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des soins de l'empire du monde. Cette amitié d'Auguste ne nuisit point à l'impartialité de l'historien. Il loua Brutus, Cassius, et particulièrement Pompée, au point qu'Auguste l'appelait, en badinant, le Pompéien; trait également honorable pour la mémoire du prince et de l'écrivain.

Tite-Live mourut dans sa patrie, à l'âge de soixante-seize ans, la quatrième année de l'empire de Tibère, et le même jour qu'Ovide. Les Padouans ont honoré sa mémoire dans tous les temps. Lorsqu'en 1413 on crut avoir retrouvé son tombeau, l'enthousiasme fut général ; et depuis, en 1451, ce ne fut pas sans peine qu'ils se déterminérent à faire présent de son bras droit à Alphonse V, roi d'Arragon. Antoine de Palerme avait été chargé de cette négociation; le prince reçut avec honneur ces restes d'un grand homme, mais mourut avant d'avoir érigé le monument où il projetait de les placer. Ce soin fut rempli dans la suite par Jovianus Pontanus.

On voit dans l'Hôtel-de-Ville de Padoue le mausolée de Tite-Live, accompagné d'inscriptions et d'un très ancien buste de marbre, qui représente cet historien. A la droite du monument, est l'Immortalité; à la gauche, est Minerve. Le Tibre coule sous les pieds de la première, la Brenta sous ceux de la seconde. Au milieu est une louve allaitant Rémus et Romulus.

Au-dessus d'une autre porte du même Hôtel-de-Ville, est une autre statue en pierre, qui représente Tite - Live dans l'attitude d'un homme qui tient un livre ouvert, et porte la main gauche à la bouche, avec cette sentence: Parvus ignis magnum sæpè suscitat incendium.

On doute si Tite-Live avait lui-même partagé son histoire en décades, c'est-à-dire, de dix en dix livres. Quoi qu'il en soit, cette division paraît assez commode.

A l'égard des sommaires qui sont à la tête de chaque livre, les savants ne croient pas qu'on puisse les attribuer ni à Tite-Live

ni à Florus. Quel qu'en soit l'auteur, ils ont leur utilité, puisqu'ils servent à faire connaître de quoi il était parlé dans les livres qui nous manquent.

Des cent quarante composés par TiteLive, il ne nous en est parvenu que trentecinq, dont quelques uns même ne sont pas entiers; encore n'a-t-on pas joui à la fois de tout ce trésor littéraire. Les premières éditions de la fin du 15e. siècle et du commencement du 16e., ne contiennent que la première, la troisième et la quatrième décades. Depuis, la bibliothèque de Mayence fournit une partie du livre IIIa., du livre XXX. et ce qui manquait au livre XL. Simon Grynéus retrouva, en 1531, les cinq derniers livres dans un monastère de Suisse, et les fit imprimer par J. Frobein. Enfin le P. Horrion, jésuite, en parcourant les manuscrits de la bibliothèque de Bamberg, en rencontra un qui contenait plusieurs livres de Tite-Live, entre autres la première partie du livre III. et du livre XXX®.,

qui manquaient encore, et les publia deux ans après à Paderborn.

Voilà tout ce qui nous reste de ce précieux monument. Ce n'en est pas la quatrième partie. Vainement les savants se sont flattés de quelques lueurs d'espérance de retrouver le reste; cet espoir n'avait, à ce qu'il paraît, d'autres fondements que l'estime de l'ouvrage et le désir de le recouvrer. On en jugera par les faits. Thomas Erpénius est le premier qui ait assuré que les Arabes possédaient, dans leur langue, une traduction complète de Tite-Live, que les uns plaçaient à Fez, les autres à la Goulette, d'autres même à la bibliothèque de l'Escurial. Pietro della Valle assure dans ses voyages, qu'en 1615 la bibliothèque Ottomane avait un Tite-Live entier; il ajoute que le grand duc avait traité pour l'obtenir, et en avait vainement fait offrir vingt mille piastres; que l'ambassadeur de France, Achille de Harlay, depuis évêque de Saint-Malo, en fit proposer sous main dix mille écus à ce

lui qui avait la garde des livres, que l'offre fut acceptée, mais que le bibliothécaire ne put jamais retrouver l'ouvrage (1).

« L'an 1682, dit Bourdelot dans une » note sur la Bibliothèque choisie de Colo» miez (2), je vis à St.-Germain, des Grecs » de l'ile de Chio, venus pour traiter avec » M. Colbert, d'un Tite-Live entier qu'ils » disaient avoir dans leur île, et qui avait » été sauvé de l'incendie de la bibliothèque » de Constantinople. On dit que le marché » en avait été conclu à 60,000 liv. ; et qu'on >> avait envoyé dans l'ile pour le copier, de » peur que le vaisseau qui le porterait ve» nant à périr, la perte ne fût irréparable. » On ne parlait, dans ce temps-là, que du

(1) Il y a deux ans, le bruit s'était répandu à Paris que le médecin d'un ambassadeur alors résidant à la Porte, introduit dans le sérail pour visiter un malade, avait vu une pièce remplie de livres; qu'il s'était arrêté un moment à parcourir les titres sur les dos, et qu'il avait cru retrouver un Ménandre ; malheureusement ce bruit ne s'est pas soutenu.

(2) Page 41, édit. de 1731.

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