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sαít: AU CERF-VOLANT; l'hôtellerie se plaçait sous l'invocation du signe de la croix, en peinturant un cygne près d'une crois. Ces rébus, il faut en convenir, étaient bien moins compliqués que nos modernes rébus illustrés, et n'avaient point la prétention de mettre à la torture l'imagination des devineurs: mais il faut pardonner à nos ancêtres cette naïve simplicité; ils n'étaient pas encore arrivés à ce degré de civilisation, où l'on croit que le sublime de l'art consiste à rester incompris.

Chacun des règnes du xvi et du xv siècle nous a légué quelque chef-d'œuvre d'architecture civile. François Ier nous a donné Chambord et l'Hôtel-de-Ville de Paris; Henri II a fait commencer l'ancien Louvre, et Charles IX, les Tuileries; Henri III nous a donné l'hôtel Carnavalet, et Henri IV, les bâtiments de la place royale. Louis XIII, ou plutôt le cardinal de Richelieu, nous a laissé le Palais-Royal, et le génie du siècle de Louis XIV s'est révélé dans la colonnade du Louvre et le château de Versailles. La transformation des mœurs et des relations sociales introduisit, dès-lors, de nombreuses améliorations dans l'architecture domestique; les demeures des grandes familles perdirent entièrement leurs souvenirs féodaux; des escaliers à rampe droite remplacèrent les escaliers à vis; l'intérieur des maisons fut plus confortablement distribué, et les croisées en boiserie remplacèrent les méneaux de pierre. Cette architecture resta sans doute inférieure à la Renaissance, sous le rapport de l'art, mais elle la dépassa de beaucoup, en ce qui coneerne la commodité des intérieurs, l'agrément des distributions et l'unité de style. Ainsi il est vrai de dire, Messieurs, que chacun des siècles de notre histoire peut revendiquer la palme de la supériorité, dans l'un des genres nombreux de l'architecture. Aux x1o et xe siècles, ce fut le triomphe des forteresses et des châteaux forts; le x et le xive restent sans rivaux pour les monuments religieux; les xv et xvie siècles dominent à leur tour par leurs hôtels-de-ville et leurs châteaux de plaisance; les XVIe et XVIIIe siècles réclament la suprématie pour leurs hôtels princiers et leurs palais royaux. Nous voudrions, Messieurs, achever cette énumération et vous dire quel est le triomphe architectural du XIXe siècle : mais, hélas! au lieu d'abbayes, nous construisons des prisons cellulaires; au lieu de palais, nous élevons des embarcadères; au lieu de splendides hôtels de ville, nous maçonnons des manufactures; au lieu de châteaux, nous bâtissons des halles et des égouts. Nous ne voulons pas sans doute anathématiser cette architecture utilitaire: mais ce qu'il nous est permis de flétrir, au nom de l'art, c'est l'absence de respect pour les chefs-d'œuvre du passé. Voyez ce qui se passe autour de nous, malgré l'énergique protestation des archéologues et des artistes et le bon vouloir du Gouvernement; nos cathédrales, nous les engluons d'un badigeon beurre frais; nos églises mutilées par la Révolution, nous les laissons aux compagnies de roulage; nos monastères, nous en faisons des filatures; nos châteaux, nous les convertissons en fabriques de sucre; nos vieux hôtels, nous les livrons à la sape des ponts et chaussées; nos beffrois, nous les démolissons pour paver les carrefours. Et quand, par hasard, une ville est assez heureuse pour posséder tout à la fois une cathédrale qui

date de Philippe-Auguste, comme Notre-Dame de Paris, un bijou de sculpture, comme la Sainte-Chapelle, et un Palais, où chaque siècle, pour ainsi dire, a écrit sa page historique, comme le palais de Justice, au lieu de donner à ces noblés monuments de l'air et de l'espace, en élargissant généreusement leur pourtour, nous nous empressons de bâtir à leurs flancs, ou surfeurs côtés, d'ignobles casernes en planches..... et puis, nous proclamons, en toute humilité, que nous sommes le peuple le plus artistique de l'univers ! L'abbé J. CORBLET, Membre de la 4a classe.

