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COURS D'HISTOIRE ECCLÉSIASTIQUE, PAR M. L'ABBÉ JAGER.

gloire en a été attribuée au jeune roi Louis, et que, sur l'invitation même de son lieutenant, au moment où Barcelone était près de se rendre, ce prince était venu en prendre possession, afin que dans cette guerre son nom figurât seul aux yeux de la postérité. Ainsi a été passée sous silence par les annalistes contemporains, et à peu près oubliée des historiens modernes la renommée chevaleresque de Guillaume. Elle n'a survécu tout entière que dans le poèm latin d'Ermold-Nigel et dans les épopées en langue vulgaire où nous irons étudier plus tard la littérature des croisades carlovingiennes.

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Nous avons déjà dit quelles précautions furent prises pour assurer à la chrétienté la possession de Barcelone, la garnison des Visigoths qui y fut établie, et tous les priviléges dont Charlemagne avait favorisé cette vieille race germanique. Il ne fallait rien moins que cette restauration de la nationalité Vi- | sigothe pour faire respecter la frontière orientale des Pyrénées. Mais l'autre extrémité et toute la ligne de ces montagnes réclamant la même sécurité,

les

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Franks entreprirent, en 806, une nou-
velle expédition, complément de la pre-
mière; après avoir réduit la Gascogne
et la Navarre espagnoles, ils s'établi
rent encore une fois dans Pampelune,
Cette dernière conquête rattacha défini-
tivement le sort des populations de ces
contrées à l'empire de Charlemagne; et
les marches de Gascogne et de Gothie,
en s'étendant en deçà et au delà des Py-
rénées, mirent dans une commune con-
fraternité les chrétiens du nord de l'Es-
pagne et ceux du midi de la Gaule. Réu-
nis dès lors pour la croisade, tous en-
semble purent avancer sans reculer
jamais d'un seul pas, et reprendre les
unes après les autres toutes les ter-
res envahies par les musulmans. Ainsi
furent fondés et s'agrandirent ces royau-
mes de Navarre et d'Aragon, ce riche et
puissant comté de Barcelone qui, pen-
dant le moyen âge et tout le temps que
dura la grande unité chrétienne, réalisa
dans le midi de l'Europe ce mot de la
civilisation des Franks: Il n'y a plus de
Pyrénées.
R. THOMASSY.

Cours de la Sorbonne.

COURS D'HISTOIRE ECCLÉSIASTIQUE, DE M. L'ABBÉ JAGER, RECUEILLI PAR M. L'ABBÉ M.....

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de qui de droit, du clergé et du peuple; il remplit simplement le rôle de leur mandataire; il cherche l'évêque sur la prière qu'on lui en fait; mais le clergé et le peuple acceptent le choix. L'évêque élu sollicite, par une ambassade à Rome, sa confirmation, c'est-à-dire ses lettres de communion. Accusé ensuite et cité devant un concile, il refuse de comparaître, non qu'il se sente coupable, car il est prêt, dit-il, à répondre devant un concile de cent et de mille évêques, si l'on veut ; mais parce que le concile devant lequel on le traduit ne satisfait pas

me-le-Cynique. Flavien était mort, et le peuple étant à la recherche d'un évêque, avait, entre plusieurs prêtres recommandables, distingué l'ancien secrétaire de Flavien, son vicaire-général, comme nous dirions aujourd'hui. C'était Constantius qui, dans son administration s'était acquis l'estime universelle par son zèle autant que par sa justice et par sa prudence, et qui réunissait toutes les qualités qui font le bon évêque. Il allait réunir tous les suffrages, lorsqu'un certain Porphyre, né à Constantinople, prêtre d'une conduite plus qu'équivoque et d'une réputation peu avantageuse, mais habile en intrigues, appuyé à la cour et chez les grands, et exercé à supplanter sur la route de l'épiscopat les sujets dignes, pour introniser les indignes, conçut la résolution d'user de son crédit pour s'impatroniser dans le siége d'Antioche, auquel il aspirait. D'abord il écarta Constantius et les autres concurrens qui pouvaient le gêner, en les présentant comme des séditieux et les faisant exiler. Ce n'était pas assez, il fallait parvenir lui-même, et ne pouvant espérer son élévation de l'amour du peuple,

