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« vez son sang, vous n'aurez point la vie en vous. Celui qui mange « ma chair et boit mon sang a la vie éternelle, et je le ressusciterai «<au dernier jour; car ma chair est véritablement une nourriture, « et mon sang est véritablement un breuvage. Celui qui mange ma a chair et boit mon sang demeure en moi, et moi en lui. Comme le « Père qui est vivant m'a envoyé, et que je vis par le Père, ainsi « celui qui me mange vivra par moi. C'est ici le pain qui est des«< cendu du ciel. Il n'est pas comme la manne que vos pères ont mangée, et qui ne les a pas empêchés de mourir. Celui qui mange « ce pain vivra éternellement (1). » Notre-Seigneur a donc voulu qu'on prit ses paroles à la lettre, et qu'on les entendît d'une manducation réelle.

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701. Aussi plusieurs de ses disciples furent eux-mêmes offensés des paroles de leur maître. « Que ce discours est dur! dirent«< ils; qui peut l'entendre (2)? » Ils n'auraient certainement pas eu lieu d'être scandalisés, et ils ne l'eussent pas été, s'ils avaient entendu les paroles de Jésus-Christ dans un sens figuré, dans le sens d'une manducation qui ne se fait que par la foi. Ils avaient donc pris ces paroles dans le sens d'une manducation réelle. Or, Jésus les a-t-il détrompés? Non! loin de là, il aggrave encore la difficulté; se tournant vers ceux qui murmuraient, il leur dit : « Cela « vous scandalise! Et que sera-ce donc quand vous verrez le Fils de l'homme monter où il était auparavant (3) ? » Comme s'il eût dit : Si vous vous scandalisez de ce que je vous annonce, que je vous donnerai ma chair à manger maintenant qu'elle est encore sur la terre, combien n'en serez-vous pas plus scandalisés quand vous la verrez monter au ciel, et disparaître d'au milieu de vous ? Si cette manducation vous semble incroyable à présent que vous

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(1) Dixit ergo eis Jesus: Amen, amen dico vobis: Nisi manducaveritis carnem Filii hominis, et biberitis ejus sanguinem, non habebitis vitam in vobis. Qui manducat meam carnem, et bibit meum sanguinem, habet vitam æternam : et ego resuscitabo eum in novissimo die. Caro enim mea, vere est cibus; et sanguis meus, verè est potus. — Qui manducat meam carnem, et bibit meum sanguinem, in me manet, et ego in illo. Sicut misit me vivens Pater, et ego vivo propter Patrem : et qui manducat me, et ipse vivet propter me.-Hic est panis, qui de cœlo descendit. Non sicut manducaverunt patres vestri manna, et mortui sunt. Qui manducat hunc panem, vivet in æternum. Ibidem, v. 54, etc. (2) Hæc dixit in synagoga docens, in Capharnaum. — Multi ergo audientes ex discipulis ejus, dixerunt: Durus est hic sermo, et quis potest eum audire? Ibidem, v. 60 et 61. · (3) Sciens autem Jesus apud semetipsum, quia murmurarent de hoc discipuli ejus, dixit eis: Hoc vos scandalizat? — Si ergo videritis Filium hominis ascendentem ubi erat prius? Ibidem, v. 62 et 63.

voyez mon corps, combien ne vous le semblera-t-elle pas davantage quand vous ne le verrez plus? Ainsi le Seigneur représente cette manducation comme devant être, pour ses disciples encore faibles dans la foi, beaucoup plus difficile après qu'avant l'ascension. Il a donc voulu les confirmer dans le sens de la manducation réelle ; car une manducation toute spirituelle, qui consisterait dans la foi, ne leur eût pas paru plus difficile après l'ascension qu'auparavant.

702. Ne dites pas que Notre-Seigneur a ramené ses disciples. au sens figuré, en ajoutant que c'est l'esprit qui vivifie; que la chair ne sert de rien; que ses paroles sont esprit et vie (1): il n'est point en contradiction avec lui-même. Par ces dernières paroles, il a voulu seulement éloigner de l'esprit des Juifs et de piusieurs de ses disciples le sens grossier et charnel dans lequel ils avaient entendu son discours, et leur faire comprendre que la manducation de son corps, quoique réelle et non figurée, n'était point une manducation commune et naturelle, mais une manducation mystérieuse que la chair ou les sens ne saisissent point, et que l'on ne conçoit que par la foi qui nous vient d'en haut. C'est pourquoi il leur reproche de ne pas croire, en leur disant: « Personne ne peut venir à moi, s'il ne lui a été donné par « mon Père (2). » Et, loin d'être détrompés sur la manducation réelle du corps de Jésus-Christ, et de s'attacher à leur maître, un bon nombre de disciples s'éloignèrent de lui et ne le suivirent plus Ex hoc mulli discipulorum ejus abierunt retro, et jam non cum illo ambulabant (3).

