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tion et la gloire de l'homme, où irons. | l'a mise, dans son Eglise, qui est ton nous te chercher ailleurs que là où Dieu arche sainte?

STEINMETZ.

Cours de la Sorbonne.

COURS D'HISTOIRE ECCLÉSIASTIQUE, DE M. L'ABBÉ JAGER,

RECUEILLI PAR M. L'ABBÉ M.....

QUATRIÈME LEÇON (1). Hincmare de Reims.

au siècle de Charlemagne, sous lequel il est né (en 806); ce n'est pas qu'il soit un des hommes formés à l'école du prince, mais il en a recueilli, conservé et répandu les traditions; il en a reçu les in

Messieurs, j'arrêterai aujourd'hui vos regards sur un homme éminent, dont le nom, qui est déjà intervenu plusieurs fois dans nos leçons, se mêle à tous les évé-fluences, il en a soutenu et appliqué les nemens de l'époque qu'il a dominée par du fondateur eut disparu, le bras raide doctrines, après que le bras vigoureux sa science, par son activité, par la fermeté de son caractère. C'est Hincmarc de mais ferme de l'archevêque de Reims Reims, le Bossuet du 9e siècle. Il est dif- s'étendit pour soutenir l'œuvre qui commençait à s'affaisser. Il fut dans sa sphère, ficile, messieurs, de saisir d'un coup d'œil l'ensemble des traits de ces grandes et cette sphère il sut l'élargir, il fut le continuateur de Charlemagne. C'est avec figures d'homme, de ces hauts personnages, d'embrasser tous les détails de raison qu'on s'accorde à le présenter leur vie, de suivre les mouvemens pro-gallicane, comme le conseiller des rois, comme l'oracle et la gloire de l'Eglise fonds et rapides de ces puissantes et exceptionnelles organisations, et de venir quoiqu'il ne se portât comme tel que par ensuite grouper tous ces linéamens accident, et qu'il s'enfermât plutôt dans épars dans la mémoire, les combiner sa robe de moine, dans son manteau d'éharmonieusement dans son imagination, vêque et de métropolitain; comme l'âme et sans déranger les proportions, les ré- enfin, le premier moteur et le directeur duire de manière à les enfermer dans un principal de tout ce qui se fit en France portrait raccourci, dans une sorte de d'important dans l'Eglise et dans l'Etat. Il avait cet avantage dont l'Église a miniature. Je n'essaierai pas ce travail, et je me contenterai de crayonner, en toujours tenu assez peu de compte, celui passant, quelques uns des traits les plus d'une illustre naissance; il avait surtout caractéristiques de l'homme, de signaler celui de l'éducation ferme et austère ses actes principaux, d'étudier sa marche qu'on recevait dans les cloîtres, de cette au milieu de quelques 'faits remarqua- éducation qui au besoin broie un homme bles, et de constater son influence. Quant pour le façonner et le remanier. Sous à son costume, inutilé de vous en parler, cette discipline sévère, son caractère de c'est celui d'un grand homme, c'est-à-fer prit une trempe aigre mais forte; il dire, un peu négligé, c'est celui de son siècle, étrange pour nous, sévère, rembruni, largement mais incorrectement

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apprit à vouloir comme il avait obéi, à ne voir que le juste et le vrai, à y tendre par la ligne droite, de tout le pouvoir de sa volonté, et sans regarder ni à droite ni à gauche, à marchér au but à travers tous les obstacles. L'ambition n'était pas faite pour lui, il la dédaignait; et puis

cet homme tout d'une pièce n'aurait pas |
su se plier à toutes les allures de la cour,
il se serait perdu dans ses faux-fuyans. Il
allait à la cour quand il y était appelé;
il y apportait son conseil et son activité
quand on en avait besoin; l'hommage de
son dévouement était aussi sincère qu'il
était pur. Tout à l'Eglise et à ses princes,
jamais il n'a rien fait pour obtenir les
faveurs du pouvoir.