aux conditions canoniques qu'il a droit | circonstances rappellent celle de Maxid'exiger. C'est lui-même qui déduit ces motifs dans sa lettre au pape, et ces motifs sont approuvés par l'autorité supérieure ; ils méritent d'être notés, les voici 1o C'est aux évêques de sa province, témoins de ses actions, à instruire son procès; on le cite devant le concile du Chêne, composé en grande majorité d'étrangers, puisque, sur trente-six évêques, on en compte vingt-neuf égyptiens, que le patriarche y a entraînés; 2o parmi ses juges, il trouve des ennemis déclarés qu'il désigne, Théophile et trois autres évêques; ces ennemis, il les récuse; 3° on appelle de Constantinople contre lui, comme témoins, des prêtres et des dia- | cres qui ne peuvent être entendus, parce qu'ils sont encore sous le coup des poursuites qu'il a dirigées contre eux, ou des peines qu'il leur a infligées. Ces règles, comme je vous l'ai fait remarquer, sont celles tracées par les Fausses Décrétales; nous les retrouvons au 4e siècle, car, d'une part, elles sont rappelées par un grand prélat comme des règles reçues et pratiquées, de l'autre elles sont reconnues par le pape qui n'a pour celui qui les invoque que des approbations et des éloges, tandis qu'il adresse des ré-il imagina d'escamoter ce qu'on ne vouprimandes à celui qui les viole, au patriarche d'Alexandrie. Enfin, Chrysostome condamné en appelle au pape; il proclame ainsi son autorité dans les affaires importantes; et vous l'avez vu encore, au lieu de la contester, tous sont forcés de se courber devant elle: en effet, le pape intervient, il convoque un concile à Thessalonique; on le contrarie par la ruse et par la violence; on cherche à le tromper et à lui échapper; on ne songe pas à nier ses droits. Pour le pape, il agit comme un pape du 11° siè- | cle qu'on dirait inspiré par les Fausses Décrétales: il ordonne d'éloigner du concile amis et ennemis, et de rétablir Chrysostome sur son siége, avant qu'il ne soit appelé à répondre. J'avais donc bien raison de vous dire que le faux Isidore n'avait rien innové, qu'il avait tout tiré des monumens de l'antiquité. Nous voici arrivés au 5e siècle.

Pendant que saint Jean Chrysostome partait pour son dernier exil, il se faisait à Antioche une élection bizarre, dont les

lait pas lui donner. Un jour donc qu'un spectacle quatriennal avait attiré tout le peuple hors de la ville, trouvant l'occasion belle, il entre à pas de loup dans l'église avec trois évêques que jusqu'alors il avait pris soin de tenir cachés ; ils referment bien vite les portes sur eux, et les voilà qui se mettent en toute hâte à l'ordonner. Mais il paraît que la mèche avait été éventée : soit qu'il se fit du bruit à l'extérieur, qu'on heurtât aux portes ou que le courage des consécrateurs ne fût pas mieux affermi que leur conscience, ils prirent la panique, et, après avoir à la hâte et grosso modo bâclé l'ordination de leur élu, ils pensèrent qu'il pourrait bien se passer. de quelques prières; ils les interrompirent, et sans attendre le retour du peuple, se mirent à fuir par les montagnes. Bien leur en prit, car, de retour du cirque, le peuple apprenant l'ordination de Porphyre, montra son mécontentement: cependant il se faisait tard et il était fatigué de la course; il se retira, et ce jour-là le repos ne fut point

