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» ceux qui nous reprochent avec tant de violence notre mol» lesse, viennent avec nous; qu'ils assistent à l'enrôlement que » nous allons faire; puisque vous le voulez ainsi, nous pousse>> rons les choses à l'extrême. » Ils retournent à leur tribunal; ils font à dessein citer, nommément un de ceux qui étaient sous leurs yeux cet homme reste sans répondre, la foule se presse autour de lui pour empêcher qu'on ne lui fasse violence; le consul ordonne à un licteur d'aller le saisir : le licteur est repoussé. A l'instant, les sénateurs qui étaient auprès des consuls, se récrient contre l'indignité d'une pareille violence, et se précipitent du tribunal pour donner main forte au licteur. On s'était borné seulement à empêcher le licteur d'arrêter le citoyen; mais alors la foule se jette sur les sénateurs; l'intervention des consuls apaisa la rixe, qui heureusement ne fut point ensanglantée. On n'avait lancé ni pierres, ni traits; on se borna à des clameurs et à des emportements. Le sénat, rassemblé en tumulte, délibéra plus tumultueusement encore; les sénateurs maltraités demandaient l'information : les plus ardents voulaient qu'on la décrétât; au lieu d'opiner on crie, on fait grand bruit. Enfin lorsque les emportements se furent un peu calmés, les consuls, se plaignant de ne pas trouver plus de sagesse dans le sénat que dans le peuple, parvinrent à mettre de l'ordre dans la délibération. Les avis se réduisirent à trois. Publius Virginius, sans généraliser la question, proposait de statuer seulement sur ceux qui, se fiant à la parole de Servilius, avaient servi contre les Aurunques, les Volsques et les Sabins. Titus Lartius prétendait que ce n'était pas le moment de se borner à acquitter des services; qué la masse entière du peuple était noyée de dettes; qu'on ne pouvait prévenir sa ruine que par un réglement général; qu'en mettant des différences entre les débiteurs, on ne

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mitis, et efferatus hinc plebis odio, illinc Patrum laudibus : « Non miseriis, ait, sed licentiâ tantùm » concitum turbarum : et lascivire magis plebem » quàm sævire. Id adeò malum ex provocatione na» tum : quippe minas esse consulum, non imperium; » ubi ad eos qui unà peccaverint, provocare liceat. » Agedum, inquit, dictatorem, à quo provocatio » non est, creemus. Jam hic, quo nunc omnia ar» dent, conticescet furor. Pulset tum mihi lictorem » qui sciet jus de tergo vitâque suâ penes unum illum » esse, cujus majestatem violarit. ss

XXX. Multis, ut erat, horrida et atrox videbatur Appii sententia: rursus Virginii Lartiique, exemplo haud salubres; utique Lartii putabant sententiam, quæ totam fidem tolleret; medium maximè, et moderatum utroque consilium Virginii habebatur. Sed factione, respectuque rerum privatarum, quæ semper offecêre officientque publicis consiliis, Appius vicit: ac prope fuit, ut dictator ille idem crearetur; quæ res utique alienasset plebem periculosissimo tempore, cùm Volsci, Equique, et Sabini fortè unà omnes in armis essent. Sed curæ fuit consulibus et senioribus Patrum ut imperium, suo vehemens, mansueto permitteretur ingenio. Manium Valerium dictatorem Volesi filium creant. Plebes etsi adversùs se creatum dictatorem videbat, tamen cùm provo

ferait qu'attiser encore plus le feu de la discorde. Appius Claudius, dont la dureté naturelle était encore exaspérée par la haine du peuple, et encouragée par les louanges des sénateurs soutient que tous ces troubles tenaient, non à la misère, mais à la licence; qu'il y avait dans le peuple plus d'effervescence que de désespoir; que tout le mal venait du droit d'appel; qu'en effet le pouvoir des consuls n'était plus qu'un vain épouvantail, depuis qu'il était permis d'appeler de leurs jugements aux complices du délit. « Croyez-moi, leur dit-il, ôtons-leur cette res» source, en créant un dictateur. Vous verrez bientôt tomber » cette ardeur insensée qui enflamme toutes les têtes : qu'ils osent » maintenant lever la main sur un licteur, lorsqu'ils verront leur » vie au pouvoir du magistrat unique dont ils auront outragé » la majesté. »

