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manda pendant le siège de ce côté-là de la Meuse. Il y avoit dans Mastricht pour Gouverneur le sieur Farjot que les Hollandois y avoient mis. Il étoit de Valenciennes, fils d'un brasseur de bierre, bon offi cier d'infanterie. Il étoit major de cette place, lorsque M. le maréchal de Turenne et de Laferté l'assiégèrent avant la paix des Pyrennées. Ce dernier, (lorsque le grand Condé qui étoit pour lors avec les Espagnols força les lignes du côté de M. de Laferté qui y fut fait prisonnier et que le siège fut levé, ne pouvoit s'accorder, (disent ceux de ce temps-lȧ) ne pouvoit s'accorder avec M. de Turenne qui, prévoyant ce qui arriveroit, avoit voulu lui envoyer quatre régimens de son armée qu'il refusa, et qui auroit pu empêcher qu'il ne fût pris prisonnier, ce malheur lui arriva par sa faute.

Mais pour revenir au sieur Farjot qui avoit donné à ce siège des preuves d'un officier vaillant et entendu à la défense d'une place, c'est ce qui fit que les Hollandois jetèrent les yeux sur lui pour défendre Mastricht avec une garnison de 8,000 hommes. Cette place est grande. Tous les bastions, demi-lunes, contre escarpes, fausses brayes, chemins couverts, et tenailles sont en fortbon état. On fut huit jours sans ouvrir la tranchée et l'on employa ce tems à faire deux ponts, l'un au bas et l'autre au-dessus de la ville, pour avoir communication avec Monsieur qui travailloit comme nous à ses lignes de contrevallation.

M. de Turenne qui étoit parti en même tems que le Roi pour aller faire tête aux Allemands, afin que

Affaire entre les

of Somardie,

nous puissions faire ce siège à notre aise. M. de Luxembourg étoit chargé d'occuper M. le prince d'Orange, et ne laissa pas de relever un peu son parti, en reprenant plusieurs petites places. On coupa la tête au gouverneur de Nardenne pour sa mauvaise défense. Le comte de Lamotte, mon parent et mon voisin, qui étoit colonel du petit régiment de Navaille, eut un grand démêlé avec ce lâche gouverneur; et le Roi, ayant su qu'il auroit. arrêté ce gouverneur s'il avoit été aidé, et qu'il auroit continué à défendre la place, lui donna pour son petit régiment, celui de la Vieille-Marine, qui est un vieux corps.

Voilà où l'on en étoit de tout côté lorsqu'on ouvrit Martires de M. la tranchée et distribua des logemens. La cavalerie qui étoit dans la place ne se tenoit pas en repos : M. le comte de Somardie qui la commandoit, sortit un jour sur le régiment royal et le maltraita si fort qu'il en emportoit les étendards dans la place; mais malheureusement pour lui nos deux compagnies de mousquetaires du Roi se trouvant à cheval pour changer de quartiers, nous courûmes nous mettre entre Mastricht et M. de Somardie. Il y eut là un combat fort vif: il fallut non seulement relâcher les étendards, mais laisser bien des morts. Nous y perdimes de notre côté M. d'Espagnol,maréchal des logis, et 20 mousquetaires du Roi, tant tués que blessés des deux compagnies. C'est ce mème Somardie qui m'avoit manqué l'année dernière du côté de Wick. Comme ce comte avoit la terre de Chatillon en Nivernois qu'il avoit eue en

mariage de M1 de St-André Montbrun où il avoit demeuré quelque tems, il vouloit faire parler de lui, lorsque dans la sortie qu'il fit l'année dernière sur ma garde et qu'il me manqua d'un coup de carabine, disant qu'il venoit faire un coup de pistolet que je ne lui aurois pas refusé. Cette manoeuvre ne lui fit pas plus d'honneur que l'autre. Il arriva encore d'autres petites affaires qui regardent ceux qui écriront l'histoire. Il y eut deux attaques, celle de la droite commandée par un lieutenantgénéral, et celle de la gauche commandée par un maréchal de camp. La première s'ouvrit par des chemins creux, et la seconde du côté du bas de la Meuse.

