Obrazy na stronie
PDF
ePub

sentirent d'abord que la perte de celui qu'ils nommaient leur père; et comme frappés d'un coup terrible, ils restèrent quelque temps dans un silence de consternation. Enfin, quelques uns donnant l'exemple, tous à l'instant, d'une acclamation unanime, appèlent Romulus dieu, fils de dieu, roi et père de Rome. Ils l'invoquent dans leurs prières; ils lui demandent la paix ; ils le conjurent d'aimer, de protéger toujours ses enfants. Peutêtre dans ce temps-là même quelques uns soupçonnèrent les sénateurs de l'avoir mis en pièces; et le bruit en courut, quoique sourdement. Mais l'admiration pour ce grand homme, et la terreur qui avait saisi tous les esprits, ont fait prévaloir l'autre tradition. Une démarche d'un citoyen servit encore, dit-on, à l'accréditer. Dans le moment où le peuple entier se livrait à ses inquiétudes sur la mort du roi, et faisait éclater son mécontentement contre les sénateurs, Proculus Julius, autorité grave à ce qu'on assure, quelqu'extraordinaire que soit le fait dont il dépose, se présente au milieu de l'assemblée. « Romains, dit» il, le père de cette ville, Romulus, m'est apparu ce matin au » point du jour; il descendait du ciel. A cette vue, pénétré » d'un saint respect et d'une horreur religieuse, mes prières lui » demandaient qu'il me fût permis de contempler son auguste >> visage: Vas, m'a-t-il répondu; annonce aux Romains la » lonté des dieux, qui doivent faire de ma Rome la capitale du » monde entier. Que les Romains donc cultivent l'art de la » guerre; qu'ils sachent et qu'ils apprennent à leurs descendants » que nulle force humaine ne peut résister à leurs armes. Ayant >> dit ces mots, le dieu, ajoutait Proculus, est remonté dans les » cieux. » Il est incroyable combien les esprits adoptèrent avidement ce récit, et combien la persuasion de l'apothéose adoueit les regrets du peuple et de l'armée.

XVII. Patrum interim animos certamen regni ac cupido versabat. Necdum à singulis, quia nemo magnopere eminebat in novo populo, pervenerant factiones: inter ordines certabatur. Oriundi ab Sabinis, ne, quia post Tatii mortem ab suâ parte non erat regnatum, in societate æquâ possessionem imperii amitterent, sui corporis creari regem volebant, Romani veteres peregrinum regem aspernabantur. In variis voluntatibus, regnari tamen omnes volebant, libertatis dulcedine nondum expertâ. Timor deinde Patres incessit, ne civitatem sine imperio, exercitum sine duce, multarum circà civitatum irritatis animis, vis aliqua extérna adoriretur. Et esse igitur aliquod caput placebat, et nemo alteri conce dere in animum inducebat. Itaque rem inter se cen tam Patres, decem decuriis factis, singulisque in singulas decurias creatis qui summæ rerum præessent, consociant; decem imperitabant: unus cum insignibus imperii et lictoribus erat: quinque dierum spatio finiebatur imperium, ac per omnes in ōrbem ibat : annuumque intervallum regni fuit; id ab re, quod nunc quoque tenet nomen, Interregnum appellatum. Fremere deinde plebs, multiplicatam servitutem, centum pro uno dominos factos: nec ultrà nisi regem, et ab ipsis creatum, videbantur passuri. Cùm sensissent ea moveri Patres, offerendum ultro rati quod amissuri erant, ita gratiani ineunt, summâ potestate populo permissâ, ut non

