Obrazy na stronie
PDF
ePub

secondé par des Amaryllis, des Galatée, que nos Crésus voudraient, au prix d'une forte somme, attirer à soigner le parterre avec eux; et de même, plus d'une douairière s'adonnerait ardemment à la culture des œillets, si elle voyait ses fatigues adoucies par les soins du beau Tityre, du bel Endymion à ce prix nos douairières cultiveraient au besoin les ronces et les épines.

Mais comment organiser ces réunions si gracieusement assorties, dans des travaux presque répugnants, tels que le labourage qui n'a pas, comme les œillets, le pouvoir d'attirer un Crésus, une Artémise? La charrue, la rizière, n'attirent que des athlètes pauvres, qui ne sont point disposés à céder leur quote-part de bénéfice.

Je réponds que ladite cession est un ressort accessoire; l'Harmonie s'établirait sans cette générosité, et par d'autres liens non encore décrits. D'ailleurs, on se tromperait lourdement en estimant, d'après l'état actuel d'une industrie, la dose d'attraction qu'elle exerce en Harmonie. Cette charrue si odieuse aujourd'hui sera conduite par le jeune prince comme par le jeune plébéïen : elle sera une espèce de tournois industriel, où chaque athlète ira faire ses preuves de vigueur et dextérité, s'en faire valoir devant les belles, qui viendront clore la séance en apportant le déjeûné ou le goûté.

Un jeune prince élevé dans la Phalange y aura, dès l'âge de huit ans, conduit de petites charrues avec le chœur des séraphins. A onze ans on le verra, par plaisir et par amour-propre, manier déjà une moyenne charrue, et s'appuyer, pour l'admission aux gymnasiens, de la profondeur et de la régularité des sillons qu'il aura tracés. Il briguera l'honneur de concourir, avec de plus âgés, au labour d'une terre légère : le roi son père y applaudira,

comme le père de la princesse Nausicaa lui applaudissait lorsqu'elle allait elle-même laver ses robes. (Odyssée.)

Ainsi chacun sera laboureur, dans l'Harmonie, et se fera une fête de la courte séance de deux heures de labour qui réunira, par intervention des cohortes vicinales, quatre ou cinq appâts divers et inconnus en civilisation, comme la lutte industrielle entre les cohortes, sur la beauté et la manoeuvre de leurs boeufs; lutte qui offrira aux connaisseurs, autant d'intérêt que nos courses de chevaux.

3o. On arguera de l'insuffisance des moyens actuels en Attraction où trouver, pour le canton d'essai, des nymphes propres à exciter l'enthousiasme dans les groupes industriels? On ne trouvera que de grossiers paysans, avec qui tout sybarite répugne à frayer, et encore plus à s'associer dans les travaux champêtres.

Pour réfuter ces objections et autres sur les lacunes d'Attractions, examinées à l'Épi-Section, il faudrait anticiper sur l'ordre des matières : n'ai-je pas dit qu'on débutera par l'Association simple, et que dans le cas où on fonderait d'emblée la composée, on ne pourrait pas former toutes ces Harmonies transcendantes avec une grossière génération de civilisés? Elle se polira pourtant assez promptement nos rustres seront d'abord enthousiasmės d'un état de choses qui leur assurera plus de bonheur que n'en trouve aujourd'hui le seigneur dans son château. Ils seront bien vite corrigés de leur grossièreté, quand ils trouveront dans la politesse une voie de fortune assurée. Chacun d'eux deviendra, au bout d'un an, ce que devient aujourd'hui le paysan, qu'une hoirie d'un million installe dans un bel hôtel, où il se purge bien vite de sa crasse originelle.

Je me borne à ces trois objections entre beaucoup d'autres. A les bien examiner, elles militent contre la civilisation. Par exemple, on est tenté de croire que nos sybarites ne voudront pas être associés avec Grojean et Margot ils le sont déjà aujourd'hui (je crois l'avoir fait observer). L'homme riche n'est-il pas obligé de débattre ses intérêts avec vingt paysans qui tiennent ses fermes, et qui tous s'accordent à griveler sur lui? Il est donc, par le fait, associé des paysans, obligé de s'informer des bons et mauvais fermiers, du caractère, des mœurs, de la solvabilité et de l'industrie; il est en société très-directe et très-fatigante avec Grojean et Margot; il ne sera, en Harmonie, que leur associé indirect, dégagé des comptes de gestion qui sont réglés par les régents, procurateurs et officiers spéciaux, sans que le capitaliste ait besoin d'y intervenir, ni coure aucun risque de fraude. Il sera donc délivré des désagréments de son association actuelle avec les paysans; il en contractera une nouvelle où il n'aura rien à leur fournir, et où ils ne seront pour lui que des amis officieux et dévoués, selon les détails donnés sur le régime des Séries pass. et sur les ralliements. Si dans les festivités il paraît à leur tête, c'est qu'il lui aura convenu d'accepter le grade de capitaine. S'il leur donne un repas de corps, c'est qu'il prend plaisir à se reconnaître de leurs prévenances continuelles. [Cette intimité sera même active la première année, si on fait un bon choix de paysans, polis comme ceux de Paris et Tours. D'ailleurs le peuple harmonien se polira très-promptement.]

