Obrazy na stronie
PDF
ePub

son audace; mais à peine fut-il tombé mort, que l'armée romaine commence aussitôt à plier: elle fut repoussée jusqu'à la vieille porte du Palatium. Romulus, entraîné lui-même par la foule des fuyards; levant ses armes vers le ciel : « Jupiter, dit-il, » c'est par tes ordres, c'est sous tes auspices que j'ai jeté ici » les premiers fondements de Rome. Le Capitole est déjà >> au pouvoir des Sabins; ils le doivent à un crime. Ils ont » déjà franchi la vallée, et leurs armes menacent ce Palatium » même. Ah! du moins, père des dieux et des hommes, pré» serve de tes ennemis ce lieu qui t'est consacré; dissipe l'effroi » des Romains; arrête leur fuite honteuse. Ici même, je te » voue, sous le nom de Jupiter Stator (a), un temple qui attes» tera éternellement que Rome a dû son salut à ta protection » puissante. >> Après cette prière, comme s'il l'eût sentie exaucée «< Romains, dit-il, de ce moment, Jupiter, le grand, le » puissant Jupiter, vous ordonné de tenir ferme et de recom» mencer le combat. » Les Romains s'arrêtent comme s'ils eussent entendu la voix d'un dieu. Romulus vole au premier rang. Curtius, toujours à la tête des Sabins, s'était précipité du Capitole, et avait poursuivi les Romains en déroute dans toute la longueur du Forum. Il était déjà presque à la porte du Palatium, répétant à grands cris: « Les voilà donc vaincus, ces perfides » hôtes, ces lâches ennemis. Ils le savent maintenant, qu'il est

plus aisé d'enlever des femmes, que de résister à des hommes » de cœur. >> Romulus, irrité de ces bravades, tombe sur lui avec une troupe de ses plus intrépides guerriers. Curtius combattait à cheval: ce fut une raison pour qu'il fit moins de résistance. On le poursuit dans sa retraite, pendant que le reste de l'armée

(a) Stator, qui arrête, dé sistère, arrêter.

dante equo, conjecit : adverteratque ea res etiam Sabinos, tanti periculo viri. Et ille quidem, aunuentibus ac vocantibus suis, favore multorum addito animo, evadit. Romani Sabinique in mediâ convalle duorum montium redintegrant prælium; sed res Romana erat superior.

XIII. Tum Sabinæ mulieres, quarum ex injuriâ bellum ortum erat, crinibus passis scissâque veste, victo malis muliebri pavore, ausæ se inter tela volantia inferre, ex transverso impetu facto dirimere infestas acies, dirimere iras: hinc patres, hinc viros orantes : « Ne se sanguine nefando soçeri generique » respergerent: ne parricidio macularent partus suos, » nepotum illi, liberum hi progeniem. Si affinitatis » inter vos, si connubii piget, in nos vertite iras: nos » causa belli, nos vulnerum ac cædium viris ac pa

[ocr errors]

rentibus sumus. Meliùs peribimus quàm sine alte»ris vestrûm viduæ, aut orbæ vivem us. » Movet res tum multitudinem, tum duces. Silentium et repentina fit quies, inde ad foedus faciendum duces prodeunt; nec pacem modò, sed et civitatem unam ex duabus faciunt; regnum consociant; imperium omne conferunt Romam (12). Ita geminatâ urbe, ut Sabinis tamen aliquid daretur, Quirites à Curibus appellati, monumentum ejus pugnæ, ubi primùm ex profundâ emersus palude equus Curtium in vado

romaine, enflamméé par l'audace de son chef, repousse les Sabins. Le cheval de Curtius, effarouché du bruit de la poursuite, se jette dans un marais, où son maître courut un péril imminent. Le danger de leur brave général avait distrait les Sabins même. Ils lui font signe de la main; ils l'appellent par son nom. Curtius, ranimé par les encouragements des siens, parvient enfin à se dégager. Les Romains et les Sabins recommencent le combat au milieu du vallon; mais l'avantage était pour les Romains.