Quand Louis-le-Débonnaire réforma
les monastères et y fit établir une règle
sévère et uniforme, il appela Hincmarc.
Hincmarc fut son homme, il fut son œil,
il fut son bras, et après avoir commencé
par s'appliquer les rigueurs de la réforme
dans le même monastère de Saint-De-
nays où il avait grandi, il appliqua ces
rigueurs aux moines, et tout fléchit sous
sa main. Comme évêque il ne se démentit
pas. Il faut savoir que les évêques tirés
des monastères pratiquaient sous la
pourpre romaine la règle de l'ordre au-
quel ils appartenaient; cette coutume
avait passé en loi, et nous voyons Nico-
las Ier adresser à ce sujet ses recomman-
dations à Egil, nommé archevêque de
Sens. Hincmarc ne pouvait, lui, avoir l'i- |
dée de s'en dispenser; il observait donc
le premier une discipline sévère; mais
ensuite il ne transigeait pas, lorsqu'il
s'agissait de maintenir la pureté de la
foi ou la sévérité des mœurs. Il fut pour
Gothescalc un terrible adversaire; il
poursuivit ses erreurs dans ses replis les
plus cachés, il en déduisit toutes les con-
séquences; il formula lui-même les ar-
ticles de Kiersi, et malgré toutes les in-
trigues, il triompha au concile de Tousi
et fit approuver sa doctrine par tous les
évêques.

Sa prodigieuse activité pouvait s'exercer ailleurs, sans cesser d'embrasser et d'étreindre son diocèse. On n'imagine pas combien il porta de réglemens concernant la vie de ses clercs, l'office divin, l'administration des sacremens, la régularité et la science ecclésiastiques. Nous avons de lui des Capitulaires de quatre époques différentes.

Le professeur entre ici dans un certain détail, il fait spécialement remarquer les ordonnances relatives à l'institution des conférences ecclésiastiques, fixées au premier jour de chaque mois. C'est, dit

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il, la première fois qu'il en est question dans l'histoire ; celles qui imposent aux doyens ruraux l'obligation de rendre chaque année un compte exact de tout ce qui se passe dans les paroisses, celles postérieures qui fixent à chaque mois le compte-rendu des doyennés, où il règle qu'on lui présentera tous les coupables, afin qu'il leur impose lui-même la pénitence publique, où il statue que les pasteurs qui ne l'auront pas instruit par eux-mêmes des désordres graves, seront frappés de suspense pour autant de jours qu'ils auront laissé écouler sans l'avertir.

Ainsi, Hincmarc réglait tout, voyait tout, pourvoyait à tout de sa personne ; dur à lui-même, sévère aux autres; infatigable, mais impitoyable, il avait en quelque sorte toujours l'œil au guet et la lance en arrêt. Tel fut l'évêque.

Il porta ce même caractère de vigueur, d'activité, d'âpre autorité, d'inflexible résolution, de hauteur et de domination dans l'exercice de sa charge de métropolitain. Il faut convenir qu'à cette époque, les métropolitains étaient encore investis de pouvoirs immenses; placés en principe sous la dépendance hiérarchique des souverains pontifes, ils exerçaient en effet sur leurs suffragans une autori té presque sans limites. Hincmarc trouva cette position toute faite, il s'en empara fièrement, il la garda jalousement; la dignité était haute et vaste, il la releva, il l'étendit encore; il en vint à exercer une autorité absolue; de métropolitain, il se fit pape de sa province, pape de l'Eglise gallicane entière; il franchit souvent les bornes canoniques, il enfreignit même quelquefois les règles de la justice, emporté par son zèle, par sa sévérité, par la fougue de son caractère. Le regard rapide et pénétrant que vous lui avez vu porter sur les plus minutieuses affaires de son diocèse, il l'étend en même temps sur celles du diocèse de ses suffragans; aucun abus ne lui échappe, et dans les conciles qu'il assemble et qu'il préside incessamment, il articule des plaintes, il adresse des reproches et des menaces il dépose, il excommunie: il est le fléau des pasteurs lâches ou prévaricateurs; il est la terreur de tous les évêques.

