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pouvant retenir l'animosité du soldat, firent commencer l'attaque. Aussi cette bataille fut-elle encore plus rude et plus acharnée que les précédentes. Les généraux eux-mêmes, non contents de diriger les mouvements, se trouvèrent au fort de la mêlée ; ils combattirent corps à corps, et dans l'une et l'autre armée; si l'on excepte le dictateur Posthumius, il n'y eut presque pas un des chefs qui sortît du combat sans blessure. Tarquin le Superbe, apercevant Posthumius à la tête de sa ligne, qui disposait et animait ses troupes, oublie tout ce que l'âge lui avait ôté de souplesse et de force; il ne consulte que sa fureur et pousse son cheval à toute bride. Blessé au côté, il ne dut la vie qu'à un gros des siens qui accourut pour le dégager. A l'autre aile également, Æbutius, général de la cavalerie, allait fondre sur Mamilius; le Tusculan, voyant arriver son ennemi, pique son cheval de son côté. Dans la violence de leur choc, accrue de toute leur rage et de la rapidité de leur course, Æbutius eut le bras percé de part en part; Mamilius reçut le le coup à la poitrine, et se retira dans le second rang où les Latins le recueillirent. Æbutius, ne pouvant plus tenir ses armes à cause de sa blessure, quitta le champ de bataille. Celle du général latin n'était point assez grave pour le mettre hors de combat: au contraire, il est le premier à ranimer les siens, et les voyant ébranlés, il fait avancer une cohorte d'exilés romains, commandée par un fils de Tarquin. Cette troupe de proscrits, à qui l'on avait enlevé leur patrie, leurs biens, et dont la valeur était exaltée par la colère, rétablit un peu le

combat.

XX. Comme les Romains commençaient à plier de ce côté, Marcus Valérius, frère de Publicola, aperçut le jeune Tarquin qui se montrait fièrement à la tête du corps des exilés. Cette

lum acie, domesticâ etiam gloriâ accensus, ut, cujus familiæ decus ejecti reges erant, ejusdem interfecti forent, subdit calcaria equo, et Tarquinium infesto spiculo petit. Tarquinius retro in agmen suorum infesto cessit hosti. Valerium, temerè ïnvectum in exsulum aciem, ex transverso quidam adortus transfigit: nec quicquam equitis vulnere equo retardato, moribundus Romanus, labentibus super corpus armis, ad terram defluxit. Dictator Postumius, postquam cecidisse talem virum, exsules ferociter citato agmine invehi, suos perculsos cedere, animadvertit; cohorti suæ, quam delectam manum præsidii causâ circa se habebat, dat signum, ut, quem suorum fugientem viderint, pro hoste habeant ; ita metu ancipiti versi à fugâ Romani in hostem, et restituta acies. Cohors dictatoris tum primùm prælium iniit; integris corporibus animisque, fessos adorti exsules cæ dunt. Ibi alia inter proceres coorta pugna. Imperator Latinus, ubi cohortem exsulum à dictatore Romano prope circumventam vidit, ex subsidiariis manipulos aliquot in primam aciem secum rapit; hos agmine venientes T. Herminius legatus conspicatus, interque eos insignem veste armisque Mamilium noscitans, tantò vi majore, quàm paulò antè magister equitum, cum hostium duce prælium iniit, ut et uno ictu transfixum per latus occiderit Mamilium, et ipse inter spoliandum corpus hostis veruto perçussus, cùm victor in castra esset relatus, inter primam

