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tamment proclamé l'éternité de l'enfer, s'appuyant sur les oracles de l'Ancien et du Nouveau Testament. Saint Clément de Rome, disciple des apôtres, et l'un des premiers successeurs de saint Pierre sur le siége de Rome, dit que les âmes même des impies sont immortelles; qu'il vaudrait mieux pour elles n'étre point incorruptibles; qu'elles souffrent une peine éternelle dans un feu qui ne s'éteint pas; qu'elles ne meurent point, et que, pour leur malheur, elles ne mourront jamais (1). Saint Justin, martyr, enseigne que ceux des anges et des hommes qui ont abusé de leur libre arbitre sont, par un juste jugement, condamnés au supplice du feu éternel: in igne sempiterno (2); que Satan avec sa milice, et les hommes qui auront suivi ses conseils, sera tourmenté éternellement, per sæculum infinitum (3).

218. Saint Théophile d'Antioche écrivait à Autolyque : « J'ai « foi en Dieu, et je lui obéis volontiers: je t'exhorte à lui obéir toi-même, de crainte que si tu refuses de croire en lui mainte«< nant, tu ne sois forcé de croire un jour, lorsque tu seras con« damné à des peines éternelles, suppliciis æternis (4). » Saint Irénée, ayant cité cette sentence de Notre-Seigneur, Allez, maudits, au feu éternel que mon Père a préparé au diable et à ses anges, ajoute que le feu éternel n'a pas été préparé principalement pour l'homme, mais pour celui qui a séduit l'homme, pour le prince de l'apostasie, et pour les anges qui ont apostasié avec lui; puis pour les hommes qui persévèrent dans les œuvres de l'iniquité, sans faire pénitence (5). Tertullien, parlant au nom des chrétiens de son temps: « Pour nous, disait-il, qui devons être « jugés par un Dieu qui voit tout, et qui savons que ses punitions « sont éternelles, nous sommes les seuls qui embrassons la vraie « vertu ; et parce que nous la connaissons parfaitement, et parce « que le supplice destiné au crime est, non pas de longue durée, « mais éternel, nous craignons l'Étre souverain, que doit craindre « celui qui juge des hommes qui le craignent (6). »

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219. On lit dans Minucius Félix, qui vivait du temps de Tertullien: Vos savants et vos poëtes vous avertissent des supplices « éternels qui sont destinés aux méchants, quand ils vous me<< nacent de ce fleuve de feu, et de ce marais brûlant du Styx qui << entoure plusieurs fois le Tartare; choses qu'ils ont apprises (pour

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(2) Apologie 1. — (3) Apolo

(1) Dans saint Jean Damascène, in Eglogis. gie II. – (4) Liv. 1, à Autolyque, n° xIV. — (5) Liv. m, contre les hérésies, c. xxш. —(6) Apologétique, no XLV.

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« le fond) par les oracles des prophètes, et (pour ce qui tient à la superstition) par l'inspiration des démons... Les tourments de « l'enfer n'ont ni mesure ni fin. Le feu, comme s'il était doué d'intelligence, brûle les membres et ne les consume point; il les dé« vore et les alimente en même temps; semblable à la foudre qui « atteint les corps et ne les détruit pas, aux volcans du Vésuve et « de l'Etna, qui sont toujours enflammés et ne s'éteignent jamais. "Cette flamme vengeresse s'entretient sans détruire ceux qu'elle « brûle; elle se nourrit des douleurs aiguës qu'elle leur fait éprouver (1).

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220. Saint Cyprien : « Croyez à celui qui réserve la vie éter« nelle pour récompense à ceux qui croient. Croyez à celui qui << destine, dans les ardeurs de l'enfer, des supplices éternels à ceux qui ne croient pas. Ceux qui seront condamnés à ces supplices << seront la proie d'un feu qui ne se ralentit point; leurs tourments • ne peuvent avoir ni repos ni fin (2). » Suivant Arnobe, les feux de l'enfer ne s'éteindront jamais (3). Lactance dit que ceux qui préfèrent les biens de la terre aux biens célestes seront condamnés à une peine éternelle (4).

C'est aussi la doctrine de saint Hilaire de Poitiers (5), de Julius Firmicus (6), de Némésius, philosophe chrétien (7), de Didyme d'Alexandrie (8), de saint Pacien de Barcelone (9), et de saint Basile (10).

