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que le monde civilisé, barbare et sauvage, est royaume de Satan et Moloch.

Certes Jésus ne veut pas régner sur les mondes qui sont l'image de l'enfer; mais il nous reconnaîtra pour dignes de son sceptre lorsque, dociles à sa voix, nous aurons cherché et trouvé ce royaume de justice dont il nous annonce allégoriquement les délices dans un parallèle dont Jean-Baptiste est l'objet : « je » vous dis en vérité que parmi ceux qui sont nés des femmes, il » n'y en a point eu de plus grand que Jean-Baptiste; mais celui » qui est le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand » que lui » (S. Luc, ch. VII); et de même, le plus pauvre dans le royaume de justice et d'harmonie qui va être fondé, surpassera en bonheur le plus riche d'entre les civilisés. (Voyez les tableaux du chap. XXXIX.)

Terminons cette glose en disant avec Jésus-Christ, aux nations civilisées « ne voyez-vous pas que vous êtes dans l'erreur, >> parce que vous ne comprenez ni les Ecritures, ni la puissance » de Dieu?» (S. MARC, ch. XII.) de Dieu dont les volontés vous sont interprétées par l'attraction; aussi Jésus nous dit-il : « Si » quelqu'un parle contre le Fils de l'homme, son péché lui sera >> remis; mais si quelqu'un blasphême contre le St-Esprit, il ne » lui sera point remis (S. Luc, ch. XII.), ni dans ce siècle, n » dans le siècle à venir. » (S. MATTH. ch. XII.)

Pourquoi cette indulgence accordée aux blasphêmes contre le Père et le Fils, tandis que l'offense faite au Saint-Esprit ne tronvera aucune grace? c'est que le Paraclet, l'Esprit Saint qui procède du Père et du Fils, étant l'organe de l'un et de l'autre, (d'après l'unité des trois personnes), c'est les outrager toutes trois que de méconnaître leur organe, le S.-Esprit, en résistant à son impulsion collective; elle nous est communiquée par l'attraction dont il faut déterminer les développements collectifs, la tendance collective au mécanisme des séries passionnées et de l'unité universelle. (Soit dit pour réponse aux calomniateurs qui prétendent que j'admets pour bonnes les attractions individuelles déployées en civilisation, et toujours malfaisantes hors des séries passionnées.)

C'est pour nous exciter à cette étude de l'attraction que J. C. pardonne les outrages dont il est l'objet, mais non pas l'outrage fait au S. Esprit qui, par entremise de l'attraction, est révélateur permanent des décrets de la Sainte Trinité sur l'harmonie socié

taire. Celui qui offense le Père ou le Fils par des blasphêmes, ne nuit qu'à lui-même et ne mérite que le dédain, peut-être l'indulgence; mais un philosophe qui outrage l'Esprit Saint en s'opposant au calcul de l'attraction, nuit à l'humanité entière; car il lui cache sa destinée, il l'éloigne du bonheur; il ne doit trouver grâce, ni en ce monde, ni en l'autre.

C'est assez prouver que l'Ecriture, dans certains passages mystérieux, avait besoin d'un interprète guidé par des connaissances nouvelles. Il reste à parler de notre incapacité à mettre en usage les bons préceptes dont elle est parsemée : ce sera le sujet du 2e article.

DEUXIÈME POINT.

IMPÉRITIE EN APPLICATION DES PRÉCEPTES de l'Écriture.

Je n'en examinerai que deux: un contre la confiance aveugle aux sophistes, et un contre l'indifférence en matièrè de religion, l'apathie fardée de piété.

1° LA CONFIANCE AVEUGLE AUX SOPHISTES.

« Gardez-vous des faux prophètes qui viennent à vous couverts >> de peaux de brebis, et qui au dedans sont des loups ravissants. » Vous les reconnaitrez à leurs fruits peut-on cueillir des >> raisins sur des épines, ou des figues sur des ronces? » (S. MATTH. ch. VII.)