703. Résumons les paroles de la promesse de Jésus-Christ prouvent le dogme de la présence réelle de son corps dans l'eucharistie, si on doit les entendre dans le sens d'une manducation réelle et non figurée. Or, on doit les entendre dans le sens d'une manducation réelle et non figurée, puisque les Juifs et les disciples de Notre-Seigneur les ont entendues dans le sens d'une manducation réelle, et que Notre-Seigneur lui-même les a confirmés à différentes reprises dans le sens qu'ils donnaient à ses paroles: donc les paroles de la promesse prouvent le dogme de la présence réelle; donc ce serait sans aucun fondement que l'on prétendrait que ces mêmes paroles ne se rapportent point au sacrement de

(1) Spiritus est qui vivificat: caro non prodest quidquam; verba, quæ ego locutus sum vobis, spiritus et vita sunt. Ibidem, v. 64. (2) Propterea dixi vobis, quia nemo potest venire ad me, nisi fuerit ei datum a Patre meo. Ibidem, (3) Ibidem, v. 67.

v.66

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l'eucharistie. Ce serait d'ailleurs s'écarter de la tradition. En effet, nous pourrions citer, entre autres, saint Irénée, Origène, saint Cyprien, saint Athanase, saint Hilaire, saint Basile, saint Cyrille de Jérusalem, saint Ambroise, saint Jean Chrysostome, saint Epiphane, saint Jérôme, saint Augustin, saint Cyrille d'Alexandrie, Théodoret, le pape saint Léon, les Pères du concile d'Éphèse de l'an 431, et ceux du concile de Nicée de l'an 787. Ils invoquent tous, en faveur du dogme eucharistique, le sixième chapitre de saint Jean.

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DEUXIÈME PREUVE,

Tirée des paroles de l'institution de l'eucharistie.

704. Jésus, célébrant la cène avec ses apôtres, « prit du pain, le bénit, le rompit, et le donna à ses disciples, en disant: Prenez et mangez; ceci est mon corps: HOC EST CORPUS MEUM. Et, prenant « le calice, il rendit grâces à Dieu et le leur donna, en disant: Bu« vez-en tous; car ceci est mon sang de la nouvelle alliance, qui - sera répandu pour vous et pour plusieurs en rémission des péchés: HIC EST ENIM SANGUIS MEUS (1). »

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705. On ne peut rien désirer de plus formel et de plus précis en faveur du dogme de la présence réelle du corps et du sang de NotreSeigneur Jésus-Christ dans l'eucharistie, que ces paroles: Ceci est mon corps, ceci est mon sang. A les prendre dans leur sens naturel, elles prouvent évidemment la présence réelle. Or, on ne peut raisonnablement les prendre que dans leur sens propre et naturel. C'est une règle en fait d'interprétation, qu'il faut entendre les paroles de l'Écriture dans leur sens propre, dans le sens qu'elles offrent naturellement à l'esprit, à moins qu'il n'y ait quelque raison qui nous force de les prendre au figuré; autrement, on tomberait infailliblement dans l'arbitraire, et c'en serait fait de l'autorité des livres sacrés. Or, il n'est aucune raison qui nous oblige de recourir au sens figuré pour l'interprétation des paroles de l'institution de l'eucharistie. Ni la nature des choses, ni l'usage reçu parmi les Juifs, ni aucun autre passage de l'Écriture, ni aucun avertissement, aucune explication de la part de celui qui parle, n'exige qu'on s'écarte du sens naturel et littéral : on doit donc prendre à

(1) Saint Matthieu, c. XXVI, v. 26, 27 et 28; saint Marc, c. xiv, V. 22, 23 et 24; saint Luc, c. xxi, v. 19 et 20; saint Paul, 1re épître aux Corinthiens, XI, V. 24 et 25.

la lettre, et non dans le sens figuré, les paroles de Jésus-Christ: Ceci est mon corps, ceci est mon sang.

