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Cette idée est pour le peuple une loterie d'autant plus charmante, qu'on y gagne sans y rien jouer. Nous raillons sur le théâtre un nigaud nommé Jocrisse qui, n'ayant rien mis à la loterie, va voir les numéros sortis, pour savoir s'il a gagné. On lui dit : "Imbécile, comment pourrais-tu y gagner, tu n'y as rien mis?» A quoi il répond: « Eh! que sait-on? L'HASARD.

Chacun, en paternité harmonienne, jouira de la chance miraculeuse qu'entrevoit Jocrisse, gagner par effet du hasard, sans avoir rien joué. En effet, il faudra bien que ces nombreux officiers caractériels, dont les brevets sont distribués AU HASARD par la nature, soient engendrés de quelqu'un. Tout homme ou femme, en cas de paternité, aura des espérances bien fondées dans cette loterie qui ne coûtera rien à personne; on risquera tout au plus de n'y rien gagner, et jamais d'y perdre une obole.

A ne spéculer que sur l'intérieur de sa Phalange, on voit déjà que, sur 810 naissances, il y a 234 lots d'officiers et sous-officiers caractériels, dont 176 sous-officiers et 38 officiers; toutes fonctions qui rapportent un bénéfice en dividende caractériel. Que d'espoir pour une femme pauvre dans sa grossesse, que d'illusions fondées! Pourrait-on imaginer une loteric plus séduisante pour la classe populaire, surtout quand on envisage la chance de procréer les hauts titres, des officiers de province, de région, de royaume, d'empire, enfin du globe entier?

Ainsi se trouvera utilisée la passion des loteries, si violente chez le peuple elle interviendra en Harmonie, non pour le pousser traîtreusement à sa ruine, selon les suggestions de la fiscalité; mais pour l'attacher à l'ordre établi, aux grandeurs, aux souverainetés qu'il ne possédera pas, et dont il pourra espérer, pour sa progéniture, des omniarchies, duarchies, triarchies du globe. Plus un homme est pauvre en Harmonie, plus il tient à la conservation des nombreuses dignités qu'il espère pour ses enfants ou petits-enfants; la longévité des harmoniens leur garantissant l'avantage de voir peut-être 7 générations.

Un monarque du titre familial qui est le seul héréditaire, ne pourra pas plus jalouser les neuf autres souverainetés, qu'il ne jalouse aujourd'hui ses propres ministres, chargés de fonctions. dont il ne veut pas se charger lui-même. Ces neuf classes de sou

verains, dont huit électives et une naturelle, seront, par le fait, les ministres du souverain d'apparat, titre familial 3*. Il se pourra que l'omniarque de ce titre soit un solitone en degré de caractère; il serait bien ennuyé, bien désorienté, s'il lui fallait faire les fonctions de pentatone; intervenir avec 200 Séries quand il n'en veut fréquenter que 30; exercer des fonctions de 5o. degré, quand son inclination le fixe à celle de 1r. Il en sera de même de tous les autres titres et degrés de souveraineté; un monarque d'apparat ou hérédité, loin d'en être jaloux, les aimera par concours de service, et d'autant mieux que les neuf carrières lui seront ouvertes, si la nature lui donne les moyens et le goût d'y figurer.

D'ailleurs, les souverains familials en tous degrés, depuis l'unarque (II, 576), ou baron héréditaire de canton, jusqu'à l'omniarque héréditaire, n'ont-ils pas sur les autres classes un avantage assez marqué dans l'hérédité dont ne jouissent pas les neuf classes de collègues? Un prince familial pourra obtenir et cumuler ces grades; être avant 15 ans roitelet, en même temps que roi familial; être à vingt ans père d'omniarque ou de césar, par un hymen vestalique avec une omniarque ou une césarine; être à 30 ans hyper-faquir du globe, en même temps que roi familial d'une heptarchie; obtenir ainsi en quelque degré les autres titres, comme cet empereur d'Allemagne qui devint coadjuteur du pape, sans pour cela quitter le trône germanique.

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C'est donc une objection mal fondée que cette hypothèse de jalousie elle n'est applicable qu'aux périodes lymbiques, où les grands princes cherchent à se spolier et se supplanter; encore en voit-on vivre en fort bon accord, si leurs fonctions sont distribuées de manière à éviter les conflits. Un roi de France ne s'ombrage pas de ce que le pape exerce une juridiction religieuse en pays français. Il en est de même des 10 classes de souveraineté harmonienne; elles sont homogènes par convenance réciproque aussi intime que celle des dix doigts entre eux.

Il est donc vrai (414) que les discordes principales entre civilisés naissent du motif le plus propre à établir l'union entre Harmoniens, de la soif des grandeurs, voie des ralliements les plus brillants entre classes extrêmes: tant il est certain que le méca

nisme civilisé ne sait que changer l'or en cuivre, et faire naître du faux essor des passions autant d'éléments de discorde que Dieu y avait ménagé de voies d'unité.

