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L'ordre massif est le seul pratiqué dans les cultures grossières de civilisés; ils réunissent d'un côté toutes les céréales; d'autre part, chacun d'eux fait dans son jardin abus de la méthode engrenée, il accumule vingt espèces où il en faudrait à peine trois ou quatre.

Une phalange exploitant son canton en système combiné, commence par déterminer deux ou trois emplois convenables à chaque portion. L'on peut toujours faire avec succès des mélanges, hors le cas de vignoble très-précieux qui encore peut comporter fruits et légumes, en accessoires de la culture pivotale. Ces alliages ont pour but d'amener divers groupes, leur ménager des rencontres qui les intéressent aux travaux engrenés avec le leur, et laisser le moins que possible un groupe isolé dans ses fonctions.

A cet effet, chaque branche de culture cherche à pousser des divisions parmi les autres : le parterre et le potager qui chez nous sont confinés autour de l'habitation, jettent des rameaux dans tout le canton. Leur centre est bien au voisinage du phalanstère, mais ils poussent dans la campagne de fortes lignes, des masses détachées qui diminuent par degrés, s'engagent dans les champs et prairies dont le sol peut leur convenir et de même les vergers, quoique moins rapprochés du phalanstère, ont à sa proximité quelques postes de ralliement, quelques lignes ou blocs d'arbustes et espaliers, engagés dans le potager et le parterre.

Cet engrenage agréable sous le rapport du coup-d'œil, tient encore plus à l'utile, à l'amalgame des passions et des intrigues. On doit s'attacher surtout à ménager des mariages de groupes, des rencontres de ceux d'hommes avec ceux de femmes, par suite de l'engrenage des cultures; l'idée de mariage des groupes est plaisante et prête à l'équivoque, mais ce sont des rencontres industrieuses, fort décentes, et aussi utiles que nos réunions de salon et de café sont stériles; par exemple :

Si la Série des cerisistes est en nombreuse réunion à son grand verger, à un quart de lieue du phalanstère, il convient que, dans la séance de 4 à 6 heures du soir, elle voie se réunir avec elle et à son voisinage;

4° Une cohorte de la phalange voisine et des deux sexes, venue pour aider aux cerisistes;

2o Un groupe de dames fleuristes du canton, yenant cultiver une ligne de cent toises de Mauves et Dahlias qui forment perspec

tive pour la route voisine, et bordure en équerre pour un champ de légumes contigu au verger;

3o Un groupe de la série des légumistes, venu pour cultiver les légumes de ce champ;

4o Un groupe de la série des mille fleurs, venu pour la culture d'un autel de secte (1) placé entre le champ de légumes et le verger de cerisiers ;

5° Un groupe de jouvencelles fraisistes, arrivant à la fin de la séance, et sortant de cultiver une clairière garnie de fraisiers dans la forêt voisine.

A cinq heures trois quarts, des fourgons suspendus partis du phalanstère amènent le goûter pour tous ces groupes : il est servi dans le castel des cerisistes, de cinq heures trois quarts à six un quart, ensuite les groupes se dispersent après avoir formé des liens amicaux et négocié des réunions industrielles ou autres pour les jours suivants.

Plus d'un civilisé va dire qu'il ne voudrait envoyer ni sa femme, ni sa fille à ces réunions; c'est juger (69) des effets de l'état sociétaire, par les effets de civilisation; les pères seront les plus empressés de voir leurs femmes et filles dans les Séries industrielles, parce qu'ils sauront que rien de ce qui s'y passe ne peut rester inconnu. Or, les femmes sont bien circonspectes en lieu où elles sont certaines que toutes leurs actions seront connues de père, de mari, de rivales ; c'est ce qui n'a pas lieu dans une maison civilisée, où le père, s'il veut surveiller femmes et filles, est trompé par tout ce qui l'entoure.

Les mariages étant très-faciles en harmonie, même sans dot, les filles sont toujours placées de 16 à 20 ans. Jusque-là on peut leur laisser pleine liberté, parce qu'elles se surveillent entre elles, ainsi qu'on le verra aux chapitres spéciaux; or, il n'est

(1) Sur ces autels champêtres, on place au sommet d'un monticule de fleurs ou arbustes, les statues, les bustes des patrons de la secte, des individus qui ont excellé dans ses travaux et l'ont enrichie dé quelques méthodes utiles. Ce sont les demi-dieux mythologiques de la secte ou série industrielle. Un corybante ouvre la séance en brûlant l'encens au-devant du demi-dieu. L'industrie étant aux yeux des Harmoniens la plus haute fonction, l'on a soin d'y allier tous les mobiles d'enthousiasme, comme les honneurs mythologiques rendus aux hommes ou femmes qui ont servi l'humanité en perfectionnant l'industrie.

pas de garde plus sûre aupres d'une femme que l'œil de ses rivales.

Je renvoie au Traité III, 478 à 504, pour les détails relatifs à l'alliage des trois ordres agricoles; III, 486. On y trouvera des remarques utiles à un fondateur, sur les mariages de groupes, les affiliations des sexes dans une Série industrielle, et les moyens d'en tirer parti pour atteindre au but ultérieur, à l'accord de répartition, sans lequel tout le mécanisme sociétaire s'écroulerait le lendemain du jour où éclaterait la discorde en partage des dividendes.

L'amalgame judicieux des trois ordres de cultures est le moyen d'allier le bon et le beau. Ces ordres ne sont pas même connus des agronomes civilisés, qui n'en peuvent employer que les trois caricatures, savoir :

En ordre massif, les amas de forêts ou de champs : leurs guérêts sottement prônés par les poètes, offrent l'aspect le plus monotone; tandis que les forêts sont un chaos de masses informes, et peu productives faute de culture qui, en civilisation, ne s'étend pas aux forèts. Nous sommes encore sauvages sur ce point. C'est un caractère d'engrenage en période sauvage, comme le code militaire est engrenage en période barbare.

En ordre ambigu, il ne peut s'appliquer parmi nous qu'à des lieux de plaisance, comme les jardins royaux, les Tivoli et guinguettes; encore n'embrasse-t-il qu'un petit espace où il règne sans amalgame avec les deux autres ordres, et qui pis est sans production, sans alliage du bon et du beau : il n'est dès-lors qu'une caricature de sa destination.

En ordre engrené, on ne voit dans nos cultures que l'engrenage inverse, ou dissémination tendant à l'appauvrissement et l'enlaidissement. Trois cents familles villageoises cultivent trois cents carreaux de choux sur divers points dont à peine trente sont convenables à cette culture; et dans leurs trois cents jardins, on trouvera tout au plus dix chétives sortes de ce légume, tandis qu'une phalange en se bornant à trente choutières disséminées en terrains favorables, y cultivera avec succès cent variétés de choux. Nous sommes donc, sur l'emploi des ordres agricoles comme sur toute autre branche du système industriel, à l'opposé des vues de la nature.

Longueur de la place P, 200 toises. Longueur du front entier, 360 tois

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FAC-SIMILE DU PLAN DONNÉ PAR FOURIER

DANS LA 1 SDITION DU NOUVEAU MONDE.

Nor.. Les lettres de ce plan se rapportent à la description du texte, pag.

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