Saint Grégoire de Nazianze, distinguant les différentes espèces de feu dont Dieu se sert pour exercer sa vengeance, dit que le plus redoutable de tous est celui qui, joint au ver qui ne dort point, ne s'éteint jamais; que ce feu perpétuel et éternel est le châtiment des hommes qui auront commis le crime (11); et que rien ne tourmentera plus les réprouvés que de se voir rejetés de Dieu, et de porter dans leur conscience les marques de l'éternelle ignominie à laquelle ils seront condamnés (12). Saint Éphrem, diacre d'Édesse, enseigne que ceux qui sont en enfer ne peuvent en être délivrés; qu'ils y sont retenus par des liens indissolubles; que le feu qui les brûle ne s'éteindra point, et que les douleurs et les supplices intolérables qu'ils endurent n'auront pas de

(1) Octavius, n° xxxv. (2) Liv. à Démétrien, sub finem. (3) Liv. 11, contre les gentils. (4) Liv. vii, des Institutions, c. v, etc. — (5) Comment sur saint Matthieu, c. xxvII. — (6) De l'erreur des religions profanes, c. XIX. (7) De la nature de l'homme, c. 1. — (8) Liv. Î, De Spiritu Sancto.— (9) Exhortation à la pénitence. (10) Exhortation au baptême. —(11) Discours XL.

— (12) Discours xv.

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fin: non habent finem dolores ac mala istorum intoleranda (1). 221. Saint Grégoire de Nysse, encore que les partisans d'Origène aient altéré quelques endroits de ses écrits, ne s'exprime pas moins clairement en faveur du dogme de l'éternité des peines. « L'âme du pécheur, dit-il, s'accusant de sa témérité, gémissant et pleurant, sera reléguée dans un lieu triste comme dans un réduit, où elle souffrira des peines éternelles, en proie à une tris⚫tesse qui ne finira jamais, et qui ne pourra point se consoler (2). . Un repos éternel et souverain est réservé dans le royaume céleste à ceux qui auront été bons et charitables; mais le supplice éter« nel du feu attend les hommes inhumains et méchants (3). Qui « éteindra cette flamme, s'écrie-t-il, en parlant aux mauvais ri« ches? Qui vous préservera des morsures de ce ver qui ne mourra • jamais? Quis extinguet flammam? quis averlet vermem nun« quam morientem (4)? »

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222. Saint Ambroise : « Je sais que les plus grands tourments « sont réservés aux pécheurs, et que les âmes des impies souffri«ront des supplices, non temporaires, mais éternels; des supplices « qui n'auront pas de fin (5). Saint Jean Chrysostome, qui est mort peu de temps après saint Ambroise, écrivait à Théodore : Quand vous entendez parler du feu de l'enfer, ne vous le repré« sentez point comme le feu d'ici-bas: tout ce que celui-ci saisit, « il le dévore et le consume; celui-là, au contraire, brûle perpé« tuellement ceux dont il s'empare, et ne se ralentit jamais. C'est " pourquoi il est dit qu'il ne s'éteint point. Les pécheurs seront « revêtus de l'immortalité; mais ce ne sera pas pour leur gloire, « ce sera pour qu'ils souffrent éternellement (6). Celui qui a été « une fois livré au feu de l'enfer ne peut espérer de voir la fin de « son supplice. Les plaisirs de cette vie passent comme une ombre « et comme un rêve; le péché n'est pas encore consommé, que le « sentiment de la volupté est éteint. Mais les supplices qui leur « sont destinés n'ont aucun terme. La jouissance n'est que pour un « moment: le tourment est éternel (7). »

223. Saint Jérôme, parlant des origénistes, qui prétendaient que le démon peut être changé et rétabli dans son premier état, s'exprime en ces termes : « Non-seulement l'Écriture sainte ne dit pas cela, mais cette opinion tend à détruire la crainte de Dieu

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(1) Traité Non esse ridendum. (2) Discours De castigationibus. (3) Discours 1, de l'amour des pauvres. (4) Discours v, sur les béatitudes. (5) De la chute d'une vierge. (6) Liv. 1, à Théodore tombé, no 1x. — (7) Liv 1,

au même, no 1.

