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» plaisir qu'auraient les gens de lettres de » voir un Tite-Live entier; car le roi, di» sait-on, le faisait imprimer à ses frais, et >> le donnait au public, à bon marché ; mais >> depuis ce temps, on n'a entendu parler » ni des Grecs de Chio, ni du Tite-Live. »

Chapelain, dans une lettre à Colomiez, assure avoir entendu dire au gouverneur du marquis de Rouville, qu'il avait remarqué, sur des battoirs qu'il avait envoyé chercher à Saumur, des titres latins des huitième, dixième et onzième décades de cet Auteur; ce qui lui inspira une vive curiosité. Le mercier qui les lui avait vendus, lui raconta que l'apothicaire de l'abbaye de Fontevraud ayant trouvé, dans une chambre de cette abbaye, une haute pile de volumes en parchemin, et ayant lu en plusieurs que c'était l'histoire de Tite-Live, il les demanda à l'abbesse d'alors, comme un livre de nul usage, dont les parchemins lui pouvaient être de quelque utilité. L'abbesse les lui accorda sans peine, et il les vendit

à ce mercier, qui en fit faire une grande quantité de battoirs, dont il lui restait encore plus de douze douzaines; lesquels portaient les titres et paroles latines des décades perdues, comme les premiers que le gouverneur avait fait acheter.

On a dit encore que Tite-Live était conservé dans une petite île d'Écosse' ( 1 ); comme si ce trésor précieux avait pu rester enfoui si long-temps, à cette proximité d'une nation aussi lettrée que l'est surtout la nation Écossaise.

En 1772, M. Paul Jacques Bruns, que M. Benjamin Kennicott avait envoyé à ses frais en Italie, avec la mission de visiter les manuscrits latins; et M. Giovenazzi, en examinant avec attention un manuscrit latin de la bibliothèque du Vatican, timbré

(1) Iona, au S. O. de l'île de Mull, île fertile, mais qui n'a qu'une lieue de long sur une demie de large; c'est là que résidaient les évêques des îles, et qu'étaient inhumés les rois d'É

Cosse.

24, du format in-8°., démêlèrent sous le texte des livres de Tobie, de Job et d'Esther, une plus ancienne écriture, du caractère le plus pur, en lettres onciales; c'est-à-dire, que le copiste avait transcrit ces livres sur un de ces manuscrits appelés communément Palimpsestes, ou Récrits. Quelques mots connus, comme Sertorius, Pompée, Contrebie, irritèrent leur curiosité; et les mots Titi Livii qu'ils aperçurent au haut du recto, ne leur permirent plus de douter de l'importance de la découverte. A force d'art, de soins et de patience, à l'aide d'un microscope, et après quatorze jours d'un travail continu, MM. Bruns et Vitellazzi parvinrent enfin à retrouver un fragment du livre XCI. de Tite-Live, que le dernier fit paraître à Leipzick.

En 1773, ce fragment reparut à Rome la même année, sous ce titre : TITI LIVII Historiarum libri XCI fragmentum anecdoton, descriptum, et recognitum à CC. VV. Vito M. GIOVENAZZIO, Paulo Ja

cobo BRUNS, ex schedis vetustissimis bibliothecæ Vaticanæ. Ejusdem Giovenazzii in idem fragmentum scholia, petit in-4°.

L'auteur de cette édition, M. Vitellazzi, rend un juste hommage à la mémoire du pape Clément XIV, qui signala son amour des lettres, en nommant une commission pour vérifier scrupuleusement l'importance et l'authenticité de ce fragment; et au cardinal Zélada, qui exécuta, en 1774, les ordres du pontife, avec la noblesse d'un ministre et tout le zèle d'un savant (1).

M. Didot l'aîné réimprima la lettre de M. Bruns et le fragment, avec la traduction de M. J. T. Hardouin, vol. in-12 de 72 pages. Ce même morceau se trouve, avec des notes, à la fin du 4o. tome du Tacite de Brotier, in-12, et dans l'édition du Tite-Live de Deux-Ponts, tome XII.

1

M. Bruns infère de cette découverte, et

(1) Cet ouvrage, peu connu en France, représente la copie figurée du manuscrit du Vatican, et donne au moins une légère idée des peines que cette découverte a dû coûter aux éditeurs.

son opinion est assez plausible, que plusieurs manuscrits, qui ne paraissent d'aucune importance au premier coup-d'œil, recèlent peut-être ainsi d'inestimables trésors. On sait que les moines, qui passaient leur temps à copier, nous ont fait perdre des ouvrages intéressants, en grattant les anciens parchemins, pour les surcharger de contes dévots et de légendes apocryphes. D'un autre côté, c'est à eux que l'on est re→ devable de tout ce que l'antiquité nous a laissé de richesses littéraires; et peut-être leur doit-on encore plus de reconnaissance pour ce qu'ils nous ont conservé, que de reproches pour ce qu'ils nous ont fait perdre.

Au reste, cette découverte a été la dernière. Dans les manuscrits d'Herculanum, on n'a encore rien déchiffré qui permette d'espérer qu'on retrouvera quelque fragment de Tite-Live; et jusqu'à présent, perte que les savants déplorent, paraît irréparable.

la

Jean Freinshémius a tâché d'en con

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