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Lettres et Arts.

COURS SUR L'ARCHITECTURE DES ÉGLISES DE RUSSIE.

TREIZIÈME LEÇON '.

Monumens russes modernes.

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Eglises

et palais de Pétersbourg. Aspect général de Pétersbourg; unité de son plan; son caractère militaire; la flèche de l'amirauté. La grande place; la colonne d'Alexandre; effet de la statue équestre de Pierre Ier; les colonnades des quais; les gondoles de la Neva. - Deux styles divers d'architecture sacrée à Pétersbourg. Description des trois cathédrales de Kazan, de Saint-Pierre et d'Isaac. Trophées français et polonais. Les palais tsariens; l'ermitage et le musée; peintres nationaux. - Les deux arsenaux et leurs monumens; la bibliothèque; ses trésors pour l'histoire orientale; ses vieux monumens littéraires français. - Détails sur la construction de la ville; chaloupe de Pierre-leGrand; visite à sa cabane. - La ville d'abord divisée par nations; statistique de la population actuelle; conclusions sociales. - État de l'architecture et de la peinture russes; leur avenir; nécessité d'une réunion de l'Eglise russe à celle de Rome pour faire épanouir en Russie un art vraiment chrétien. - Tableau de Pétersbourg en été; beauté de ses nuits; scènes de voyage.

des jets immenses, comme des rectilignes inflexibles, toutes semblables, toutes parties d'un même centre, alors on se sent terrassé par l'idée d'une volonté unique, d'un seul moteur, et, pour tout dire, d'un seul citoyen, propriétaire ab solu de cette vaste cité, comme il l'est de tout l'empire. Alors on ne sait plus s'il faut pleurer ou se réjouir de l'existence de cette Palmyre du nord, appelée à devenir une nouvelle Rome, et la capitale militaire de la chrétienté orientale.

Pétersbourg est un camp, dont on a fait une ville, mais qui a conservé tous les traits propres à la caserne. Plusieurs de ses quartiers, tel que le Vassili-ostrov, ne sont que de longues rangées de rues latérales sans nom, distinguées par leurs seuls numéros, comme les allées des tentes ou les compagnies d'un régiment. A travers ces lignes toutes coupées à angle droit, passent les grandes rues, pareilles à de larges places d'une demi-lieue de longueur, dont le pavage en bois semble un parquet de mosaïque, où les chars rapides roulent sans aucun bruit, et dont les beaux trottoirs, en granit de Finlande, sont bordés d'allées d'arbres et de parterres de fleurs. Ces perspectives, pour lesquelles Pétersbourg est sans rivale, et dont les plus longues traversent toute la ville, de manière à laisser le re

La première impression que produit la vue de Pétersbourg se compose à la fois d'admiration et de tristesse. Cette capitale offre, dans le groupement grandiose de ses masses, un caractère si puissant, et, dans la riche coloration de ses monumens, quelque chose de si inattendu, que l'imagination est tout d'abord sub-gard atteindre aux deux extrémités, sont juguée. Il n'y a peut-être aucune ville dans le monde qui impose et qui maîtrise l'esprit comme Pétersbourg; elle semble conçue et bâtie d'un seul jet. Mais quand, revenu de sa surprise, l'œil demande à l'ensemble des détails libres et variés, et qu'il n'aperçoit plus que de froides rangées de palais, tous d'égale hauteur, d'égale beauté; que ces longues rues, dites perspectives, s'étendent devant lui comme

Voir la x11 leçon au no 75 ci-dessus, p. 26.

si unitairement disposées qu'elles aboutissent toutes sur la Néva, au palais de l'amirauté. Ce palais à statues allégoriques sur ses frontons, et à gracieuses colonnades surmontant des massifs de verdure, porte une haute tour à flèche dorée, qui est comme la boussole du voyageur; dans quelque partie de la ville que vous soyez égaré, regardez en haut, le brillant minaret étincelle à vos yeux, et vous remet sur votre route.

On devine facilement qu'aucune ca

surmonte le chapiteau dorique également en bronze. Quant au piédestal, il est du même marbre rouge que la colonne, et porte sur ses quatre faces des bas-reliefs en bronze, exécutés avec les canons pris sur les Turcs, dans la dernière campagne des Balkans.