troublé. Mais s'il avait remis la partie, il ne voulait pas pour cela la perdre : le lendemain, la foule envahit les rues et les places; on raconte la scène mystérieuse de la veille, on murmure, on s'échauffe, la populace rugit, elle s'arme de brandons, elle accumule les matières combustibles autour de la maison de Porphyre, et sans autre inquisition se dispose à improviser un brillant autoda-fé. Dans ces temps déjà, on connaissait la subtilité de la clef d'or pour ou vrir toutes les serrures. Porphyre la possédait ; tremblant de tous ses membres à la vue du bûcher, il se hâta d'en faire usage; il envoya de riches présens au comte Valentin; le comte Valentin, tout dévoué, fit marcher des troupes, on dispersa le peuple; Porphyre en fut quitte pour la peur et pour la saignée qu'il avait faite à sa bourse. Cependant on était unanime pour le maudire ; à l'imitation de ce qui se faisait à Constantinople contre Arsace, successeur de saint Jean Chrysostome, on se réunissait pour déclamer contre lui et pour se concerter; les membres les plus considérables du clergé, les personnages les plus influens de la ville par leur rang et leurs richesses, les femmes elles-mêmes, les femmes surtout, et les femmes les plus qualifiées, formaient des assemblées où l'on ouvrait toutes sortes d'avis moins violens les uns, plus violens les autres; toujours est-il qu'on se promettait bien de n'avoir jamais rien de commun avec cet évêque de contrebande. A défaut donc de l'excommunication du pape, qui attendait le concile de Thessalonique pour y porter la cause, le peuple, à l'unanimité, prononçait et exécutait la sienne. Voilà donc un schisme à Antioche, un autre à Constantinople. Il y en avait un troisième à Alexandrie.

Là aussi, depuis la condamnation de saint Jean Chrysostome, des fidèles refusaient d'entretenir la communion avec Théophile. Nous l'apprenons par un décret de l'empereur, qui est ainsi conçu : Les gouverneurs des provinces seront avertis d'empêcher les assemblées illicites des catholiques qui méprisent les saintes églises pour s'assembler ailleurs, et ceux qui s'éloignent de la communion des très vénérables évêques Arsace, Théo

phile et Porphyre, seront chassés de l'Église. ›

On prétend que ce décret était dû aux sollicitations de Porphyre, qui s'était fait appuyer par des magistrats auxquels il avait fait de riches présens; mais que cette fois il n'avait pas tirés de son trésor, car on ajoute qu'il avait su se les procurer par la fonte des vases sacrés. Ce premier décret n'ayant pas suffi, l'empereur en rendit un autre en vertu duquel tout évêque qui ne communiquait pas avec Théophile, Arsace et Porphyre, devait être chassé de son 'siége, et ses biens devaient être confisqués; en outre, il prononçait diverses peines et la confiscation de la maison, contre celui qui y cachait un de ces évêques ou de ces clercs.

Ces tyranniques décrets ne furent que trop bien exécutés : on exerça les plus cruelles rigueurs contre tous les catholiques qui ne recevaient pas les évêques imposés par le pouvoir civil. Telle était la situation d'Antioche, des églises de la Syrie et surtout de celle de Constantinople. Là, l'évêque intrus ne gardait aucuns ménagemens; par l'intermédiaire des agens impériaux, Arsace sévissait avec fureur contre ses dissidens : amendes et confiscations, emprisonnemens, avanies, violences et mauvais traitemens de toute sorte, rien n'était oublié, et bon nombre d'habitans quittèrent la ville pour fuir la persécution épiscopale.

Cependant le pape Innocent Ier mul| tipliait ses inutiles efforts pour assembler le concile de Thessalonique; Porphyre, qui s'avouait l'illégitimité de son ordination, était en instances à Rome pour la faire valider par des lettres de communion. Mais si le pape était prudent et circonspect, il n'était ni moins ferme, ni moins clairvoyant; mis au courant de tout ce qui se passait, il ne se laissa ni tromper, ni fléchir. L'Eglise d'Antioche resta dans cet état d'inquiétude et de schisme pendant quatre ans. La mort de Porphyre, qui survint en 408, y mit un terme; Alexandre, prêtre d'Antioche, élu par le clergé et par le peuple, lui succéda; c'était un homme de science et de vertu; il gagna bientôt la confiance générale, et mit fin au schisme.

