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les sénateurs en eurent encore plus à calmer Appius. Enfin l'assemblée levée, les consuls convoquent le sénat. Après différents avis dictés successivement par la colère et par la peur, les débats mêmes qui se prolongèrent venant à refroidir peu à peu la chaleur de la discussion, ramenèrent de plus en plus à des mesures conciliatoires; et l'on décréta des remercîments à Quintius, pour avoir adouci par ses soins l'exaspération des esprits. On représente à Appius qu'il fallait consentir à ce que la dignité consulaire n'eût que le degré de force qui pouvait se concilier avec la tranquillité générale, que les tribuns d'un côté, les consuls de l'autre, voulant tirer tout à eux, le cœur de l'état restait sans vigueur et sans vie ; que ces déchirements continuels fatiguaient, épuisaient la république; chaque parti cherchant moins à sauver l'état, qu'à le mettre en son pouvoir. De son côté Appius protesta que c'était une lâche désertion; qu'on livrait l'état par pusillanimité; que le sénat sacrifiait un consul qui s'était sacrifié pour le sénat ; qu'ils allaient s'imposer des lois plus dures que celles qu'on leur avait dictées sur le mont Sacré. Enfin pourtant subjugué par le vœu général, il se désiste de toute opposition, la loi passe tranquillement.

LVIII. Alors pour la première fois les tribuns furent nommés dans des comices par tribus. Pison prétend que ce fut à cette occasion qu'on en porta le nombre jusqu'à cinq, comme il prétend qu'il n'y en avait eu que deux jusqu'à ce moment. Il nomme les tribuns Caïus Sicinius, Lucius Numitorius, Marcus Duilius, Spurius Icilius, Lucius Mécilius. La guerre des Volsques et des Éques éclata durant ces divisions. Ils étaient entrés sur notre territoire, afin d'offrir un asyle à l'un des partis, au cas d'une nouvelle scission; ils se retirèrent quand ils virent la tranquillité rétablie. On fit marcher Appius contre les Volsques, et Quin

sævitia Appii quæ domi esse, eò liberior, quòd sine tribunitiis vinculis erat. Odisse plebem plus quàm paterno, odio : « Se victum ab eâ : se unico consule » objecto adversùs tribunitiam potestatem, perlatam » legem esse, quam minore conatu, nequaquam tan» tâ Patrum spe, priores impedierint consules. » Hæc ira indignatioque ferocem animum ad vexandum sævo imperio exercitum stimulabat; nec ullâ vi domari poterat : tantum certamen animis imbiberant. Segniter, otiosè, negligenter, contumaciter omnia agere; nec pudor, nec metus coërcebat. Si citiùs agi vellet agmen, tardiùs sedulò incedere: si adhortator operis adesset, omnes suâ sponte motam remittere industriam: præsenti vultus demittere, tacitè prætereuntem exsecrari; ut invictus ille odio plebeio animus, interdum moveretur. Omni nequicquam acerbitate promptâ, nihil jam cum militibus agere: à centurionibus corruptum exercitum dicere: tribunos plebei cavillans interdum, et Volerones

vocare.

LIX. Nihil eorum Volsci nesciebant, instabantque eò magis, sperantes idem certamen animorum adversùs Appium habiturum exercitum Romanum,

tius contre les Éques; Appius porta dans le commandement militaire toute la dureté de son administration intérieure ; et là, ellen'était plus comprimée par les entraves tribuniciennes. Il avait contre le peuple plus que la haine héréditaire de sa famille ; il ne lui pardonnait pas d'avoir été vaincu par lui. Aigri par l'idée que sous le consulat d'un homme qu'on avait cru la seule digue à opposer aux prétentions du tribunat, on eût fait passer une loi, qu'avec moins d'efforts avaient arrêtée les précédents consuls, de qui son ordre attendait infiniment moins; cette idée le remplissait de rage et d'indignation; elle ajoutait à la férocité de son caractère et le portait à tourmenter son armée par toutes les sévérités du commandement. Toutefois il ne pouvait venir à bout de la réduire, tant les soldats étaient profondément imbus de cet esprit de désobéissance : aussi tout se faisait avec nonchalance, avec lenteur, avec dégoût, avec un air de révolte. Ni honte, ni crainte ne pouvaient rien sur eux: voulait-il qu'on accélérât la marché, ils prenaient à tâche de la ralentir; s'il arrivait pour encourager les travaux, leur premier mouvement à tous était de s'arrêter au milieu de leur ouvrage; quand il paraissait, ils baissaient les yeux et détournaient la tête; sur son passage, ils le chargeaient tout bas d'exécrations, au point que malgré la force dont cette ame altière se roidissait contre les haines populaires, il en était quelquefois affecté. Après avoir usé sans fruit tous les genres de rigueur, il prit le parti de ne plus rien exiger des soldats; les centurions, disait-il, avaient corrompų son armée; aussi les appelait-il quelquefois par dérision des tribuns du peuple et des Voléro.