VISITE A OXFORD.

J'étais dernièrement en Angleterre. J'avais admiré les antiques et magnifiques cathédrales de Winchester et de Salisbury; j'avais traversé, par le plus beau temps du monde, les contrées où la végétation de la Grande-Bretagne se déploie avec le plus de luxe, le comté de Sommerset, le comté de Wilts et celui de Bath, et j'avais habité un de ces immenses châteaux qui confondent en France toutes nos idées, par leur aspect imposant, la richesse de leur ameublement, l'étendue de leurs dépendances, le parc de celui-ci, par exemple, ayant six lieues de tour et contenant des troupeaux de daims et de cerfs devenus presque animaux domestiques; j'avais parcouru les rues de Londres et observé avec étonnement la régularité, la propreté, les gigantesques dimensions des maisons et des palais qui les bordent, ainsi que le mouvement, la préoccupation, l'animation de la foule qui les peuple. La providence avait en outre voulu, qu'outre le spectacle de la nature, du commerce et des affaires usuelles, je fusse encore mêlé à des événements presque politiques, témoin et en partie acteur-dans les dernières journées et dans les funérailles du roi Louis-Philippe, où tant de personnages et tant d'opinions se trouvèrent rapprochés. Et pourtant mon voyage, où d'autres incidents moins notables, bien qu'assez curieux, survinrent encore, n'aurait point été complet, n'aurait point répondu à mes espérances, si je n'avais visité Oxford. Le temps commençait à me manquer et je craignais presque; mais j'ai sabré les autres projets et je me suis jeté dans un wagon sur le chemin de fer qui part de Paddington. Trois heures après, j'étais à l'entrée d'Oxford, ayant parcouru 53 milles ou, comme nous dirions, 80 kilomètres environ.

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Oxford n'est pas seulement une ville superbe, et comme Balbi l'a écrit, une des plus belles de l'Europe; Oxford n'est pas seulement la plus célèbre Université d'Angleterre, malgré les prétentions de Cambridge, sa rivale. Elle est en outre et surtout la principale cause et le premier moteur de la révolution religieuse qui s'opère maintenant en Angleterre, véritable réaction contre celle dont, il y a trois siècles, Henri VIII fut l'auteur. C'est à Oxford que le docteur Pusey se mit, ces années dernières, en professant l'hébreu, au collège de Christ-Church, c'est-àdire de l'Eglise du Christ, à étudier les monuments des premiers siècles du Christianisme, puis à écrire e à précher en faveur des anciennes institutions, au point

que l'Église anglicane, celle qui est soutenue par le Gouvernement et qu'en conséquence on appelle l'Église établie, s'est divisée en deux partis, qu'on désigne maintenant par haute Église et basse Église. C'est d'Oxford qu'est parti le mouvement qui a ramené à l'Église romaine, depuis quelques années, 134 membres des deux Universités, sans comptér la foule des personnages qui ont suivi ces illustres chefs.

Telles étaient les pensées qui m'occupaient quand je suis entré dans Oxford. D'ailleurs elles occupent tellement toute la ville et toute la contrée, que le collége de Christ Church étant le premier qui se présente du côté où l'on arrive par le chemin de fer, j'y étais à peine entré que la personne qui m'accompagnait me montra, comme plus notable curiosité, la porte du logement occupé par le docteur Pusey.

Malheureusement il était absent, mais pour dédommagement M. Church, qui j'étais adressé, était la veille revenu de vacances, et je lui ai dû de voir en quelques heures les plus curieuses et les plus intéressantes parties de la ville.

Ce qui frappe le plus, néanmoins, c'est l'aspect général de cette cité, qui ne ressemble, pour ainsi dire, en rien à celles que nous habitons, à celles que nous rencontrons ordinairement dans nos voyages.

