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donner la moitié aux Latins, et de partager l'autre entre les citoyens pauvres. Il ajoutait à cette donation une certaine étendue de terrain, qu'il prétendait avoir été usurpée par des particuliers sur le domaine de l'état. Outre que beaucoup de patriciens, propriétaires de ces terrains, ne pouvaient que s'effrayer d'un projet qui menaçait leur fortune, le corps entier du sénat s'en alarmait encore par des considérations de bien public. On craignait que le consul par ces largesses ne s'établît une puissance dangereuse pour la liberté. C'est ici l'époque de la première promulgation de la loi agraire, laquelle, depuis ce moment jusqu'à nos jours, n'a jamais été renouvelée sans exciter dans l'état les plus violentes convulsions; elle fut combattue par l'autre consul, qui avait pour lui tout le sénat, et n'avait pas contre lui tout le peuple. D'abord l'idée que des citoyens entraient en partage avec des alliés avait commencé par dégoûter d'une faveur ainsi prostituée; ensuite ils entendaient souvent Virginius dans toutes ses harangues leur prédire, comme par une inspiration prophétique, que les dons de son collégue étaient empoisonnés; que ces terres. seraient le prix de la servitude de ceux qui les auraient acceptées; qu'on se frayait un chemin à la tyrannie. Autrement pourquoi tous ces ménagements pour des alliés, pour tous les peuples du Latium? Pourquoi rendre aux Herniques, à des ennemis qui naguère avaient les armes à la main, le tiers d'un territoire acquis par le droit des armes, si ce nouveau Coriolan ne s'était proposé de les réunir sous ses étendards? Virginius gagnait déjà de la popularité en combattant une loi agraire. Depuis, ce fut à qui des deux consuls caresserait le plus les passions du peuple. Virginius déclara qu'il consentirait à la distribution des terres, pourvu qu'elle ne se fît qu'au profit des citoyens; et Cassius, qui vit que ses condescendances ambitieuses pour les alliés,

animos, jubere pro Siculo frumento pecuniam acceptam retribui populo. Id verò haud secus, quàm præsentem mercedem regni, aspernata plebes : adeò propter suspicionem insitam regni, velut abundarent omnia, munera ejus in animis hominum respuebantur. Quem, ubi primùm magistratu abiit, damnatum necatumque constat. Sunt qui patrem auctorem ejus supplicii ferant; eum cognitâ domi causâ verberasse ac necasse, peculiumque filii Cereri consecravisse (22); signum inde factum esse et inscriptum, EX CASSIA FAMILIA DATUM. Invenio apud quosdam, idque propius fidem est, à quæstoribus Cæsone Fabio, et L. Valerio, diem dictam perduellionis : damnatumque populi judicio : dirutas publicè ædes; ea est area ante Telluris ædem. Ceterùm sive illud domesticum, sive publicum fuit judicium, damnatur Ser. Cornelio, Q. Fabio consulibus.

XLII. Haud diuturna ira populi in Cassium fuit. Dulcedo agrariæ legis ipsa per se dempto auctore subibat animos; accensaque ea cupiditas est malignitate Patrum, qui, devictis eo anno Volscis Equisque, militem præda fraudavêre; quicquid captum ex hostibus est, vendidit Fabius consul, ac redegit in pu

avaient avili ses largesses aux yeux des citoyens, pour regagner leur affection par une libéralité nouvelle, ordonna qu'on remît au peuple l'argent qu'il avait payé pour le blé de Sicile. Mais le peuple ne vit dans cette restitution, qu'un appât dont le consul cherchait à couvrir ses projets de tyrannie; et ce soupçon une fois enraciné dans l'esprit, quelle que fût leur détresse, ils rejetèrent tous ses dons avec mépris. Cassius, à peine sorti de magistrature, fut jugé et condamné à mort : voilà ce qui est constant. Quelques uns prétendent que ce fut le père lui-même qui fut l'auteur de sa condamnation; qu'il instruisit le procès dans sa propre maison, le fit battre de verges, et mettre à mort, et consacra à Cérès le pécule de son fils; que du produit de la vente on fit une statue, avec cette inscription: don de la famille des Cassius. Je trouve dans d'autres auteurs, et cette tradition me paraît plus probable, que ce furent les questeurs (a) Caso Fabius et Lucius Valérius, qui le poursuivirent pour crime de haute trahison; qu'il fut condamné par l'assemblée du peuple, et qu'on fit raser sa maison: c'est l'emplacement qui se voit devant le temple de Tellus. Au reste, soit qu'il ait subi un jugement domestique ou un jugement national, sa condamnation eut lieu bien certainement sous le consulat de Servius Cornélius et de Quintus Fabius (b).

