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qui ont enfin établi le vrai système du monde sur des bases inébranlables. Ainsi les Grecs avaient fait de très-mauvais raisonnements, très-peu d'observations, encore moins de découvertes. Le peu de notions qu'ils avaient sur le cours des astres jusqu'au temps des Lagides et de l'école d'Alexandrie, ils le devaient aux Egyptiens et aux Chaldéens qui leur avait appris à dresser des tables qui fixaient le temps des solennités publiques et ceux des travaux de la campagne; mais ces tables n'étaient pas plus parfaites que celles d'après lesquelles les Egyptiens avaient établi leur année vague, et d'ailleurs elles ne convenaient pas en tout au climat de la Grèce. La grande difficulté, le principal problème qu'ils avaient à résoudre, c'était de ramener les fêtes à la même saison, au terme prescrit par les oracles et par les lois. Il fallait donc déterminer la durée de l'année tant solaire que lunaire, et les accorder entre elles de manière que les nouvelles lunes qui réglaient leurs solennités tombassent vers les points cardinaux où commencent les saisons. Après plusieurs essais infructueux, ce ne fut que l'an 432 avant Jésus-Christ qu'ils obtinrent le résultat que nous allons rapporter.

<< La première année de la 87° olympiade, dix mois environ avant le commencement de la guerre du Péloponèse, Méton, de concert avec Euctémon, ayant observé le solstice d'été, produisit une période de 19 années solaires qui renfermaient 235 lunaisons, et cette période ramenait le soleil et la lunc à peu près au même point du ciel. »

Les Athéniens firent graver les points des équinoxes et des solstices sur les murs du Pnix, et décidèrent que cette découverte serait inscrite sur les monuments publics en lettres d'or. De là le nom de nombre d'or donné à tous ceux dont se compose le cycle de Méton. La plupart des autres peuples de la Grèce ne furent pas moins empressés à profiter de ces calculs. Ils servirent à dresser les tables qu'on suspendait dans les villes et qui pendant l'espace de 19 ans représentaient en quelque sorte l'état du ciel et l'histoire de l'année. Chez les Romains l'année, d'abord de 304 jours sous Numa, puis de 355, prcduisait de grandes irrégularités dans les cérémonies religieuses et civiles; portée ensuite à 366 jours, excédant l'année vraie d'environ trois quarts de jour, elle était encore irrégulière. Cette irrégularité fut en partie corrigée sous Jules César qui donna son nom à l'année Julienne. Enfin une seconde rectification opérée en 1582, sous le pontificat de Grégoire XIII, établit le calendrier tel qu'il est actuellement en usage chez la plupart des peuples de l'Europe.

La contemplation assidue du ciel faite, comme nous l'avons dit, par quelques peuples anciens, tels que les Egyptiens, les Chaldéens et les Chinois, les avait naturellement portés à opérer, autant qu'il était possible, le dénombrement des étoiles qui décorent la voûte céleste, comme on disait alors. Ils avaient remarqué que ces étoiles, d'un éclat inégal, ne sont pas situées à une distance semblable les unes à l'égard des autres et qu'elles paraissent en quelque sorte former des groupes. Afin de mieux distinguer ces groupes et de faciliter le dénombrement dont ils s'occupaient, ils donnèrent à chacun le nom d'un animal ou autre

objet bien connu, et nommèrent tous ces groupes constellations. Ils observèrent aussi que le soleil, dans sa marche annuelle, ne s'éloigne jamais de certains groupes, lesquels sans jamais approcher de ces points, de ces étoiles qui par leur immobilité vers le nord semblent être un des axes du monde, entourent le ciel et en enveloppent au contraire, comme une ceinture, la grande circonférence. Ils appelèrent ces constellations, au nombre de douze, les signes du Zodiaque, dont chacune paraissait être une station ou maison du soleil, qui pourtant ne s'y arrêtait nullement. Voici les noms qu'ils donnèrent à ces douze constellations et qui leur ont été conservés : Le Bélier, le Taureau, les Gémeaux, l'Écrevisse, le Lion, la Vierge, la Balance, le Scorpion le Sagittaire, le Capricorne, le Verseau, les Poissons.