ارا

XVII. Cependant l'ambition de régner, et les intrigues pour l'élection, agitaient le sénat. Comme dans un peuple aussi nouveau, personne n'avait encore une grande prééminence, les rivalités ne venaient point des prétentions particulières: elles éclataient entre les différents corps. Le parti des sénateurs Sabins alléguait que depuis Tatius il n'y avait point eu de roi de leur nation; qu'égaux en droits, ils ne devaient point perdre celui qu'ils avaient à l'empire; et ils exigeaient que le roi fût choisi parmi eux. De son côté, le corps des sénateurs romains se refusait à prendre un étranger pour monarque. Au milieu de cette opposition de volontés, tous s'accordaient seulement à vouloir un roi, insensibles aux charmes de la liberté qu'ils n'avaient point encore éprouvée. Mais il était à craindre qu'avec ce levain de ressentiments qui fermentait dans toutes les cités voisines, un état sans gouvernement, une armée sans général ne fussent la proie de quelque puissance étrangère. Cette considération frappait vivement les sénateurs. Ils sentaient donc la nécessité d'un chef, et toutefois personne ne voulait se relâcher de ses prétentions. Enfin ils conviennent de partager entr'eux l'autorité. Les cent membres du sénat furent classés en dix décuries, dans chacune desquelles on prenait un sénateur. Les dix réunis étaient revêtus du pouvoir suprême; un seul avait les licteurs, et les marques extérieures du commandement; leur pouvoir finissait au bout de cinq jours, et passait aux autres à tour de rôle. Cette forme de gouvernement dura un an: on l'a nommée interrègne, mot qui est indiqué par la chose même, et qui subsiste encore de nos jours, pour les circonstances à peu près semblables. Au bout de ce temps, le peuple murmura. Il se plaignait hautement de ce qu'on avait aggravé sa servitude, de ce qu'il avait cent maîtres au lieu d'un; et il paraissait décidé à ne vouloir plus re

plus darent juris quàm retinerent; decreverunt enim, ut, cùm populus regem jussisset, id sic ratum esset, si Patres auctores fierent: hodieque in legibus magistratibusque rogandis usurpatur idem jus, vi ademptâ ; priusquam populus suffragium ineat, in incertum comitiorum eventum, Patres auctores fiunt. Tum interrex concione advocatà: « Quod » bonum, faustum felixque sit, inquit, Quirites, » regem create: ita Patribus visum est. Patres deinde, » si dignum, qui secundus ab Romulo numeretur, > crearitis, auctores fient. » Adeò id gratum plebi fuit, ut, ne victi beneficio viderentur, id modò sciscerent, juberentque ut senatus decerneret, qui Romæ regnaret.

XVIII. Inclyta justitia religioque eâ tempestate Numa Pompilii erat. Curibus Sabinis habitabat, consultissimus vir, ut in illâ quisquam ætate esse poterat, omnis divini atque humani juris. Auctorem doctrinæ ejus, quia non exstat alius, falsò Samium Pythagoram edunt : quem, Servio Tullio regnante Romæ, centum ampliùs post annos in ultimâ Italiæ orâ circa Metapontum, Heracleamque, et Crotona, juvenum æmulantium studia coetus habuisse constat. Ex quibus locis, etsi ejusdem ætatis fuisset, quâ famâ in Sabinos, aut quo linguæ commercio quem

connaître qu'un roi, et à le nommer lui-même. Les sénateurs, à qui ce mouvement des esprits ne put échapper, résolurent d'offrir volontairement ce qu'on allait leur arracher. Ils laissèrent le peuple arbitre souverain de l'élection; mais en paraissant ainsi le flatter par cette déférence, ils eurent l'art de retenir plus de pouvoir qu'ils n'en cédaient. Ils arrêtèrent que, lorsque le peuple aurait nommé le roi, cette élection, pour être valide, serait confirmée par le sénat. La même chose s'observe de nos jours, pour toutes les lois et les élections nouvelles; mais ce n'est plus qu'une vaine formalité. Avant que le peuple aille aux voix, le sénat confirme d'avance le résultat des comices quel qu'il soit. Mais alors l'interroi, ayant convoqué l'assemblée générale : « Romains, dit-il, et puissiez-vous par-là assurer la gloire et » la prospérité de l'empire; nommez vous-mêmes votre roi; tel >> est le vœu du sénat. Le sénat ensuite, si vous donnez à Ro» mulus un successeur digne de lui, ratifiera votre choix. » Le peuple fut si flatté de cette condescendance, que pour ne point se laisser vaincre en générosité; il se contenta d'ordonner que l'élection serait renvoyée au sénat.

XVIII. Numa Pompilius était fort renommé alors pour sa justice et sa piété; il demeurait à Cures, ville des Sabins. Il avait sur la religion et sur la morale infiniment de connais

sances, du moins pour ce siècle-là. C'est à tort qu'à défaut d'autre, on lui a donné pour maître Pythagore de Samos. Ce philosophe n'a vécu que plus de cent ans après, sous le règne de Servius Tullius, où il vint à l'extrémité de l'Italie, dans le voisinage de Métapont, d'Héraclée et de Crotone, ouvrir une école de jeunes gens attachés à ses principes. Eh! quand il eût été contemporain, comment à cette distance la renommée eûtelle pu porter son nom chez les Sabins, et lui attirer des dis¬

[ocr errors]
« PoprzedniaDalej »