Obrazy na stronie
PDF
ePub

Allons plus loin : le style et la vie manquent au récit. Le cœur est absent. L'auteur se contente d'enregistrer les faits année par année. Les horreurs des guerres civiles, la journée de la Saint-Barthélemy ne lui arrachent pas un cri d'indignation, pas une parole de pitié pour les victimes. Il a toujours l'air de dire : « C'était écrit. » Or, comme le remarque un grand critique, « si beaucoup d'ouvrages sont morts avec de la méthode, de bonnes divisions, une exposition claire, de solides principes et beaucoup d'esprit par dessus le marché, » quelle devait être la destinée d'un livre au récit haché, obscur, indigeste et dont la rareté fait à peu près tout le mérite?

Cependant Chavigny était heureux. Tous ses ouvrages se terminent par l'adage grec: "μeditoes & εvdia » la douce, la bienheureuse tranquillité. On peut trouver à cela plusieurs raisons. D'abord l'honnêteté, la pureté morale de l'auteur qui va jusqu'au scrupule et ne laisse jamais échapper une expression regrettable.

Enfin l'étude de l'astrologie judiciaire était son unique passion. Il l'avait embrassée dès sa jeunesse pour ne la quitter qu'à son dernier soupir. Ecrivain profondément religieux, il rend à Dieu seul « Honneur et gloire » et quand il prend congé du lecteur il le fait, on s'en souvient, avec la même satisfaction que le médecin Dariot, disant naïvement: « Ceci, lecteur, te satisfera. »

Ces écrivains honnêtes ne se proposaient d'autre but que d'être utiles à leurs semblables, l'un en vulgarisant les secrets de l'art de guérir les hommes, l'autre, en les avertissant des malheurs qui menacent les méchants et les impies. Le livre achevé, ils jouissaient de la satisfaction du devoir accompli; leur conscience était tranquille. De là

cette quiétude que ne troublaient ni l'ambition, ni l'orgueil, ni l'amour des richesses et ce sentiment procurait à Jean Aimé la tranquillité douce comme le miel.

Μελιτοεσσα ή ενδια

[blocks in formation]

Guillaume Pasquelin, fils puîné de l'avocat Pasquelin et de Jeanne Guyard, naquit à Beaune, le 25 novembre 1575. Son père, l'auteur de l'Apologème pour le grand Homère, dont nous avons parlé plus haut, confia aux jésuites de Dijon l'éducation de son fils. Le jeune homme répondit aux espérances paternelles, et ses maîtres, charmés de ses talents précoces, l'engagèrent à entrer dans leur Société. Après deux années de noviciat, il acheva ses études théologiques à Tournon, et fut envoyé à Milan pour occuper la chaire de littérature grecque. Ses succès attirèrent sur lui l'attention du général de l'Ordre, le R. P. Mutio Vitelleschi, qui l'appela à Rome pour enseigner la théologie. Il prêcha même en présence du pape qui l'honora de son estime et de son approbation.

Mais le temps des épreuves était proche.

Une application trop grande et des veilles prolongées causèrent à Paquelin une surdité qui le contraignit de renoncer à sa chaire. Il n'en resta pas moins attache à son Crdre et demanda à faire ses derniers vœux, ce qui lui fut promis. Le P. Michaelis, provincial et recteur du collège de Lyon, à qui l'ordre du général était adressé, en remit l'exécution à une époque indéterminée. Ce délai toucha sensiblement le jeune jésuite qui redoubla ses instances pour être admis au quatrième vou. Le P. Michaelis, feignant de céder à ses prières, le chargea de porter à Rome une lettre pour le général, « afin, lui dit-il, que vous sachiez que je ne mets aucun obstacle à vos désirs. »

Chemin faisant, Pasquelin soupçonne que la lettre du Provincial ne lui est pas favorable. Il arrive à Chambéry, brise le sceau et lit, en effet, « que le P. Michaelis, mécontent de Pasquelin, n'était point d'avis de l'admettre à la profession du quatrième væu. »

Celui-ci, justement irrité, résolut de quitter la Compagnic. En 1613, il se retira dans sa ville natale auprès de son oncle, Hugues Guyard, qui le reçut dans sa maison et lui fit obtenir la prébende théologale, alors vacante, de l'insigne collégiale de Beaune. Cette charge entraînait pour le titulaire l'obligation de faire chaque semaine trois leçons de catéchisme et de prêcher tous les dimanches et jours de fètes solennelles. Pasquelin, que ses études théologiques avaient admirablement préparé à ses nouvelles fonctions, s'en acquitta à la satisfaction générale. Il déploya dans la chaire chrétienne les ressources de cette éloquence naturelle dont on retrouve la trace dans ses écrits. Ses sermons n'ont pas été publiés.

Comprenant l'importance et la difficulté de l'enseigne

« PoprzedniaDalej »