Le dénombrement ou catalogue général des étoiles varia à différentes époques, mais dans les temps anciens il n'en comprit jamais trois mille. On ne se doutait pas alors que par la suite il en serait découvert un nombre infini à l'aide d'instruments qui donneraient à la vue de l'homme une prodigieuse puis

sance.

C'est seulement à dater de l'époque d'Alexandre le Grand que les Grecs ont produit d'habiles astronomes dont les observations et les calculs ont fait avancer cette science. Pythéas de Marseille donna exactement la longueur méridienne du solstice d'été dans cette ville, ce qui constata la diminution de l'obliquité de l'écliptique.

Dans la ville d'Alexandrie, après la mort de son illustre fondateur et la division de son empire, l'astronomie prit une forme nouvelle et plus scientifique par les soins de Ptolémée Soter qui avait obtenu l'Egypte en partage. Les savants qu'il avait attirés dans cette capitale disposaient d'une riche bibliothèque et d'instruments plus exacts que ceux qu'avaient possédés les anciens philosophes grecs. Aristille et Timocharès préparèrent par leurs observations la découverte de la précession des équinoxes qui fut faite par Hipparque. Après eux Aristarque de Samos reculait déjà les bornes si étroites dans lesquelles on resserrait jusque-là l'univers. Toutefois il concluait de ses calculs que le soleil n'est éloigné de la terre que dix-neuf fois plus que la lune. Mais il fut le premier, peut-être, qui reporta les étoiles bien au-delà de la sphère du soleil. Eratosthènes à la même époque faisait de grands efforts pour mesurer la terre. On dit que pour y parvenir il fit usage de l'observation des longueurs méridiennes du gnomon aux solstices dans les villes de Sienne et d'Alexandrie. Mais il est probable qu'il eut aussi recours à des mesures de notre globe tentées précédemment. Le plus célèbre de tous ces astronomes, le plus grand que l'antiquité ait produit, fut à juste titre Hipparque qui, secondé par les savants ses contemporains et ses émules, n'appuya ses calculs que sur de nouvelles observations, ne jugeant pas assez exactes celles des Egyptiens et des Chaldéens. Cependant on a recounu depuis qu'il y avait encore quelques erreurs dans les déterminations qu'il donna des mouvements apparents du soleil et de la lune, notamment en supposant

circulaire l'orbe solaire, tandis qu'il est réellement elliptique. « Hipparque déter mina la durée de l'année tropique. Cette durée lui parut un peu moindre que l'année de 365 jours adoptée jusqu'alors, et il trouva qu'à la fin de trois siècles il fallait retrancher un jour. Il reconnut que les deux intervalles d'un équinoxe à l'autre étaient inégaux entre eux et inégalement partagés par les solstices, de manière qu'il s'écoulait 94 jours de l'équinoxe du printemps au solstice d'été, et 92 jours de ce solstice à l'équinoxe d'automne. Il détermina les durées des révolutions de la lune relativement aux étoiles, au soleil, à ses nœuds et à son apogée. Il trouva qu'en 5158 mois la lune revenait 5923 fois au même nœud de son orbite. Ce résultat, fruit d'un travail immense, est peut-être le monument le plus précieux de l'ancienne astronomie par son exactitude et parce qu'il représente, à cette époque, la durée sans cesse variable de ces révolutions. La constance de l'inclinaison de l'orbe lunaire au plan de l'écliptique, malgré les variations que ce plan éprouve par rapport aux étoiles, est un résultat de la pesanteur universelle, que les observations d'Hipparque confirment.» (DE LA PLACE, Exposition du système du monde.)

