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nous trouvons dans les facultés de notre âme une image de la sainte Trinité (1). « Notre âme, d'une nature spirituelle et incor« ruptible, a un corps corruptible qui lui est uni; et, de l'union « de l'un et de l'autre, résulte un tout qui est l'homme, esprit et « corps tout ensemble, incorruptible et corruptible, intelligent et purement brute. Ces attributs conviennent au tout, par rapport « à chacune de ses deux parties. Ainsi le Verbe divin, dont la ⚫ vertu soutient tout, s'unit d'une façon particulière; ou plutôt il « devient lui-même, par une parfaite union, ce Jésus-Christ, Fils de Marie; ce qui fait qu'il est Dieu et homme tout ensemble, engendré dans l'éternité et engendré dans le temps, toujours vi⚫ vant dans le sein du Père, et mort sur la croix pour nous sauver. « Mais où Dieu se trouve mêlé, jamais les comparaisons tirées des choses humaines ne sont qu'imparfaites. Notre âme n'est pas ⚫ devant notre corps, et quelque chose lui manque lorsqu'elle en « est séparée. Le Verbe, parfait en lui-même dès l'éternité, ne s'unit à notre nature que pour l'honorer. Cette âme qui préside « au corps, et y fait divers changements, elle-même en souffre à « son tour. Si le corps est mû au commandement et selon la volonté « de l'âme, l'âme est troublée, l'âme est affligée, et agitée en « mille manières ou fàcheuses, ou agréables, suivant les disposi«tions du corps; en sorte que, comme l'âme élève le corps à elle « en le gouvernant, elle est abaissée au-dessous de lui par les cho« ses qu'elle en souffre. Mais, en Jésus-Christ, le Verbe préside à tout, le Verbe tient tout sous sa main. Ainsi l'homme est élevé, « et le Verbe ne se rabaisse par aucun endroit : immuable et inal⚫térable, il domine, en tout et partout, la nature qui lui est unie.

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• De là vient qu'en Jésus-Christ, l'homme, absolument soumis << à la direction intime du Verbe qui l'élève à soi, n'a que des pensées et des mouvements divins. Tout ce qu'il pense, tout ce qu'il veut, tout ce qu'il dit, tout ce qu'il cache au dedans, tout ce qu'il montre au dehors, est animé par le Verbe, conduit par le « Verbe, digne du Verbe, c'est-à-dire digne de la Raison même, de la Sagesse même, et de la Vérité même. C'est pourquoi tout est lumière en Jésus-Christ; sa conduite est une règle, ses miracles sont des instructions, ses paroles sont esprit et vie.

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« Il n'est pas donné à tous de bien entendre ces vérités, ni de « voir parfaitement en nous-mêmes cette merveilleuse image des « choses divines, que saint Augustin et les autres Pères ont crue

(1) Voyez, ci-dessus, le n° 290.

si certaine. Les sens nous gouvernent trop; et notre imagination, « qui veut se mêler dans toutes nos pensées, ne nous permet pas ⚫ toujours de nous arrêter sur une lumière si pure. Nous ne nous « connaissons pas nous-mêmes; nous ignorons les richesscs que • nous portons dans le fond de notre nature, et il n'y a que les . yeux les plus épurés qui les puissent apercevoir. Mais, si peu que « nous entrions dans ce secret, et que nous sachions remarquer en « nous l'image des mystères (de la Trinité et de l'Incarnation), « qui sont le fondement de notre foi, c'en est assez pour nous éle« ver au-dessus de tout, et rien de mortel ne nous pourra plus ⚫ toucher. Aussi Jésus-Christ nous appelle-t-il à une gloire immor<< telle; et c'est le fruit de la foi que nous avons pour les mys« tères (1). »

CHAPITRE II.

De l'existence du mystère de l'Incarnation.

346. Comme l'Incarnation consiste dans l'union hypostatique du Verbe ou Fils de Dieu avec la nature humaine, et que, par suite de cette union, il n'y a en Jésus-Christ qu'une seule personne, la personne divine, quoiqu'il y ait vraiment en lui deux natures entières et distinctes, sans mélange et sans confusion, nous établirons le dogme catholique contre Nestorius, qui niait l'unité de personne, et contre Eutychès, qui, en défendant l'unité de personne, rejetait la distinction des deux natures.

§ I. Preuve du mystère de l'Incarnation par l'Écriture.