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suffit à tout, se trouve partout. Pendant | il déposa les clercs ordonnés depuis

les trente-sept ans de son épiscopat, il a apposé son nom aux actes de trente-neuf conciles où nous le retrouvons encore, sans compter une foule d'autres assemblées ecclésiastiques dont l'histoire fait mention, mais dont les monumens ne sont pas parvenus jusqu'à nous. Si, d'après les actes de certains conciles, nous jugeons par induction de l'influence qu'il exerçait dans ces assemblées, nous devrons dire qu'il en était l'âme. Il y faisait dominer ses idées, prévaloir ses avis; il y dictait en quelque sorte ses volontés. Aucune contradiction, aucun obstacle ne l'arrêtait; la résistance ne faisait qu'enflammer son ardeur; rien ne pouvait entamer ou fléchir, rien ne pouvait dompter cette âme fière et hautaine; il fallait que tout pliât sous la triple autorité de sa charge, de ses lumières et de son caractère. Plusieurs fois de justes plaintes s'élevèrent contre lui, plusieurs fois les papes, qui du reste avaient en lui la plus grande confiance, furent obligés d'intervenir pour comprimer sa fougue, pour barrer le passage à ses empiètemens de pouvoir, et le faire rentrer dans les limites du droit ou de la modé

ration. Il avait peine à se soumettre, et il ne revenait pas sur ses pas sans regarder souvent derrière lui et sans s'arrêter à chaque prétexte qu'il rencontrait.

Nous avons vu quelle obstination il a mise dans l'affaire de la déposition de Rothade, où il alla jusqu'à dissimuler pendant trois mois les lettres pressantes réitérées et même menaçantes du souverain pontife. Il apporta la même opiniâtreté dans une autre affaire qui, un peu auparavant, lui avait attiré de graves reproches de la part du Saint-Siége.

Ebbon, son prédécesseur, qui avait été le principal instigateur de la déposition de Louis-le-Débonnaire, avait été luimême déposé comme rebelle dans un concile tenu à Thionville. En succédant à son père, avec le titre d'empereur, Lothaire l'avait rétabli avec beaucoup de solennité, de l'approbation de plusieurs évêques, mais d'une manière irrégulière. Hincmarc, parvenu au siége de Reims, prétendit que les ordinations faites par Ebbon depuis son rétablissement, n'étaient pas canoniques; en conséquence,

cette époque, et dans un concile tenu à Soissons, fit confirmer l'acte de leur déposition. Ils appelèrent à Rome; le pape ordonna de les rétablir dans leurs fonctions. Sous prétexte qu'il ne pouvait pas de sa propre autorité aller à l'encontre de la décision d'un concile, Hincmarc ne se pressait pas d'obéir, il temporisait. Les clercs renouvellent leur appel. Le pape indique un nouveau concile à Soissons, si les clercs ne sont pas rétablis par leur ordinaire ; celui-ci s'y refuse, le concile s'assemble, Hincmarc continue la lutte et présente trois mémoires au concile. Mais un des clercs, Vulfade, qui avait été précepteur de Carloman, fils de Charles, était protégé par le roi. Hincmarc s'aperçoit enfin qu'il ne peut tenir contre les ordres du pape et contre la protection du roi; il cède, mais à demi, mais en adoptant un parti de juste milieu pour dissimuler sa défaite.

Sa conduite fut vivement censurée par le pape dans une lettre adressée aux évêques. Hincmarc, dans le premier concile de Soissons, avait cédé la présidence, déposition des clercs; il l'avait reprise par le motif qu'il était intéressé dans la dans le concile suivant. Le pape fait allusion à ce manége.

« Là, dit-il, on a vu le métropolitain, tantôt déposer, tantôt ressaisir ses droits, tantôt se soumettre au concile, tantôt le présider; tour à tour accusé, juge ou accusateur, régler toute chose selon sa propre fantaisie, en changeant sans cesse de rôle, et revêtir ainsi les apparences d'un certain animal qui n'est pas toujours d'une seule et même couleur. › Dans la lettre à lui-même directement adressée, il le ménage encore moins; il lui reproche d'avoir tenu une conduite artificieuse et même d'avoir falsifié les lettres apostoliques. Voilà jusqu'où Hincmarc se laissait conduire par la honte de revenir sur une mauvaise mesure. Il échoua complétement dans cette affaire; les clercs furent rétablis dans leurs fonctions, et malgré les égards que le pape leur recommanda envers l'archevêque, au fond, sa défaite n'en fut pas moins humiliante. Il vit même plus tard,

à son grand dépit, élever Vulfade au | être appelé ; que si les parties étant présiége épiscopal de Bourges.