Ailleurs, c'est le mouvement des affaires, les soins matériels, les produits de l'industrie, les agitations politiques, les allées et venues des étrangers, les spectacles et les fêtes; c'est toute la vie extérieure qui se manifeste. Ici, tout au contraire, c'est la vie de l'âme, c'est la manifestation de l'esprit qui se montre partout. Une seule chose semble occuper les habitants d'Oxford, l'Université. La ville est comme un grand collége. Ses vingt mille habitants semblent un assemblage d'étudiants, qui n'ont d'autre souci que de donner aux professeurs le calme, l'aisance, les matériaux nécessaires pour préparer et pour développer leur enseignement.

Ces longues et larges rues, où des femmes et des enfants circulent avec les docteurs et les étudiants proprement dits, sont aussi paisibles, aussi silencieuses que l'amphithéâtre du professeur de notre Sorbonne le plus suivi, le mieux écouté. C'est grave, c'est austère même, si vous voulez; mais c'est solennel et touchant. On éprouve, malgré soi, une sorte de respect pour cet asile de l'étude; on sent presque cette inspiration qui anime les savants, les poètes et les hommes. de génie.

Une des preuves les plus saillantes de l'impression produite par ces imposantes institutions, c'est la constance avec laquelle ont été conservées les traditions pour les choses mêmes les plus indifférentes. Il existe une histoire de l'Uniniversité d'Oxford, en deux volumes in-folio, imprimée en 1674; voilà tout-àl'heure deux cents ans. M. Church m'a donné, comme'souvenir, un exemplaire du grand tableau, fort bien gravé, qui contient l'Almanach d'Oxford pour 1850, l'année où nous sommes. Eh bien l'ordre établi pour le classement des colléges est le même dans les deux ouvrages. Je pense que, ne fût-ce qu'à cause du rapprochement, cette liste ne déplaira pas.

Tel est l'ordre ancien et nouveau: L'Université, Baliol, Merton, Exeter, Oriel, La Reine, Le nouveau Collège, Lincoln, Toutes les Ames, La Madeleine, Le Nez d'Airain, Le Corps du Christ, L'Église du Christ, La Trinité, S. Jean, Jésus, Wadham, Penbroke. Ce qui fait dix-huit, auxquels l'Almanach ajoute Worcester, fondé depuis l'impression du premier ouvrage.

Or, qu'on se figure ces nobles et pompeux édifices, placés çà et là dans l'enceinte d'une ville où la place n'a pas été ménagée; qu'on y joigne le Théâtre Sheldonien, destiné aux grandes cérémonies universitaires; qu'on se représente les bibliothèques publiques, celle surtout où sont déposés les célèbres marbres d'Arundel, si précieux aux chronologistes; qu'on parcoure l'Observatoire et ses dépendances; qu'on visite les Églises qui n'appartiennent pas aux colléges, en se souvenant qu'il n'en est pas un où l'on ne trouve une chapelle, souvent une chapelle gothique de la plus grande magnificence; qu'on aille jeter un coup d'œil sur ces jardins, où les professeurs et les fellows des colléges se promènent eux et leurs familles; qu'on se promène aussi dans ces avenues, dans ces prairies où la rivière Isis circule avant que d'aller, en se réunissant avec le Thames, former la Tamise, et on ne sera p ́s étonné que les anciens d'abord aient donné à la contrée et à la ville le nom de Beau-Site.

Bellositam te rite vocant, Oxonia, patres;

Namque situ bellum quid magis orbe, tuo?

On le sera moins encore d'entendre les voyageurs et les géographes exprimer maintenant leur admira'ion et se plaire à rechercher les antiquités de cette intéressante cité.

Suivant l'historien dont nous avons parlé, elle fut fondée, plus de mille ans avant Jésus-Christ, par Mempricius, roi de la Grande-Bretagne. Elle fut surtout ornée et agrandie par le roi Alfred, grand protecteur de l'empire et des sciences, le Christianisme montrant ainsi sa sympathie pour tout ce qui fait la grandeur et la gloire des Etats. C'est cet illustre monarque qui construisit les trois édifices destinés aux écoles de grammaire, des arts et de théologie. La grande charte des priviléges de l'Université fut promulguée en 1523 par Henri VIII, avant qu'il fit schisme avec l'Église de Rome et lorsqu'il écrivais contre Luther un livre, qu'il adressa lui-même au Pape et qui lui mérita le titre de Défenseur de la Foi, titre si singulièrement conservé par ses successeurs.

