Tous ces mouvements des esprits et tous ces grands combats seront appaisés par un peu de poussière.

(2) « Il est venu dans son propre domaine, et les siens ne l'y ont pas reçu.

Élém. de Littér. I.

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Denis, après qu'on lui eut coupé la tête, la porta dans ses mains à deux lieues de distance: Je n'ai pas de peine à le croire, dit-elle: il n'y a que le premier pas qui coûte.

La même ayant ouï dire qu'une femme de sa connaissance avait repris la fantaisie de coucher avec son mari, C'est peut-être, dit-elle, une envie de femme grosse.

Le talent des applications suppose, avec un esprit juste, subtil, et prompt, une mémoire richement meublée. Voilà pourquoi Virgile, que tout le monde sait par cœur dès-l'enfance, est, de tous les auteurs profanes, celui dont on a fait le plus et de plus heureuses applications.

A l'égard des livres saints, on sait l'usage qu'en ont fait la morale et l'éloquence de la chaire. Parmi les applications de ce genre, on cite avec raison le texte de l'oraison funèbre de Turenne, Fleverunt eum omnis turba Israël planctu magno, etc. et le texte de l'oraison funèbre du duc et de la duchesse de Bourgogne, où le père de la Rue appliqua si heureusement au désastre de 1712, ce passage de Jérémie. « Pourquoi vous attirez-vous par vos péchés un tel malheur, que de voir enlever par la mort, du milieu de vous, l'époux, l'épouse, et l'enfant au berceau? » Quare facitis malum grande contra animas vestras, ut intereat ex vobis, vir, mulier, et parvulus, de medio Judæ.

Les prédicateurs se sont permis souvent de

mutiler, de tronquer les passages qu'ils empruntaient des livres saints, d'en altérer le sens, et quelquefois de leur en donner un tout contraire à l'esprit du texte. Voyez, dans l'article CITATION, de l'Encyclopédie, combien le sens de ces mots multi vocati, pauci verò electi, a été corrompu. Il en est de même du compelle intrare. Un tel abus est de conséquence, et peut servir à consacrer les plus dangereuses erreurs.

ARIETTE. Air de musique vocale, dont le caractère est la légèreté. Ce mot est nouveau dans notre langue, et quoiqu'il y eût, dans la musique de Lulli, de Mouret, de Campra, quelques morceaux de chant mesuré, d'un mouvement vif et d'un tour agréable, on ne disait point les ariettes mais les airs de Lulli, de Mouret, de Campra. Ce fut lorsqu'on eut quelque idée de la musique italienne, et qu'on essaya d'en imiter les passages brillants, que du mot aria, on fit le mot ariette; et on donna ce nom distinctif aux airs français que l'on croyait composés à l'italienne : ainsi, l'on dit les ariettes de Rameau, les ariettes de Mondonville, l'ariette des Talents lyriques, l'ariette de Pygmalion, l'ariette de Tithon et l'Au

rore.

Ce chant léger, qui était la partie de la musique italienne la moins estimable et la plus facile à imiter, fut introduit à l'Opéra - Comique,

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