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SECTION TROISIÈME.

ÉDUCATION HARMONIENNE.

CINQUIÈME NOTICE.

ÉDUCATION DE LA BASSE ENFANCE.

CHAPITRE XVII.

Contrariété de l'éducation civilisée avec la nature et le bon sens.

En passant des principes à l'application, je dois rappeler que la difficulté apparente en théorie sociétaire, c'est d'établir une répartition satisfaisante pour les trois facultés industrielles de chacun, CAPITAL, TRAVAIL et TALENT. L'ordre civilisé ne sait répartir équitablement que sur le capital, en raison des versements; c'est un problème d'arithmétique et non de génie; le nœud gordien du mécanisme sociétaire est l'art de satisfaire chacun sur le travail et le talent. C'est là l'obstacle qui a épouvanté tous les siècles et empêché les recherches.

Pour escobarder ce double problème de répartition, la secte Owen met en jeu la communauté des biens, l'abandon à la masse, de tout profit autre que celui du revenu des actions. C'est avouer qu'elle n'ose pas même envisager le problème d'association.

On ne peut atteindre à cette répartition équilibrée qu'en étendant aux trois sexes l'harmonie des passions. Les enfants considérés chez nous comme nuls en mécanique sociale, sont la cheville ouvrière de l'harmonie sociétaire et de l'Attraction indus

trielle; il faudra donc examiner d'abord les ressorts que l'attraction met en jeu chez le sexe neutre ou impubère, qui étant privé de deux passions, amour et paternité, n'a pas autant de ressources que l'âge pubère pour la formation des Séries passionnées. La méthode une fois étudiée sur les enfants, sera d'autant plus facile à appliquer aux deux autres sexes qui présentent plus de moyens, plus de passions. C'est donc par l'éducation qu'il faut commencer, d'autant mieux qu'elle sera la branche de mécanisme qu'on devra organiser la première, parce que les enfants n'étant que peu faussés par les préjugés et les défiances, seront plus dociles à l'attraction que les pères; ils s'y livreront en plein dès la première semaine, et manifesteront bien vite l'excellence du régime des Séries passionnées.

L'éducation sociétaire a pour but d'opérer le plein développement des facultés matérielles et intellectuelles, les appliquer toutes, même les plaisirs, à l'industrie productive.

L'éducation civilisée suit une marche opposée : elle comprime et dénature les facultés de l'enfant; le peu d'essor qu'elle leur laisse ne tend qu'à l'éloigner de l'industrie, la lui rendre odieuse, l'exciter à la destruction. Elle dirige donc le jeune âge à contresens de la nature; car le premier but de la nature ou attraction est le LUXE (47): il ne peut naître que de l'industrie, partout odieuse à l'enfant, quoique les produits industriels, gimblettes, panaches, friandises, aient un vif attrait pour lui. Il est donc en développement faussé, en guerre contre lui-même. Nos soi-disant observateurs de l'homme ne s'aperçoivent pas de ces contre-sens de mécanisme : analysons-les avec distinction de luxe interne et externe (47).

LUXE INTERNE, vigueur corporelle et raffinement des sens. L'éducation civilisée est contraire à la santé, elle affaiblit l'enfant en raison des frais d'éducation. Cent enfants de dix ans, pris au hasard dans la classe opulente qui leur donne des gardes et des médecins, et de bons comestibies, seront bien moins robustes que cent enfants de village à demi-nus, exposés aux intempéries, nourris de pain noir et dépourvus de médecins : ainsi l'éducation civilisée éloigne l'homme de la santé ou luxe interne, en raison des efforts qu'elle fait pour l'y conduire; elle l'éloigne aussi du raffinement des sens qui, grossiers naturellement chez l'enfant villageois, sont grossiers spéculativement chez l'enfant opulent. Les pères et précepteurs entravent chez lui les penchants à la pa

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EDUCATION HARMONIENNE.

rure et surtout au raffinement gastronomique, principal ressort de l'éducation naturelle ou harmonienne. D'autre part les civilisés, même au village, sont moins robustes que les sauvages qui n'ont aucun système d'éducation philosophique (Je parle des contrées où le voisinage des civilisés n'a pas abâtardi les hordes par les vexations, les liqueurs fortes, les maladies, etc.).

Cependant, parmi les civilisés, on voit souvent des exemples de longévité qui attestent que l'homme pourra fournir une trèslongue carrière, lorsqu'il sera secondé par l'éducation naturelle ' et l'industrie attrayante. Il atteindra communément au terme des ultra-centenaires, tels que la famille Rovin, en Hongrie, dont les moins robustes ont vécu 142 ans, et quelques-uns 470 ans, gévité qui s'est étendue aux femmes comme aux hommes.

lon

Récemment en France un chirurgien nommé TIMAN, à Vaudemont en Lorraine (octobre 4825), est mort à l'âge de 140 ans, avec des circonstances qui promettaient 480 ans. « La » veille de sa mort, disent les rapports, il avait fait avec beau» coup d'habileté et d'une main ferme, l'opération du cancer » à une femme âgée. Jamais il n'avait été saigné, ni purgé, » ni médicamenté, n'ayant jamais été malade, quoiqu'il n'ait » passé aucun jour de sa vie sans s'enivrer à souper, re» pas qu'il n'a jamais manqué de faire. » On voit que sa mort prématurée fut l'effet de quelque impression nuisible que lui causa l'opération de la veille. Tel est le genre de santé qu'on obtiendra communément de l'éducation sociétaire.