L'Université d'Oxford s'est ainsi développée, comptant d'abord le nombre de ses écoles, puis multipliant les lectures ou leçons ou cours publics, enfin organisant des coiléges où les divers professeurs se concertaient pour compléter l'enseignement et pour soutenir avec leurs rivaux des autres établissements une concurrence utile aux progrès. Elle en est maintenant arrivée à enseigner publiquement la théologie dogmatique et morale, l'exégétique, le droit des gens, le droit civil, l'économie politique, la philosophie naturelle, la philosophie morale, la logique, la géométrie, l'astronomie, la musique, la médecine théorique et la cli

nique, la chimie, l'hébreu, le grec, l'arabe, le sanserit, l'anglo-saxon, la poésie, l'histoire ecclésiastique, l'histoire ancienne et l'histoire moderne.

Le nombre des étudiants dépasse cinq mille, et il est facile de voir que, comme presque tous sont, par la nature des cours, déjà sortis des écoles ordinaires et livrés à l'enseignement supérieur, Oxford est en état de rivaliser, même par le nombre, avec les plus célèbres Universités d'Allemagne, et, j'oserai presque le dire, avee Paris.

Au reste, pour choisir un exemple, Oxford peut montrer son Observatoire, que Balbi dit un des plus beaux de l'Europe, pour prouver qu'aucune rivalité ne saurait lui faire peur. M. Johnson, qui en est maintenant le directeur, en a fait un véritable chef-d'œuvre. C'est une miniature auprès de celui de Paris; mais les instruments sont construits, les détails de l'emplacement sont ménagés, la perfection du travail est établie de manière à rendre possibles et même faciles toutes les observations qui se font ailleurs à grands frais de temps et de déplacement. Assis sur une chaise longue, faisant mouvoir une manivelle, qu'un enfant tournerait sans peine, il dispose comme il l'entend de toute la partie supérieure de l'édifice; il force à se présenter devant lui, dès qu'ils sont sur l'horizon, tous les astres du firmament. Les étoiles étincellent en plein midi, et les planètes, les comètes mêmes lui laissent observer leurs cours, leurs éclipses, leurs irrégularités, s'il leur arrive de s'en permettre.

En revenant de cette excursion astronomique, vous arrivez sur une grande place, où une colonne, presque une chapelle gothique, nouvellement érigée, attire vos regards, et vous vous retrouvez sur le terrain des opinions et des par is religieux. Ce mouvement a été élevé récemment en l'honneur des Membres de l'Université d'Oxford, qui ont été, depuis Henri VIII, victimes des persécutions gouvernementales. J'ai demandé si c'étaient les Puséystes qui avaient eu cette pensée, et il m'a été répondu qu'au contraire c'étaient leurs adversaires en théologie, les sectateurs de la basse Église, qui se sont ainsi déclarés pour le parti de l'opposition contre le Gouvernement. Ainsi l'Église établie a contre elle, et les Puséystes qui montrent que sa doctrine est contraire à celle des Apôtres, et les partisans de cette doctrine, qui prouvent qu'elle a employé de mauvais moyens pour la propager.

Comme les discussions religieuses et politiques nous sont interdites, je me bornerai à ce simple exposé des faits, et je laisserai aux illustres professeurs d'Oxford, Newman, Oakelcy et autres, expliquer les raisons qui les ont rattachés à l'Eglise romaine.

J'ai voulu seulement vous raconter mon excursion, vous peindre les impressions produites en moi par le spectacle d'une ville étrangère aux événements politiques et dévouée comme autrefois aux sciences, aux lettres, aux études sérieuses.

Je serai heureux si ma narration vous a intéressés et si vous partagez ma reconnaissance pour les habiles et obligeants membres de cette célèbre Université qui m'ont mis à portée de vous en parler.

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