Une circonstance plus remarquable achève de révéler son caractère, et nous prouve que rien au monde ne pouvait entrer dans la balance avec ses devoirs et ses droits de métropolitain. Je n'entrerai point dans les détails de la longue et fatigante lutte qu'il eut à soutenir contre son propre neveu, contre Hincmarc de Laon, dont il avait fait lui-même l'éducation, qu'il avait nommé évêque, qu'il | avait consacré de ses mains. Le neveu était la copie déformée de l'oncle : sans avoir l'étendue de ses connaissances, la portée de son esprit et l'éclat rayonnant de ses lumières, il avait sa fierté, sa dureté, son opiniâtreté, et la fermeté de caractère était remplacée chez lui par l'inconstance et par une certaine bizarrerie d'humeur. Ces défauts lui firent perdre les bonnes grâces du roi dans le palais duquel il avait obtenu une charge, et firent peser sur sa tête le rude et inflexible bras de son oncle,

sentes, nous ne pouvions terminer l'affaire par notre jugement, nous lui aurions donné nos lettres pour en porter la connaissance au Saint-Siége. » Et remarquez que le roi était présent lorsqu'on prononçait ces paroles; remarquez qu'il ne s'élève aucune réclamation ni de sa part, ni de la part des seigneurs présens; remarquez que ce sont des paroles calmes, formelles, explicites, solennelles, explicatives du droit. On reconnaît d'abord qu'aucun tribunal séculier ne peut connaître des causes royales, et l'on indique ensuite la compétence, soit en première instance, soit en appel. Voilà l'ordre reconnu de la procédure. Je ne reviendrai pas ici sur les conséquences de la fondation par Charlemagne d'un empire chrétien, où toutes les magistra tures, soit suprêmes, soit inférieures, doivent être chrétiennes, où l'épiscopat est appelé, en sa qualité de corps conservateur de la foi et des mœurs chrétiennes, à prononcer en premier ressort, et le souverain pontife ensuite, en vertu de sa juridiction universelle, à prononcer en dernier ressort sur la foi et sur les mœurs des rois, premiers magistrats de l'empire chrétien. Nous avons vu que telle est la constitution établie par Charlemagne, et nous voyons encore ici qu'elle était fidè

Après de longs débats, on assembla en 871 un concile à Dousy, où l'on porta contre lui plusieurs graves accusations. Hincmarc de Reims les appuya dans un long mémoire qu'il lut lui-même. L'accusé se décida avec peine et, après un refus formel, à comparaître devant le concile; il en déclina ensuite le juge-lement observée. C'est donc une question ment par un appel à Rome. Malgré cet appel, qui, d'après les capitulaires de Charlemagne, devait tout suspendre, il fut néanmoins déposé et remplacé, et son oncle Hincmarc se chargea de lire lui-même au concile l'acte de déposition. Ce trait seul suffit pour buriner le caractère de l'indomptable, de l'impitoyable métropolitain.

jugée par l'histoire et qui a été miséra-, blement embrouillée et défigurée par les écrivains des derniers siècles, injustes contempteurs, infidèles historiens, et partant mauvais appréciateurs des institutions du moyen âge.

Le pape, informé de la déposition d'Hincmarc, blama les évêques de ne point s'être arrêtés devant son appel, et, leur enjoignit de l'envoyer à Rome avec ses accusateurs; mais le roi Charles in

Nous trouvons dans ce concile la preuve itérative de la reconnaissance de cette maxime du droit public d'alors, qui ren-tervint, et, après une vive discussion, dait les rois justiciables du pouvoir ecclésiastique. Hincmarc de Laon se plaignait amèrement de la conduite du roi à son égard, les évêques et les seigneurs lui font cette réponse remarquable: • Notre frère Hincmarc, ne pouvant obtenir par lui-même justice du roi, devait le poursuivre premièrement devant le concile de sa province, puisqu'il n'y a point de tribunal séculier où le roi puisse

Adrien II, qui avait raison, finit par céder. Jean VIII, son successeur, confirma même la déposition, et le roi fit aveugler Hincmarc. Plus tard, cependant, le pape prit en pitié la position de l'infortuné évêque, il le réhabilita au concile de Troyes, et lui fit assigner une pension sur les revenus de son évêché. Hincmarc de Reims regarda faire et ne dit rien.

