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même dans des ateliers infects, pour gagner sept sous de France dans un pays où la subsistance est plus coûteuse qu'en France. Combien la nature est sage en inspirant aux sauvages un profond dédain pour cette industrie civilisée, fatale à ceux qui l'exercent et profitable seulement aux oisifs et à quelques chefs! Si l'industrie n'était destinée qu'à produire ces scandaleux résultats, Dieu ne l'aurait pas créée, ou bien il n'aurait pas donné aux humains cette soif de richesses que l'industrie civilisée et barbare ne peut pas satisfaire, car elle plonge dans la misère toute la multitude industrieuse pour enrichir quelques favoris, qui encore se trouvent pauvres, à les en croire.

En réplique aux sophistes qui nous vantent ce chaos social comme une marche rapide vers la perfectibilité croissante, insistons sur les trois conditions primordiales de sagesse sociale, dont aucune ne peut être remplie dans le régime civilisé ;

ce sont :

Attraction industrielle,
Répartition proportionnelle,
Equilibre de population,
Economie de ressorts.

C'est un sujet fort neuf sur lequel il faut quelques redites pour dégager le lecteur de ses nombreux préjugés, et le rallier à des principes sûrs.

J'ai fait observer que si le peuple civilisé jouissait d'un minimum copieux, d'une garantie de nourriture et d'entretien décent, il s'adonnerait à l'oisiveté parce que l'industrie civilisée est trèsrépugnante; il faudra donc, en régime sociétaire, que le travail soit aussi attrayant que le sont aujourd'hui nos festins et nos spectacles; dans ce cas, le remboursement du minimum avancé sera garanti par l'attraction industrielle ou passion du peuple pour des travaux très-agréables et très-lucratifs : passion qui ne pourra se soutenir qu'autant qu'on aura une méthode de répartition équitable, allouant à chaque individu, homme, femme ou enfant, trois dividendes affectés à ses trois facultés industrielles, Capital, Travail et Talent, et pleinement satisfaisants pour lui.

Quel que fut ce bien-être, le peuple retomberait bientôt dans le dénûment, s'il multipliait sans borues, comme la populace de civilisation, les fourmilières d'Angleterre, France, Italie, Chine, Bengale, etc. Il faut donc découvrir un moyen de garantie contre l'accroissement indéfini de population. Nos sciences n'indiquent

aucun préservatif de ce fléau, contre lequel la théorie de l'attraction passionnée fournit quatre garantics, dont aucune ne peut être introduite en civilisation, cette société étant incompatible avec les garanties sociales, ainsi qu'on le verra aux sixième et septième ections.

Il est bien d'autres vices contre lesquels le régime sociétaire devra posséder des garanties efficaces; le vol suffirait à lui seul pour faire avorter toutes les tentatives d'association ces préservatif se trouvent dans le mécanisme des Séries passionnées, et la civilisation ne peut s'en approprier aucun : elle échoue dans toutes les garanties dont elle veut faire l'essai : souvent elle aggrave je mal, comme on l'a vu dans l'affaire de la traite des nègres et celle de la responsabilité financière. Il existe une théorie spéciale! sur les garanties, et nos sciences l'ont manquée comme lạ theorie d'association.

Celle-ci ouvre à l'ambition individuelle une chance bien magnifique on voit quantité de personnages remarquables par le rang, la fortune, les lumières, s'agiter pendant de longues années pour obtenir le poste de ministre, et souvent de moindres places; on les voit fréquemment échouer après de pénibles efforts, et en concevoir un chagrin perpétuel.

Voici, pour les ambitieux honorables, une carrière toute nouve et bien autrement brillante que celle de ministre amovible. Icile succès ne sera ni douteux, ni différé, le rôle de fondateur de l'association n'exigera aucune intrigue, et élèvera de prime-abord le prétendant au faite de la fortune et de la gloire.