XIII. Dans ce moment, les Sabines, dont l'enlèvement avait allumé la guerre, accourent les cheveux épars, leurs robes déchirées. La peur, si naturelle aux femmes, cédant à l'excès de leur douleur, elles osent se jeter au milieu d'une grêle de traits, se mettent en travers des deux armées; arrêtent les javelots, enchaînent la fureur : tantôt s'adressant à leurs pères, tantôt à leurs époux, elles les conjurent de ne point ensanglanter leurs mains du meurtre affreux d'un beau-père ou d'un gendre, de ne point souiller d'un parricide le fruit de leurs entrailles, le sang de leurs enfants ou de leurs petits-fils. « Si l'alliance que vous » avez contractée par nous; si notre hymen vous fait horreur, >> tournez contre nous votre ressentiment; c'est nous qui cau» sons la guerre, nous qui causons les blessures et la mort de nos époux et de nos pères. Nous aimons mieux périr, que d'avoir » à pleurer toute notre vie la perte d'un père ou d'un époux. Ce spectacle émeut les soldats et les chefs. Tout à coup on se calme, on se tait. Les chefs s'avancent pour conclure le traité; et non seulement on signe la paix, mais des deux cités on n'én fait qu'une seule. Les deux monarques partagent en commun l'empire, dont le siége est établi à Rome. De cette manière, Rome double ses forces. Seulement, pour accorder quelque

[ocr errors]

statuit, Curtium lacum appellarunt. Ex bello tam tristi læta repentè pax, cariores Sabinas viris ac parentibus, et ante omnes Romulo ipsi, fecit. Itaque cùm populum in curias triginta (13)divideret, nomina earum curiis(14)imposuit. Id non traditur, cùm haud dubiè aliquanto numerus major hoc mulierum fuerit, ætate, an dignitatibus suis virorumve, an sorte lectæ sint, quæ nomina curiis darent. Eodem tempore et centuriæ tres equitum conscriptæ sunt, Ramnenses (15) ab Romulo, ab Tito Tatio Titienses appellati. Lucerum nominis et originis causa incerta est. Inde non modò commune, sed concors etiam, regnum duobus regibus fuit.

XIV. Post aliquot annos propinqui regis Tatii legatos Laurentium pulsant, cùmque Laurentes jure gentium agerent, apud Tatium gratia suorum et preces plus poterant. Igitur illorum poenam in se vertit; nam Lavinii, cùm ad sollenne sacrificium eò venisset, concursu facto, interficitur. Eam rem minùs ægrè, quàm dignum erat, tulisse Romulum ferunt; seu ob infidam societatem regni (16), seu quia haud injuriâ cæsum credebat. Itaque bello quidem abstipuit: : ut tamen expiarentur legatorum injuriæ, regis

[ocr errors]

chose aux Sabins, les Romains prirent le surnom de Quirites de la ville de Cures (a). En mémoire de ce combat, on appela le lac Curtius, ce marais profond où le cheval de Curtius faillit s'abîmer avec son maître (b). Une paix si heureuse, qui avait succédé tout à coup à une guerre aussi terrible, rendit les Sa+ bines plus chères à leurs époux, à leurs pères, et surtout à Romulus. Aussi, lorsqu'il classa le peuple en trente curies, il les désigna par le nom de ces femmes, Leur nombre certainement excédait celui des curies; mais on ne dit point ce qui le détermina dans le choix, si ce fut leur âge, leur dignité, celle de leurs maris, ou bien si le sort en décida. Dans le même temps, on forma trois centuries de chevaliers. La première s'appela Ramdu nom de Romulus; la seconde Titienses, du nom de Titus Tatius: an ignore l'étymologie de Lucères, nom de la troisième. De ce moment, le royaume, qui était resté indivis, fut tranquille sous deux rois, dont rien ne parut troubler l'union.

[ocr errors]

XIV. Quelques années après, des parents du roi Tatius maltraitèrent les députés des Laurentins; et malgré cette infraction du droit des gens, le crédit et les sollicitations des agresseurs prévalurent auprès de Tatius sur de justes réclamations. Cette injustice fit retomber sur lui la peine due à ses parents. La solennité d'un sacrifice l'avait appelé à Lavinium : il y périt dans un soulèvement. On reproche à Romulus de n'avoir pas été aussi sensible à cette mort qu'il aurait dû l'être, soit qu'on ne partage jamais de bonne foi une couronne, soit qu'il trouvât que Tatius s'était attiré son malheur. Ce qui est certain, c'est qu'il ne prit point les armes pour venger cet attentat; seulement, il y eut

(a) Capitale du pays Sabin.

(b) Tite-Live, liv. VII, donne à ce nom une autre origine.

« PoprzedniaDalej »