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BESANÇON, IMPRIMERIE DE OUTHENIN-CHALAndre fils.

DE

THÉOLOGIE

PAR L'ABBÉ BERGIER,

"CHANOINE DE L'ÉGLISE DE PARIS,

ET CONFESSEUR DE MONSIEUR, FRÈRE DU ROI,

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MEQUIGNON JUNIOR, LIBRAIRE, GAUME FRÈRES, LIBRAIRES,

Rue des Grands-Augustins, n. 9.

Rue du Pot-de- Fer, D. 5.

M DCCC XLII.

95

DE THÉOLOGIE.344

1842

v. 3

LOI

LOI

LOI. Selon les théologiens, la loi | faire aucune bonne action, n'est
est la volonté de Dieu intimée aux pas obligé d'en faire; que s'il y
créatures intelligentes, par laquelle réussit par des crimes, il n'est
il leur impose une obligation, pas coupable. Combien n'y a-t-il
c'est-à-dire les met dans la néces-pas d'hommes qui ont obtenu les
sité de faire ou d'éviter telle action,
sinon d'être punies. Ainsi, selon
cette définition, il est évident que,
sans la notion d'un Dieu et d'une
providence, il n'y a point de loi
ni d'obligation morale proprement
dite.

éloges, l'estime, l'admiration de
leur nation, par des actions con-
traires à la loi naturelle et au droit
des gens? Ces actions sont-elles
devenues des actes de vertu, parce
qu'elles ont été louées et approu-
vées par une nation stupide et
C'est par analogie que nous ap-barbare? Celui qui les faisoit n'é-
pelons lois les volontés des hommes toit certainement pas obligé d'aller
qui ont l'autorité de nous récom-consulter les autres peuples pour
penser et de nous punir; mais si
cette autorité ne venoit pas de
Dieu, si elle n'étoit pas un effet
de sa volonté suprême, elle seroit
nulle et illégitime; elle se réduiroit
à la force; elle pourroit nous im-
poser une nécessité physique, et
non une obligation morale.

savoir s'ils en pensoient de même. D'autres ont été blàmés, condamnés et punis pour avoir fait des actes de vertu. Rien n'est plus absurde que de faire dépendre les notions du bien et du mal moral de l'opinion des hommes. a. II s'ensuit que quand un homme est Telle est l'équivoque sur laquelle assez puissant ou endurci dans le se sont fondés les matérialistes, crime pour braver la haine et le lorsqu'ils ont voulu établir une mépris des autres, et pour étouffer morale indépendante de toute no les remords, il est affranchi de tion de la Divinité; ils ont dit toute loi, et qu'il ne peut plus que la loi est la nécessité dans là-être coupable. L'absurdité de toutes quelle nous sommes de faire ou ces conséquences démontre la fausd'éviter telle action, sinon d'être seté du système de morale des mablàmés, haïs et méprisés de nos térialistes. semblables, et de nous condamner nous-mêmes.

Plusieurs anciens philosophes et quelques littérateurs modernes ont Cette définition est évidemment dit que la loi en général est la raifausse; elle suppose, 1. que tout son humaine, en tant qu'elie gou homme assez puissant ou assez verne tous les peuples de la terre. fourbe pour se faire louer, estimer Cette définition n'est pas juste. La et servir par ses semblables, sans | raison, ou la faculté de raisonner,

5.

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peut nous indiquer ce qu'il nous ment pourvu au bien de la société est avantageux de faire ou d'éviter, dont il est l'auteur. Il a donc établi mais elle ne nous impose aucune des récompenses pour ceux qui nécessité de faire ce qu'elle nous accomplissent la loi et des chatidicte; elle peut nous intimer la loi, ments pour ceux qui la violent. mais elle n'a point par elle-même De là viennent le dictamen de la force de loi. Si Dieu ne nous avoit conscience, les remords causés pas ordonné de la suivre, nous par le crime, la satisfaction sepourrions y résister sans être cou-crète attachée aux actes de vertu. pables. Le flambeau qui nous guide Ce sont là les signes qui nous averet la loi qui nous oblige ne sont tissent de la loi ou de la volonté pas la même chose. de notre souverain Maître, mais qui ne sont pas cette loi.

D'ailleurs la raison ne nous guide avec sûreté que quand elle est droi- Les anciens philosophes, plus te or, dans combien d'hommes sensés que les modernes, avoient n'est-elle pas obscurcie et dépravée sur ce point la même idée que les par les passions, par une mauvaise théologiens. Selon Cicéron, qui education, par les lois et les cou- copioit Platon, la vraie loi, la loi tumes de la nation dans le sein de primitive, source de toutes les laquelle ils sont nés? Supposer autres, est, non la raison humaiqu'elle est encore alors la loi de ne, mais la raison éternelle de l'homme, c'est toujours faire dé-Dieu, la sagesse suprême qui pendre le crime et la vertu de l'opinion des peuples.

régit l'univers; tel est, dit-il, le
sentiment de tous les sages, de
Legib., 1.2, n. 14; Platon, de Legib.,
lib. 4; c'étoit celui de Socrate;
Brucker, Hist. Philos., tom. 1,
pag. 561. Les pythagoriciens po-
soient de même
pour fondement
de toutes les lois la croyance d'une
Divinité qui punit et récompense.
Prologue des lois de. Zaleucus,
Ocellus Lucan., cap. 4, etc. Le-
land, Démonstr. evang., tom. 3,
p. 342 et suiv., a cité d'autres
passages des anciens.

-

Il faut donc nécessairement remonter plus haut. Puisque Dieu en créant l'homme lui a donné tout à la fois la raison et l'intelligence, une inclination violente à rechercher son propre bien, et le, besoin de vivre en société avec ses semblables, sans doute il a voulu que l'homme fit ce qui lui est avantageux, sans nuire au bien des autres; il lui a défendu de chercher ses intérêts aux dépens des leurs: autrement Dieu auroit Mais nous avons une meilleure voulu l'impossible; il auroit voulu preuve de cette théorie dans nos que l'homme vécût en société, sans Livres saints. Immédiatementaprès vouloir qu'il fit ce qui est absolu- la création de l'homme, Dieu exerça ment nécessaire pour former la l'auguste fonction de législateur, société; il seroit tombé en con-il imposa une loi à notre premier tradiction. Cette volonté ou cette père, et le punit ensuite pour loi de Dieu est donc prouvée par l'avoir violée. Après avoir averti la constitution même de l'homme. Caïn que sa conscience seroit le D'autre part, Dieu n'a pas pu juge de ses actions et le vengeur consentir que l'homme fût le maître de ses crimes, il le punit d'y avoir de braver impunément cette vo- résisté en commettant un homici lonté suprême, aussi-bien que celle de, Gen., cap. 4, . 7 et 11. I de ses semblables; autrement cette exerça la même justice envers le volonté seroit en Dien une simple genre humain, en le faisant périr velléité; il n'auroit pas suffisam-par le déluge. Toute l'histoire

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