Voilà en peu de lignes la boussole des bonnes études; si on l'eût suivie on aurait depuis long-temps échappé à la civilisation. Pour nous abuser, la philosophie s'empare de ce précepte, et l'applique à contre-sens. Le prince des sophistes modernes, DesCARTES, s'affubla de cette peau de brebis; il affecta de prêcher le doute subordonné à l'expérience; il parut se défier des lumières de la raison humaine. C'était une ruse pour se mettre en scène, car il ne voulut point soumettre au doute expérimental cet arbre de mensonge qu'on nomme CIVILISATION, qui ne produit au peuple que des épines et des ronces, et au monde social que l'injustice et la fourberie. Malgré ces caractères odieux, il opina à nous engouffrer dans la civilisation, au lieu d'en chercher l'issue.

Si l'on eût voulu, selon l'Evangile, juger l'arbre par son fruit, aurait-on pu hésiter un instant à condamner la civilisation, et proposer la recherche du royaume de justice promis dans l'Ecri

ture? Mais on ne comprenait pas le sens de l'Evangile tel que je viens de l'interpréter; de là vient que les hommes pieux sont restés PASSIFS devant le règne du mal. Cela ne suffisait poin'; il eût fallu prendre le rôle ACTIF, chercher en mécanique sociale ce royaume de justice dont J. C. nous promet si expressément la découverte. C'est peu d'une piété stérile qui se borne à déclamer contre les égarements de la raison humaine ; il faut recourir franchement, activement à la raison divine, à l'étude des impulsions naturelles ou attractions et répulsions. La classe pieuse devait les étudier, par cela même que la philosophie les condamne.

L'Eglise n'avait-elle pas en surabondance des personnages très-doctes qui pouvaient remplir la tâche que la philosophie refusait ou n'osait tenter; tàche éludée astucieusement par les Voltaire et les Rousseau (355).

L'Eglise avait des hommes si capables, tels que les Bossuet, les Fénélon, et tant d'autres ! Ils n'ont excité aucune recherche sur l'attraction; ils n'ont proposé, ni concours, ni prix pour cette branche d'études. Jésus les a bien définis en ces mots : « Ils disent ce qu'il faut faire et ils ne le font pas.» (S. MATTH. ch. XXIII.) Pieux ou impies, tous commettent même profanation, usurpant de concert les droits du Créateur en législation. La seule différence entre eux est celle du rôle actif que prennent les sophistes Voltaire par ses railleries sur la foi, et Rousseau par ses préventions d'obscurantisme, nous conduisent au même écueil. Tous deux, en divers sens, nous enseignent l'insuffisance de la raison pour connaître Dieu et pénétrer ses décrets, chose la plus facile (on l'a pu voir ch. XL); J. C. même nous l'assure, en disant : « Il n'y a rien de caché qui ne puisse être découvert; » cherchez et vous trouverez. » Mais les faux prophètes revêtus de la peau de brebis, étouffent toute idée d'investigation. L'un (355) nous persuade qu'il a cherché quand il n'en est rien, l'autre détruit l'espérance et nous détourne des recherches. Déception d'une part, impéritie de l'autre ; tels sont les carctères de ceux qui dirigent la raison humaine.

Ce protée, qu'on appelle philosophie, vaincu sous une forme, en revêt un autre: aux chimères de liberté et d'égalité bien usées, on voit succéder un nouveau sophisme fardé des noms d'Associa tion, esprit d'association. L'on y découvre deux sectes différentes qui, l'une et l'autre, sont les loups ravissants couverts de peaux de brebis. D'une part est l'esprit d'industrialisme qui, sous

inasque d'association, tend à récréer l'esclavage dans les bagnes mercantiles, forme des coalitions de publicains pour brocanter le revenu des empires, pour dévorer l'avenir, etc. Cette secte n'a point d'esprit inventif; elle n'a pas su découvrir le moyen d'envahir le fonds, le territoire; de réduire la masse des nations en vassalité de quelques chefs mercantiles, et créer le monopole féodal qui constituerait l'entrée en 4 phase de civilisation. Alors la carrière du crime et de la fourberie serait exploitée bien plus grandement qu'en 3 phase, où nous sommes. Pourquoi a-t-on tardé à découvrir ce redoublement d'infamies sociales? C'est que le caractère distinctif des philosophes qui nous dirigent est la petitesse, même dans le crime.

