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il me salua par ces étonnantes paroles qui amenèrent dans mes yeux les larmes que je voulais retenir : « Moriturus te « salutat, puis il ajouta, en me serrant la main Mes « souvenirs à nos confrères de l'archéologie. » Vous le voyez, Messieurs, vous avez été présents à sa pensée jusqu'à sa dernière heure. Elle approchait cette dernière heure, sans rien ôter au malade de son calme et de sa sérénité. J'étais encore là le 28 mai au matin. Je reçus la dernière étreinte de sa main qu'il me donna plus affectueuse que jamais, en me disant, d'une voix toujours ferme, mais profondément triste « Hier c'était au revoir, aujourd'hui c'est adieu.»

Ce sont les dernières paroles que j'ai recueillies de sa bouche; le soir même, à 6 heures, entouré de tous les siens, il s'éteignait doucement, sans souffrances, et rendait son âme à Dieu.

Ce sont là, Messieurs, des sentiments bien intimes; j'ai hésité un instant à les évoquer devant vous. Notre président si simple et si modeste, qui, par un acte de dernière volonté formellement exprimé, a voulu qu'aucun discours ne fût prononcé sur sa tombe, n'aimait ni le bruit ni la publicité; mais vous avez pensé, comme moi,que les vertus du foyer ne sont pas moins utiles à donner en exemple que les succès de la vie publique.

Que les enfants et petits-enfants de notre très regretté confrère, que celle, qui pendant 48 ans, fut sa compagne et son soutien, me pardonnent d'avoir soulevé le voile qui cachait à vos yeux ce sanctuaire intime qu'on appelle le foyer domestique, pour vous y laisser contempler la belle figure de leur père, de leur aïeul, de son époux, couronnée par la triple auréole de la vertu, du travail et du succès. L. DE MONTILLE.

PRÉCIS HISTORIQUE

SUR LES

LEGOUX DE LA BERCHÈRE

ET EN PARTICULIER SUR

PIERRE LEGOUX, COMTE DE LAROCHEPOT

CHAPITRE PREMIER

GÉNÉALOGIE DES LEGOUX DE LA BERCHÈRE

Il y a deux familles bourguignonnes du nom de Legoux; mais l'orthographe est différente Legouz, Legoux, Legouz de Gerland, Legouz de Saint-Seine, Legoux de la Berchère.

Les premiers portaient de gueules, à la croix endanchée d'or, cantonnée de quatre fers de lance;

Et, les Legoux de la Berchère d'argent, à une tête de More, tortillée d'argent, accompagnée de trois molettes, de gueules (1).

Sans rechercher si ces deux familles n'auraient pas eu la même origine, nous ne nous occuperons que de la famille des Legoux de la Berchère, à laquelle appartenait Pierre Legoux, seigneur de Larochepot.

Notre intention n'est pas même de faire la généalogie

(1) La Noblesse aux Etats.

de chacune des branches de la famille des Legoux de la Berchère. Elles sont nombreuses. Et les archives de Corabœuf donnent là-dessus des détails qui ne peuvent trouver place dans ce précis; abrégeons donc, en suivant l'abbé Bredeault (1) qui nous a paru plus sûr et plus complet que Courtépée (2).

A ce que rapporte Bredeault sur la famille des Legoux de la Berchère, nous y joindrons ce qu'en dit Georges Vignier, prêtre de l'Oratoire, dans son oraison funèbre de J.-B. Legoux de la Berchère, imprimée à Dijon, chez la veuve Claude Guyot, imprimeur du Roy, MDCXXXII.

Les Legoux de la Berchère sont originaires de Nuits et ont eu pour tige:

Michel Legoux, lieutenant au bailliage de Nuits, en 1432. Il eut de Jeannette Joly trois fils :

Pierre Legoux,

Michel Legoux,

Jean Legoux.

Pierre fut premier conseiller et chambellan de Philippele-Bon, duc de Bourgogne. Il succéda au chancelier Rolin.