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Aussitôt après son ordination, il envoya | Chrysostome; de sorte que réhabiliter

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un message à Rome pour obtenir ses lettres de communion; le pape les lui accorda; mais il y mit deux conditions: la première, qu'il recevrait les prêtres ordonnés par Paulin et par son successeur Evagre; la seconde, qu'il porterait le nom de Chrysostome dans les diptyques. Les diptyques, comme l'indique le mot grec Sintoys, plié en deux, étaient un double catalogue où l'on inscrivait, dans l'un les noms des vivans, dans l'autre ceux des morts. L'inscription dans ce double registre était un témoignage d'honneur, un signe d'orthodoxie et de communion; aussi les noms des évêques convaincus d'hérésie en étaient-ils effacés, et cette radiation était une espèce d'excommunication. Dans une autre lettre, Innocent lui recommande de ne laisser ordonner non seulement aucun métropolitain, comme l'usage le portait déjà, mais même aucun évêque, sans son expresse permission. Cette prescription n'était pas d'une exécution difficile; il en était autrement de la réhabilitation de la mémoire de Jean Chrysostome par l'insertion de son nom dans les diptyques, car il n'avait pas été jugé, son innocence n'avait été reconnue par aucun concile. Cependant le pape exigea l'accomplissement de cette mesure, et, d'après ses ordres, elle s'effectua; ce qui montre jusqu'où, dans ces temps, était porté le respect à l'autorité du SaintSiége, qui l'emportait sur les conciles et prévalait en première ligne.

sa mémoire en portant son nom dans les diptyques, c'était condamner son oncle et tous les évêques d'Égypte, c'était se condamner lui-même. Il ne pouvait s'y résoudre; il s'excusa, il s'en défendit, il louvoya, il négocia, il traina en longueur; mais le pape tint ferme et refusa nettement et courageusement les lettres de communion jusqu'à ce qu'il eût obtenu cet acte de justice. Ce ne fu qu'en 419, sept ans après son installationt que, cédant aux exhortations d'Isidore de Peluse, il se résolut à obéir et fut reçu avec son Église dans la communion de celle de Rome : seconde reconnaissance dans cette question de la primauté du siége apostolique. Au reste Cyrille, que l'Église honore comme un saint, devint ensuite un des plus grands défenseurs de la doctrine catholique.

La même difficulté se rencontra dans l'Église de Constantinople et fut vaincue de la même manière. Arsène était mort et Atticus lui avait succédé. Atticus avait été un des ennemis les plus déclarés de saint Jean Chrysostome; il avait même occupé son siége de son vivant. A la mort de Chrysostome il pouvait, en demandant la confirmation du pape, devenir évêqúe légitime, Maximilien, évêque de Macédoine, la demanda pour lui et vraisemblablement de sa part; mais le pape n'admit pas cette voix détournée, il exigea une ambassade solennelle et la promesse formelle d'insérer le nom de Chrysostome dans les sacrés diptyques. Il fallut obéir, à l'exemple du patriarche d'Antioche et de celui d'Alexandrie. Eh! bien, Messieurs, que vous en semble? · Faut-il recourir aux Fausses Décrétales pour trouver une reconnaissance de la primauté et de la suprême puissance sur toutes les Églises, même sur celles d'Orient, de l'Eglise romaine? Voilà les trois patriarches d'Orient qui ensemble s'inclinent devant elle et lui rendent foi,

Théophile d'Alexandrie ne survécut pas non plus long-temps à saint Jean Chrysostome; il mourut en 412. Un pieux abbé étant près de son lit de mort, il lui adressa ces paroles, qui montrent de quelles inquiétudes il était assailli à ses derniers momens : « Que tu es heureux, mon cher Arsène, d'avoir toujours eu cette heure devant les yeux!» Le choix de son successeur offrit quelque difficulté. Une partie du peuple se pronon-hommage et obéissance. A Atticus sucçait pour l'archidiacre Timothée; mais Cyrille, neveu de Théophile, protégé par le gouverneur, l'emporta, et fut intronisé trois jours après la mort de son oncle. Il l'avait accompagné au concile du Bourg-le-Chêne; il avait même participé à la condamnation de saint Jean

céda Sisinnius, prêtre vertueux qui n'occupa le siége de Constantinople que pendant deux ans. A sa mort le siége resta vacant pendant trois mois. Le peuple était divisé; les uns tenaient pour Proclus, les autres pour Philippe. Théodose II, qui avait succédé à son père Ar

cade, mort en 408, résolut de mettre un terme à ces dissensions en écartant les ambitieux.