XXX. Beaucoup trouvaient l'avis d'Appius dur et violent, comme il l'était effectivement. Ceux de Virginius et de Lartius n'étaient pas sans inconvénient par le danger des applications, celui de Lartius principalement qui tendait à détruire totalement le crédit; car le parti mitoyen de Virginius paraissait conserver une assez juste mesure entre les différents intérêts: mais la faction et les considérations personnelles, toujours ennemies du bien public, firent que l'avis d'Appius l'emporta; peu s'en fallut même qu'il ne fût nommé dictateur : ce qui eût aliéné le peuple sans retour dans une circonstance très périlleuse, où par un concert extraordinaire les Sabins, les Éques et les Volsques étaient

tous en armes. Mais les consuls et tous les vieux sénateurs eurent la prudence de confier une magistrature, violente par elle-même, à un homme d'un caractère doux et modéré ; ils firent nommer Manius Valérius, fils de Volésus. Le peuple sentit bien que la dictature était une arme dirigée contre lui; mais comme il de

cationem fratris lege haberet, nihil ex eâ familia triste nec superbum timebat. Edictum deinde à dictatore propositum confirmavit animos, Servilii ferè consulis edicto conveniens; sed et homini et potestati meliùs rati credi, omisso certamine nomina dedêre. Quantus numquam antè exercitus, legiones decem effectæ : ternæ inde datæ consulibus, quatuor dictator usus. Nec poterat jam bellum differri. Æqui Latinum agrum invaserant; oratores Latinorum à senatu petebant, ut aut mitterent subsidium, aut seipsos tuendorum finium causâ capere arma sinerent. Tutius visum est, defendi inermes Latinos, quàm pati retractare arma. Vetusius consul missus est; is finis populationibus fuit. Cessêre Æqui campis: locoque magis quàm armis freti, summis se jugis montium tutabantur. Alter consul in Volscos profectus, ne et ipse tereret tempus, vastandis maximè agris hostem ad conferenda propiùs castra, dimicandumque acie, excivit. Medio inter castra campo ante suum quisque vallum infestis signis constitêre. Multitudine aliquantum Volsci superabant. Itaque effusi et contemptim pugnam iniêre. Consul Romanus nec promovit aciem; nec clamorem reddi passus, defixis pilis stare suos jussit : ubi ad manum venisset hostis, tum coortos totâ vi gladiis rem gerere. Volsci cursu et clamore fessi, cùm se velut stupentibus metu intulissent Romanis, postquam impressionem sensêre ex adverso factam, et ante

vait la loi sur l'appel au frère de Valérius, il se persuada qu'une famille aussi populaire ne pouvait se permettre aucun acte d'hu meur et de tyrannie. L'édit que donna immédiatement le dictateur, acheva de rassurer les esprits; il était presque semblable à celui du consul Servilius; mais le caractère et de l'homme et de la place inspirait plus de confiance. L'enrôlement se fit sans difficulté : jamais on n'avait levé une armée aussi considérable; on forma dix légions; on en donna trois à chacun des consuls : le dictateur s'en réserva quatre. Il était plus que temps de commencer la guerre. Les Éques avaient déjà envahi le Latium; une députation des Latins demandait au sénat ou de leur envoyer du secours, ou de leur permettre de s'armer eux-mêmes pour la défense de leur territoire. Il parut plus prudent de se charger de ce soin, que de leur remettre les armes à la main. Le consul Vétusius fut chargé de cette expédition. Son arrivée mit fin aux dévastations; les Éques abandonnèrent la plaine, et se fiant plus à la force de leur position qu'à celle de leurs armes, ils se retranchèrent sur le sommet des montagnes. L'autre consul marcha contre les Volsques. Pour ne point perdre de temps il se mit à dévaster la campagne, et força l'ennemi de rapprocher son camp et d'en venir aux mains; les deux armées se rangèrent en bataille, chacune devant ses retranchements, dans une plaine qui séparait les deux camps. Les Volsques avaient quelque supériorité par le nombre: fiers de cet avantage, ils allèrent au combat sans ordre et avec un air de mépris. Le consul, sans faire faire un pas en avant à son armée, sans lui permettre de répondre aux cris de l'ennemi, donne aux siens l'ordre de rester à leur place les javelots attachés à la terre, de ne s'ébranler que lorsqu'ils pourraient joindre l'ennemi corps à corps, et alors de terminer l'affaire à grands coups d'épée. Les Volsques excédés à force de

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