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PRÉFACE DE L'AUTEUR.

DEPUIS

EPUIS nombre d'années, l'irréligion a fait chez nous les progrès les plus effrayans. De la Capitale, où elle prit naissance, on l'a vue se communiquer de proche en proche jusqu'aux Provinces les plus éloignées ; elle a fait de funestes conquêtes dans la plupart des classes de Citoyens. Autrefois les impies cherchaient les ténèbres; aujourd'hui ils affectent de se montrer au grand jour, et lèvent effrontément la tête: autrefois ils débitaient leur pernicieuse doctrine dans le secret et en tremblant; aujourd'hui ils la publient sur les toits. Tout retentit de leurs blasphèmes contre Dieu et contre son Christ. Etre impie, c'était autrefois parmi nous une distinction affreuse; aujourd'hui c'est une distinction honorable, et qu'on ambitionne. Autrefois on n'osait faire profession d'impiété ; on eût passé pour un monstre aujourd'hui, au moins dans un certain monde, on n'ose se

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dire Chrétien; on serait regardé comme un imbécille.

Hélas! ai-je souvent dit en moimême, en gémissant à la vue de ce désolant spectacle, est-ce que ce temps fatal annoncé dans les saints Livres « où satan sera délié et délivré de sa » prison, et en sortira pour séduire » les Nations, » est arrivé pour nous? Ou bien est-ce que le peuple Français se lasse d'être Chrétien? Ou est-ce enfin que Dieu lui-même se lasse de supporter ce peuple ingrat ?

D'une part, les nouveaux Philosophes attaquent la Religion avec fureur; ils emploient, pour la rendre odieuse et méprisable, tout ce qu'ils ont de subtilité d'esprit, d'érudition et d'éloquence; ils s'arment contre elle de sophismes captieux, de noires calomnies, de dérisions amères, de sarcasmes atroces. La passion la plus envenimée est peinte dans leurs discours et dans leurs écrits. D'autre part, les docteurs Chrétiens défendent leur Religion avec le zèle le plus ardent et le plus courageux; ils démontrent qu'elle vient de Dieu; que par sa sagesse et sa sainteté, elle mérite d'en

venir; que son établissement dans le monde ne peut être que l'ouvrage de Dieu; qu'elle est le plus beau présent que Dieu ait jamais fait aux hommes ; que les biens qu'elle leur a procurés sont d'un prix inestimable. La vérité brille par-tout dans leurs prédications et dans leurs Livres; la sincérité s'y montre sous ses couleurs naturelles : tout y respire la plus pure vertu. Ce combat entre les Apôtres de la Religion et ceux de l'impiété, dure depuis un demi-siècle; et cependant j'ai vu le peuple Français demeurer neutre entre les deux partis, et attendre de sang froid de quel côté se déclarerait la victoire. Ah! dis-je alors en moimême, ce peuple est donc indifférent pour sa Religion; et puisque ce peuple est indifférent pour sa Religion, il mérite de la perdre ; et puisqu'il mérite de la perdre, il la perdra en effet bientôt, si Dieu écoute moins sa miséricorde que sa justice: car il est de cette justice de permettre que l'Enfer suscite au milieu d'un peuple digne de perdre la Foi, des séducteurs dignes de la lui ôter.

La révolution n'est que trop avancée.

Il n'est aucun homme de bien qui ne gémisse à la vue des maux que la nouvelle philosophie a déjà faits à la France; il n'en est aucun qui ne soit consterné quand il se représente ceux qu'elle peut faire, et qu'elle veut faire: car nos nouveaux Philosophes ne dissimulent pas leurs desseins, et ils en poussent l'exécution avec une ardeur et une constance que les grandes passions peuvent seules inspirer.

2

J'ose le dire, quand l'irréligion s'introduit dans un Etat, et commence à y faire des prosélytes, tout le monde doit trembler, les Rois et les Sujets. C'est la Religion qui fait les Rois parce que c'est elle qui donne la sanction à leurs lois , qui rend leur personne sacrée et inviolable, qui fait d'eux autant de Dieux, pour me servir ici des paroles de l'Ecriture Sainte; quand il n'y aura plus de Religion dans un Etat, il n'y aura donc plus de Roi.

Mettez en principe, avec les Chrétiens, que c'est Dieu qui fait les Rois ; que les Rois sont les Oints du Seigneur, ses Ministres, ses Lieutenans, ses plus nobles images images; vous en conclurez avec eux, que vous devez obéir à votre

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Roi toutes les fois que ce qu'il vous commande n'est pas évidemment contraire à la loi de Dieu; que s'il abuse pour vous opprimer, de la puissance que Dieu ne lui a donnée que pour vous protéger, vous devez prier Dieu qu'il change son cœur, et en attendant souffrir et vous taire.

Mettez en principe, avec nos nouveaux Philosophes, que les Rois ne le sont que par la volonté des peuples, que c'est de la seule main des peuples qu'ils ont reçu le sceptre ; vous en conclurez, comme eux', que vous ne devez obéir à votre Roi qu'autant que vous y trouverez votre intérêt ; que Vous avez donc le droit de vous révolter contre lui toutes les fois que votre intérêt se trouve dans la révolte ; que si votre Roi est persécuteur et tyran, vous ne devez souffrir la persécution ou la tyrannie, vraie ou imaginaire, que jusqu'à ce que vous soyez le plus fort.

Tous ces écrits séditieux où l'on discute avec tant d'aigreur et de malignité les droits respectifs des Rois et des peuples; où l'on ose dire aux peuples qu'ils sont les créateurs de la

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