Ainsi l'argument élevé sur les répugnances d'association entre Mondor et Grojean, déjà associés de fait, n'est, comme tous les autres, qu'une argutie vide de sens, et dénotant seulement que la civilisation sait semer des

germes de haine partout où l'Harmonie créera (458), entre le riche et le pauvre, des germes d'affection. J'invite le lecteur à se défier de ses faux jugements sur ce sujet : si l'on a passé 5000 ans à étudier la science de discorde sociale ou civilisation, l'on peut bien accorder trois semaines d'étude à la théorie qui va donner tous les biens opposés, et ne pas se hâter d'accumuler les objections avant de connaître en plein les moyens d'exécution, dont ces premiers tomes sont loin de renfermer tout le système, et dont on ignore encore le plus brillant ressort, exposé au 7e. chap,, équilibre hypo-unitaire.

CHAPITRE VI.

Équilibre de Classement entre les Séries.

Nous passons de la partie au tout, et des masses inférieures ou simples, qui sont les groupes, aux masses composées qui sont les Séries de groupes affiliés.

Chaque Série étant ASSOCIÉE et non pas FERMIÈRE du tourbillon, elle perçoit un dividende, non sur le produit de son propre travail, mais sur celui de toutes les Séries, et sa rétribution est en raison du rang qu'elle occupe dans le tableau divisé en trois classes, nécessité, utilité et agrément.

Par exemple, telle Série qui cultive les graminées, ne perçoit ni demi, ni tiers, ni quart du produit des grains recueillis ces grains entrent dans la masse du revenu à vendre ou à consommer; et si la Série qui les a produits est reconnue de haute importance en industrie, elle est rétribuée d'un lot de 1er, ordre dans sa classe.

La Série qui produit les grains est évidemment de 1re.

classe ou de nécessité. Mais dans la classe de nécessité on peut distinguer environ cinq ordres, et il est probable que celle de la culture des grains sera tout au plus de 3o. » ordre je ne dis pas de 1er., car le travail de labour et de manutention du grain n'est nullement répugnant, et doit être classé après les répugnants, qui sont au 1er. des cinq ordres de nécessité.

Le travail des Petites Hordes est le premier de tous. Vient ensuite celui de boucherie, où elles interviennent pour la partie fétide ou triperie.

La fonction de boucher est très-prisée dans l'Harmonie : on y a beaucoup d'affection pour les animaux, et l'on se tient très-obligé envers ceux qui ont le courage de les tuer avec toutes les précautions imaginables pour leur éviter les souffrances et jusqu'à l'idée de la mort (1).

(1) Dans notre civilisation perfectible, on s'évertue à raffiner les souffrances des animaux, en disant pourquoi sont-ils bœufs, pourquoi sont-ils poulets, pourquoi sont-ils poissons (87, 373)? Le boucher les entraîne à coups de fouet et morsures de chien dans les abattoirs fumants de sang, et dont l'odeur les effarouche, leur fait souffrir une mort anticipée. Tout cuisinier éclatera de rire si on l'invite à tuer ou étourdir les poissons avant de les écailler et les ouvrir.

La Série des bouchers harmoniens raffine sur les précautions qui peuvent éviter aux animaux l'idée de la mort. On a soin de laver par un canal et parfumer l'abattoir; on les y attache en masse, afin que le groupe d'abatteurs les frappe simultanément : on prend enfin toutes les précautions qui peuvent leur éviter la souffrance réelle ou idéale. Le détail de ces soins serait ridicule aux yeux des Français, qui se délectent partout à torturer les animaux, quadrupèdes, oiseaux, poissons et jusqu'aux papillons. L'affection des harmoniens pour les bêtes donne un grand relief aux fonctions d'un boucher intelligent à les ménager, sette fonction est classée au 1**. rang en nécessité.

et

« PoprzedniaDalej »