Tout homme ou femme libre, ayant un capital de cent mille francs a faire valoir sur hypothèque, et jouissant d'un relief suffisant pour s'établir chef d'une compagnie d'actionnaires portée à deux millions de capital, peut fonder l'association naturelle ou industrie gttrayante, la répandre subitement par tout le globe, convertir les sauvages à l'agriculture, les barbares à des mœurs plus policées que les nôtres, effectuer l'affranchissement convenu des esclaves, sans retour à la servitude, l'établissement universel des unités de relations en langage, mesures, monnaie, typographie, etc.; opérer cent autres prodiges dont il recevra une éclatante récompense, par le vote unanime des souverains et des nations.

Les avantages assurés à ce fondateur et à ses actionnaires on coopérateurs sont si immenses, qu'il faut différer à les faire

connaître. Je traiterai ce sujet à la postface, article Candidature J'insiste sur la pauvreté des chances actuelles de célébrité et de bénéfice; elles exigent des travaux effrayants, elles exposent a des contrariétés sans nombre. Le feu duc de La RochefoucaultLiancourt s'était distingué dans une carrière d'utilité, celle d'encouragement de l'industrie; il en a recueilli beaucoup de tribulations, et, je pense, peu de bénéfice; il a de plus manqué son but, qui était d'améliorer le sort des classes ouvrières. On verra plus loin que le progrès industriel n'est pour le peuple qu'un écueil de plus, tant que dure la civilisation.

En 1827, un banquier de haut crédit avait formé le plan d'une société commanditaire de l'industrie, et avait déjà réuni vingtcinq millions, avec espoir d'élever ce fonds à cent millions. Il en serait résulté de belles entreprises, qui auraient illustré leur auteur; mais aussitôt des entraves sont survenues, et la société a dû se dissoudre.

Le même banquier, voulant tenter une grande combinaison économique sur les trente-sept brasseries de Paris, et les réunir en une scule, avait formé pour cette affaire une compagnie versant trente millions de capital: elle a rencontré des obstacles, des résistances, elle a avorté après beaucoup de démarches pénibles. Il est donc avéré par les faits, qu'il ne reste aux gens riches aucune carrière d'illustration facile, profitable et exempte de contrariété.

Celle qui s'ouvre aujourd'hui pour eux, réunit tous les avantages, et ne présente aucun obstacle. Elle sert les intérêts des gouvernements et des peuples, des riches et des pauvres ; elle garantit la rapidité d'opération : en moins de deux mois d'exercice, la question sera décidée sans nulle incertitude; en deux mois, le fondateur aura déterminé le changement de sort du monde entier, l'abandon des trois sociétés, civilisée, barbare et sauvage, et l'avénement du genre humain à l'unité sociétaire, qui est sa destinée.

Et pour obtenir ce triomphe, cent fois plus brillant que ceux des conquérants, faut-il une fortune colossale? Non, il suffit d'un patrimoine bourgeois, comme celui d'un éligible, trois cent mille francs, dont cent mille en capitaux disponibles, qu'il affectera sur hypothèque et à gros intérêt, à la fondation d'épreuve du mécanisme sociétaire.

La facilité de cette prise, la garantie de prompt succes,

reposent sur ce qu'elle s'accorde avec toutes les passions. Je l'ai prouvé sur la grande question de l'affranchissement des esclaves. Il sera convenu, consenti et même provoqué par les maitres impatients de profiter des bénéfices de l'état sociétaire; dès-lors aucune classe ne sera froissée dans ses intérêts pécuniaires, tandis qu'en suivant les méthodes connues, celle des Brissot, des Vilberforce et des sociétés d'abolition de la traite, on compromet les intérêts des possesseurs d'esclaves.

Remarquons bien cette propriété inhérente au mécanisme sociétaire, contenter toutes les classes, tous les partis; c'est par cette raison que le succès en sera si facile, et qu'une petite épreuve tentée sur sept cents personnes décidera subitement la métamorphose générale, parce qu'on y verra réalisés tous les bienfaits que la philosophie se borne à rêver, liberté réelle, unité d'action, règne de la vérité et de la justice devenues voies de fortune; mais dans l'ordre civilisé où la vérité et la justice ne conduisent pas à la fortune, il est impossible qu'elles soient préférées; aussi voit-on la fourberie et l'injustice dominer dans toute législation civilisée, et s'accroître en raison des progrès de l'industrie et des sciences. Le peuple, en pressentiments sur la destinée, est meilleur juge que les savants; il donne à l'état civilisé le nom de monde à rebours, idée qui implique la possibilité d'un monde à droit sens dont il restait à découvrir la théorie.

