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D. Quelle est la seconde preuve que vous avez de l'existence de Dieu ?

R. La seconde preuve que j'ai de l'existence de Dieu, c'est la nouveauté du monde, qui est attestée par toutes les Histoires, et même par toutes les Fables; par les nouvelles découvertes que les hommes ont faites dans toutes les Sciences, et par les Arts qu'ils ont inventés récemment.

D. Quelle est la troisième preuve que vous avez de l'existence de Dieu ?

R. La troisième preuve que j'ai de l'existence de Dieu, c'est le consentement de toutes les nations, soit civilisées, soit barbares, qui, dans tous les temps, et dans tous les pays du monde, ont cru qu'il y avait une Divinité, et lui ont rendu des hommages souverains: car pour que toutes les nations se soient accordées en

ce

point, il faut nécessairement qu'elles y aient été déterminées, ou par un instinct secret imprimé dans leurs ames par l'Etre suprême lui-même, ou par la vue du monde, qui publie si hautement et si éloquemment son existence et ses perfections.

D. Vous avez dit, que tout ce qui est en vous vous prouve qu'il y a un Dieu; quelle est donc la première preuve de l'existence de Dieu, que vous trouvez en vous-même ?

R. La première preuve de l'existence de Dieu, que je trouve en moi-même,

c'est l'admirable structure du corps humain, qui ne peut être que le chef-d'œuvre d'un Ouvrier infiniment habile.

D. Quelle est la seconde preuve de l'existence de Dieu, que vous trouvez en vous-même ?

R. La seconde preuve de l'existence de Dieu, que je trouve en moi-même, ce sont les différentes modifications de mon ame, la pensée, les sensations, les sentimens : car ces modifications ne viennent pas de moi, quoiqu'elles soient en moi; j'en conclus donc qu'elles viennent de Dieu.

D. Quelle est la troisième preuve de l'existence de Dieu, que vous tirez de vous-même ?

R. La troisième preuve de l'existence de Dieu, que je tire de moi-même, c'est l'union admirable de mon corps et de mon ame, et le concert incompréhensible qui règue entre ces deux parties de moimême, quoiqu'elles soient si différentes l'une de l'autre, et dans leur nature et dans leurs propriétés; car il n'y a qu'un Etre tout-puissant qui ait pu les lier si étroite ment l'une à l'autre, qu'elles ne sont qu'un seul tout.

D. Quelle est la quatrième preuve de l'existence de Dieu, que vous tirez de vous-même ?

R. La quatrième preuve de l'existence de Dieu, que je tire de moi-même, ce

sont les rapports merveilleux qui se trouvent entre l'homme et le monde ; rapports si nécessaires, qu'il est évident que le monde est fait pour l'homme, et l'homme pour le monde: car, pour établir ces rapports, il a fallu faire des combinaisons infinies, dont il n'y a qu'un esprit infini qui soit capable.

D. Quelle est la cinquième preuve de l'existence de Dieu, que vous tirez de vous-même ?

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R. La cinquième preuve de l'existence de Dieu, que je tire de moi-même, c'est l'ordre qui règne dans le monde moral dont je fais partie, et dans la société des hommes, malgré la différence, l'opposition même, et le combat continuel de leurs inclinations: car, pour faire résulter l'union des hommes de tout ce qui semble devoir les diviser, ne faut-il pas une profondeur de vues, et une sagesse qui ne peuvent convenir qu'à Dieu ?

D. N'y a-t-il pas d'autres preuves de l'existence de Dieu ?

R. Il y en a une infinité d'autres que les bonnes lectures, l'entretien des personnes pieuses et instruites, la contemplation des œuvres de Dieu, et sur-tout l'invocation continuelle de son secours, me feront connaître et sentir.

SECONDE CONFÉRENCE.

Sur l'existence du bien et du mal moral, et sur l'existence de la liberté de l'Homme.

EN

N prouvant l'existence de Dieu, mon cher Théotime, nous avons jeté le premier fondement de la religion et de la morale; mais, avant que de raisonner sur ce principe, nous devons l'appuyer de deux autres principes, qui ne sont ni moins nécessaires, ni moins évidens. Le premier, est la distinction du bien et du mal moral; le second, est la liberté de l'homme.

Toutes les actions des hommes sontelles d'un mérite égal? Quand on dit d'une action, qu'elle est bonne ou qu'elle est mauvaise, dit-on la même chose dans le fond? Y a-t-il une différence réelle entre le vice etla vertu, ou n'y en a-t-il aucune? Celui qui est droit, juste, humain et bienfaisant, ne mérite-t-il pas plus, nos éloges que l'homme fourbe et injuste, que celui qui est mal-faisant et sans entrailles ? Répondez-moi, Théotime. Mais vous êtes confus, vous paraissez saisi d'horreur. Je le vois bien, Théotime; quoique vous soyez encore jeune, votre esprit et votre cœur

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ont déjà décidé cette question. Je n'en suis pas surpris, puisqu'il est constant que les plus méchans hommes que le monde ait vus, n'ont jamais pensé sérieusement que le vice et la vertu fussent une même chose.

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N'est-il pas vrai, en effet, Théotime, que lorsque vous voyez quelqu'un de vos Condisciples mentir, jurer, s'emporter de colère, violer ses promesses, traiter les autres avec dureté, vous en concevez de l'indignation, vous vous sentez plein d'aversion et de mépris pour lui? au contraire, quand vous voyez un de vos Condisciples qui est plein de douceur, de franchise et de sincérité, qui ne trompe jamais les autres leur rend tous les bons offices qu'il peut, et vit avec eux dans une parfaite intelligence, vous l'approuvez, vous l'aimez, vous lui êtes favorable, vous recherchez sa compagnie? Ce n'est pas tout ; vous jugez de vous-même, comme vous jugez des autres. Quand vous avez menti, quand vous avez manqué à votre promesse, quand vous vous êtes porté à quelque violence, quand vous vous êtes livré à quelqu'excès, vous vous en faites des reproches à vous-même, vous êtes honteux et confus, vous vous déplaişez tellement à vous-même, que vous ne pouvez vous supporter. Et lorsque vous avez fait quelque belle action, yous vous approuvez vous-même, parce

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