La nôtre, qui nous éloigne de la sante ou luxe interne, opère de même à contre-sens, quant au luxe externe ou richesse. Je viens de l'observer au sujet de la manie destructive des enfants et de leur aversion pour l'industrie utile. Mais, de toutes les preuves, la plus frappante est celle déjà donnée dans la préface, l'absorption des vocations. J'ai cité à ce sujet (39) le charretier devenu habile fondeur par effet du hasard, par initiation fortuite. Cet événement est la condamnation de tous les systèmes d'éducation civilisée; ils ne donnent aucun moyen de discerner et faire éclore dès le bas âge les vocations industrielles, au nombre de vingt et trente, et non pas une scule; au contraire, ils travestissent tous les caractères. Sénèque et Burrhus ont formé Néron qui eût été en harmonie un très-beau caractère; Condillac avec ses subtilités métaphysiques, ne sut produire qu'un imbécille; J.-J. Rousseau n'osa pas élever ses enfants; Diderot et tant d'autres n'ont pas

mieux brillé en ce genre. Au reste, la civilisation sent fort bien qu'elle est tout-à-fait hors de nature en éducation; c'est à peu près le seul point sur lequel elle soit assez modeste pour avouer qu'il lui reste beaucoup à inventer

Je supprime plusieurs pages de détails très-importants sur cette contrariété de l'éducation civilisée avec la NATURE. Il resterait à examiner sa contrariété avec le BON SENS, par confusion de méthodes et duplicité d'action. Indépendamment des variantes de système en institution publique, on entremet encore, soit dans le domestique, soit dans le monde, une douzaine de méthodes hétérogènes, donnant a l'enfant autant d'impulsions contradictoires, lesquelles, à l'âge de puberté, sont absorbées par une nouvelle éducation, dite l'esprit du monde; c'est encore un des chapitres à omettre pour abréger. J'ai décrit quatre de ces méthodes, (IV, 201); il en est un bien plus grand nombre : j'en compte jusqu'à seize, données par les pères, les précepteurs, les voisins, les parents, les camarades les valets, etc. Je me borne à en ci

ter une.

La MONDAINE, ou absorbante, qui broche sur toutes les autres : elle en élimine ou modifie tout ce qui n'est pas à sa convenance. Lorsque l'enfant, à seize ans, fait son entrée dans le monde, on lui enseigne à se moquer des dogmes qui intimident et contiennent le bas âge, à se conformer aux mœurs de la classe galante, se rire comme elle des doctrines morales, ennemies du plaisir; se rire bientôt après des principes de probité, lorsqu'il passera des amourettes aux affaires d'ambition. Quelle absurdité à nos sciences de façonner les enfants à un système d'opinions et de préceptes qui seront dédaignés et mème conspués dès l'entrée en àge pubère! car on ne verra pas un jeune homme de vingt ans qui, trouvant une heureuse occasion d'adultère, veuille, comme le chaste Joseph, résister à la belle Zaluca pour obéir à la morale et aux saines doctrines. Un tel jeune homme, s'il s'en trouvait un, serait la fable du public et des moralistes mêmes. Le monde agé se moquerait mieux encore d'un financier qui, malgré l'assurance d'impunité, ne grivellerait pas une obole. Il serait de toutes voix titré «d'imbécille, de visionnaire, qui ne sait pas que lorsqu'on » est au ratelier, c'est pour manger. » Dans quelle fausse position se placent nos sciences, avec ces doctrines de civilisation perfectible, qui ne sont parfaites qu'en impraticabilité ou en sottise telle est parmi les seize éducations divergentes, l'hérédi

taire, tendance du père à inoculer aux enfants tous ses défauts. Un procureur, un marchand, donnent pour modèle à leurs enfants le plus rusé; un père juif vante le plus rampant; un buveur admire celui qui boit bien dès le bas âge; un joueur les façonne à aimer le jeu; puis la morale nous conte que l'instituteur naturel est le père !

Passons à l'éducation naturelle ou harmonienne, bien exempte de ces contradictions. Je la diviserai en quatre phases et un prélude ou dégrossissement appliqué au bas âge.

Prélude, en åge brut, ou prime enfance,
11 Phase, Educat. antér. en basse enfance,

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0 à 2 ans.

2 à 4 1/2.

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Educat. citér. en moyenne enfance,
Educat. ultér. en haute enfance,
Educat. post. en mixte enfance,

4 1/2 à 9.

9 à 151/2.

15 1,2 à 20.

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CHAPITRE XVIII.

Éducation préparatoire, âge brut, on prime enfauce.

Rappelons ici le grand problème que doit résoudre l'éducation sociétaire, c'est d'employer les caractères de Néron, Tibère, Louis XI, aussi utilement que ceux de Titus, Marc-Aurèle, Henri IV.

Pour atteindre ce but, il faut, dès le berceau, développer franchement le naturel que l'éducation familiale tend à étouffer et travestir même chez l'enfant au berceau.

Le régime civilisé ne donne à cet âge que des soins purement matériels; il n'en est pas ainsi de l'éducation sociétaire qui, des l'âge de six mois, opère très-activement sur les facultés intellectuelles, comme sur les matérielles, faussées chez nous dès le plus bas âge.

La phalange d'essai opérant sur des enfants déjà viciés par l'éducation civilisée, ne pourra que difficilement essayer les dispositions d'harmonie sur les âges de neuf à vingt ans; mais on pourra opérer avec succès sur les âges de deux à neuf, et encore mieux sur l'âge brut, zéro à deux ans.

(Nota. Je renvoie plus loin divers principes qu'il faudrait poser ici sur l'unité et l'intégralité de l'éducation : cette didactique ennuierait le lecteur).

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