Cette colonne, érigée à la place qu'elle occupe par un ingénieur français, Montferrand, en 1832, est le plus beau monument politique de l'empire; il éclipse même la colossale statue équestre de Pierre-le-Grand, chef-d'œuvre d'un autre français, le sculpteur Falconnet, qui l'a fondue lui-même. Le front couronné de lauriers, et foulant le serpent de l'abîme, comme les figures équestres du premier empereur Constantin, type de tous les tsars, çe héros réformateur atteint au galop la cime d'un roc, symbole des obstacles qu'il a vaincus. Ce rocher brut, d'un seul bloc, pesait primitivement, quand on l'apporta, 40,000 quintaux ; on y lit : Petro primo Catharina secunda, 1782, Le cheval et le guerrier sont vivans; mais ils escaladent le roc si vite, qu'on a peur qu'ils se précipitent dans le gouffre; c'est ce qui est arrivé à la réforme prématurée et rationaliste de Pierre ler.

pitale n'a, dans son intérieur, d'aussi vastes places que Pétersbourg. Celle qui s'étend du palais d'hiver à l'amirauté, a deux mille pieds de longueur; de là part le nevski prospekt qui, avec ses palais et ses boutiques, se prolonge l'espace d'une lieue, et aboutit à la grande nécropole, dont est entouré le couvent de SaintAlexandre Nevski. Cette espèce de corso unit ainsi le lieu du plus profond repos au théâtre de toutes les agitations, au forum, dominé par le colosse équestre de Pierre-le-Grand, autour duquel le peuple roule ses flots, et qu'enveloppent le port, l'amirauté, le palais impérial, celui des ministres, ceux du sénat et du saint synode, et enfin la cathédrale d'Isaac. Sur cette immense place s'élève la fameuse colonne dédiée à l'empereur Alexandre par la Russie reconnaissante (blagodarnaia Rossiïa, dit l'inscription). Son fût, d'une seule pièce, tiré des carrières de Finlande, a 14 pieds de diamètre sur 84 de hauteur. C'est le plus grand monolithe qui ait été dressé dans le monde, sans excepter même les obélisques égyptiens, puisque le plus haut de tous, celui de la place Saint-Pierre, à Rome, n'a que 73 pieds. Le monument russe complète, avec son chapiteau et sa base, l'élevation de 150 pieds qui, pour Comme Venise et Amsterdam, Pétersune colonne, semble fabuleuse. Aussi bourg est coupé d'innombrables cadomine-t-il Pétersbourg avec une éton-naux, avec des rues de chaque côté. De nante majesté; le soir, quand le soleil couchant frappe son beau granit rouge, dont il semble tirer des flammes, on ne peut s'empêcher de s'arrêter et de contempler la statue aërienne dont est couronné cette colonne vendôme de l'empire russe. A sa vue, j'ai été maintes fois frappé de tristes réflexions: sur la colonne française on a placé un homme; sur celle de Russie, règne l'ange de la religion; la différence de ces deux pays s'exprime par ce fait. Le génie de la religion est ailé, il tient d'une main une grande croix dorée, et de l'autre montre le ciel, en inclinant la tête vers le palais des tsars, comme pour dire à l'autocrate: pense aux choses d'en haut, pense au juge éternel des peuples et des rois! Mais ici le peuple seul écoute la voix du ciel. La statue en bronze, haute de 22 pieds, et du dessin d'Orlovski, est très-belle. Elle pose sur un dôme elliptique, qui

jolis petits ponts de fer à balustrades dorées les traversent de distance en distance. Mais la ville manque de grands ponts permanens; ceux en bois, si longs et si élégans, jetés sur la terrible Neva, sont enlevés dès que paraissent les premières glaces. Rien n'est imposant comme les deux rives de ce magnifique fleuve, avec leurs quais en blocs vraiment cyclopéens et leurs colonnades grecques. Peu de villes au monde renferment autant de colonnes; elles sont prodiguées aux palais comme aux temples. Le Kasanski sobor en compte 95, toutes d'un seul bloc, et dignes d'être rangées parmi les plus belles qui existent; et celles des nefs du sobor d'Isaac ont chacune 56 pieds d'élévation. Quand elle deviendra ruine, Pétersbourg pourra bien recevoir des Tatars et des Mongols le surnom qu'ils ont déjà donné à Persepolis, la cité aux 10,000 colonnes.

Le long de ces portiques glissent durant les beaux jours d'été, les gondoles des marchands. L'élégance de leur forme, leurs dais et leurs rideaux aux vives couleurs, feraient rêver de Gênes et de Livourne, si la vue des gosoudars à longue barbe et à robes de soie qui y sont assis, ne rappelait aussitôt qu'on foule ici une terre orientale, quelque éloignée que soit la Neva de l'Euphrate et du Tigre.

