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plus ordinaire suffira pour qu'on lise ce

livre avec fruit.

Peut-être quelques ames foibles, quelques esprits légers, mais non pervertis entièrement, après avoir été entraînés par ce qu'on appelle le mouvement du siècle, pénétrés d'un juste effroi à la vue de l'abîme où ils courent, se décideront-ils à examiner sérieusement ce qu'ils ønt jusqu'ici méprisé sans le connoître. C'est là tout ce que nous demandons d'eux. Nous ne leur disons point: Croyez, mais, Examinez.

Quoique notre sujet n'exige pas que nous démontrions la vérité du Christianisme, nous en offrirons cependant assez de preuves pour convaincre les incrédules de bonne foi. Peut-être même y puiseront-ils une instruction plus utile que celle qu'ils auroient pu tirer d'une réfutation directe de leurs erreurs; mais toujours certainement ils y trouveront assez de motifs qui justifient, et mème commandent impérieusement l'examen

que nous les engageons à entreprendre. Puissent-ils s'y déterminer pour la gloire de la vérité, et pour leur propre bonheur. Quoi qu'on essaie de se persuader, ces deux choses sont inséparables : il n'y a de bonheur qu'au sein de la vérité, parce qu'il n'y a de repos que là. L'erreur enivre, l'indifférence assoupit; mais ni l'une ni l'autre ne comble le vide du coeur. Nous le répétons, notre unique désir, c'est qu'on examine de bonne foi: nous ne nous sommes proposé d'obtenir que cela, et si nous l'obtenons d'un seul homme, notre travail sera trop payé.

SUR L'INDIFFÉRENCE

EN MATIÈRE

DE RELIGION.

CHAPITRE PREMIER.

Considérations générales sur l'indifférence religieuse. Exposition des trois systémes auxquels se réduit l'indifférence dogmatique.

L'ESPRIT humain a ses époques de sagesse et de vertige, de grandeur et de décadence, comme la société; et la société elle-même n'est assujettie à ces révolutions diverses que parce qu'elles sont naturelles à l'esprit humain, dont elle dont elle partage invariablement les destinées. Cette vérité qui, en liant la morale à la législation, donne aux théories politiques une base fixe, n'avoit point échappé au génie perçant de Pascal. Personne n'a mieux connu le pouvoir de l'opinion, qu'il appelle la

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reine du monde; et l'on concevra qu'il ne dit rien de trop, si l'on entre un peu avant dans sa pensée, et qu'on entende par opinion les doctrines dominantes. Leur empire sur les hommes est absolu, quoiqu'il ne devienne quelquefois apparent qu'à la longue; et c'est ce qui trompe tant d'observateurs superficiels, incapables d'embrasser, d'une seule vue de l'esprit, un vaste ensemble de rapports, et de lier, à de grandes distances, le présent au passé. Ils aperçoivent des faits, ils en cherchent la cause, mais trop près d'eux; spectateurs des tempêtes qui agitent la société, du flux et reflux des événemens dont se compose son histoire, ils expliquent chaque vague par la vague qui la presse immédiatement, au lieu de remouter d'abord à l'impulsion qui les produit toutes. C'est ainsi qu'on a sérieusement attribué la Réforme du seizième siècle à la jalousie d'un moine, et la révolution françoise à un déficit de quelques millions dans les finances.

Il faut le dire, car on ne le saura jamais assez tout sort des doctrines; les moeurs, la littérature les constitutions, les lois, la félicité des Etats et leurs désastres, la civilisation, la barbarie, et ces crises effrayantes qui emportent les peuples ou qui les renouvellent, selon qu'il reste en eux plus

ou moins de vie.

L'homme n'agit que parce qu'il croit, et les

hommes en masse agissent toujours conformément à ce qu'ils croient, parce que les passions de la multitude sont elles-mêmes déterminées par ses croyances. Si la croyance est pure et vraie, la tendance générale des actions est droite et en harmonie avec l'ordre : si la croyance est erronée, les actions au contraire se dépravent; car l'erreur vicie, et la vérité perfectionne. Cela fut bien sensible à l'origine du Christianisme, lorsque la Religion des sens et la Religion de l'esprit, subsistant à côté l'une de l'autre dans la même société, les. yeux pouvoient, à toute heure, comparer leurs effets, en même temps que la raison comparoît leurs doctrines.

Il suit de là, premièrement, qu'à l'égard de la société, il n'y a point de doctrine indifférente en Religion, en morale, en politique: secondement, que l'indifférence, considérée comme un état permanent de l'ame, est opposée à la nature de l'homme, et destructive de son être.

Nous disons, qu'à l'égard de la société, il n'y a point de doctrine indifférente; et il est étrange qu'on soit obligé de prouver, dans le siècle des lumières, aux peuples chrétiens, un principe si évident, que les nations païennes en avoient fait une des premières maximes de leur politique. Elles sentoient que la stabilité des Etats dépen

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