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avait été transportée à Rome par Tatius, et que la puissance romaine venait encore de se fortifier par l'adjonction des Albains, cherchèrent aussi autour d'eux un appui étranger. Voisins de tous les Étrusques, ils l'étaient particulièrement des Véiens. Un levain de ressentiments que les guerres précédentes avaient laissé dans leur cœur ne portait que trop ce peuple à une rupture. Toutefois les Sabins n'en purent tirer que quelques volontaires, et aussi quelques vagabonds de la classe indigente que l'appât d'une solde fit passer dans leur camp. Du reste, la cité elle-même ne fournit aucun secours; et, ce qui surprendrait moins de la part de tout autre, le respect pour la trève conclue avec Romulus (a), prévalut dans l'esprit des Véiens. On faisait donc de part et d'autre les plus grands préparatifs; mais comme il importait pour le succès de prévenir son ennemi, Tullus se hâte d'entrer sur le territoire des Sabins. Il se livra un sanglant combat près de la forêt Maliciosa. Outre la force de leur infanterie, la nouvelle cavalerie qu'ils venaient de se donner contribua beaucoup à la victoire des Romains. Cette cavalerie, par une attaque brusque, mit la confusion dans les rangs ennemis. De ce moment, les Sabins ne purent ni tenir ferme, ni fuir qu'en désordre, et l'on en fit un grand carnage.

XXXI. La guerre des Sabins, si glorieasement terminée, avait donné un grand éclat au règne de Tullus et une force imposante à la puissance romaine, lorsqu'on vint annoncer au roi et au sénat qu'il était tombé une pluie de pierres sur le mont Albain. Comme on avait peine à croire un pareil prodige, on envoya sur les lieux, et ceux qui s'y portèrent virent effectivement tomber du ciel des pierres aussi pressées que la grêle,

(a) Voy! ci-dessus, no. XV.

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luco, ut patrio ritu sacra Albani facerent, quæ velut diis quoque simul cum patriâ relictis, oblivioni dederant; et aut Romana sacra susceperant, aut fortunæ, ut fit, obirati, cultum reliquerant deûm. Romanis quoque ab eodem prodigio nov endiale sacrum publicè susceptum est: seu voce cœlesti ex Albano monte missa (nam id quoque traditur) seu haruspicum monitu, mansit certè solenne, ut, quandoque idem prodigium nunciaretur, feriæ per novem dies agerentur. Haud ita multò pòst pestilentia laboratum est; unde cùm pigritia militandi oriretur, nulla ta men ab armis quies dabatur ab bellicoso rege; salubriora etiam credente militiæ quàm domi juvenum corpora esse: donec ipse quoque longinquo morbo est implicitus. Tunc adeò fracti simul cum corpore strat spiritus illi feroces, ut, qui nihil antè ratus esset minùs regium, quàm sacris dedere animum, repentè omnibus magnis parvisque superstitionibus obnoxius degeret, religionibusque etiam populum impleret. Vulgo jam homines eum statum rerum, qui sub Numâ rege fuerat, requirentes, unam opem ægris corporibus relictam, si pax veniaque ab diis impetrata esset, credebant. Ipsum regem tradunt, volventem commentarios Numæ, cum ibi quædam oc-

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lorsque les vents la chassent sur la terre. On crut aussi entendre sortir d'un bois sacré, au sommet de la montagne, une voix terrible, qui ordonnait aux Albains de sacrifier, suivant les rites de leur pays. Ils les avaient mis en oubli, comme si, en quittant leur patrie, ils eussent quitté aussi leurs divinités, soit qu'ils eussent adopté seulement les fêtes des Romains, soit que le dépit ordinaire dans la mauvaise fortune leur eût fait négliger entièrement le culte des dieux. Les Romains aussi, en expiation du même prodige, ordonnèrent des sacrifices solennels pendant neuf jours. Soit par l'ordre de cette même voix céleste, entendue sur le mont Albain, soit par le conseil des Aruspices, ce qu'il y a de certain, c'est qu'il en est resté l'usage de renouveler ces solennités de neuf jours, toutes les fois qu'on a vu se répéter le même prodige. Peu de temps après Rome fut désolée par une affreuse contagion; et, quoique ce fléau ralentît l'ardeur martiale des Romains, le roi ne leur en laissait pas plus de relâche. Outre qu'il était passionné pour la guerre, il croyait le séjour des camps plus sain pour le soldat que celui des villes. Enfin, il fut lui-même enveloppé dans cette épidémie: sa maladie dégénéra en langueur, et alors avec les forces de son corps tomba tout-à-coup cette fierté de courage, au point que ce monarque, qui trouvait indigne d'un roi de faire la fonction d'un prètre, se livra subitement aux plus minutieuses pratiques de la religion, et remplit tout son peuple de scrupules et de superstitions. A son exemple, les Romains, revenant à l'esprit religieux qui avait caractérisé le règne de Numa, ́se persuadèrent qu'ils n'obtiendraient de soulagement à leurs maux qu'en implorant la clémence des dieux. On rapporte même que Tullus, ayant trouvé, en feuilletant les mémoires de Numa, quelques renseignements sur des sacrifices secrets