706. D'ailleurs, tout chrétien, quiconque a la foi en la divinité de Notre-Seigneur, reconnaîtra qu'il pouvait établir la présence de son corps et de son sang dans l'eucharistie : ce mystère, qui s'offre à nous comme l'abrégé des merveilles de la puissance, de la sagesse et de la bonté de Dieu, n'est pas plus impossible que le mystère ineffable de l'incarnation. Or, en supposant qu'il eût voulu se rendre réellement présent dans ce sacrement, eût-il pu s'exprimer plus clairement qu'il ne l'a fait, pour nous faire croire qu'il nous donnait son corps à manger et son sang à boire? Il ne pouvait dire à ses disciples d'une manière plus expresse, plus explicite, plus formelle, que ce qu'il leur donnait était son corps et son sang; car nulle part il ne dit : Ceci est le signe ou la figure de mon corps; mais bien, sans détour, sans équivoque : Ceci est mon corps; ceci est mon sang. Il faut donc de toute nécessité entendre ces paroles dans leur sens propre et littéral, dans le sens de la présence réelle. Enfin, en établissant l'eucharistie, le Fils de Dieu établit un sacrement, il en fait l'objet d'un dogme et d'une loi, le sceau de la nouvelle alliance, du Nouveau Testament. Or, tout cela demandait qu'il parlât nettement, sans métaphore, sans figure. La première condition d'une loi, d'une alliance, d'un testament, c'est la clarté et la précision. Il faut donc, encore une fois, s'en tenir à la lettre pour l'interprétation de ces paroles : Ceci est mon corps; ceci est mon sang. Il est donc prouvé, par les paroles de l'institution de l'eucharistie, que le corps et le sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ sont réellement présents dans ce sacrement.

707. On répétera peut-être que souvent, dans l'Écriture sainte, le signe reçoit le nom de la chose signifiée. Joseph, expliquant le songe de Pharaon, lui dit : Les sept vaches grasses et les sept épis pleins sont sept années d'abondance. Daniel, voulant donner à Nabuchodonozor le sens de la vision qu'il avait eue, lui dit : Vous êtes la tête d'or. Jésus-Christ lui-même, expliquant la parabole de la semence, dit : Celui qui sème est le Fils de l'homme. Saint Paul, parlant du rocher dont Moyse fit sortir de l'eau, ajoute Cette pierre était le Christ. Mais le Sauveur, en instituant l'eucharistie, n'expliquait ni un songe, ni une vision, ni une parabole, ni un type de l'ancienne loi; il mettait, au contraire, la réalité à la place des figures. Il établissait une loi, un dogme pratique, un sacrement, dont il importait souverainement d'expli

quer clairement la nature et l'objet, afin de ne donner lieu à aucune erreur. Ce n'était donc pas le cas de parler en figure. Si Notre-Seigneur eût usé de cette équivoque, de laquelle il prévoyait l'abus, il eût tendu un piége inévitable à ses apôtres, à l'Église entière, qu'il a fondée sur la terre au prix de son sang. Car, ainsi que nous le verrons à l'instant, on a toujours cru dans l'Église chrétienne, sur les paroles mêmes de l'institution, à la présence réelle de Jésus-Christ dans le sacrement de l'eucharistie. Et c'est pour cela que nous ne nous arrêterons point à réfuter les subtilités par lesquelles les hérétiques ont cherché à dénaturer le sens de ces paroles.

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TROISIÈME PREUVE,

Tirée des paroles de saint Paul touchant la communion.

708. Après avoir rapporté l'institution de l'eucharistie telle qu'elle est décrite dans saint Matthieu, saint Marc et saint Luc, l'apôtre saint Paul ajoute : « C'est pourquoi quiconque mangera ce ⚫ pain ou boira le calice du Seigneur indignement, sera coupable « du corps et du sang du Seigneur. Que l'homme donc s'éprouve lui-même, et qu'il mange ainsi de ce pain et boive de ce calice; « car celui qui mange ce pain et boit ce calice indignement, mange « et boit sa propre condamnation, ne faisant pas le discernement « qu'il doit du corps du Seigneur (1). » L'apôtre aurait-il pu s'exprimer de la sorte au sujet de la communion indigne, s'il n'eût vu dans l'eucharistie qu'une certaine vertu communiquée par la foi en Jésus-Christ, que le signe ou la figure du corps et du sang de Jésus-Christ? Aurait-il pu dire la même chose de la Pàque des Juifs, de l'agneau pascal, qui était certainement la figure de JésusChrist?

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(1) Ita quicumque manducaverit panem hunc, vel biberit calicem Domini indigne, reus erit corporis et sanguinis Domini. Probet autem seipsum homo:

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et sic de illo pane edat, et de calice bibat. - Qui enim manducat et bibit indigne, judicium sibi manducat et bibit, non dijudicans corpus Domini. Ire épít. aux Corinthiens, c. x1, v. 27, 28 et 29.

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