XLII. Le courroux du peuple contre Cassius ne fut pas de longue durée. La loi agraire toute seule, et dont l'auteur surtout n'était plus à craindre, avait par elle-même assez de charmes pour gagner les esprits; et la cupidité s'enflammait encore par

(a) Tite-Live fait ici mention des questeurs, sans avoir marqué l'époque de leur établissement, C'étaient les gardes du trésor de la république et les colle. teurs de ses revenus à quærendo.

(b) An de Rome 269; avant J.-C. 483.

blicum. Invisum erat Fabium nomen plebi, propter novissimum consulem tenuêre tamen Patres, ut cum L. Æmilio Caso Fabius consul crearetur. Eò infestior facta plebes, seditione domestica bellum externum excivit bello deinde civiles discordiæ intermissæ; uno animo Patres ac plebes rebellantes Volscos et Equos, duce Emilio, prosperâ pugnâ vicêre. Plus tamen hostium fuga quàm prælium absumpsit : adeò pertinaciter fusos insecuti sunt equites. Castoris ædes eodem anno Idibus Quintilibus dedicata est; vota erat Latino bello, Postumio dictatore; filius ejus duumvir ad id ipsum creatus. dedicavit. Sollicitati et eo anno sunt dulcedine agrariæ legis animi plebis. Tribuni plebis popularem potestatem lege populari celebrabant. Patres satis superque gratuiti furoris in multitudine credentes esse, largitiones temeritatisque invitamenta horrebant ; acerrimi Patribus duces ad resistendum consules fuêre. Ea igitur pars reipublicæ vicit, nec in præsens modo; sed in venientem etiam annum M. Fabium Cæsonis fratrem, et magis invisum alterum plebi, accusatione Sp. Cassii, L. Valerium consulem dedit. Certatum eo quoque anno cum tribunis est; vana

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l'avarice du sénat, qui, après une victoire complète remportée cette année sur les Volsques et sur les Éques, frustra le soldat de sa part du butin. Tout ce qu'on avait pris aux ennemis fut vendu par le consul Fabius, et porté au trésor public. Le peuple outré contre lui, avait pris en haine toute sa famille ; cependant les patriciens parvinrent encore à faire nommer Caso Fabius, consul, avec Lucius Æmilius (a). Les mécontentements du peuple, que ce choix avait ulcéré, éclatèrent par une sédition qui nous attira une guerre étrangère; et à son tour la guerre suspendit les dissensions civiles. Patriciens et Plébéiens, réunis par un même esprit de vengeance contre ces rébellions si fréquentes des Volsques et des Éques, gagnèrent sur eux une grande bataille sous les ordres d'Æmilius, et on leur tua encore plus de monde dans leur fuite que durant le combat, tánt notre cavalerie mit d'acharnement à les poursuivre. Cette même année, aux ides du cinquième mois, on dédia le temple de Castor : c'était le dietateur Posthumius qui en avait fait le vœu dans la guerre des Latins. Ce fut son fils qui fit la dédicace; on l'avait nommé Duumvir pour cet objet. L'appât de la loi agraire fut encore présenté au peuple cette année. Les tribuns accréditaient la popularité de leur magistrature par cette loi qui flattait les passions populaires; mais le sénat, persuadé que la multitude n'avait déjà que trop d'emportement sans qu'on l'excitât encore, ne voyait qu'avec effroi les encouragements que ces largesses donneraient à la licence. Les consuls secondèrent avec la plus grande vigueur l'opposition du sénat: ce parti eut donc la supériorité pour le moment; il se ménagea même de nouveaux avantages pour l'année suivante, en portant au consulat Marcus Fabius, frère de Caso,

(a) An de Rome 270; åvant J.-C. 482.

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