de la loi de Dieu, de lui faire, quand il le peut, selon les règles de la prudence d'utiles corrections, et de lui donner de bons exemples. Tous ces devoirs sont marqués dans l'Evangile. Que l'homme craigne, sur-tout, d'être pour ses frères une occasion de péché. « Malheur, dit J. C., » à celui par qui le scandale arrive; il >> vaudrait mieux pour cet homme, qu'on lui attachât au col une meule de moulin, » et qu'on le jetât dans la mer. »

Enfin, l'amour que la loi de Jesus-Christ prescrit à chaque homme pour ses semblables, ne doit pas , ne doit pas seulement être sincère et affectueux, agissant et secourable; mais il faut encore qu'il soit patient, et capable de supporter et de pardonner les injures les plus cruelles et les plus multipliées. « Vous » avez appris, dit Jesus-Christ, (St. Matth.

ch. 5.) qu'il a été dit: Vous aimerez votre >> prochain et vous haïrez votre ennemi; » et moi je vous dis: Aimez vos ennemis » faites du bien à ceux qui vous haïssent, >> priez pour ceux qui vous persécutent et >> qui vous calomnient; afin que vous soyez » les enfans de votre Père qui est dans le >> Ciel, qui fait lever son soleil sur les bons » et sur les méchans, et fait pleuvoir sur » les justes et sur les pécheurs. Car si vous » n'aimez que ceux qui vous aiment, quelle » récompense en aurez-vous? les Publi» sains ne le font-ils pas aussi? Et si vous

»ne saluez que vos frères, que ferez-vous, > en cela, de particulier? les Païens ne le >> font-ils pas aussi? Soyez donc, vous au» tres, parfaits, comme votre Père céleste » est parfait.» Et nous voyons encore dans l'Evangile, que St. Pierre s'étant approché de Jesus Christ, et lui ayant dit : «Seigneur, » combien de fois pardonnerai-je à » mon frère, lorsqu'il aura péché contre » moi; sera-ce jusqu'à sept fois? Jesus lui >> répondit: Je ne vous dis pas jusqu'à sept >> fois, mais jusqu'à septante fois sept fois.>> Et afin que nous ne crussions pas que le pardon des injures n'est que de conseil, et non pas de précepte; il prononça surle-champ la belle parabole qu'on lit au même lieu, et la termina par ces paroles : « C'est ainsi que vous traitera mon Père >> qui est dans le Ciel, si chacun de vous » ne pardonne à son frère du fond du » cœur. Ce n'est pas tout car JesusChrist a poussé les choses jusqu'à nous obliger à renoncer à tout pardon de la part de Dieu, si nous ne pardonnons pas nos frères, et à en faire, devant lui, notre déclaration authentique, chaque fois que nous le prions, en lui disant : « Fardonnez-nous >> nos offenses, comme nous pardonnons à >> ceux qui nous ont offensés. » Et afin que les hommes sussent bien que rien ne leur est permis de ce qui peut donner la moindre atteinte à la charité fraternelle, qui doit

régner entr'eux; Jesus-Christ termine tous ses préceptes par celui-ci:(St. Matth. ch. 5, v. 21.) « Vous avez appris qu'il a été dit » aux anciens Vous ne tuerez point; et » quiconque tuera, méritera d'être puni >> par le Jugement. Et moi je vous dis que » quiconque se mettra en colère contre son » frère, méritera d'être condamné par le » Jugement; que celui qui dira à son frère, » Raca, méritera d'être condamné par le >> Conseil ; et que celui qui lui dira : vous >> êtes un fou, méritera d'être condamné au » feu de l'enfer. Si donc, lorsque vous pré» sentez votre don à l'autel, vous vous » ressouvenez que votre frère a quelque >> chose contre vous, laissez là votre don » devant l'autel, et allez auparavant vous >> réconcilier avec votre frère, et puis vous > reviendrez offrir votre don. >>

Il vous semble peut-être, Théotime, que ces derniers préceptes de Jesus Christ touchant le pardon des injures et l'amour des ennemis, sont bien durs : le désir de se venger est naturel à tous les hommes: vous êtes dans un âge où la colère s'enflamme facilement, et d'une condition où, par un malheureux préjugé, on croit se déshonorer quand on ne se venge pas; mais quand vous aurez appris à connaître le cœur humain l'étude de votre propre cœur, vous verrez que rien n'était si nécessaire aux hommes, que ces préceptes,

par

soit pour leur salut, soit pour leur bonheur temporel: alors vous raisonnerez ainsi avec 'tous les sages. Il est impossible aux hommes d'être justes dans la vengeance, et de mettre une exacte proportion entre les injures qu'ils ont reçues, et les réparations qu'ils s'en font: il fallait donc défendre aux hommes de se venger. Il est impossible aux hommes de ne pas chercher à se venger d'une injure reçue, quand ils ne la pardonnent pas du fond du cœur: il fallait donc ordonner aux hommes de pardonner, du fond du cœur, les injures qu'ils ont reçues. Quand on hait celui de qui on a reçu une injure, on ne la pardonne pas du fond du cœur il fallait donc ordonner aux hommes d'aimer leurs ennemis. Eufin, il est impossible d'aimer quelqu'un sans lui vouloir du bien, et lui en faire, quand on le peut: il fallait donc ordonner aux hommes de faire du bien à leurs ennemis.

C'est ainsi que nous devons aimer nos semblables, selon la loi de Jesus-Christ.

Voilà, mon cher Théotime, la loi que Jesus-Christ a donnée aux hommes de la part de Dieu, dont il s'est toujours dit non-seulement l'envoyé, mais le propre fils. N'êtes-vous pas forcé d'en admirer la sagesse et l'équité? Ne convenez-vous pas que Dieu lui-même ne pouvait former un plan de législation plus convenable à la nature de l'homme, à sa fin dernière

et à sa condition temporelle? que c'est véritablement ainsi que l'homme doit aimer son Dieu, qu'il doit s'aimer luimême, qu'il doit aimer ses semblables? que rien n'était plus digne de Dieu que de donner à l'homme une telle loi? que rien n'est plus digne de l'homme que de l'accomplir? que l'homme ne peut être véritablement grand que par l'accomplissement de cette loi, et qu'il sera d'autant plus grand, qu'il l'accomplira avec plus de perfection?

Mais Jesus-Christ ne s'est pas contenté d'apprendre aux hommes comment ils devaient aimer Dieu, comment ils devaient s'aimer eux-mêmes, comment ils devaient aimer leurs semblables; il leur a encore montré les moyens les plus sûrs de conserver et de perfectionner en eux ces trois amours. C'est ce qui va faire la matière de l'article cinquième.

ARTICLE V.

Où l'on expose les moyens que JesusChrist a montrés aux hommes pour conserver et pour perfectionner en eux les trois amours dont on a parlé jusqu'ici.

Tour jeune que vous êtes, mon cher Théotime, vous savez déjà, par votre propre expérience, qu'il s'élève souvent