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» par aucune ablution? Vas te purifier dans une eau courante; >>le Tibre coule au bas de ce vallon. » Cette observation réveilla les scrupules du Sabin qui d'ailleurs, jaloux que l'évènement répondit à son attente, désirait que toutes les formalités fussent religieusement observées. Pendant le temps qu'il met à se rendre au fleuve, le Romain immole la victime. Il est incroyable combien cet évènement flatta le monarque et toute la nation.

XLVI. Quoique Servius, par le titre seul de la possession," eût pu croire la couronne irrévocablement affermie sur sa tête, néanmoins comme il lui était revenu que le jeune Tarquin se permettait quelquefois de contester son élection, parce qu'elle s'était faite sans le concours du peuple, il osa prendre ce même peuple pour arbitre. Il est vrai qu'auparavant il s'était concilié son affection par le partage des terres conquises entre les pauvres citoyens. Aussi fut-il proclamé roi d'un accord non moins unanime qu'aucun autre de ses prédécesseurs. L'ambition de Tarquin, loin d'être rallentie, en prit un nouvel essor. Comme il s'était aperçu que le partage des terres avait mécontenté lé sénat, il crut l'occasion favorable pour perdre Servius dans l'esprit des Pères, conscrits, et pour se faire à lui-même un parti puissant. Son caractère bouillant par lui-même était encore en flammé par sa femme Tullia, qui ne cessait d'agiter sa turbulente inquiétude. Le palais de nos rois était destiné à reproduire aussi un de ces forfaits qui ont ensanglanté la scène tragique des Grecs. Il fallait pour hâter la liberté que la royauté se rendît odieuse, et un roi parvenu par le crime devait être le dernier de nos rois. On n'est pas bien sûr si ce Tarquin était fils, ou bien petit-fils de Tarquin l'ancien (a): cependant, je le

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(a) Denis d'Halicarnasse, liv. IV, soutient l'autre sentiment, et le trouve sans réplique.

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Fortè ita inciderat, ne duo violenta ingenia matrimonio jungerentur, fortuna credo populi Romani, quò diuturnius Servii regnum esset, constituique civitatis mores possent. Angebatur ferox Tullia, nihil materiæ in viro neque ad cupiditatem, neque ad audaciam esse: tota in alterum versa Tarquinium, eum mirari, eum virum dicere, ac regio sanguine ortum spernere sororem, quòd virum nacta muliebri cessaret audaciâ. Contrahit celeriter similitudo eos, ut ferè fit, malum malo aptissimum; sed initium turbandi omnia à fenìinâ ortum est. Ea secretis viri alieni assuefacta sermonibus, nullis verborum contumeliis parcere, de viro ad fratrem, de sorore ad virum; « et se rectiùs viduam, et illum coelibem » futurum fuisse contendere, quàm cum impari jun» gi, ut elanguescendum alienâ ignavia esset. Si sibi » eum, quo digna esset, dii dedissent virum, domi » se propediem visuram regaum fuisse, quod apud » patrem viderat. » Celeriter adolescentem suæ temeritatis implet. Aruns Tarquinius et Tullia minor prope continuatis fuperibus, cùm domos vacuas novo matrimonio fecissent, junguntur nuptiis, magis non prohibente Servio, quàm approbante.

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croirais son fils, sur la foi du plus grand nombre des historiens. Son frère; Tarquinius Aruns, était d'un naturel doux. Ces deux Tarquins avaient, comme je l'ai dit, épousé les deux Tullia, filles du roi, toutes deux aussi d'un caractère fort opposé. Le hasard fit que dans ce double hymen les deux caractères violents ne se trouvèrent point réunis, la fortune ayant voulu, je pense, prolonger le règne de Servius, afin de donner le temps à l'esprit public de se consolider. L'impérieuse Tullia s'indignait d'avoir un époux sans ambition, sans courage. Toutes ses affections étaient pour l'autre Tarquin; elle n'admirait que lui; lui seul avait le cœur d'un homme, lui seul était vraiment du sang royal. Elle n'avait que du mépris pour sa sœur, dont la pusillanimité paralysait les grandes qualités de son mari. La sympathie qui ne manque presque jamais de lier les méchants les uns aux autres, eut bientôt resserré leur union. La première impulsion fut donnée pár Tullia. Cette femme, enhardie par les libertés d'un commerce secret avec le frère de son mari et avec le mari de sa sœur, ne s'épargnait aucune invective et contre sa sœur et contre son époux. Elle disait hautement qu'il eût mieux valu cent fois pour elle être veuve, ét pour lui être resté libre, que de languir l'un et l'autre, dans un assoupissement monstrueux, avec des lâches qui enchaînaient tout leur courage; que si les dieux lui eussent donné l'époux dont elle était digne, elle aurait vu dans peu son mari s'asseoir sur le trône que retenait son père. Elle eut bientôt enivré ce jeune homme de ses fureurs. Aruns et la jeune Tullia moururent à très peu de distance l'un de l'autre, et ces deux morts laissant une pleine liberté à leurs amours, ils contractèrent ensemble un nouvel hymen, auquel Servius n'eut pas le courage de s'opposer, quoiqu'il ne l'approuvât point.