LIX. Rien de tout cela n'était ignoré des Vols ques, et ils cherchaient une bataille avec impatience, dans l'espoir que l'armée romaine se soulèverait contre son général, comme elle

quod adversùs Fabium consulem habuisset. Ceterùm multò Appio, quàm Fabio violentior fuit! Non enim vincere tantùm noluit, ut Fabianus exercitus, sed vinci voluit. Productus in aciem, turpi fuga petit castra, nec antè restitit, quàm signa inferentem Volscum munimentis vidit, foedamque extremi agminis cædem. Tum expressa vis ad pugnandum, ut victor jam à vallo submoveretur hostis: satis tamen appareret, capi tantùm castra militem Romanum noluisse; alii gaudere sua clade atque ignominiâ. Quibus nihil infractus ferox Appii animus, cùm insuper sæyire vellet, concionemque advocaret, concurrunt ad eum legati tribunique; monentes, « Ne »utique experiri vellet imperium, cujus vis omnis » in consensu obedientium esset. Negare vulgò milites ss se ad concionem ituros: passimque exaudiri voces s› postulantium, ut castra ex Volsco agro moveantur. » Hostem victorem paulò antè prope in portis ac val » lo fuisse; ingentisque mali non suspicionem modò, sed apertam speciem obversari ante oculos. » Victus tandem (quandoquidem nihil præter tempus noxæ lucrarentur) remissâ concione, iter in sequentem diem pronunciari cùm jussisset, primâ luce classico signum profectionis dedit. Cùm maximè agmen è castris explicaretur, Volsci, ut eodem signo excitati, novissimos adoriuntur. A quibus perlatus ad primos tumultus eo pavore signaque et ordines turbavit, ut neque imperia exaudiri, neque instrui

avait déjà fait contre Fabius. Ce dernier soulèvement fut même plus violent; l'armée de Fabius avait refusé de vaincre ; celle-ci voulut être vaincue. A peine arrivée sur le champ de bataille, elle prend honteusement la fuite et regagne son camp; elle ne s'arrêta que lorsqu'elle vit les ennemis se porter sur les retranchements, après avoir taillé en pièces l'arrière-garde. Pour lors les soldats s'imposèrent l'obligation de combattre ; mais ils se contentèrent d'écarter l'ennemi victorieux qui pénétrait déjà dans -les palissades, afin de prouver qu'ils n'avaient voulu qu'empêcher seulement la prise de leur camp; du reste se faisant unejoie de leur défaite et de leur ignominie. Loin de se laisser abattre, le caractère indomtable d'Appius voulait s'armer encore de plus de sévérité; et il avait cité l'armée à comparaître devant son tribunal. Les lieutenants et les tribuns accourent dans sa tente: ils lui conseillent tous de ne pas s'obstiner dans cette dangereuse épreuve d'une autorité, dont le consentement de ceux qui obéissent faisait toute la force; ils ajoutent que les soldats étaient généralement décidés à ne pas obéir à la sommation; qu'on entendait 'de toutes parts des voix qui demandaient à grands cris le signal du départ; peu d'instants auparavant on avait vu l'ennemi victorieux, au moment de forcer les portes et d'entrer dans les retranchements; on n'en était pas aux simples soupçons, on avait devant les yeux la certitude effrayante d'un crime affreux qui se préparait. Il se rendit à la fin, se proposant bien de retrouver les coupables dans un autre moment. Il révoqua la sommation, fit annoncer l'ordre de décamper pour le lendemain, et dès le point du jour tous les instruments militaires donnèrent le signal. Au moment où l'armée, à peine sortie du camp, ne faisait que de commencer à se déployer, les ennemis, comme avertis par le même signal, tombent sur l'arrière-garde. En un instant l'a

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