Voilà sur la question qui nous occupe, sur l'accord passionné entre peuples et souverains, des solutions déjà suffisantes, avec lesquelles concourront beaucoup d'autres à tirer des ralliements mineurs. J'ai donné en sens d'ambition 2 liens analogues aux ressorts de la passion, INTÉRÊT et gloire : j'ai prouvé que les souverainetés décuplées et graduées satisfont tout le peuple sous ces deux rapports.

Eh! comment le peuple aimerait-il ses maîtres dans l'état actuel où les sceptres et magnatures, loin d'ouvrir aucune carrière de gloire à la multitude, ne la servent pas même sur le nécessaire, sur l'intérêt !

C'est pourtant le premier besoin qui se fait sentir chez le peuple: il n'aime les grands que sous la condition de bénéfice. Lorsque Néron jeta de l'or et des diamants à la populace de Rome, il s'en faisait aimer, parce qu'il donnait au lieu de prendre. Lorsqu'on introduisit chez les Tyroliens dès droits-réunis, portes et fenêtres, octrois, centimes additionnels, et tout l'attirail de perfectibilité moderne, les Tyroliens maudirent leur nouveau maître; ils crièrent à bas Maximilien! vive François !

Ainsi, le peuple civilisé n'a pas d'amour positif pour les souverains; il ne les aime que négativement; il préfère celui qui prend le moins. Un roi civilisé est tout au plus aimé du courtisan gorgé de sinécures et de pensions : nous aimons celui qui nous enrichit et non pas celui qui nous dépouille. Organisez en ce sens toutes les souverainetés; faites que le peuple y voie des carrières de gloire et d'intérêt pour lui et les siens, et vous aurez établi la stabilité des trônes, fondée sur l'intérêt et l'amour des peuples. Quel appât pour tout monarque, de hâter la fondation de l'Harmonie

sociétaire.

FIN DE LA NOTE H.

CHAPITRE VII.

Quadrille des ralliements de famillisme.

Si je n'eusse été gêné par le préjugé, dans cet abrégé des ralliements, j'aurais divisé la section en 2 notices: une pour les majeurs, amitié, ambition; une pour les mineurs, amour et famillisme. Cette division aurait facilité des parallèles et autres moyens propres à familiariser l'étudiant.

Mais, sur cette matière, l'entrave du préjugé est telle, que je serai obligé de franchir en entier l'exposé des ralliements d'amour, et de recourir pour ceux de famillisme à l'innocent subterfuge déjà employé, l'hypothèse d'un récit des mœurs de la planète Herschel.

Avant de donner en tableau le quadrille des ralliements de famillisme, il est à propos d'y préluder par une description de quelques emplois des 2 éléments; ce sont (579) la consanguinite et l'adoption; nous commencerons par l'adoption, coutume déjà connue sur notre globe, et qui n'exigera pas, comme les ralliements de consanguinité, une excursion dans d'autres planètes.

1. Adoption continuatrice. Cette coutume reposant sur des affections très-généreuses va paraître peu croyable aux riches civilisés. Redisons-leur que les 16 ralliements naissent les uns des autres, sont liés en mécanisme général, et qu'il ne faut pas se hâter de les juger isolément, avant de connaître et les 16 cardinaux et les 2 pivotaux:

Tout civilisé opulent regarderait comme insensé celui qui lui tiendrait le langage suivant: Vous possédez trois millions et avez 3 enfants; vous comptez leur léguer un

million à chacun faites de votre bien un plus noble partage; distribuez un million seulement à vos enfants, puis le 2e. à vos parents pauvres, et le 3o. million aux enfants du lieu qui vous ont aidé dans vos travaux. ›

Un tel avis exciterait la risée des pères civilisés : ils auraient raison, à ne considérer que les dangers de ruine qui menacent leurs lignées, dangers qui n'existent pas dans l'Harmonie. Un père n'y craint pas que ses enfants manquent jamais de l'utile ni de l'agréable n'auront-ils pas pour pis-aller le minimum social, tables de 5o. classe, mieux servies que celles de nos grands, avances de vêtement et logement, voitures et spectacles gratuits, faculté de prendre part à tous les travaux, et tant d'autres avantages inhérents au lot de minimum sociétaire?

Cette perspective suffirait à prévenir l'inquiétude paternelle d'un civilisé; mais connaissant l'étendue des piéges sociaux dans l'état actuel, il craint que ses enfants ne mendient à la porte des palais de leurs aïeux. Ces terreurs disparaissent en Harmonie, et le testateur, assuré que ses enfants auront toujours le superflu, adopte dans sa distribution d'hoirie des règles dont je vais rendre compte.

Un père, en Harmonie, étant passionné pour une quarantaine, cinquantaine » de travaux, se passionne par suite pour ses coopérateurs les plus intelligents, et surtout pour les enfants pauvres qu'il voit exceller dans ses occupations favorites où son fils ne s'entremet point. De là naissent les adoptions de ligue industrielle, adoptions de continuateurs; elles ne sauraient avoir lieu en civilisation, où le riche ne se passionne pas pour le travail; ou bien, lorsqu'il s'y adonne, il rencontre par toute compagnie des intrigants et des fripons, et jamais des enfants intelligents,

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