347. On lit, dans le premier chapitre de saint Jean : « Au com⚫ mencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe « était Dieu... Toutes choses ont été faites par lui, et rien de ce qui « a été fait n'a été fait sans lui... Et le Verbe s'est fait chair, et il a « habité parmi nous, plein de grâce et de vérité, et nous avors vu sa gloire, la gloire du Fils unique du Père (2).» Nous l'avons

(1) Bossuet, Discours sur l'histoire universelle, no partie, no vi. - (2) In principio erat Verbum, et Verbum erat apud Deum, et Deus erat Verbum.... mnia per ipsum facta sunt: et sine ipso factum est nihil, quod factum est...

déjà fait observer (1), le mot chair se prend ici pour l'homme, pour la nature de l'homme, entière, en tant qu'elle se compose d'un corps terrestre et d'une âme raisonnable, ex anima rationali et humana carne subsistens (2). Or le Verbe de Dieu, le Verbe éternel, par qui toutes choses ont été faites, le Verbe qui est luimême Dieu comme le Père, s'est fait chair, et Verbum caro factum est. Mais il n'a pu se faire homme qu'en s'unissant hypostatiquement à la nature humaine, qu'en s'associant cette même nature dans sa propre personne, qui est la seconde personne de la Trinité. S'il ne s'agissait que d'une union morale entre le Verbe et l'homme, on ne pourrait dire que le Verbe s'est incarné, s'est fait chair, s'est fait homme. Il y avait certainement union morale entre Dieu et les patriarches, entre Dieu et Moyse, entre Dieu et les prophètes a-t-on jamais dit cependant que Dieu se soit fait homme dans Moyse, dans tel ou tel patriarche, dans tel ou tel prophète? On ne peut dire non plus qu'en vertu de l'union du Verbe avec la chair, la nature divine et la nature humaine ne forment plus qu'une seule nature, la première étant essentiellement immuable. Le Verbe, en demeurant ce qu'il était, une seule et même substance avec le Père et le Saint-Esprit, a pris notre humanité et sc l'est appropriée personnellement, sans que la Divinité en souffrit la moindre altération. D'un autre côté, on ne peut admettre, en Jésus-Christ, l'union réelle, hypostatique ou personnelle du Verbe avec la nature humaine, sans admettre l'unité de personne en deux natures, sans reconnaître un seul et même Christ, Dieu et homme tout ensemble. Il est donc vrai que l'apôtre saint Jean a voulu exprimer le mystère de l'Incarnation lorsqu'il a dit que le Verbe est Dieu, et qu'il s'est fait chair, et qu'il a habité parmi nous: Et Deus erat Verbum... et Verbum caro factum est, et habitavit in nobis.

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348. Voici ce que dit l'apôtre saint Paul : « Soyez dans la même disposition où a été Jésus-Christ, qui, ayant la forme de Dieu,

"n'a point cru que ce fût pour lui une usurpation d'être égal à « Dieu; mais il s'est anéanti lui-même en prenant la forme d'esclave, en se rendant semblable aux hommes, et étant reconnu pour homme par tout ce qui a paru de lui au dehors. Il s'est abaissé « lui-même en se rendant obéissant jusqu'à la mort, et jusqu'à la

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Et Verbum caro factum est, et habitavit in nobis : et vidimus gloriam, gloriam quasi unigeniti a Patre, plenum gratiæ et veritatis. Saint Jean, c. 1, v. 1, ? et 14. — (1) Voyez, ci-dessus, le no 335. — (2) Symbole de saint Athanase.

DE L'INCARNATION.

mort de la croix (1). On voit ici bien clairement qu'un seul et e même Christ, qu'une seule et même personne a tout à la fois et la forme ou la nature de Dieu, car il est égal à Dieu; et la forme ou la nature de l'homme, car il s'est montré comme homme, il a obéi comme homme, il est mort comme homme. Il y a donc une seule personne et deux natures en Jésus-Christ. Encore: « Lorsque les « temps ont été accomplis, Dieu a envoyé son Fils, né de la femme, « né sous la loi, afin de racheter ceux qui étaient sous la loi (2). » Voilà donc l'envoyé de Dieu, le même qui est le Fils de Dieu, qui est aussi le fils de la femme, qui est né de la femme, qui a été formé dans le sein de la femme: factum ex muliere. Le même Christ est donc en même temps Fils de Dieu et Fils de l'homme, vrai Dieu et vrai homme. Enfin, tous les textes par lesquels on prouve la divinité du Fils de Dieu (3) prouvent également le mystère de l'Incarnation, puisqu'ils s'appliquent à un seul et même Christ, dont l'humanité, d'ailleurs, n'a jamais été contestée, ni par les nestoriens,

par les eutychiens, ni par les sociniens. Aussi les Pères et les conciles se sont-ils toujours appuyés, non-seulement sur la tradition des apôtres, mais encore sur l'Écriture sainte, pour défendre l'Incarnation contre les hérétiques qui niaient l'unité de personne ou la distinction des deux natures en Jésus-Christ. Paugiabu mga noh, anoladanpose

S II. Preuve du mystère de l'Incarnation par l'enseignement des saints Pères.

