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cri de joie à toute l'armée albaine. Les Romains avaient déjà perdu toute espérance; mais pourtant ils ne pouvaient s'empêcher de s'intéresser encore au sort d'un malheureux, qu'ils voyaient, avec effroi, seul au milieu des trois Curiaces qui l'avaient enveloppé. Heureusement il n'avait pas reçu la plus légère blessure: trop faible contr'eux tous, mais redoutable pour chacun séparément, il prend le parti de diviser leur attaque, en fuyant, persuadé que l'inégalité de leurs forces en mettrait dans leur poursuite. Il était déjà assez loin de la place où l'on avait combattu, lorsque regardant derrière lui, il les voit à de grandes distances les uns des autres; un seul le suivait d'assez près. A l'instant il se retourne; fond sur lui brusquement; et tandis que les Albains crient aux Curiaces de venir au secours de leur frère, Horace avait déjà immolé son premier ennemi, et marchait au second. Alors, part du côté des Romains un cri, tel qu'en arrache une joie inespérée; ils pressent leur soldat, et lui se hâte de terminer le combat. Sans donner le temps d'arriver au troisième Curiace, qui n'était pas éloigné, il renverse le second. Désormais le nombre était égal, mais non la confiance et les forces, L'un, sans la moindre blessure, et fier d'une double victoire, marchait avec assurance à son troisième combat; l'autre, se traînant à peine, fatigué de sa blessure, fatigué de sa course, et vaincu d'avance par la défaite de ses frères égorgés sous ses yeux, ne fit que se présenter au fer du vainqueur : ce ne fut pas même un combat. Le Romain, triomphant : « J'ai, dit-il, immolé les » deux premiers aux mânes de mes frères; j'immole le troisième » à la cause de Rome, pour assurer sa domination sur Albe. » L'Albain pouvait à peine soulever son bouclier. Horace lui plonge son épée dans la gorge, le terrasse et le dépouille. Les Romains reçoivent leur défenseur avec des cris de félicitation et des

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alteri aucti, alteri ditionis alienæ facti. Sepulcra exstant, quo quisque loco cecidit; duo Romana uno loco propiùs Albam, tria Albana Romam versus ; sed distantia locis, et ut pugnatum est.

XXVI. Priusquam inde digrederentur, roganti Mettio ex foedere icto quid imperaret, imperat Tullus, uti juventutem in armis habeat : « Usurum se » eorum operâ, si bellum cum Veientibus foret ; » ita exercitus inde domos abducti. Princeps Horatius ibat, tergemina spolia præ se gerens ; cui soror virgo, quæ desponsa uni ex Curiatiis fuerat, obvia ante por tam Capenam fuit: cognitoque super humeros fratris paludamento sponsi, quod ipsa confecerat, solvit crines, et flebiliter nomine sponsum mortuum appellat. Movet feroci juveni animum comploratio sororis, in victoriâ suâ, tantoque gaudio publico. Stricto itaque gladio, simul verbis increpans, transfigit puellam. «< Abi hinc cum immaturo amore ad » sponsum, inquit, oblita fratrum mortuorum vivi» que, oblita patriæ. Sic eat, quæcumque Romana » lugebit hostem. » Atrox visum id facinus Patribus plebique: sed recens meritum facto obstabat; tamen raptus in jus ad regem. Rex, ne ipse tam tristis ingratique ad vulgus judicii, aut, secundùm judicium, supplicii auctor esset; concilio populi advocato : « Duum

chants de triomphe. Leur joie était d'autant plus vive, que l'affaire avait été un instant désespérée. Chacun s'occupe ensuite de la sépulture de ses morts; mais quelle différence des deux peuples, dont l'un devenait maître, et l'autre sujet ! Les tombeaux subsistent encore, à la même place où chacun périt en combattant. Ceux des deux Romains sont plus près d'Albe et au même endroit; ceux des trois Albains se rapprochent un peu plus de Rome; ils sont écartés, et à la distance où furent tués les Cu-, riaces.