C'est par suite des travaux qu'il entreprit pour former un catalogue des étoiles alors visibles, qu'il découvrit la précession des équinoxes et qu'il perfectionna beaucoup la trigonométrie sphérique. Presque tous les écrits dans lesquels ces importants travaux étaient consignés, ont été malheureusement perdus, et les résultats qu'ils constataient ne nous sont connus que par le fameux astronome Ptolémée qui les a recueillis dans son Almageste. Il s'était écoulé un intervalle de trois siècles entre Hipparque et Ptolémée, intervalle pendant lequel Jules César fit venir d'Alexandrie l'astronome Sosygène pour la réforme du calendrier dont nous avons parlé. C'est aussi à cette époque que Possidonius reconnut les lois du flux et du reflux de la mer, mais sa véritable cause, l'attraction combinée du soleil et de la lune, n'a été connue et constatée qu'après la découverte du principe de la pesanteur universelle des corps.

Pour clore ce résumé succinct de l'astronomie ancienne, il ne nous reste plus qu'à présenter les principaux résultats des grands travaux auxquels Ptolémée se livrait à Alexandrie vers l'an 130 de notre ère.

Ptolémée s'occupa beaucoup des mouvements de la lune. Avant Hipparque, on ne les avait guère considérés que relativement aux éclipses; mais il avait déjà remarqué que les anciennes observations ne représentaient pas ces mouvements dans les quadratures et offraient à cet égard de grandes anomalies. Ptolémée, les suivant avec soin, en détermina la loi et en fixa la valeur avec précision; mais il recourut pour les expliquer à un épicycle supposé sur lequel il dirigeait le cours de la lune, et il s'éloignait en cela de la réalité.

L'opinion générale de toute l'antiquité attribuait au mouvement exactement circulaire une perfection imaginaire, et on croyait qu'il avait présidé aux lois de la nature dans la marche des corps célestes. Cette opinion avait induit en erreur les astronomes qui avaient précédé Ptolémée; elle le trompa aussi lui-même. Il

l'adopta, lorsque, voulant embrasser les mouvements du soleil et de tous les astres qui rentrent dans sa sphère, il imagina le système qui porte son nom.

Il laissa, comme on l'avait fait avant lui, la Terre immobile au centre du système. Les planètes inférieures, la Lune, Mercure et Vénus tournaient autour d'elle dans un épicycle. Le Soleil, qui entraînait autour de lui Mars, Jupiter et Saturne, circulait autour de la Terre suivi de son cortége, mais à une plus grande distance.

Malgré la fausseté de cette explication, Ptolémée a rendu d'éminents services à l'astronomie par ses propres travaux et par le soin qu'il a eu de rapporter dans ses ouvrages les résultats qu'avaient obtenus ses prédécesseurs, notamment les observations et les découvertes de Hipparque.

Comme on le voit, la grande erreur, la principale méprise des anciens astronomes, c'est d'avoir toujours cru, d'après une illusion et des apparences fort naturelles, que la terre était immobile et le centre du monde, autour de laquelle tournaient, dans l'espace d'un jour et d'une nuit, le soleil, la lune, les planètes, les étoiles et tout le ciel enfin. La vanité de l'homme s'accommodait de cette idée. Il était persuadé que la lumière, la chaleur du soleil et l'éclat de tous les autres astres n'existaient que pour son bien-être et son agrément. Il se posait ainsi en véritable roi de l'univers.

Si les peuples avaient connu alors le rang si inférieur, l'extrême petitesse de la terre qu'ils habitent parmi les astres innombrables qui sont répandus dans l'espace infini, ils auraient été forcés de renoncer à ces idées de suprématie et de se contenter d'un rôle plus modeste.