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zan (Kazanski sobor), inaugurée en 1811, est une des plus belles œuvres du siècle. Conçue et exécutée par Voronikìne, c'est peut-être le premier temple que le génie russe ait créé sans secours étranger; les ouvriers même étaient tous nationaux. L'intérieur est disposé en croix grecque, mais avec une nef plus allongée que dans les églises orientales. Cette nef, longue de 200 pieds, et qui se rapproche des Toute bâtie à l'européenne, cette ville nefs latines, repose sur 56 colonnes motrahit cependant en mainte disposition nolithes de granit à veines bleues, polies le génie de l'Orient. Les quartiers du comme du cristal, ayant chacune 35 pieds commerce ou les bazars y forment une d'élévation. Leurs superbes chapiteaux ville à part, où chaque marchandise a en bronze doré, comme les socles, porses rues spéciales. Il en est de même pour tent avec une grâce parfaite la voûte les principaux métiers; ainsi les cor- plate des étroits bas côtés, tout remplis donniers se trouvent presque tous réunis de trophées et de drapeaux qui s'inclinent autour d'un marché particulier; la cor- sur les fidèles en prières. La plupart sont poration des iamtchiks, cochers de la des souvenirs de la grande armée d'ocville et voituriers au long cours, à tra- cident. Des bâtons de maréchaux de vers les steppes, a toutes ses remises et France, comme celui de Davoust, pris à la ses chambrées dans la Iamskoï. Le ca- Bérézina dans des fourgons abandonnés, ractère oriental, si frappant dans les pendent à ces colonnes auprès de clefs de usages et le costume du peuple, l'est en- villes françaises qu'on n'a point assiégées; core davantage dans les monumens d'art le symbolisme politique va souvent jus religieux. Les tsorkovs, ou églises pa- qu'à la fiction, surtout en Russie. Plus roissiales russes, sont évidemment mo- digne de la sainteté de ce lieu, une grande delées sur des ouvrages de style tatare- peinture de la Cène avec les 12 apôtres, mauresque, et l'on est, malgré soi, frappé par Bezsonof, brille au haut de l'abside des rapports qui existent entre elles et du sanctuaire; et se penchant sur l'icoles mosquées. D'un autre côté, si l'on nostase, domine toute l'église. Le fond examine seulement les temples bâtis de- d'or, le style emprunté aux mosaïques puis 40 années, on n'y découvre, au fond, | primitives, le dessin sévère des figures pas autre chose que le style de la ba auréolées, la beauté toute moderne de silique romaine, adapté au rite oriental. leur exécution et leur idéal tout byzanLes églises de Pétersbourg offrent ainsi tin, rangent cette fresque parmi les plus deux modes d'architecture très différens, remarquables produits du pinceau russe, qui se partagent aussi bien la capitale ou plutôt en révèlent l'existence à Péque tout le reste de l'empire. On pour- tersbourg. Deux grands tableaux de mirait indiquer encore un troisième style, racles, placés en face aux deux piliers le style grec chrétien, ou celui des So- de la coupole, méritent également l'atphies; mais trop altéré en Russie, il se tention. Quant aux principales figures de confond plus ou moins avec le style na- l'iconostase, qui, vues à distance, protional, que l'on peut affirmer avoir été duisent un grand effet, elles n'ont guère, primitivement emprunté des Tatars. A quand on les voit de près, d'autre mél'architecture latine se rattachent le ka- rite que la richesse de la matière. L'izanski sobor et la cathédrale de Saint- mage miraculeuse de Notre-Dame de Alexandre Nevski; dans le système orien- Kazan est toute recouverte de perles, de tal et russe sont, au contraire le sobor d'I- vermeil et des pierres les plus précieuses. saac et celui du Smolnoï monastir. Ces Les portes tsariennes sont en argent masquatre admirables monumens mérite- sif. A l'iconostase grec qui cache le sancraient à eux seuls la peine d'un voyage tuaire, succède une balustrade magnià Pétersbourg. fique qui sépare, à la manière latine, le La cathédrale de Notre-Dame de Ka- chœur d'avec les nefs. Des mosaïques en

