NOUVELLES RECHERCHES SUR LA MORT DE CONRADIN ET SUR SON VÉRITABLE HÉRITIER. Sans tomber dans un scepticisme exagéré, l'historien, qui se propose avant tout la recherche du vrai, doit,'quand il le peut, s'attacher à rectifier les idées fausses et les préventions qu'il rencontre sur sa route. Or, ce sont les événements ou les personnages le plus connus qui sont généralement le plus mal connus. Par la raison qu'il se fait beaucoup de bruit autour d'un nom historique, il est souvent difficile de se reconnaître dans ce retentissement d'opinions discordantes; plus un événement se présente à nos yeux avec un brillant éclat, plus la vérité a de peine à faire triompher sa lumière modeste. Telle est, par exemple, la catastrophe qui termina la vie du dernier héritier de la maison de Staufen. Peu d'événements ont agi plus puissamment que celui-là sur l'imagination des hommes. C'est aussi la cause des traditions contestables, des inventions romanesques qui accompagnent d'ordinaire le récit de la mort de Conradin; et pourtant ici la vérité est par elle-même assez dramatique. Il n'est point dans notre sujet d'exposer les diverses phases de la lutte engagée entre les papes et les princes de la maison de Staufen, lutte longue et terrible qui se termina par la chute et l'anéantissement de cette puissante famille. Le Saint-Siége voulait alors émanciper l'Italie et refouler les Allemands au-delà des Alpes. La réunion de l'Empire et du royaume de Naples dans les mains de Henri VI, de Frédéric II, lui paraissait et était, en effet, dangereuse pour la liberté de l'Église et pour la souveraineté temporelle de la Papauté. Après un siècle de combats, l'Italie du Nord, grâce à la persévérance de la ligue lombarde, était enfin délivrée. L'Empire affaibli et divisé n'avait plus de chef. Manfred, le fils chéri de Frédéric II, avait perdu, sur le champ de bataille de Bénévent, la royauté de Naples avec la vie, et Charles d'Anjou, le protégé, le vassall de l'Église, avait pris possession de ces belles contrées. Partout le succès. couronnait la politique pontificale, quand un jeune homme, presqu'un enfant, se présenta pour revendiquer à la fois T'Empire et l'Italie. Par là tout était remis en question, et la querelle qui semblait vidée se rallumait de nouveau. Conradin, fils de Conrad IV et petit-fils de l'empereur Frédéric II, avait alors |