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SECTION SIXIÈME.

ANALYSE DE LA CIVILISATION.

ONZIÈME NOTICE.

CARACTÈRES DE BASE ET DE LIEN.

CHAPITRE XLI.

Caractères successifs des quatre phases.

Les sociétés ont, comme le corps humain, leurs quatre âges différenciés par des caractères qui se succèdent on ne peut pas juger des progrès ou décadences, tant qu'on n'a pas assigné trèsdistinctement les caractères qui doivent signaler une société. Nos naturalistes sont si scrupuleux sur cette distinction, quand il s'agit de classer d'inutiles végétaux, pourquoi les politiques ne suivent-ils pas cette méthode, en assignant à leur civilisation chérie des caractères adaptés à chacune des quatres phases? C'est le seul moyen de reconnaître si elle avance ou rétrograde.

CARACTÈRES SUCCESSIFS DE LA CIVILISATION.

ENFANCE, OU 1re PHASE.

Vibration ascendante.

Germe simple,

Mariage exclusif ou monogamie.

» composé,

PIVOT,
Contre-poids,

Ton,

Germe simple,

» composé,

PIVOT,

Contre-poids,

Féodalité patriarcale ou nobillaire.

Droits civils de l'épouse.
Grands vassaux fédérés.

Illusions chevaleresques.

ADOLESCENCE, OU 2o PHASE.

Privilèges communaux.
Culture des sciences et arts.

Affranchissement des industrieux.

système représentatif.

Ton,

Illusions en liberté.

apogée, ou PLÉNITUDE.

Germes, Art nautique, chimie experimentale.

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Transitions {Terenures, 1, 312 garanties, ch. 50.

en 6 période

irrégulières, les 32 issues, App. à ch. 52. (Nota.) On ne mentionne pas ici les caractères permanents qui règnent dans tout le cours des 4 phases, mais seulement ceux qui constituent telle ou telle phase, et ses mixtes avec telle autre. Par exemple, la civilisation d'Athènes était une 2e phase incomplète, altérée, en ce qu'elle manquait du caractère pivotal, liberté des industrieux. C'était une 2e phase bâtarde et faussée, ayant en pivot un caractère de barbarie. Quand on connaîtra ce grimoire des caractères sociaux, dont je vais décrire huit ordres, il sera aisé de dissiper les illusions en progrès social.

La civilisation actuelle de France et d'Angleterre est une 3o phase déclinante. Il y a longtemps qu'elle a fait éclore les carac tères de 3o phase; elle tend fortement à la 4a, dont elle a les deux germes; mais elle ignore l'opération à faire sur ces germes pour entrer en 4 phase, qui serait un progrès très-petit, le moindre possible; tandis que l'état actuel est une stagnation pénible où le génie est comme emprisonné, fatigué de sa stérilité, s'agitant vainement pour produire quelque idée neuve. C'est un état qui use le corps social par une station trop longue en 3 phase. (Voyez ch. 48, les caractères qui signalent cette lassitude.)

A défaut de génie inventif, l'instinct fiscal ne tarderait guères à découvrir les moyens d'organiser la 4e phase, qui est un progrès, mais non pas en bien. On n'entrerait dans la voie du bien

qu'en organisant l'ambigu de civilisation et garantisme (Voyez chap. 47 et 48). C'est la manœuvre qu'on devait opposer au libéralisme, esprit stationnaire qui ne sait point avancer, et qui se passionne pour un caractère de la 2o phase, pour le système représentatif; gimblette bonne dans une petite république, telle que Sparte ou Athènes, mais tout-à-fait illusoire dans un empire vaste et opulent, comme la France.

J'ai observé (36 et 43,) que les anti-libéraux, classe non moins abusée que les libéraux, commettent une maladresse choquante en essayant de lutter contre les chimères libérales, par une rétrogradation en 1e phase. C'est un moyen d'autant plus vicieux, que l'accroissement des dettes publiques nous entraîne irrésistiblement vers la 4" phase ou caducité.

Un examen détaillé du tableau des caractères permanents désignés dans ce chapitre, suffirait déjà à dissiper nos illusions de vol sublime, et prouver que notre vol, en échelle sociale, est celui de l'écrevisse; car tendre à la 4e phase de civilisation, à la caducité d'une période essentiellement vicieuse, c'est un progrès si l'on veut, mais un progrès en déclin, un progrès comparable à celui d'une femme dont les cheveux blanchiraient à 60 ans; si elle disait que sa chevelure se perfectionne, qu'elle va égaler la blancheur de l'albâtre ; si elle s'écriait : « quel vol sublime de ma chevelure » vers la perfectibilité perfectibilisante! » Chacun sourirait de pitié le corps ne se perfectionne pas quand il vieillit.

Telle est l'illusion de progrès dont s'énorgueillit notre vieille civilisation, courant à la caducité. Les sociétés, comme les individus, courent à leur perte, quand elles s'endettent et se livrent à l'usurier. C'est le fait de notre siècle; il ne va que d'emprunts en emprunts.