marbres de toutes couleurs et du plus pur dessin forment le pavé et complètent l'harmonie intérieure du monument. Mais à l'extérieur le charme cesse; on ne voit plus qu'une misérable copie du péristyle du Panthéon et de la colonnade berninienne de St-Pierre ; et l'on ne peut comprendre que l'intérieur et le dehors soient du même maître. 132 colonnes cannelées, d'ordre corinthien, accouplées et élevées sur un terrassement, dessinent un portique semi-circulaire, tourné vers la perspective de Nevski, et qui sur ses frontons des deux extrémités porte deux vastes bas-reliefs de Martos. De ce célèbre artiste sont également les hauts reliefs de la façade centrale, travail très pur, mais froid, surtout en comparaison des portes de bronze et de leurs scènes bibliques copiées sur les admirables modèles florentins. Véritable horsd'œuvre, cette façade ne correspond qu'à un bras latéral de l'église et nullement à l'entrée de la grande nef. Quant à la coupole, dont les russes sont si fiers, parce qu'au moyen de sa lanterne et de sa longue croix dorée elle parvient à atteindre 200 pieds d'élévation, sans doute elle ressemble au grand dôme de MichelAnge, mais comme le cèdre nain au cèdre du Liban.

A cette cathédrale moitié italienne du règne d'Alexandre, opposons le vrai sobor de Pétersbourg, celui que Pierre Ier bâtit sous l'invocation des apôtres StPierre et St-Paul, dans la citadelle même, suivant l'usage russe de ne jamais séparer la mitre d'avec le sceptre, l'autel d'avec les baïonnettes qui l'emprisonnent. Construit de 1712 à 1727 par Tressini, ce temple est une longue nef basilicale de 210 pieds, sur 93 de largeur, et 57 d'élévation; 12 énormes et très hautes colonnes toscanes en soutiennent la voûte, sans formes de bas-côtés. Leur style sévère correspond à la simplicité un peu nue de ce temple funéraire, où dorment des deux côtés de l'iconostase tous les tsars et tsarines depuis Pierrele-Grand. Leurs cercueils en granit sont, conformément aux prohibitions de l'église orientale, sans aucun ornement: un simple linceul de pourpre les recouvre, et une plaque de cuivre porte l'épitaphe. Au-dessus d'eux sont appen

dus des trophées turcs, persans, prussiens, polonais, avec les clefs de Varsovie, et le pain et le sel, emblèmes sacrés d'hospitalité slave, que cette malheureuse ville présenta avant le massacre de Praga, à l'implacable Souvarov. Ce sobor n'a, comme celui de Kazan, qu'une seule, coupole; mais pendant que le Kazanski manque d'une tour pour les cloches, le sobor de St-Pierre a, audessus de sa porte d'entrée, une énorme campanile, dont la flèche effilée, toute couverte de cuivre doré, est couronnée par un ange ailé, debout sur un globe, et tenant un étendard. La hauteur de cette tour en charpente, y compris la longue croix qui la surmonte, est de 385 pieds; de loin elle éblouit et impose, mais de près elle frappe par ses formes grêles et mesquines.

Afin de compléter à Pétersbourg le même nombre de sobors impériaux qu'à Moskou, une troisième cathédrale, celle de St-Isaac le dalmate, vient de s'achever. Bien que dans le style oriental, elle a pour architecte un français, Montferrand, qui a dirigé la plupart des grands travaux d'art du règne actuel. D'abord construite sous Pierre-le Grand, puis abattue et recommencée en marbre par la mère de Paul Ier, lequel l'acheva en brique, elle fut de nouveau abattue par Alexandre, pour se relever beaucoup plus vaste. Sa longueur est de 340 pieds, et sa largeur de 298, sur une hauteur de 317. Ses murs de brique sont entièrement revêtus de marbre en dedans et en dehors. Ses quatre nefs égales aboutissent à la coupole du centre qui, haute de plus de 300 pieds, est véritablement majestueuse; mais les quatre dômes aux quatre coins de ce carré basilical grec, sont beaucoup trop effilées et trop petites, proportionnellement au reste de l'édifice. Les péristyles des quatre façades sont à peu près semblables, ils ne diffèrent que pour le nombre des colonnes, dont on compte 16 à deux des frontons, et seulement 12 aux deux autres. Hautes de 56 pieds, sur 7 de diamètre, pesant chacune 300,000 livres, elles sont monolithes, et d'une parfaite beauté. Les 188 colonnes et pilastres de l'intérieur, polies comme une glace et d'une éblouissante blancheur, ont été, comme ceux des façades, tirés

des carrières de Finlande. Malgré ses dans cette salle des émérites de l'acaportes en bronze, de 50 pieds de hauteur, démie de Pétersbourg. La peinture vraiet malgré sa vaste coupole, ce templement nationale, il faut la chercher ici n'impose pas: il est tout-à-fait absorbé dans les temples. par le vide de l'immense place au fond On pourrait citer encore, parmi les de laquelle il se cache; ses toits vernis, demeures impériales, le patais de marses dômes d'or et d'azur attirent seuls lebre, achevé en 1783, où il n'entre absoluregard fasciné.