XLVII. Tum verò in dies infestior Tullii senectus, infestius coepit regnum esse; jam enim ab scelere aliud spectare mulier scelus nec nocte, nec interdiu virum conquiescere pati, ne gratuita præterita parricidia essent. « Non sihi defuisse, cui » nupta diceretur, nec cum quo tacita serviret : de» fuisse, qui se regno dignum putaret; qui memi› nisset se esse Prisci Tarquinii filium; qui habere, » quàm sperare regnum mallet. Si tu is es, cui nup> tam esse me arbitror, et virum et regem appello: » sin minùs, eò nunc pejùs mutata est res, quòd » isthic cum ignaviâ est scelus. Quin accingeris? » Non tibi ab Corintho, nec ab Tarquiniis, ut patri » tuo, peregrina regna moliri necesse est. Dii te pe> nates, patriique, et patris imago, et domus regia, » et in domo regale solium, et nomen Tarquinium » creat vocatque regem. Aut si ad hæc parum est » animi, quid frustraris civitatem? quid te ut regium » juvenem conspici sinis? Facesse hinc Tarquinios, » aut Corinthum. Devolvere retro ad stirpem, frastri similior quàm patri. » His aliisque increpando juvenem instigat: nec conquiescere ipsa potest, si, cùm Tanaquil peregrina mulier tantum moliri potuisset animo, ut duo continua regna, viro, ae

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XLVII. Dès ce moment leur rage s'acharna de plus en plus contre Servius; ils en voulaient à son trône, ils en voulaient à sa vie. Le crime pour Tullia n'était qu'un acheminement à un autre elle ne laissait de repos à son mari ni jour ni nuit, pour ne point perdre le fruit de leurs premiers parricides. Si elle n'eût ambitionné qu'un homme qui portât le nom de son époux, avec lequel elle fût restée toute sa vie abaissée au rang de sujette, son premier hymen remplissait tous ses vœux. Elle n'en avait cherché un second, que pour trouver un homme qui se jugeât digne de régner, qui se ressouvînt qu'il était fils de monarque, qui aimât mieux devoir le trône à son courage, qu'aux chances incertaines de l'avenir. « Si tu es vraiment l'homme que je me » flattais d'avoir rencontré, alors je te reconnais pour époux, » pour roi; autrement, je n'aurais fait qu'empirer mon sort, » puisqu'ici le crime se trouve joint à la lâcheté. Que tardes-tu ? » Viens-tu de Corinthe ou de Tarquinies te traîner, comme » ton père, vers un trône dont le repoussait sa qualité d'étran» ger? Tes dieux pénates, les lares paternels, l'image de ton père, cette demeure royale qu'il habita, ce trône où il s'assit, » le nom de Tarquin que tu portes; tout te dit que le sceptre » est à toi. Si ton lâche cœur se refuse à ces hautes destinées, pourquoi tromper Rome plus long-temps ? Pourquoi te faire » voir ici dans l'appareil d'un fils de roi ? Quitte ces lieux; vas te » confiner à Tarquinies, ou à Corinthe. Redescends dans l'obs>> cure condition de tes pères, digne frère d'Aruns, fils indigne de » Tarquin. >> Ces reproches, et d'autres semblables, aiguillonnèrent le jeune prince; et, pour elle-même, elle ne pouvait tenir à l'idée que Tanaquil, une étrangère, par le seul ascendant de son courage, eût pu deux fois de suite exécuter le projet hardi de faire un roi de son mári, puis un de son gendre; et

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