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nets de grenadier pour la manœuvre, petits surplis pour la procession, petits chalumeaux pour les figures chorégraphiques.

Les lutins et bambins trouvent toutes ces gimblettes aux Séristères d'institution harmonienne, et en divers degrés. Ils n'obtiennent que l'encensoir [de bois sans feu,] et le fusil de bois dans leurs essais. Devenus plus habiles, ils auront encensoir d'étain et fusil de fer; puis, en 5e. degré, l'encensoir argenté, etc. Ce mode progressif est un des grands ressorts d'émulation entre eux.

On les rassemble par fois dans une école manœuvrière d'aspirants. Ils ont, dans les jardins comme dans le Phalanstère, quelques locaux affectés à leurs essais là, on emploie en exercices utiles toutes les gimblettes et bimbeloteries que la civilisation fabrique, sans aucun fruit, pour l'éducation. Lelutin y trouvera, comme aujourd'hui, de petits chariots et chevaux de bois; mais il faudra qu'il sache atteler en plein le cheval de bois, avant qu'on lui confie le chariot attelé d'un petit chien et fonctionnant au potager. La progression sera observée là comme partout ailleurs, et l'enfant n'y touchera aucune gimblette qui ne serve à son éducation industrielle.

Ces fournitures de costumes et gimblettes nécessaires à la basse éducation doivent être de trois degrés au moins et plutôt cinq, afin d'exercer toujours les enfants par divers pelotons et classes, les façonner de bonne heure à l'Harmonie, à la dextérité. Chez nous, un enfant mène isolément et gauchement un petit char qu'il aura cassé dès le soir même, et les tendres pères seront dans l'extase de voir le char en morceaux. Dans les Séristères de pouponnerie, on ne confie ces gimblettes que sous condition de bien figurer dans telle classe, ou de déchoir d'un

degré, recevoir un moindre char et passer à un rang inférieur.

Ces fournitures, qui causeraient à une famille des frais énormes et inutiles, deviennent pour les Harmoniens une semaille précieuse; on y trouve le bénéfice inestimable d'amorcer l'enfant à l'industrie, le passionner dès l'âge de 30 mois pour une foule de travaux sur lesquels il deviendra en peu de temps assez expert pour soutenir au moins trois épreuves, et se faire admettre aux bas bambins, âgés de 3 ans, qui sont déjà d'habiles travailleurs, gagnant au moins leur dépense. On ne peut tirer parti de ces fournitures enfantines, qu'autant qu'on réunit des masses de lutins en trois corps d'âge et de talent, dont la 3o. seulement, âgée de 35, la 2o, 30 mois, sont admises aux exercices industriels.

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Comment essayer cette éducation collective en civilisation, où l'on n'aurait ni le nombre et la gradation d'enfants, ni les salles, costumes et gimblettes en échelle régulière ?

Ce n'est que sur les masses divisées en petites escouades, chœurs et sous-chœurs, qu'on peut mettre en jeu le point d'honneur, l'amorce des priviléges graduės, soit en ornements de parade, soit en exercices et instruments d'industrie.

Leur influence est telle, que du moment où l'enfant a passé 3 mois dans le Séristère des bas lutins, son éducation s'achève d'elle-même par la seule impatience de s'élever d'échelon en échelon. Les esprits de corps, les rivalités, l'entraînent à prendre connaissance d'une foule de travaux; les instituteurs n'ont plus à faire que d'attendre les demandes en instruction. La seule envie de passer des aspirants aux novices, des novices aux bacheliers, suffit pour électriser un poupon ou bambin

dans les ateliers et manœuvres. L'on est moins en peine d'exciter son émulation que de modérer son impatience, et le consoler d'une impéritie dont il s'indigne et s'efforce de se corriger.

Une immense avantage en éducation harmonienne, c'est de neutraliser l'influence des pères, qui ne peut que retarder et pervertir l'enfant.

Là-dessus, grande insurrection des pères et des philosophes.

Vous voulez donc, diront-ils, enlever l'enfant à son > instituteur naturel, qui est le père? » Je ne veux rien. Je ne suis pas la coutume des sophistes, qui donnent pour lois leurs sots caprices en éducation, comme la manie de plonger en hiver l'enfant dans le bain froid, pour imiter quelques républicains de l'antiquité. Je me borne à analyser les vues de l'Attraction. Or, il est de fait qu'elle donne aux 19/20. des enfants un caractère et des penchants opposés à ceux du père qui s'efforcerait de communiquer ses penchants à son fils: elle veut, au contraire, guider l'enfant par le ton ascendant (III, 345), déférence des inférieurs aux supérieurs, ton qui est l'opposé de celui qu'elle assigne au groupe de famille.