La classe savante n'a pas pressenti ce nouveau monde social que lui indiquait l'analogie; nous voyons dans la nature matérielle, une double distribution, celle du faux et du vrai ;

L'ordre combiné et juste parmi les planètes,

L'ordre incohérent et faux parmi les comètes.

Les relations sociales ne sont-elles pas sujettes à cette dualité de marche? ne peut-il pas exister un ordre de vérité et liberté, par opposition à l'état de fausseté et contrainte qu'on voit régner sur notre globe? Le progrès de l'industrie et des lumières n'y sert qu'à accroître la fausseté générale des relations, et la pauvreté des classes qui portent le faix de l'industrie: nos plébéiens, nos ouvriers, sont bien plus malheureux que le sauvage qui vit dans l'insouciance, la liberté, et parfois dans l'abondance, quand la chasse ou la pêche ont réussi.

Les philosophes, d'après leurs propres doctrines, auraient dù entrevoir la vraie destinée de l'homme, et la dualité de mécanisme en mouvement social, comme en mouvement matériel; ils

s'accordent tous à enseigner qu'il y a unité et analogie dans le système de l'univers. Écoutons sur cette thèse l'un de nos métaphysiciens célèbres:

« L'univers est fait sur le modèle de l'âme humaine, et l'ana»logie de chaque partie de l'univers avec l'ensemble est telle que » la même idée se réfléchit constamment du tout dans chaque >> partie, et de chaque partie dans le tout. >> SCHELLING.

Rien n'est plus vrai que ce principe : l'auteur et ses disciples devaient en conclure que si le monde matériel est sujet à deux mécanismes, combinaison planétaire et incohérence cométaire, le monde social doit être de même sujet à deux mécanismes, autrement il n'existerait point d'analogie entre les deux mondes matériel et social, point d'unité dans le système de l'univers. Et comme il est évident que nos sociétés civilisée, barbare et sauvage sont l'état d'incohérence et de fausseté, le monde à rebours, il fallait chercher les voies du monde à droit sens ou régime de vérité et d'harmonie sociétaire applicable aux passions et à l'industrie, et encourager cette recherche par des concours et prix.

Le hasard m'ayant livré le germe de cette théorie en 1798, je suis parvenu, en trente ans de travail, à la simplifier au point de la mettre à portée des hommes les moins instruits, et même des personnes frivoles et ennemies de l'étude ; c'est un calcul de plaisirs, il est de la compétence des femmes comme des hommes.

Toute femme qui désire s'illustrer et qui a quelques moyens pécuniaires, peut prétendre à la palme de fondatrice de l'unité universelle, et s'établir chef de la compagnie d'épreuve. Ce ròle aurait bien convenu à Madame de Stael qui aspirait à une grande célébrité et qui avait une fortune vingt fois plus que suffisante pour se mettre à la tête de la fondation.

Certains hommes sans fortune peuvent aussi prétendre à ce triomphe; un écrivain en crédit peut décider quelque ami de l'humanité, comme le roi de Bavière, à faire l'épreuve sociétaire. Dans ce cas l'homme qui aura concouru à cette fondation, à titre d'orateur ou promoteur, participera au lustre et à la récompense du fondateur.

C'est une entreprise pour laquelle on peut indiquer en Europe cent mille candidats pourvus des moyens nécessaires; il ne sera pas difficile d'en décider un, en lui démontrant qu'il en va recueillir l'immensité de fortune et de gloire. Je reviendrai sur ce sujet qui serait ici trop éblouissant. Le plus heureux favori de cour ne peut

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