ment que des blocs de marbre, et où le Sur un autre côté de la même place fer et le cuivre dorés remplacent partout s'étend le palais d'hiver, où l'incendie le bois, même pour la toiture, les fentde, 1838 exerça pendant trois jours les tres et les portes. Mais ces dorures, folplus affreux ravages, et dévora, sans lement prodiguées en dehors comme en doute, d'inappréciables richesses; mais dedans, sont déjà presque effacées ; et ce l'art y perdit peu de choses. Ce monu- palais, fruit d'un caprice, est à peu près ment italien de la décadence, chargé de abandonné. On peut en dire autant du ressauts, de frontons, de corniches, de palais de la Tauride, que Catherine II pots à fleur et de statues, était lourd et bâtit pour son favori Potemkin, le conprétentieux. Et il y aurait de quoi s'é- quérant de la Crimée. L'ancien palais tonner que la cour l'ait fait reconstruire Mikhaïlov, achevé en 1801 par Pau} 1a juste dans le même style qu'avant l'in- qui y mourut, indique un caprice d'un cendie, si l'on ne savait quel respect l'o- autre genre. Entourée de fossés pleins riental, même le plus francisé, voue à d'eau, avec des ponts-levis, cette sombre tout héritage quelconque que lui ont lé- bastille, du haut d'un rocher de granit, gué ses pères. Ce palais, long de 450 domine les jardins publics et la Néva, pieds, sur 350 de profondeur, commu- et semble menacer la ville. Parmi les nique au vaste édifice appelé l'ermitage, monumens militaires se distinguent l'anpar la fameuse arcade de Quarenghi, cien et le nouvel arsenal, où l'on va ainsi dite du nom de son architecte, et voir des armures de tous les temps et de qui, jetée sur un canal, rappelle le Rialto tous les peuples, depuis celles des chevade Venise. Création de Catherine II, qui liers teutoniques, emportées de Riga par y célébrait ses fêtes, l'ermitage contient les Russes, jusqu'aux 900 canons français, maintenant le musée impérial et le déposés devant les portes. Le cabriolet théâtre de la cour. La galerie de tableaux d'arpentage, avec lequel Pierre Ier meest très considérable, et si l'on ne con- surait les verstes dans les déserts de son sidère que le nombre des tableaux, et la empire, se servant pour cela d'un sablier quantité des grands noms d'artistes qui comme sur mer, son char de parade s'y trouvent réunis, elle peut rivaliser d'un caractère et d'un luxe tout romain, avec les plus renommées de l'Europe. et un autre char également triomphal Mais au fond il s'y trouve très peu de de l'impératrice Catherine I, tout couchefs d'œuvre, surtout pour les écoles vert de dieux et de génies sculptés, et du Midi; les Raphaël, les Corrège, les que 36 chevaux sous des harnais d'or Dominiquin semblent avoir perdu ici conduisaient au Kremle de Moskou, entous leurs charmes. Il y a de bien meil- fin, l'énorme étendard des Strelitz, Jeurs ouvrages en peinture de genre. Les pieuse bannière, où ces guerriers sont flamands et les hollandais y brillent avec représentés, entrant en foule dans le paautant d'éclat que dans les premiers radis, tandis que le monstre infernal abmusées des Pays-Bas. De l'école française sorbe en masse les Niemtsi (Allemands); on n'admire que des Poussin délicieux, tels sont les plus remarquables trophées et les principales toiles venues de la Mal- des deux arsenaux. Quant au grand camaison. La seule chose digne d'une non russe, fondu par Tehokov, à la fin étude particulière est la salle des pein- du 16° siècle, sous Ivan Vassilievitch, tres nationaux; mais elle est loin de ca- qui est du calibre de 68, a 21 pieds de ractériser l'art futur du peuple russe, de longueur, pèse 17,435 livres, et dans ce peuple si essentiellement religieux. la bouche duquel six personnes penvent On ne voit presque que des paysages se glisser, il n'est plus ici qu'un souve

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