Les premiers jours de tranchées ne coûtèrent pas beaucoup; M. de Vauban, en ce siège comme en quantité d'autres, a sauvé bien du monde par son savoir faire. Du tems passé, c'étoit une boucherie que les tranchées, c'étoit ainsi qu'on parloit; maintenant, il les fait d'une manière qu'on y est en sùreté comme si l'on étoit chez soi. On ne les savoit pas faire de manière à n'être pas enfilés, et on avoit ignoré,jusqu'à M. de Vauban, ces places d'armes si propres à repousser les sorties. Enfin ce merveilleux ingénieur a si fort perfectionné son métier qu'il est devenu maréchal de France.

Le Roi, à ce siège, étoit toujours à cheval, ordonnant tout et faisant tout exécuter. Notre artillerie étoit servie sous les ordres de M. Dumay. Il y avoit entre autres une batterie que l'on nommoit la batterie du Montal qui ne fut pas une des

moindres pour l'effet. Celle de la place fut aussi très bien servie. Il falloit qu'ils eussent aussi de très bons pointeurs, car nous ayant obligés à faire des épaulemens, ils étoient si adroits qu'ils faisoient faire le bond à leurs boulets, lesquels, par ce moyen, passoient par-dessus les épaulemens, faisant un très grand fracas, en sorte qu'il ne demeura pas un seul cheval dans ma brigade et quoique je fusse campé à la queue comme les officiers, je ne fus pas exempt de ce malheur, puisque je perdis presque tous mes chevaux. Le Roi en étoit si près, qu'un jour étant de garde, le tambour s'étoit entortillé dans les replis de la grande salle pour dormir. Je vis venir un boulet qui rouloit comme ces boules qui n'ont quasi plus de force, cependant nous allâmes voir s'il n'étoit pas blessé, nous trouvâmes que son sommeil seroit éternel et qu'il ne se réveilleroit plus. Il y eut plusieurs petites sorties repoussées avec des pertes de part et d'autre peu considérables, sans y avoir perdu aucun officier de distinction. C'est là toute l'histoire du commencement de ce siège.

Je viens aux derniers jours de ce siège; ce fut la veille de la Saint-Jean. M. de Vauban ayant assuré le Roi qu'on étoit à portée d'attaquer la demi-lune avec la contre escarpe de l'attaque de la droite, le Roi voulut faire l'honneur à M. le duc de Montmoult que cette attaque se fit de jour, mais comme ce jeune prince ne s'étoit jamais trouvé à pareille fête, le Roi nous fit monter la garde avec son régiment qu'il aimoit presqu'autant que ses mousquetaires.

Il étoit commandé par le comte de Momberon, fort bon officier d'infanterie, Brigadier de jour; nous avions encore le régiment de la couronne, mais tout rouloit sur M. d'Artagnan, notre commandant si connu et si estimé de tout le monde.

A l'attaque de la gauche, étoit M. de Montal, maréchal de camp. Il avoit ordre seulement de faire une fausse attaque pour favoriser la nôtre. Tout étant donc disposé, on n'attendoit plus que le signal qui devoit être donné à dix heures par trois coups de canon de la batterie de Montal, aussitôt on en vint aux mains avec les ennemis qui firent une très belle défense. Nous ne laissâmes pas que d'emporter cette demi-lune et la contre escarpe, et de nous y loger; mais cela nous coûta bien du monde. M. de Maupertuis, notre cornette, eut la main percée, et 25 mousquetaires y furent tués ou blessés. Cinq capitaines de régiment du Roi y furent tués sans ceux du régiment de la couronne, et il y en eut un grand nombre de blessés.

Je fus assez heureux pour n'être pas blessé, non plus que M. d'Artagnan, quoique nous ne nous fussions pas épargnés, dont le Roi fut fort content.

Sitôt que nos logements furent en état et qu'il fut jour, comme cet aimable prin ce qui témoigna beaucoup de valeur pendant toutes ces attaques, commandoit aussi à la gauche comme général de jour, M. d'Artagnan dit à ce prince: « Monsieur, <«< il faut envoyer un officier à l'attaque de M. de << Montal, savoir en quelle état elle est. » (J'ai dit ci-dessus que M. de Montal avoit eu ordre de ne

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