vue, et aussi la gloire de sa maison, enflamment son courage; jaloux que la famille, qui se glorifiait de l'expulsion des tyrans, pût se glorifier aussi de leur mort, il appuie les éperons à son cheval, et va droit sur Tarquin pour le percer de son javelot. Le jeune homme se dérobe à la première fureur de son ennemi, en rentrant dans la ligne. L'autre l'y poursuit avec une ardeur inconsidérée, et reçoit dans le flanc un coup qui le perce d'outre en outre. Le cheval, continuant toujours de l'emporter, il alla tomber mourant à quelques pas de là, avec ses armes qui couvraient encore son corps expirant. Le dictateur, sur la nouvelle de la mort de ce brave guerrier, à la vue des exilés qui, fiers de leur succès, redoublent d'impétuosité dans leur attaque, et de ses troupes découragées qui lâchaient pied, donne le signal à sa cohorte, troupe d'élite qu'il avait autour de lui pour la défense de sa personne, et lui ordonne de traiter en ennemis ceux des Romains qu'elle verrait fair. Pressés d'un double danger, les fuyards font volte-face, et l'armée reprend ses rangs. La cohorte du dictateur charge alors en première ligne. Ses forces se trouvant entières, ainsi que son courage, elle taille en pièces les exilés, épuisés de lassitude. A cette occasion, il se livre un nouveau combat entre les chefs. Le général latin, voyant la cohorte des exilés presque enveloppée par le dictateur, va prendre quelques compagnies fraîches qu'il tenait en réserve, et les mène lui-même à la tête de la ligne. Herminius, lieutenant de l'armée romaine, apercevant cette troupe qui avançait, et distinguant au milieu d'elle Mamilius que ses vêtements et ses armes rendaient très reconnaissable, court à lui pour l'attaquer. Le choc fut encore plus terrible que n'avait été celui du général de la cavalerie. Du premier coup Mamilius tomba mort, les deux flancs traversés par la

curationem exspiraverit. Tum ad equites dictator advolat, obtestans ut fesso jam pedite, descendant ex equis, et pugnam capessant. Dicto paruêre: desiliunt ex equis, provolant in primum, et pro antesignanis parmas objiciunt. Recipit extemplo animum pedestris acies, postquam juventutis proceres æquato genere pugnæ secum partem periculi sustinentes vidit. Tum demum impulsi Latini, perculsaque inclinavit acies. Equitibus admoti equi, ut persequi hostem possent; secuta et pedestris acies. Ibi nihil nec divinæ, nec humanæ opis dictator prætermittens, ædem Castori vovisse fertur (6); ac pronuntiasse militi præmia, qui primus, qui secundus castra hostium intrasset; tantusque ardor fuit, ut eodem impetu, quo fuderant hostem, Romani castra caperent. Hoc modo ad lacum Regillum pugnatum est. Dictator et magister equitum triumphantes in urbem rediêre.

XXI. Triennio deinde nec certa pax, nec bellum fuit. Consules Q. Cloelius et T. Lartius. Inde A. Sempronius et M. Minutius; his consulibus ædes Saturno dedicata: Saturnalia institutus festus dies. A. deinde Postumius et T. Virginius consules facti. Hoc demum anno ad Regillum lacum pugnatum, apud quosdam invenio : A. Postumium, quia collega dubiæ fidei fuerit, se consulatu abdicasse: dictatorem

lance d'Herminius. De son côté, le vainqueur qui s'était précipité sur le corps de son ennemi pour le dépouiller, reçut un coup de pique si violent, qu'on n'eut que le temps de l'emporter au camp, où il expira au premier appareil. Le dictateur court à sa cavalerie; il la conjure de mettre pied à terre pour laisser respirer l'infanterie, épuisée de fatigue, et de prendre sur elle le soin du combat. Docile à cet ordre, elle saute à bas de cheval. Elle vole au premier rang; et malgré la petitesse de ses écus, couvre la première ligne et les drapeaux. Lorsque l'infanterie voit la tête de la jeunesse romaine se mettre ainsi de niveau avec elle, et prendre sa part du péril, tout son courage se ranime. Les Latins ne tiennent point contre ce dernier effort, et leurs bataillons enfoncés se débandent. Alors, les cavaliers remontés à cheval poursuivent l'ennemi et l'infanterie marche à sa suite. Dans ce combat, le dictateur ne négligea aucune des ressources que pouvaient lui fournir les dieux et les hommes; il voua, dit-on, un temple à Castor; il proclama des prix pour le premier, pour le second soldat qui entrerait dans le camp ennemi; aussi le camp fut-il emporté avec la même ardeur que la bataille fut gagnée. Ainsi se termina cette journée du lac Régille. Le dictateur et le général de la cavalerie rentrèrent dans Rome avec les honneurs du triomphe.

XXI. Les trois années suivantes (a) se passèrent sans guerre, quoique toujours à la veille de l'avoir. On eut pour consuls Quintus Clélius et Titus Lartius; ensuite Aulus Sempronius et Marcus Minucius. C'est sous ces derniers qu'on fit la dédicace du temple de Saturne, et que la fête des Saturnales fut instituée. Ils eurent pour successeurs Aulus Posthumius et

(a) An de Rome 256, 257, 258; avant J.-C. 496, 495, 494.

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