culta solennia sacrificia Jovi Elicio facta invenisset

operatum his sacris se abdidisse: sed non ritè initum aut curatum id sacrum esse; nec solùm nullam ei oblatam Coelestium speciem, sed irâ Jovis, sollicitati pravá religione, fulmine ictum cum domo conflagrasse. Tullus magnâ gloriâ belli regnavit annos duos et triginta.

unâ

XXXII. Mortuo Tullo, res, ut institutum jam inde ab initio erat, ad Patres redierat : hique interregem nominaverant ; quo comitia habente, Ancum Marcium regem populus creavit : Patres fuêre auctores. Numa Pompilii regis nepos, filiâ ortus, Ancus Marcius erat : qui ut regnare cœpit, et avitæ gloriæ memor, et quia proximum regnum, cetera egregium, ab una parte haud satis prosperum fuerat, aut neglectis religionibus, aut prave cultis; longè antiquissimum ratus, sacra publica, ut ab Numâ instituta erant, facere, omnia ea ex commentariis regis pontificem, in album relata, proponere in blico jubet : inde et civibus otií cupidis, et finitimis civitatibus facta spes, in avi mores atque instituta regem abiturum. Igitur Latini, cum quibus Tullo regnante ictum foedus erat, sustulerant animos: et cùm incursionem in agrum Romanum fecissent, repetentibus res Romanis, superbè responsum reddunt; desidem Romanum regem inter sacella et aras acturum esse regnum rati. Medium erat in Anco ingenium, et Numæ, et Romuli memor: et, præter

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offerts à Jupiter Elicius, s'était retiré au fond de son palais pour en faire l'essai ; mais qu'il négligea, soit dans les préparatifs, soit dans la célébration, des formalités essentielles ; qu'alors, loin de recevoir des dieux aucune marque de faveur, Jupiter courroucé d'une superstition qui déshonorait son culte, le frappa de sa foudre et le consuma avec tout son palais (a). Tullus régna trente-deux ans, et laissa une grande gloire mili taire (b)..

XXXII. La mort de Tullus avait laissé la régence aux sénateurs, selon ce qui s'était pratiqué dès les commencements; et ils avaient nommé un interroi pour tenir les comices. Ancus Marcius fut élu roi par le peuple : le sénat ratifia l'élection, Ancus Marcius était par sa mère petit-fils de Numa. Convaincu que les désastres qui avaient contristé la fin du dernier règne si glorieux d'ailleurs, provenaient de ce qu'on avait ou négligé ou altéré le culte des dieux, ce prince ne fut pas plutôt monté sur le trône que, fidèle aux principes de son aïeul, il voulut avant tout ramener toutes les fêtes religieuses à la pureté de leur première institution; et il ordonna au grand pontife de faire transcrire sur des tables, d'après les mémoires de Numa, tous les détails relatifs aux sacrifices, afin que ces tables restassent toujours exposées aux regards du public. Ce début persuada, et aux Romains qui ne soupiraient qu'après le repos, et aux peuples voisins, que le nouveau roi suivrait en tout les maximes de son aïeul. On avait, sous Tullus, conclu un traité avec les Latins. Ce peuple, enhardi par l'idée qu'il s'était faite

(a) Denis d'Halicarnasse, liv. III, raconte différemment la mort de Tullus, et l'attribue à son successeur Ancus Marcius.

(b) An de Rome 114; avant J.-C. 638.

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