Désire-t-on, en éducation comme en toute autre affaire, connaître exactement le vœu de la nature? Il en est un moyen sûr; c'est d'opiner à contre-sens de la philosophie, toujours antipathique avec la nature ou Attraction. Or, quels sont les préceptes de la philosophie?

Elle veut,

‹ Que le père soit instituteur de son enfant,

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Et que le père ne gâte pas son enfant. ›

Adoptez les deux opinions contraires :

Que le père ne soit pas instituteur de l'enfant,
Et que le père se livre au plaisir de gâter l'enfant. ›

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C'est double contravention aux lois de la philosophie, et par conséquent double ralliement au vou de la nature, puisque les doctrines philosophiques ne sont autre chose qu'un contre-sens composé, ou double contrariété avec le vœu de la nature.

On verra, dans le cours de cette section, que les pères harmoniens n'ont d'autre fonction paternelle que de céder à l'impulsion naturelle, GATER L'ENFANT, flatter toutes ses fantaisies, selon la règle du ton descendant (III, 345), déférence du supérieur à l'inférieur.

L'enfant sera suffisamment réprimandé et raillé par ses pairs. Les rebuffades qu'essuient les hauts poupons de la part d'un groupe de bas bambins, et ceux-ci à leur tour de la part des bas chérubins, deviennent le germe d'une émulation qui ne pourrait jamais éclore dans la compagnie des pères et mères, admirant toujours les gaucheries de leur progéniture.

Le contraire a lieu entre enfants; ils ne se font ni compliments ni quartier : le marmot un peu exercé est inexorable pour les maladroits; et d'autre part, le poupon raillé n'osera ni crier, ni se fâcher avec des enfants plus âgés que lui, qui riraient de sa colère et le renverraient des salles.

Cet art d'assouplir et fasciner l'enfant par autorité attrayante est si neuf, que j'y consacre une note F (1), pour mieux fixer l'attention sur le ressort employé, le charme corporatif ascendant et graduť.

Bref, le véritable instituteur de l'enfant, le ressort qui peut seul faire naître chez un poupon le feu sacré, l'émulation industrielle, c'est une compagnie d'autres enfants

(1) Voyez ci-après, page 34.

plus âgés de six mois ou d'un an, et plus éminents en dignités et décorations. Lorsqu'un poupon ou bambin a parcouru dans la journée une demi-douzaine de pareils groupes, et essuyé leurs quolibets, il est bien pénétré de son insuffisance, bien disposé à consulter les partriarches et vénérables qui ont la bonté de lui donner des leçons.

Après cela, peu importera que les parents, au moment du coucher, s'amusent à le gâter, lui dire qu'on est trop sévère, qu'il est bien charmant, bien adroit; ces verbiages ne feront qu'effleurer, sans persuader. L'impression est faite. Il est humilié des railleries de 7 à 8 groupes de bambins qu'il a fréquentés dans la journée. En vain le père et la mère lui diront-ils que ces bambins, qui l'ont repoussé, sont des barbares, des ennemis du commerce et de la tendre nature; toutes ces fadaises paternelles seront de nul effet, et le poupon retournant le lendemain aux Séristères bambiniques ne se souviendra que des affronts de la veille; ce sera lui qui, par le fait, corrigera le père, du GATEMENT, en redoublant d'efforts et prouvant qu'il connaît son infériorité.

Du reste, le gâtement ne peut pas avoir lieu aux ateliers, parce que les pères et mères ne se rencontrent pas à l'ouvrage avec les poupons, et fort peu avec les bambins, mais seulement avec les chérubins qui sont déjà admis dans de grands ateliers. Les hauts bambins y ont seuls quelqu'accès; les pères et mères, gens de 30, 40, 50 ans, sont trop intrigués dans leurs grands ateliers et cultures, pour avoir le temps de s'en éloigner, s'inquiéter des fonctions de l'enfance, assez bien soignée par quelques patriarches, vénérables et révérends des deux sexes, å qui on commet la direction des Séristères et cultures bambiniques.

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