Dirigé par des intentions droites, il cherchait un autre Chrysostome, car il était un des admirateurs de ce grand évêque. Pour le trouver il eut recours à la même source, à l'église d'Antioche, fameuse par ses écoles, et par là fertile en sujets d'un haut mérite; tandis que l'instruction était restée à Constantinople dans un état incontestable d'infériorité. Il se trouvait à Antioche un prêtre qui avait une grande réputation d'éloquence; un imitateur, un copiste de Chrysostome: il n'avait ni son génie, ni sa piété, ni sa science et ses fortes études; mais il aimait la retraite, il avait naturellement un air grave; il était doué d'une imagination riche et variée, d'un bel organe, d'une grande facilité d'élocution, et, pour mettre en relief ces avantages si propres à séduire la foule, un grand fond d'amour-propre qui le faisait travailler à plaire et à s'attirer les applaudissemens, avec autant d'ardeur que saint Jean Chrysostome en mettait à toucher et à convertir les âmes. Ainsi il était parvenu à se faire une brillante renommée de science, de vertu et d'éloquence. Cet homme était Nestorius. Il fixa le choix de l'empereur. Il amena avec lui à Constantinople un prêtre de ses amis, nommé Anastase, auquel il donna une grande part dans le gouvernement de son Église. Son ordination faite, il demanda au pape, suivant l'usage, des lettres de communion, et cependant, comme c'était la coutume, ainsi que je l'ai expliqué précédemment, il entra en fonctions. Son début était de nature à dévoiler son caractère et ses vues ultérieures. Il avait, dit Vincent de Lérins, plus d'éclat que de solidité, plus de renommée que d'expérience. Il le montra dans cette circonstance : au lieu de chercher, en arrivant, à concilier les esprits et à captiver les cœurs en tendant une main charitable à ses frères égarés; avec une imprudence et une légèreté inexcusables, si ce n'était pas un calcul pour afficher un zèle austère, il fit entendre dans son premier sermon ces paroles acerbes et implacables qu'il adressa à l'empereur: • Donnez-moi, seigneur, la terre purgée

d'hérétiques, et je vous donnerai le ciel en récompense; exterminez avec moi les hérétiques et je combattrai avec vous les Perses. Ces paroles plurent à la foule aveugle et passionnée qui n'aimait pas les hérétiques; elle ne vit dans cette âpreté, dans cette violence de langage, que le zèle brûlant d'un autre Chrysostome; les hommes sensés en jugèrent autrement et plus sévèrement; ils apercurent le caractère dur et impitoyable, tout le plan de conduite du nouvel évêque.

Ils ne se trompaient pas à peine assis sur son siége, Nestorius déclara la guerre aux hérétiques, mais une guerre à outrance, une guerre forcenée, une guerre à mort. Il y avait encore à cette époque un grand nombre d'Ariens; ensuite des Macédoniens, qui n'admettaient pas la divinité du Saint-Esprit ; des Apollinaires, qui niaient que Jésus-Christ eût pris une âme humaine et une chair semblable à la nôtre. Nestorius commença, il est vrai, par réfuter leurs systèmes, et même, à ce qu'il parait, avec quelque succès; ce qui est incontestable, c'est qu'il plaisait beaucoup au peuple; mais le résultat ne répondant pas à son impatience, il lâcha les rênes à son impétueux caractère, à son fougueux orgueil, et, contre l'usage de l'Église, comme le remarque l'historien Socrate, il demanda à la violence et à la persécution ce que le ministre évangélique ne doit attendre que de la douceur et de la prière: il fit chasser les hérétiques de Constantinople, et, sans relâche ni pitié, il les poursuivit par toutes sortes de rigueurs dans toutes les provinces de son patriarcat; les incendies, les séditions et les meurtres marchaient sur les pas de cet atroce boute-feu; mais rien ne l'arrêta, qu'il n'eût obtenu de Théodose un édit pour les refouler hors de l'empire, et pour confisquer leurs Églises au profit du culte catholique.

Etait-ce égarement de zèle de sa part? était-ce, comme le pense saint Vincent de Lérins, une tactique pour inspirer de la confiance en son orthodoxie et pour préparer les voies à l'erreur qu'il allait prêcher? c'est un problème assez oiseux que je ne chercherai pas à résoudre. Toujours est-il que lui-même se

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