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349. On convient que, depuis la tenue des conciles d'Éphèse et de Chalcédoine, par lesquels ont été condamnées les erreurs de Nestorius et d'Eutychès, en 431 et 451, tous les Pères ont constamment enseigné le mystère de l'Incarnation tel qu'il est reçu aujourd'hui dans l'Église catholique. Nous nous contenterons done de citer, parmi ceux qui sont plus anciens, saint Augustin, saint Jérôme, saint Jean Chrysostome, saint Ambroise, saint Grégoire de Nysse, saint Grégoire de Nazianze, saint Cyrille de Jérusalem,

(1) Hoc sentite in vobis, quod et in Christo Jesu : qui cum in forma Dei esset, non rapinam arbitratus est esse se æqualem Deo; sed semetipsum exinanivit mortem formam servi accipiens, in similitudinem hominum factus, et habitu inventus ut homo. Humiliavit semetipsum factus obediens usque ad mortem, autem crucis. Épitre aux Philippiens, c. 11, v. 5, etc. (2) At ubi venit ple nitudo temporis, misit Deus Filium suum, factum ex muliere, factum sub lege, ut eos, qui sub lege erant, redimeret. Épitre aux Galates, c. IV, v. 4 et 5.· (3) Voyez, ci-dessus, le n° 295. etr

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16.

saint Basile, saint Optat, saint Athanasc, saint Cyprien, saint Hippolyte, Tertullien, saint Irénée, saint Justin et saint Ignace, disciple des apôtres.

350. Saint Augustin : « Jésus-Christ est Fils de Dieu, Dieu et « homme : Dieu avant tous les siècles, homme né dans le temps; « Dieu, parce qu'il est le Verbe de Dieu, et homme, parce que le « Verbe a pris une âme raisonnable et un corps réel avec l'unité de « personne (1). Il est en même temps Fils de Dieu et Fils de « l'homme, Dieu et homme. Cependant il n'y a pas deux Fils, mais « un seul Fils de Dieu (2). De même que chaque homme, composé « d'un corps et d'une âme raisonnable, est une personne, ainsi le « Christ, Verbe et homme, est une seule personne (3). » Il serait impossible d'exprimer plus clairement le dogme catholique touchant l'Incarnation du Fils de Dieu.

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351. Saint Jérôme : « Que les hérétiques reconnaissent que Jé« sus-Christ est Dieu et homme; non que celui qui est Dieu soit « autre que celui qui est homme; mais celui qui est Dieu de toute « éternité n'a pas dédaigné de se faire homme pour notre salut (4). << Il est Fils de Dieu par nature, au lieu que nous ne le sommes que « par adoption (5). Ce n'est pas que nous croyions qu'il y ait deux « Christs, l'un qui soit Dieu et l'autre qui soit homme; ou que nous « reconnaissions deux personnes en celui qui est le Fils unique de « Dieu; mais il n'y a qu'un seul et même Christ, qui est tout à la « fois Fils de Dieu et Fils de l'homme. Dans tout ce qui est dit, il y « a des choses qui ne se rapportent qu'à la gloire de sa divinité, et « il y en a d'autres qui ne regardent que notre salut. C'est pour « nous qu'il s'est anéanti en prenant la forme d'esclave, et en se ⚫ rendant obéissant jusqu'à la mort de la croix. C'est pour nous « que le Verbe s'est fait chair, et qu'il a habité parmi les hom

(1) Christus Jesus, Dei Filius, est Deus et homo: Deus ante omnia sæcula, homo in nostro sæculo; Deus, quia Dei Verbum, Deus enim erat Verbum; homo autem, quia in unitatem personæ accessit Verbo anima rationalis et caro. Enchiridion, c. xxxv. — (2) Unus Dei Filius idemque hominis Filius; unus hoLuinis Filius, idemque Dei Filius; non duo Filii Dei, Deus et homo, sed unus Dei Filius. Ibidem. (3) Quemadmodum est una persona quilibet homo, anima scilicet rationalis et caro, ita fit Christus una persona. Ibidem, c. XXXVI. — Voyez aussi le Traité LXXVII, sur saint Jean, et le livre de la Correction et de la Gráce, c. xi. (4) Audiant Christum et Deum esse et hominem. Non quod alius Deus sit et alius homo, sed qui Deus semper erat, homo ob nostram salutem esse dignatus est. Comment. sur le chapitre 1 de l'épître aux Galates. · (5) Ife (Jesus Christus) quidem natura Filius est ; nos vero adoptione. Liv. 1, sur le chapitre 1 de l'épitre aux Éphesiens.

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