On voit trop souvent les hommes qui

me, il l'appuyait en principe sur le droit public, sur les capitulaires de Charlemagne si profondément gravés dans sa mémoire, qu'il en reproduit presque les expressions dans ce qu'il écrit à l'occasion du divorce de Lothaire. « Quelques sages disent que ce prince, étant roi, n'est soumis aux lois ni aux jugemens de personne, si ce n'est de Dieu seul... qui l'a fait roi... et que, de même qu'il ne doit point, quoi qu'il fasse, être excommunié par les évêques, de même il ne peut être jugé par d'autres évêques, puisque Dieu seul a le droit de lui commander... Un tel langage n'est pas d'un chrétien catholique; il est plein de blasphème et de l'esprit du démon..... Quand on dit que le roi n'est soumis ni aux lois ni aux jugemens de personne, si ce n'est de Dieu seul, on dit vrai, s'il est roi en effet comme l'indique son nom. Il est dit roi, parce qu'il régit, gouverne : s'il se gouverne lui-même selon la volonté de Dieu, s'il dirige les bons dans la voie droite, et corrige les méchans pour les ramener de la mauvaise voie dans la bonne, alors il est roi et n'est soumis au jugement de personne, si ce n'est de Dieu seul..., car les lois sont instituées non contre les justes, mais contre les injustes...; mais s'il est adultère, homicide, inique, ravisseur, alors il doit être jugé en secret ou en public par les évêques qui sont les trônes de Dieu. ›

se targuent le plus de justice et de fermeté dans l'exercice de leur charge, sévères, durs et âpres à leurs inférieurs, lorsqu'il s'agit de défendre leur autorité ou de maintenir leur dignité, fléchir subitement devant la puissance et baiser lâchement la main qui tient sur eux le bâton du commandement et qui dispense les grâces. Hincmarc ne faiblissait devant personne, et si l'on peut lui reprocher envers ses suffragans et ses clercs l'exagération de son empire et la rudesse de son gouvernement, envers Rome son obéissance quelquefois lente et difficultueuse, il faut reconnaître qu'envers l'autorité royale il fut le modèle des évêques par sa fidélité, par sa noble liberté. Cet homme était raide et tout d'une pièce, mais droit et ferme; les intrigues et les menées sourdes ne lui allaient pas plus que les adulations et les bassesses. Aussi ne le voit-on jamais s'embarrasser dans les trames ourdies contre Louis-le-Débonnaire. Il va toujours droit son chemin : s'il trouvait la raison et la justice du côté du roi, il prenait courageusement sa défense, il se rangeait hardiment dans son parti; s'il voyait le roi s'écarter de la ligne du droit, il allait de même, avec son caractère inébranlable et sa figure impassible, se poser en face devant lui et lui dire: Cela n'est pas permis. Ainsi, au commencement de ses démêlés avec Hincmarc de Laon, Charles veut le citer à un tribunal civil, l'archevêque s'y oppose. Sa vie est pleine de pareils actes de résistance. Il ne met pas le pied sur le domaine royal, mais si le roi veut anticiper sur le domaine de l'évêque ou du métropolitain, il se redresse, pour le défendre, de toute sa fierté naturelle, de toute la grandeur de sa dignité, et plus d'une fois les rois étonnés de son audace, disant qu'ils n'avaient encore rencontré personne qui osât leur tenir un tel langage, l'ont entendu leur faire la réLe caractère impérieux d'Hincmarc, ponse de saint Basile au préfet de l'em- ses actes empreints de hauteur, pereur Valens: C'est que vous n'avez amour de la domination, ses tendances enpas encore rencontré d'évéque. Cette ré-vahissantes, ses résistances au Saint-Siége ponse qui lui était familière était l'explication qu'il donnait de sa liberté tout évangélique.

Cette juste et raisonnable indépendance qui procédait de sa nature d'hom

Ce langage, comme vous voyez, est celui des capitulaires; il est d'ailleurs conforme à celui de Nicolas Ier et à celui du concile de Dousy, tenu à la même époque; il sera plus tard, dans plus de deux siècles, celui de Grégoire VII; mais il ne faudra pas venir prétendre que ces maximes ont été introduites par ce grand pape, comme l'ont dit tant d'écrivains des siècles modernes. C'est un honteux anachronisme.

son

lui ont fait attribuer l'idée d'une église nationale; c'est encore là une grave erreur. Il se soumettait à regret et avec peine à l'autorité du pape, lorsqu'elle venait contrarier ses vues, déranger ses

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