On ignorait aussi les immenses distances qui séparent du globe de la terre les étoiles les plus brillantes qui en sont le moins éloignées. Si l'on avait su seulement qu'il y a des millions de lieues entre le soleil et ce petit globe, ils auraient sans doute reconnu l'absurdité de faire tourner tous les astres et l'immensité des cieux autour d'un point qui du soleil serait à peine visible pour des yeux humains. Mais cette terre qui nous porte, dont nous avons tant de peine à parcourir une faible partie, nous paraît si grande et les astres si petits à raison de leur éloignement et des effets de la perspective, que la vérité a été bien des siècles à se faire jour et à se montrer aux yeux des hommes. Quelques philosophes de l'antiquité l'avaient soupçonnée; ils avaient même osé l'annoncer; mais ils n'en pouvaient donner les preuves; et comme cette idée était contraire à l'opinion générale, ils étaient regardés comme des rêveurs dont à cet égard les imaginations fantastiques ne méritaient aucun crédit.

Cette erreur fondamentale persista pendant bien longtemps à régner sur la terre, car on vient de voir que Ptolémée l'avait adoptée comme la base de son système.

Il faut encore traverser le long espace de seize cents ans et arriver jusqu'à Copernic pour voir se lever enfin sur l'horizon de la science la lumière qui devait nous éclairer.

Ce célèbre astronome né à Thorn, ville de Pologne, en 1473 de notre ère, eut la gloire d'exposer le premier le vrai système des mouvements planétaires en plaçant le soleil au centre de tous ces mouvements. Mais comme il ne pouvait pas en fournir toutes les preuves mathématiques et physiques, l'Europe était encore indécise; elle hésitait entre l'ancien système et le nouveau.

Galilée qui venait de faire d'importantes decouvertes (1) au moyen du télescope, cet instrument merveilleux récemment inventé, était convaincu de la vérité des idées de Copernic et il s'efforçait, malgré tous les obstacles, de les propager en Italie. On sait qu'il en fut en quelque sorte le martyr.

Un système mixte fut proposé par un astronome suédois, Tycho-Brahé, que de nombreuses observations avaient rendu célèbre. Suivant lui toutes les planètes tournaient autour du Soleil, hormis la Terre qui, accompagnée de la Lune, demeurait immobile au centre du système et entraînait le Soleil et toutes les planètes autour d'elle. Mais cette conception singulière ne pouvait tromper longtemps l'esprit humain; toutes les sciences faisaient alors des progrès rapides, et la réalité des idées de Copernic allait enfin paraître dans tout son éclat.

L'illustre Képler venait de préparer les voies dans lesquelles allait entrer le grand Newton, en démontrant les rapports constants qui existent entre les aires des orbites planétaires et les temps employés à les parcourir.

En effet cette vérité, ce fait comparé avec la loi qui préside à la chute des corps sur la terre et qui venait d'être connue, indiquait la cause réelle de tous les mouvements célestes. Le génie de Newton la saisit; non seulement il en proclama le principe, l'attraction universelle, mais il en donna les preuves mathématiques. Dès lors toute hésitation ne fut plus permise, et l'astronomie fut assise sur ses véritables fondements.

Si les savants des temps modernes sont enfin parvenus à ce grand résultat, il peuvent en être fiers sans doute autant qu'ils en sont satisfaits; mais ils ne doivent pas mépriser le génie de l'antiquité parce qu'il a adopté des erreurs en astronomie comme dans la plupart des autres sciences. Ils ont été puissamment, admirablement secondés dans l'étude des astres par deux instruments dont l'un était totalement inconnu des anciens, les lunettes télescopiques, et l'autre se trouvait d'un usage aussi long que pénible et imparfait. Nous voulons parler des signes et des méthodes du calcul. Quand on compare les chiffres, les signes des nombres employés par les Romains à ceux dont nous faisons usage, à notre calcul décimal; quand on songe à l'immense progrès des mathématiques, de l'algèbre en particulier, à son application à la géométrie que l'on doit au génie de Descartes ; à l'invention si commode des logarithmes, etc., on ne peut s'empêcher de convenir que, si nous étions restés dépourvus de ces nouveaux moyens d'investigation, de vérification, de ces secours si précieux, l'astronomie serait encore dans l'enfance.

(1) Entre autres, de l'anneau de Saturne, de quelques-uns de ses satellites et de ceux de Jupiter.

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