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dans des siècles d'ignorance et de barbarie; et comme il n'aurait pu subjuguer leur croyance sans quelque supercherie pieuse, il feignit d'avoir avec la déesse Égérie des entretiens nocturnes; c'était toujours cette déesse qui lui indiquait les sacrifices les plus agréables aux dieux, et le choix des ministres qui devaient présider au culte de chaque divinité. Avant tout, il partage l'année en douze mois (a), se réglant sur le cours de la lune; mais comme chaque révolution lunaire ne donne pas, à beaucoup près, des mois de trente jours, et qu'à la fin de chaque année on ne se rencontrerait plus avec la révolution annuelle du soleil, il corrigea ce défaut par l'interposition des mois intercalaires; de manière que chaque année se trouvant remplie, tous les vingt-quatre ans on se retrouvait avec le soleil au même point d'où l'on était parti. C'est encore lui aussi qui imagina la distinction des jours fastes et des jours nefastes (b). Il pressentait l'utilité d'ajourner quelquefois avec le peuple.

XX. Il s'occupa ensuite de la formation des colléges sacerdotaux, quoiqu'il se chargeât lui-même de la plupart des sacrifices, principalement de ceux qui regardent le flamine de Jupiter; mais comme il prévoyait que dans une nation belliqueuse il y aurait plus de Romulus que de Numa, que ces rois voudraient commander eux-mêmes leurs armées, et qu'en leur absence, le ministère sacerdotal attaché à la personne du mo

(a) Sur ce calendrier de Numa et sur les variations de l'année romaine, voyez Macrobe, I, Saturñ., c. 12, 13 et 14, et Jos. Scaliger, de Emendatione temporum, t. II. (Note de Guérin,)

(b) Les jours fastes, à fando, étaient ceux où il était permis de traiter d'affaires, d'exercer la justice, de convoquer des assemblées, permission qu'annon→ çait la formule du prêteur, do, dico, addico; les néfastes étaient ceux où les affaires civiles demeuraient suspendues. (Note de Guerin.)

adjecit: Marti unum, alterum Quirino. Virginesque Vestæ legit; Albâ oriundum sacerdotium, et genti conditoris haud alienum : his, ut assiduæ templi antistites essent, stipendium de publico statuit: virginitate aliisque cærimoniis venerabiles ac sanctas fecit. Salios item duodecim Marti Gradivo legit, tu nicæque pictæ insigne dedit, et super tunicam æneum pectori tegumen: coelestiaque arma, quæ ancilia appellantur, ferre, ac per urbem ire canentes carmina cum tripudiis solennique saltatu, jussit. Pontificem deinde Numam Marcium, Marci filium, ex Patribus legit, eique sacra omnia exscripta exsignataque attribuit; quibus hostiis, quibus diebus, ad

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quæ templa sacra fierent, atque unde in eos sumptus pecunia erogaretur. Cetera quoque omnia publică privataque sacra pontificis scitis subjecit, ut esset quò, consultum plebes veniret; ne quid divini juris negligendo patrios ritus, peregrinosque adsciscendo, turbaretur: nec coelestes modò cærimonias, sed justa quoque funebria, placandosque Manes, ut