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dans les hommes, et à les porter au péché, dans la persuasion « que si le démon, auteur de tous les maux et la source de tous les péchés, peut être sauvé par la pénitence, les réprouvés pourront « l'être également. Sachons donc, comme nous l'apprend l'Évangile, que les pécheurs seront envoyés au feu éternel qui est " préparé à Satan et à ses anges; et que c'est d'eux qu'il est dit : Leur ver rongeur ne mourra point, et le feu qui les brûlera ne « s'éteindra point (1). »

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224. Saint Augustin combat les mêmes erreurs. Écoutez ce qu'il dit dans ses livres de la Cité de Dieu : « Il faut voir d'abord pourquoi l'Église n'a pu souffrir l'opinion de ceux qui promettent « au diable le pardon, après même de très-grands et de très-longs supplices. Si tant de saints, profondément versés dans l'un et « l'autre Testament, n'ont envié la béatitude à personne, c'est qu'ils ont vu que ce serait anéantir cet arrêt que le Sauveur dé-clare qu'il prononcera au jour du jugement: Retirez-vous de moi, maudits, et allez dans le feu éternel qui est préparé pour le diable et pour ses anges. Cela montre clairement que le << diable et ses anges brûleront dans un feu éternel; aussi bien « que ces paroles de l'Apocalypse: « Le diable, qui les séduisait, « fut jeté dans un étang de feu et de soufre avec la béle et le faux prophète, où ils seront tourmentés jour et nuit dans les siècles des siècles ; c'est-à-dire éternellement, selon le langage ordinaire de l'Écriture. C'est pour cela que l'on ne saurait trou« ver d'autre raison, ni même de raison plus juste et plus évidente de cette croyance fixe et immobile de la véritable piété, qu'il n'y • aura plus de retour à la justice et à la vie des saints pour le ⚫ diable et pour ses anges, que parce que l'Écriture, qui ne trompe personne, dit que Dieu ne les a point épargnés, et qu'il les a condamnés, en attendant, aux noirs cachots de l'enfer, où ils

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* sont gardés pour être punis au dernier jugement; qu'on les jet• tera dans un feu éternel, où ils seront tourmentés dans les siècles « des siècles. Que s'il en est ainsi, comment peut-on prétendre que ⚫ tous les hommes, ou même quelques-uns, seront délivrés de cette éternité de peines après quelques longues souffrances que ce puisse être; à moins que de donner atteinte à la foi qui nous « fait croire que le supplice des démons sera éternel? Si ceux ou quelques-uns de ceux à qui on dira, Retirez-vous de moi, ▪ maudits, et allez au feu éternel qui est préparé pour le diable

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(1) Comment. sur le ch. n de Jonas.

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« et pour ses anges, ne doivent pas toujours demeurer dans ce « feu, pourquoi croira-t-on que le diable et ses anges y demeure«ront éternellement? Est-ce que la sentence que Dieu prononcera « contre les anges et contre les hommes ne sera vraie que pour les « anges? Assurément les choses iront de la sorte, si les conjec« tures des hommes l'emportent sur la parole de Dieu; mais comme «< cela est impossible, ceux qui désirent se garantir du supplice « éternel ne doivent pas s'amuser à disputer contre Dieu, mais « accomplir ses commandements, tandis qu'il en est encore temps. D'ailleurs, quelle apparence y a-t-il d'entendre le supplice éter« nel d'un feu qui doit durer longtemps, et la vie éternelle d'une « vie qui doit durer toujours, vu que Jésus-Christ, au même lieu « et dans une même période, comprenant l'un et l'autre, a dit: Ainsi, ceux-ci iront au supplice éternel, et les justes dans la « vie éternelle ? Si l'un et l'autre est éternel, certainement on doit « entendre ou que l'un et l'autre durera longtemps, mais après « tout prendra fin, ou que l'un et l'autre durera toujours, et ne << finira point. Ces deux choses sont mises en parallèle: d'un côté le supplice éternel, et de l'autre la vie éternelle; de sorte qu'on « ne peut prétendre sans absurdité que, dans une seule et même expression, la vie éternelle n'ait point de fin, et que le supplice « éternel en ait une. Puis donc que la vie éternelle des saints ne « finira point, certainement le supplice éternel des damnés sera « de même (1). »

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225. Nous pourrions citer encore saint Prosper, saint Léon, saint Fulgence, saint Grégoire le Grand, et généralement tous les docteurs de l'Église qui ont parlé du châtiment des réprouvés; tous professent l'éternité des peines de l'enfer. Qu'il nous suffise de rappeler que le concile de Constantinople de 553, cinquième concile œcuménique, a frappé d'anathème l'erreur de ceux qui prétendaient que les tourments des impies et même des démons auraient une fin, et que les impies et les démons seraient un jour rétablis dans leur premier état (2).

226. Telle est donc et telle a toujours été la croyance de l'Église catholique ; telle a été, de tout temps, la croyance des chrétiens, même des communions séparées du saint-siége, si on excepte quelques hérétiques obscurs, tels que les origénistes. C'était la croyance des Juifs, comme nous l'avons vu dans plusieurs passages

(1) De la Cité de Dieu, liv XXI, liv. xxvн, c. 28.

C. XXIII. - (2) Nicéphore, Hist. ecclés.,

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