L'autre secte, qui prétend fonder l'association, a pour agents de nouveaux philosophes appelés Owenistes, du nom de leur chef; gens qui forment, sous le nom d'association, des réunions anti-sociétai res, car ils repoussent les méthodes d'où naîtraient l'accord des passions et l'attraction industrielle, buts de l'état sociétaire.

Ces établissements ne remplissent aucune des conditions à imposer à tout fondateur sociétaire : la première est d'opérer par attraction, entraîner à l'imitation les sauvages, et surtout des propriétaires d'esclaves dont aucun n'a adhéré au régime Oweniste. Ce régime est donc un leurre de plus, comme toutes les conceptions philosophiques; d'ailleurs, que pouvait-on attendre d'une secte qui débutait par s'isoler de Dieu, lui refuser le culte public? Son chef, avec une grande ostentation de charité et de philantropie, a repoussé obstinément la précaution que dictait une charité réelle c'était de mettre au concours l'invention du procédé naturel en régime sociétaire,et prendre toutes les mesures qui pouvaient provoquer cette découverte ou les approximations.

Rob. Owen a évité soigneusement cette démarche, qui eût blessé son orgueil; il voulait être à la fois inventeur, fondateur et orateur de l'association; cumuler les 3 rôles qui exigent trois personnages différents; il voulait pour lui seul toute la gloriole (154). Il s'estemparé du mot association, sans s'inquiéter de la chose, ne songeant qu'à s'arroger l'honneur d'une découverte à faire; qu'à dé tourner de cette étude, en persuadant qu'il avait rempli la tâche à lui seul.

Abime tout plutôt, c'est l'esprit des Sophistes.

Cet orgueil démesuré aurait pu long-temps encore éloigner les

modernes de recherches sur l'association, si, par un heureux hasard, l'invention n'était survenue à l'époque même où Rob. Owen s'en attribue l'honneur, bien qu'il ne soit qu'un médiocre sophiste, un copiste de G. Penn, fondateur des Quakers; enfin un homme aussi incapable d'invention que dépourvu de philantropie réelle. On en jugera par une analyse succincte de ses méthodes que j'examinerai à la Postface.

Il recueillera de sa folle prétention, le même honneur que cet Erostrate qui détruisit le temple d'Ephèse pour se faire un nom dans l'histoire. Ainsi, Rob. Owen, pour se donner comme G. Penn le lustre de chef de secte, n'a travaillé qu'à leurrer les sociétés industrielles, qu'à faire manquer les recherches d'où dépend leur avènement au bonheur sociétaire. Heureusement il aura été déjoué à temps.

Le succès momentané de cette jonglerie doit rallier les hommes prudents à la boussole donnée par l'Evangile, au doute expérimental, guide le plus fidèle en études sur l'association, comme sur tout autre sujet. Il faut juger l'arbre à son fruit, et se défier des loups déguisés en brebis. Or, quels sont les fruits de cette nouvelle secte? A-t-elle entrainé les sauvages et les maîtres d'esclaves? Non. Si Rob. Owen, avec la faculté qu'il a de fonder de grands établissements, avait quelque notion du mécanisme sociétaire, il l'aurait, depuis vingt ans, répandu sur le globe entier par la scule influence du bénéfice et du plaisir ; il n'existerait plus ni sauvages, ni barbares, ni civilisés : il n'a au contraire abouti qu'à profaner le MOT, sans rien faire pour la chose; qu'à inspirer une telle défiance pour l'idée d'association, qu'il faut aujourd'hui exclure ce mot d'une théorie qui enseigne la chose, le procédé d'association naturelle.

Tel est notre 49e siècle, vantant ses progrès en raison, et ne sachant organiser que l'anarchie scientifique d'où il sortirait à l'instant, s'il voulait se rallier au précepte évangélique : suspecter les faux savants, et juger l'arbre à son fruit. Au lieu de cette prudence, il s'engage de chimère en chimère; il n'encourage que les inventions malfaisantes, les subtilités fiscales et les pièges d'agiotage. Entraînée par le torrent mercantile, notre philosophie ne s'aperçoit pas que le monde social court à la 4 phase de civilisation, plus scélérate encore que la 3o, où nous sommes. Les philosophes modernes, dit fort bien l'Evangile, sont les aveugles qui conduisent les aveugles.

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