narque, serait négligé, il créa, sous le nom de flamine, un prêtre qui ne devait jamais s'éloigner du temple de Jupiter. Il le distingua par un vêtement plus auguste et par une chaise curule, pareille à celle des rois, lui associa deux autres flamines, l'un pour Mars, l'autre pour Quirinus (a). Il forma un collége de vestales (b), sacerdoce connu chez les Albains, et qui n'était point étranger à la famille du fondateur de Rome. Il leur assigna des revenus sur l'état, afin qu'elles pussent se dévouer entièrement au service de leur autel: le vœu de virginité, et leurs autres instituts, rendaient leur personne vénérable et sacrée. Il fonda en l'honneur de Mars Gradivus, douze prêtres, sous le nom de saliens (c); il leur donna pour distinction la tunique brodée, et sur la poitrine, par-dessus cettę tunique, une cuirasse d'airain; leur fonction était de porter les boucliers sacrés qu'on nomme anciles (d), et d'aller par la ville en chantant des hymnes et en exécutant d'un mouvement vif et brusque des danses solennelles. Il nomma un grand pontife, Numa Marcius, fils de Marcus, membre du sénat, lui attribua l'intendance suprême de tous les sacrifices. D'après des registres où étaient consignés tous les détails relatifs à la religion, le grand pontife déterminait le jour, le temple où se feraient les sacrifices, le choix des victimes, les fonds pour subvenir à ccs dépenses; jusqu'aux sacrifices qui se célébraient dans l'intérieur des familles, furent soumis à sa juridiction. Le législateur voulut par-là ménager au peuple un guide sûr auquel il pût

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(a) Nom de Romulus depuis son apothéose. (Note de Guérin.)

(b) Il en nomma quatre, nombre qui depuis fut porté à six. (Note de Guérin.) (c) A saliendo, sauteurs. (Note de Guérin.)

(d) Petits boucliers échancrés sur les deux côtés: on les croyait descendus da aiel. (Note de Guérin. )

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idem pontifex edoceret; quæque prodigia fulminibus, aliove quo viso missa susciperentur atque curarentur; ad ea elicienda ex mentibus divinis, Jovi Elicio aram in Aventino dicavit, deumque consuluit auguriis, quæ suscipienda essent.

XXI. Ad hæc consultanda procurandaque multitudine omni à vi et armis conversâ, et animi aliquid agendo occupati erant, et deorum assidua insidens cura, cùm interesse rebus humanis coeleste numen videretur, eâ pietate omnium pectora imbuerat, ut fides ac jusjurandum, proximè legum ac poenarum metum, civitatem regerent. Et cùm ipsi se homines in regis, velut unici exempli, mores formarent; tum finitimi etiam populi, qui antè, castra, non urbem positam in medio, ad sollicitandam omnium pacem, crediderant, in eam verecundiam adducti sunt, ut civitatem totam in cultum versam deorum violari ducerent nefas. Lucus erat, quem medium ex opaco

avoir recours, et prévenir les altérations qui pouvaient s'introduire dans la religion par l'omission des rites nationaux et par l'introduction des rites étrangers. Non seulement les sacrifices aux dieux du ciel, mais encore les sacrifices aux dieux mânes, les cérémonies funéraires étaient réglées par le grand pontife. On le consultait aussi sur tous les prodiges quels qu'ils fussent; c'était lui qui déterminait ceux qu'il fallait négliger et ceux qui méritaient une expiation; pour obtenir le secret des dieux sur tous ces points, Numa dédia sur l'Aventin un autel en l'honneur de Jupiter Élicius (a), et consulta le dieu par la voie des Augures, sur les signes qui pourraient être dignes d'une sérieuse attention.

XXI. Toutes ces institutions religieuses, toutes ces expiations de prodiges avaient distrait les esprits de la guerre et des armes. En même temps que ces exercices pieux occupaient leur repos, la pensée habituelle des dieux, la persuasion que la divinité intervenait dans les choses humaines avait pénétré les cœurs d'une piété si profonde, que sans la crainte des lois et du châtiment, la foi seule et la religion du serment eussent suffi pour les contenir. Tel était l'ascendant de Numa, que non seulement ses sujets se modelaient en tout sur ses vertus, mais que même les peuples voisins, qui auparavant voyaient dans Rome non une ville, mais un camp établi au milieu d'eux pour inquiéter la tranquillité générale, n'envisageaient plus qu'avec une sorte de respect, une cité toute entière occupée du culte des dieux, et qu'ils eussent regardé la moindre hostilité comme une profanation. Au milieu d'un bois sortait d'une grotte profonde une source d'eau vive et intarissable.

(a) Ab eliciendo, faire sortir avec effort. (Note de Guérin.)

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