Michel devint procureur fiscal du duc Philippe aux bailliages de Nuits et de Beaune. Il fut envoyé aux États de Bourgogne par sa ville natale, en 1463.

Jean Legoux, troisième fils de Michel Legoux et frère du chancelier Pierre Legoux, de l'autorité de ce dernier, acquit, en 1463, la terre de la Berchère, près de Nuits (3),

(1) Supplement à l'Histoire de Beaune, par Gandelot.

(2) Courlépée, t. 2, passim.

(3) Le château de la Berchère, situé à 2 kilomètres de Nuits, appar tient maintenant à M. de Poligny. Il fut, en 1870, le théâtre d'un combat très meurtrier entre français et prussiens.

fut annobli le duc Charles le Téméraire et confirmé par par Louis XI et Charles VIII.

Jean Legoux de la Berchère épousa Claire Paisseau dont il eut quatre enfants :

1° Humbert Legoux, conseiller au parlement de Dijon, chanoine de Beaune, chantre à Vergy, doyen de Beaune et de Châlon, en 1505, prévot de Soussey, chanoine d'Autun curé de Saint-Seine, etc.,

2° Aglantine Legoux, qui épousa Jacques Macheco, aussi du Nuiton,

3° Gillette Legoux, épouse de Floceau Richard,

4° Humbert Legoux, conseiller au parlement de Bour

gogne.

Ce dernier, Humbert Legoux, continua la tige des Legoux de la Berchère qui s'est éteinte au XVIII° siècle.

Alliance des Legoux de la Berchère. - Paisseau, Alixant, Thésut, Ocquidem, Sayve, Brulart, Moreau, Bataille, Fyot, Estaing, Le Coq, Pelledé, Lefesvre d'Eaubonne, Voisin.

Fiefs. Marquisat de Dinteville et de Santenay, qui fut érigé en marquisat, en 1644, pour M. Legoux, maître des requêtes; comté de la Rochepot, baronnie de ToisyCypierre et de Meursault; seigneuries de Corboin, Curley, Charrey-Conduit, Boncourt, Flagey, Vosne, Censerey, partie d'Agencourt, Corsaint. Entrée aux États de Bourgogne en 1557 (1).

(1) La Noblesse aux Etats.

CHAPITRE II

JEAN-BAPTISTE LEGOUX DE LA BERCHÈRE
Premier président du Parlement de Bourgogne

Dame Bénigne Ocquidem, épouse de messire Humbert Legoux, mourut peu après son mari. Son fils Jean-Baptiste, orphelin en bas-àge, fut recueilli par son aïeule, la conseillère Ocquidem, qui lui servit de mère. Mais la mort vint bientôt la surpendre elle-même. Sentant sa fin prochaine, elle confia l'enfant, objet de son affection et de ses sollicitudes, à un serviteur de la maison, dont l'intelligence, mais surtout la fidélité et le dévouement lui étaient connues. Ce nouvel Éliézer devint ainsi le tuteur de son maître et l'administrateur de ses grands biens. Le nom de ce serviteur aurait été digne de passer à la postėrité (1).

Messieurs de Thésut de Châlon, ses grands oncles maternels par Anne de Thésut, prirent soin de le faire élever dans les sciences. Il fit, avec de grands succès, ses études à Paris, sous des maîtres renommés: Gallandius, Tourneboeuf, Autat et Marcile. Ce dernier était alors. célèbre par le cours d'éloquence qu'il professa, d'abord au collège de Grassins et ensuite au Plessis (2).

Ayant terminé sa philosophie, J.-B. Legoux étudia le droit sous Cujas, l'original et fameux Cujas, dont la renommée était telle, que les professeurs allemands, lorsqu'il le citaient en chaire, mettaient la main au bonnet, comme

(1) M. S. S. de Troyes.-M. SS. de Dijon. -Vignier.
(2) Vignier, Oraison funèbre.

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