XXVI. Avant qu'on se séparât, Mettius, se soumettant aux clauses du traité, demanda les ordres de Tullus. Celui-ci lui dit de tenir ses troupes sous les armes; qu'il s'en servirait, s'il avait la guerre contre les Véiens. Chacun se retire de son côté. A la tête de l'armée romaine marchait le jeune Horace, faisant porter devant lui son triple trophée. Sa sœur, fiancée à l'un des Curiaces, se trouya sur son passage au-devant de la porte de Capoue. A peine eut-elle reconnu sur les épaules de son frère, la cotte d'arme de son amant, qu'elle même avait tissue de ses mains, elle s'arrache les cheveux; elle redemande son cher Curiace avec des cris lamentables. L'orgueil farouche du jeune guerrier ne put souffrir qu'une sœur insultât, par ses larmes, au triomphe d'un frère et à la joie d'un peuple entier. Transporté de colère, il tire son épée, et la lui plonge dans le sein. « Vas, lui dit-il, avec ton amour insensé; vas rejoindre ton » amant, fille dénaturée, qui oublies ce que tu dois à tes frères » morts, à ton frère vivant, ce que tu dois à ta patrie. Périsse ainsi » toute Romaine qui osera pleurer un ennemi de Rome.» Cemeurtre révolta le sénat et le peuple; mais la gloire d'un service aussi récent en couvrait l'horreur. Toutefois il est saisi et traîné devant le roi; celui-ci, craignant que l'odieux d'un jugement aussi dou

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» viros, inquit, qui Horatio perduellionem (18) » judicent secundùm legem, facio. » Lex horrendi carminis erat : « Duumviri perduellionem judicent. « Si à duumviris provocarit, provocatione certato: » si vincent, caput obnubito: infelici arbori reste » suspendito. Verberato vel intra pomoerium, vel » extra pomoerium. » Hâc lege Duumviri creati, qui se absolvere non rebantur eâ lege ne innoxium quidem posse, cùm condemnassent, tum alter ex his : << P. Horati, tibi perduellionem judico, inquit. I, licstor, colliga manus. » Accesserat lictor, injiciebatque laqueum; tum Horatius, auctore Tullo, clemente legis interprete, Provoco, inquit: ita de provocatione certatum ad populum est. Moti homines sunt in eo judicio, maximè P. Horatio patre proclainante, « se filiam jure cæsam judicare; ni ita esset, » patrio jure in filium animadversurum fuisse. » Orabat deinde: « ne se, quem paulò antè cum egre» giâ stirpe conspexissent, orbum liberis facerent. » Inter hæc senex juvenem amplexus, spolia Curiatiorum fixa eo loco, qui nunc Pila Horatia appellatur, ostentans : « Hunccine, aiebat, quem modò deco» ratum ovantemque victoriâ incedentem vidistis, » Quirites, eum sub furcâ vinctum inter verbera et. » cruciatus videre potestis? quod vix Albanorum » oculi tam deforme spectaculum ferre possent. I, » lictor, colliga manus, quæ paulò antè armatæ im» perium populo Romano pepererunt. I, caput

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loureux pour la multitude, et du supplice qui devait le suivre,
ne retombât sur lui, convoqua l'assemblée du peuple. « D'après
» la loi, dit-il, je nomme des duumvirs pour juger le crime,
» d'Horace. » La loi qui établissait la commission était effrayante
pour l'accusé. Elle était conçue ainsi : « Que des duumvirs ju-
» gent le crime; si l'on appelle du jugement, qu'on prononce
» sur l'appel. Si la sentence est confirmée, qu'on voile la tête
>> au coupable; qu'on l'attache à une potence; qu'auparavant
>>on le batte de verges, soit en dedans des murailles, soit en
» dehors. >> D'après cette loi, les duumvirs n'auraient pas cru pou-
voir absoudre même un innocent. Le meurtrier fut condamné:
<< Horace, dit l'un d'eux, je te déclare coupable. Va, licteur;
» qu'on lui lie les mains. » Le licteur s'était déjà mis en devoir
d'obéir, et faisait les apprêts du supplice. J'en appelle, dit Ho-
race, conseillé par Tullus, qui donnait à la loi une interprétation
plus douce. L'appel fut plaidé par devant le peuple. Ce qui, dans
cette affaire, disposa surtout les esprits à la clémence, ce fut
d'entendre le vieil Horace s'écriant que sa fille avait mérité la
mort; que si son frère l'eût épargnée, il aurait lui-même sévi
de sa main paternelle contre un fils indigne de lui. Il les conju-
rait ensuite de ne point laisser dans un dénuement affreux un
malheureux vieillard, qu'ils avaient vu naguères environné d'une
si belle postérité. Puis, serrant dans ses bras son jeune fils, et
de la main montrant les dépouilles des Curiaces, suspendues dans
le lieu qui s'appelle encore aujourd'hui le Pilier d'Horace : « Ro-
» mains, s'écriait-il, c'est donc au moment de la plus glorieuse
» victoire, c'est donc à la suite de sa marche triomphale, que
>> vous pourriez voir ce jeune guerrier lié à un infâme pɔteau,
» déchiré de verges, expirant au milieu des tortures! Non,
>> les Albains eux-mêmes auraient peine à soutenir cet hor-

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