« Le vase est imbibé, l'étoffe a pris son pli. » C'est un pli bien pris que celui des emprunts fiscaux; chaque ministère nouveau fera un nouvel emprunt; car il faut, dit le proverbe, manger quand on est au ratelier. Quelque parti qui vienne à dominer, la finance qui tient les rênes du char, ne rétrogradera pas vers la route de l'économie. Quel sera donc le dénouement de cet ulcère fiscal, de ce chancre de dettes et d'emprunts qui ne font que croître et embellir dans tous les empires? Ce dénouement sera expliqué au chap. qui traite de la 4 phase de civilisation, phase ou la force des choses nous entraine, sans que nos guides, les économistes, voient l'abîme où court le monde social.

On peut les comparer au mauvais cavalier de qui les rieurs disent: Ce n'est pas lui qui mène son cheval, c'est son cheval qui le mène. Tels sont nos génies politiques : ce n'est pas eux qui mènent le gouvernement civilisé, c'est lui qui les mène, eux à qui il eût été si facile de nous diriger vers les routes du progrès réel, s'ils eussent voulu sortir de l'ornière, sortir des préjugés de morcellement agricole et d'anarchie commerciale, ou concurrence individuelle de fourberie.

CHAPITRE XLII.

Caractères permanents de la période.

C'est un sujet bien étendu et qui exigerait au moins douze grands chapitres, car j'ai recueilli une liste de 444 (douze douzaines) de ces caractères parmanents qui règnent dans le cours des 4 phases: si je les classe en une douzaine de genres, par 40, 42, 15 de chaque genre, ce ne sera pas trop de douze chapitres bien amples pour les décrire: qu'on juge par là de l'étendue qu'il faudrait donner à une analyse complète de la civilisation. Il est des caractères dont la définition emploierait un grand chapi tre; tels sont ceux définis page 34, la contrariété des deux intérêts collectif et individuel, et l'échelle simple en répartition de la fortune.

Le sens commun a suffi de tous temps pour faire entrevoir quelques-uns de ces caractères parmanents, tels que celui-ci : Ligue des gros voleurs pour faire prendre les petits. On aurait dû s'occuper à réunir, en tableau de genres et d'ordres, une centaine de ces caractères; c'eût été un commencement d'analyse de la civilisation (branche des caractères parmanents). Au lieu de se livrer à cette analyse, on plaisanté sur leurs résultats vraiment ridicules; mais la plaisanterie empêchait-t-elle de procéder à un recueil classé?

D'autres fois on s'est livré à de graves déclamations contre les caractères les plus vicieux, tels que celui-ci, vertu ridiculisée, honnie, persécutée. Sans doute ce résultat mérite d'exciter l'indignation; mais puisque la civilisation présente une affluence de ces résultats déplorables ou ridicules, classez-les en bon ordre, afin qu'on puisse voir d'un coup-dœil l'essence et les fruits de cette abominable société.

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Divers écrivains ont cru ces caractères peu dignes d'attention, parce qu'ils sont inséparables de l'état civilisé; c'était un motif de plus pour en former un tableau intitulé classe des PERMANENTS, qui forment un ordre différent des sUCCESSIFS, exposés au chap. 41. Par exemple, l'enchainement de l'opinion est un caractère bien permanent, même sous le règne des philosophes qui ne veulent pas que le peuple connaisse et réclame ses droits primordiaux, entre autres celui de minimum proportionnel; cette garantie n'étant pas admissible hors du régime d'attraction industrielle.

Quoiqu'on ait sans cesse déclamé contre nos vices, il en est beaucoup qui ne sont pas aperçus, et qui sont privilégiés, consacrés sous prétexte de liberté; telle est la tyrannie de la propriété individuelle contre la masse. Un propriétaire se permet cent dispositions vexatoires pour la masse, même des constructions malsaines, resserrées, qui font périr les enfants; tout cela est sanctionné comme liberté, parce que la civilisation n'ayant pas connaissance des garanties sociales, admet pour justes, quantité de licences individuelles des plus abusives: ces sortes de caractères ne sont pas aperçus.

D'autres sont négligés et non signalés, parce qu'ils se lient et forment une chaîne; tel est celui de déni indirect de justice au pauvre. On ne lui refuse pas DIRECTEMENT justice; il est bien libre de plaider; mais il n'a pas de quoi subvenir aux frais de procédure; ou s'il entame les réclamations les plus justes, il est bientôt exténué par le riche spoliateur qui le traîne en appel et réappel; il ne peut pas suffire à de tels frais, il est forcé de céder. On donne un défenseur gratuit à un parricide, on en devrait aussi au pauvre qui veut réclamer; mais il y aurait, dit-on, trop de procès. La civilisation n'est meublée que de pauvres dépouillés injustement, puis de chicaneurs qui, sous prétexte d'indigence, voudraient plaider aux frais de l'état; ce serait tomber d'un mal dans un pire, tomber du déni indirect de justice dans le cercle vicieux. Il est vrai, tout le mécanisme civilisé n'est que cercle vicieux; et, par suite, le CERCLE VICIEUX est un des caractères essentiels de cette société, de même que le déni indirect de justice: on ne les a pas signalés comme tels, parce qu'ils sont liés et naissent l'un de l'autre ; c'était un motif de plus pour les placer au rang de caractères permanents.

C'est ainsi que sur des raisons plus ou moins frivoles, on a né-

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