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FABLE V.-(87.)

Le Renard ayant la queue coupée.

Un vieux renard, mais des plus fins, Grand croqueur de poulets, grand preneur de lapins, Sentant son renard d'une lieue,

Fut enfin au piége attrapé.

Par grand hasard en étant échappé,

Non pas franc, car pour gage il y laissa sa queue;
S'étant, dis-je, sauvé, sans queue et tout honteux,
Pour avoir des pareils (comme il étoit habile),
Un jour que les renards tenoient conseil entre eux :
Que faisons-nous, dit-il, de ce poids inutile,
Et qui va balayant tous les sentiers fangeux?
Que nous sert cette queue? Il faut qu'on se la coupe:
Si l'on me croit, chacun s'y résoudra.

Votre avis est fort bon, dit quelqu'un de la troupe;
Mais tournez-vous, de grâce; et l'on vous répondra.
A ces mots il se fit une telle huée,

Que le pauvre écourté ne put être entendu,
Prétendre ôter la queue eût été temps perdu :
La mode en fut continuée.

GRECS. ES.-Cor, 7; II 7.

LATINS. Faern., 70.

FRANÇAIS. Guill. Haud., 210; G. Corr., 72; Bens., 53.

ITALIENS. Ces. Pav., 58; Verdizz., 27.

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FABLE VI. — (88.)

La Vieille et les deux Servantes.

Il étoit une vieille ayant deux chambrières :
Elles filoient si bien, que les sœurs filandières
Ne faisoient que brouiller au prix de celles-ci.
La vieille n'avoit point de plus pressant souci
Que de distribuer aux servantes leur tâche.
Dès que Téthys chassoit Phébus aux crins dorés,
Tourets entroient en jeu, fuseaux étoient tirés,
De-çà, delà, vous en aurez :

Point de cesse, point de relâche.

Dès que l'Aurore, dis-je, en son char remontoit,
Un misérable coq à point nommé chantoit :
Aussitôt notre vieille, encor plus misérable,
S'affubloit d'un jupon crasseux et détestable,
Allumoit une lampe, et couroit droit au lit
Où, de tout leur pouvoir, de tout leur appétit,
Dormoient les deux pauvres servantes.

L'une entr'ouvroit un œil, l'autre étendoit un bras;
Et toutes deux, très-mal contentes,

Disoient entre leurs dents : Maudit coq! tu mourras!
Comme elles l'avoient dit, la bête fut grippée :
Le reveille-matin eut la gorge coupée.

Ce meurtre n'amenda nullement leur marché:
Notre couple, au contraire, à peine étoit couché,
Que la vieille, craignant de laisser passer l'heure,
Couroit comme un lutin par toute sa demeure.

C'est ainsi

que, le plus souvent,

Quand on pense sortir d'une mauvaise affaire,

On s'enfonce encor plus avant :

Témoin ce couple et son salaire.

La vieille, au lieu du coq, les fit tomber par-là De Charybde en Scylla.

GRECS. ES.-Cor., 79; II 79.

LATINS. J. Posth., 65; P. Cand., 55.

FRANÇAIS. Guill. Haud., 62; G. Corr., 66; Bens., 164.

/ ITALIENS. Ces. Pav., 135.

FABLE VII. - (89.)

Le Satyre et le Passant.

Au fond d'un antre sauvage
Un satyre et ses enfants
Alloient manger leur potage
Et prendre l'écuelle aux dents,

On les eût vus sur la mousse,
Lui, sa femme, et maint petit:
Ils n'avoient tapis ni housse,
Mais tous fort bon appétit.

Pour se sauver de la pluie,
Entre un passant morfondu.
Au brouet on le convie:
Il n'étoit pas attendu.

Son hôte n'eut pas la peine
De le semondre deux fois.
D'abord avec son haleine
Il se réchauffe les doigts:

Puis sur le mets qu'on lui donne,
Délicat, il souffle aussi.

Le satyre s'en étonne :

Notre hôte! à quoi bon ceci?

L'un refroidit mon potage,

L'autre réchauffe ma main.

Vous pouvez,
Reprendre votre chemin :

dit le sauvage,

Ne plaise aux dieux que je couche
Avec vous sous même toit!

Arrière ceux dont la bouche

Souffle le chaud et le froid!

GRECS. ES.-Cor., 126; II 126.

LATINS. Av., 29; Anian.; Faern., 66; J. Posth., 109; Brus., 1.6, p. 428.

22;

FRANÇAIS. Jul. Mach.-Av., 22; Guill. Haud., 22; Guill. Tard., Est. Perr., 9; Baïf, fol. 131; P. Desp., 45; Bens., 202; Le Noble, 80. ITALIENS. Ces. Pav., 56; Verdizz., 14.

ESPAGNOLS. Ysopo-Av., 22.

ALLEMANDS. H. Steinh.-Av., 22.

HOLLANDAIS. Esopus-Av., 22.

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